Gérard Bailloud, Christine Boujot, Serge Cassen, Charles-Tanguy Le Roux CARNAC
Gérard Bailloud, Christine Boujot, Serge Cassen, Charles-Tanguy Le Roux CARNAC Les premières architectures de pierre CNRS ÉDITIONS 15, RUE MALEBRANCHE | 75005 PARIS CARNAC Les premières architectures de pierre Collection PATRIMOINE dirigée par Jean-Claude Golvin. Notre-Dame de Chartres, Anne Prache, 2008 Notre-Dame de Reims, Patrick Demouy, 2008 Paris, genèse de la capitale, Philippe Velay, 2009 L’abbaye de Cluny, Dominique Vingtain, 2009 Couverture : les alignements de Carnac avec... druides au premier plan. Gravure du XIXe siècle par un artiste anonyme (coll. de G. Bailloud) Dépliant : dessins de Jean-Claude Golvin les cartes assistées par ordinateur sont l’œuvre de C. Boujot et S. Cassen Conception : Bleu T © CNRS ÉDITIONS, Paris, 2009 ISBN : 978-2-271-06833-0 Sommaire 6 MÉGALITHES ET NÉOLITHIQUE Édifices monumentaux et premiers agriculteurs 12 HISTOIRE D’UN SITE 56 KERLESCAN, KERMARIO, LE MENEC Alignements et enceintes de pierres dressées 82 LE MENHIR ET LE TERTRE DU MANIO Stèles « gravées » et tertres funéraires 114 LE DOLMEN DE KERMARIO Les architectures funéraires et le Mégalithisme 143 DÉNOUEMENT... À VENIR 147 ANNEXES 6 Mégalithes et Néolitique Édifices monumentaux et premiers agriculteurs Carnac, un des hauts lieux de la Préhistoire euro- péenne, est aussi l’un des sites archéologiques français qui frappe le plus l’imaginaire. La démesure de ces ali- gnements, l’équilibre parfois miraculeux de ces blocs énormes dont la masse peut atteindre plusieurs dizaines de tonnes, l’environnement même de ces monuments ont de tout temps suscité l’interrogation des curieux, des voyageurs, des érudits et des artistes de passage. En offrant une documentation trop souvent peu accessible au grand public, nous voudrions dans toute la mesure du possible éviter de reproduire les illustrations ordinaires et certes familières, les commentaires habituels et consacrés, peut-être aussi quelques lieux communs. Car l’option adoptée tend à rendre sensible, dans le détail parfois invisible, l’extraordinaire complexité d’un « phé- nomène » vieux de 6000 ans, en apparence simple, et qu’il est parfois tentant d’évoquer au seul niveau de l’ex- ploit technique : soit en faisant appel aux manipulations admirables de ces immenses dalles de granite, soit par le recours au lancinant regret d’un savoir disparu, perdu à tout jamais dans les landes balayées par le vent, et cela peut être pire encore... Nous verrons comment les chercheurs parviennent à rendre cohérent ce qui peut paraître aléatoire dans la disposition des pierres, comment ils restituent une logi- que de construction dans un amoncellement de blocs, là où tout semble pourtant chaotique, comment ils appré- cient une évolution architecturale dans la longue durée de l’histoire des sociétés humaines. Tout d’abord en rap- pelant les principales étapes de la recherche archéolo- gique qui ont permis d’accumuler les notes de terrain et les objets recueillis en fouille, les théories successive- 7 MÉGALITHES ET NÉOLITIQUE ment élaborées et les hypothèses réfutées. L’état de nos connaissances actuelles est bien entendu le résultat des travaux de tous ces pionniers. Mais avant tout, il nous faut résumer ici quelques faits acquis dont la connaissance s’avère indispensable à l’amorce de notre périple. Sans trop s’appesantir sur le sujet, il est nécessaire de garder à l’esprit que l’envi- ronnement naturel contemporain des alignements de Carnac présentait de notables différences avec le nôtre, à commencer par le niveau des mers, plus bas de 5 à 6 mètres par rapport à l’actuel. Cette modification des lignes du rivage est une des conséquences du réchauf- fement « naturel » du climat planétaire débuté voici déjà plusieurs milliers d’années, réchauffement qui réduit le volume des glaces accumulées aux pôles et alimente en conséquence les océans. Un tel phénomène climatolo- gique nous prive bien entendu des plaines littorales for- mant autant de terroirs pour les sociétés humaines de l’époque... Le dolmen de Kermario La photographie est prise de l’extérieur du monument, devant l’entrée du couloir qui menait à la chambre funéraire. 8 - 6000 - 5000 - 4000 - 3000 0 - 2000 1000 - 1000 2000 Néolithique Âge du Bronze Âge du Fer Stonehenge Les Vikings TGV Jules César Anne de Bretagne « Arrivée » de la céramique et du mouton domestique dans le sud de la France par le bassin méditerranéen Nécropoles de Téviec et Hoëdic en Morbihan Introduction du blé et de l'orge dans l'Ouest de la France Développement des tombes mégalithiques en Bretagne Paléolithique Premières architectures funéraires monumentales à Carnac Apparition des objets en cuivre et en or Développement de l’incinération et des urnes funéraires Grandes pyramides en Egypte Début des écritures alphabétiques Les Celtes en Europe Début de l’ère chrétienne Invention de la roue Première métallurgie de l’or en Bulgarie Domestication du cheval dans les Steppes Pontiques NÉOLITHISATION Courant méridional ou atlanto- méditerranéen Courant oriental ou danubien Mésolithique Chronologie 9 MÉGALITHES ET NÉOLITIQUE Ensuite, le cadre chronologique ou chrono-culturel doit être évoqué : l’époque est celle dite du Néolithique et la tranche historique qui voit le développement de ces monuments, sur les bords de la baie de Quiberon, est comprise entre 4500 et 3000 ans av. J.