1 2 QUAND ALICE RENCONTRE ALICE par Caroline QUINE L'ESCROC pensait bien avoir

1 2 QUAND ALICE RENCONTRE ALICE par Caroline QUINE L'ESCROC pensait bien avoir tout prévu. Son plan était parfait. Il suffisait de voler la sacoche du facteur d'abord. Tant pis si le pauvre homme encourait le seul blâme d'une carrière irréprochable. Et puis... Et puis cela ne se passa pas du tout comme il l'avait imaginé. Pas du tout! Pour commencer, le facteur était un vieil ami d'Alice, et la jeune détective américaine n'a pas l'habitude de laisser ses amis dans l'embarras. Ensuite, l'escroc avait oublié de prévoir une chose : ce que ferait Alice Roy le jour où elle rencontrerait... Alice Roy! 3 QUAND ALICE RENCONTRE ALICE 4 5 CAROLINE QUINE QUAND ALICE RENCONTRE ALICE TEXTE FRANÇAIS D'HÉLÈNE COMMIN ILLUSTRATIONS DE GUY MAYNARD HACHETTE 6 7 TABLE DES MATIERES I. Le facteur 9 II. Vous êtes coupable 16 III. Une demi-heure houleuse 23 IV. Un suspect 29 V. Un visiteur 34 VI. On recherche une héritière 39 VII. Dixor appelle au secours 44 VIII. L'argent disparu 53 IX. Deux indices 60 X. Reproches 64 XI. Chez le marin 68 XII. Inspiration 75 XIII. Indices et contretemps 82 XIV. Un nouveau puzzle 86 XV. Emerson 93 XVI. Surprise au stade 98 XVII. Le manteau jaune 101 XVIII. La piste se dégage 109 XIX. Prisonnières dans le noir 118 XX. Une expédition matinale 123 XXI. Edgar sous son vrai jour 130 XXII. Le professeur O'Connor 135 XXIII. Bloqués par la neige 139 XXIV. Un entretien révélateur 149 XXV. Deux enquêtes terminées 152 8 CHAPITRE PREMIER LE FACTEUR « Nous voilà arrivées ! » Alice Roy arrêta le cabriolet bleu devant l'entrée de sa maison. « La promenade a été délicieuse, dit Bess Taylor. Merci mille fois. » Marion Webb, sa cousine, approuva vigoureusement ces paroles. Alice, Bess et Marion, inséparables depuis leur tendre enfance, revenaient de la ferme des Baies Rouges où leur vieille amie Mme Barn avait rempli le coffre de la voiture avec les produits de la ferme qu'elle exploitait. « C'est toujours une telle joie d'aller là-bas, reprit Alice, et Mme Barn nous gâte chaque fois davantage. Regardez tout ce qu'elle nous a donné ! » 9 Les trois amies commencèrent à décharger la voiture. Le visage rieur d'Alice était à moitié caché par les feuilles de céleri dépassant d'un gros sac qu'elle retenait d'une main tandis que, de l'autre, elle serrait les pattes d'un canard plumé. « Laisse-moi prendre les épis de mais et le potiron, dit Bess. — Quant à moi, déclara Marion, je me charge des œufs, des pommes de terre, des pommes et de tout le reste. » Les trois jeunes filles riaient de bon cœur. Les Baies Rouges, quel bon souvenir ! Elles y avaient vécu une aventure dont elles ne se lassaient pas d'évoquer les détails1. Dès qu'elles disposaient d'un jour de liberté, elles s'empressaient de rendre visite à Mme Barn et à sa petite- fille Milly. « Bon ! je crois que nous avons vidé le coffre », dit Bess. Marion recula, tenant œufs et pommes de terre en équilibre instable et il s'en fallut d'un cheveu qu'elle ne heurtât Alice. A grand- peine, elles gagnèrent la cuisine sans nouvel incident. La porte s'ouvrit; une femme au visage avenant apparut sur le seuil : c'était Sarah Berny qui avait élevé Alice depuis la mort de Mme Roy. « Seigneur ! s'exclama Sarah. Vous auriez dû m'appeler ! C'est trop lourd ! — Non, non ! protesta Alice. Veille simplement à ce qu'il n'y ait pas d'obstacle sur notre chemin, car nous ne voyons pas où nous posons les pieds. » Les jeunes filles traversèrent la cuisine et entrèrent dans la réserve dont Sarah maintint la porte ouverte. « Quel beau canard ! fit Sarah, admirative. Posez le potiron par terre, Bess, vous semblez à bout de forces. - Ouf ! j'ai les bras tout engourdis ! soupira Alice en se libérant des céleris, du sac et du canard. Le facteur est-il déjà passé " — Non. Pas encore. — Attendrais-tu par hasard une lettre ? demanda ironiquement Marion. — Oh ! non. Mais... 1. Voir Alice et les Faux-Monnayeurs, dans la Bibliothèque Verte. 10 — Aurais-tu déjà reçu un mot de Ned Nickerson ? reprit Marion avec un air innocent. — Ned ? Pourquoi ? Il n'écrit pas... » Elle s'arrêta net à la vue de l'expression narquoise des deux cousines et s'empressa d'ajouter : « II télégraphie. — Tiens ! il t'a envoyé par télégramme des billets pour le match de football. — Trêve de plaisanterie ! protesta Alice sans perdre sa bonne humeur. Allons au salon, je ne veux pas manquer M. Dixor. Depuis ma naissance c'est lui qui, matin et soir, nous a apporté toutes nos lettres, nos colis. Papa et Sarah mis à part, c'est mon plus vieil ami. Et voilà qu'il prend sa retraite. — Déjà ! s'exclama Bess, en suivant Marion et Alice. Un facteur qui demande sa retraite anticipée ! Je n'aurais pas cru que son salaire lui permettrait d'amasser un pécule suffisant. 11 — Tu oublies qu'il a droit à une pension au bout d'un certain nombre d'années de service, répondit Alice. Mais le merveilleux dans cette histoire est que notre ami vient de faire un héritage. Une vieille tante lui a légué une somme rondelette, et il a l'intention de se lancer dans l'élevage des cochons d'Inde. — Des cochons d'Inde ! reprirent les deux cousines. — Oui. Il se passionne pour ces animaux ; il a étudié la question sous tous les aspects et découvert qu'il pourrait réaliser des bénéfices importants. Toutefois, je doute qu'il se résigne à vendre les petits qu'il élèvera. » En riant, Alice alla dans le bureau de son père répondre au téléphone, dont la sonnerie retentissait pour la huitième fois. « Allô ! Mademoiselle Roy ? - Oui. — Ici votre voisine, Mme van Ness. » C'était une femme charmante qui habitait avec son mari dans le voisinage des Roy. « M. Dixor, notre facteur, vient de nous quitter. Vous êtes au courant ? — Oui. — J'ai pensé que nous devrions nous cotiser pour lui offrir une certaine somme qui l'aiderait à mener ses projets à bien. Il le mérite. Serviable, ponctuel, souriant, il n'a jamais commis la moindre faute dans son service. — Mon père et moi, nous contribuerons avec plaisir à ce cadeau. Vous avez eu une idée excellente, madame. Cet après-midi même je vous apporterai un chèque. » Après un bref échange d'amabilités, Mme van Ness dit au revoir à Alice et raccrocha. La jeune fille retourna auprès de ses amies et se lança dans un éloge enthousiaste de son vieil ami le facteur. « II est employé aux postes depuis trente-cinq ans et en ces trente- cinq ans il n'a pas égaré une seule