-C. L’Ouest de la France est alors l’une des rares régions d’Europe où se rencontrent les principaux courants de diffusion des idées et des techniques « néolithiques ». Ici vont s’interpé- nétrer des traditions issues d’Europe centrale et d’autres en « remontée » depuis le bassin méditerranéen. Cela se traduit, pour les populations indigènes d’Armorique, par l’adoption d’espèces végétales et animales domesti- ques inconnues des biotopes régionaux : le blé, l’orge, le mouton permettent ainsi la naissance d’une agriculture céréalière et d’un élevage sur les terres limoneuses les plus favorables. En parallèle à cette mise en place d’une économie de production, l’homme se sédentarise : le ter- ritoire « sauvage » et les parcours de chasse, de préda- tion, font progressivement place à des espaces de plus en plus modifiés par l’homme. La structure sociale des groupes humains semble changer elle aussi; les ressour- ces tirées de la terre sont stockées, gérées, contrôlées, redistribuées selon des processus générant parfois de fla- grantes inégalités sociales qui prennent ainsi le pas sur le partage plus ou moins égalitaire reconnu pour la très longue période précédente. C’est ici que débute l’his- toire des architectures de pierre de Carnac... Les alignements de menhirs sont à Carnac, à Erdeven, à Quiberon, à Locmariaquer, les manifestations les plus visibles, les plus démonstratives d’une certaine com- munauté de pensée et d’action à l’échelle de l’Europe préhistorique. Les archéologues l’ont appelée, par com- modité langagière, le Mégalithisme, rendant ainsi par l’étymologie du mot cette commune volonté de soule- ver les rochers et de construire les premières grandes architectures en pierre; c’est donc naturellement par l’intermédiaire des monuments de Kerlescan, Kermario, le Menec, que débutera la description moderne de ces monuments. CARNAC 10 Les alignements de Carnac Carte simplifiée d’implantation des alignements et des principaux monuments funéraires de Carnac. Mais le lecteur se rendra vite compte que l’on ne peut éclairer la mise en place et l’évolution de ces files de pierres dressées sans prendre en considération d’autres constructions de terre et de pierre découvertes sur les mêmes terrains, véritables monuments funéraires en connexion plus ou moins lâche avec ces files de menhirs : tel est le cas du tumulus du Manio qui nous servira de repère. Et les enquêtes effectuées auprès de ces tombeaux nous mèneront, par d’autres chemins, aux grandes stèles gravées que le visiteur peut encore, de nos jours, rencontrer au hasard d’une promenade. Enfin ces dalles décorées parfois gigantesques, parfois si minces et si réduites, fourniront matière à une transition idéale avec l’autre grande famille de sépulcres de terre et de pierre, les dolmens, qui se voient ou se devinent, ici et là, et dont la variété de formes et de fonctions peut être en partie décryptée. Notre propos s’appuiera ici sur le monument de Kermario. La place nous manque pour développer avec préci- sion ce que des analyses fines nous permettent de saisir de l’environnement naturel, de l’influence de l’homme sur la végétation spontanée durant cette époque éloi- gnée. De même, les habitations, les techniques des potiers contemporains de ces monuments, l’exploitation des roches rares, la diffusion, l’importation de certaines 0 1 km N Le Menec Kermario Le dolmen de Kercado Kerlescan Le Petit-Menec Le tumulus St-Michel Le tertre du Manio Le «Quadrilatère» du Manio Le tertre de Kerlescan CARNAC La R i v i è r e d e C ra c ' h Le dolmen de Kermario 0-10 m 10-20 m 20-25 m 25-30 m Alignement Principaux monuments funéraires 11 MÉGALITHES ET NÉOLITIQUE denrées, de certains produits de luxe ou de consomma- tion courante, ne pourront être qu’évoquées. En déchif- frant ces architectures de pierre, nous verrons cependant comment un archéologue, à leur seule lecture, peut en déduire une étonnante somme d’informations... Par le biais des alignements et des tombeaux, beau- coup sera donc malgré tout dit sur le quotidien de ces sociétés : au même titre qu’un plan de maison en bois ou qu’un outil en silex, ils participent tout autant à l’étude d’une culture matérielle vieille déjà de 6000 ans. Les structures sociales ou la pensée symbolique paraîtront d’un abord bien uploads/Ingenierie_Lourd/ carnac-les-premieres-architectures-de-pierre-gerard-bailloud-christine-boujot-serge-cassen-charles-tanguy-le-roux 1 .pdf
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- Publié le Jan 13, 2022
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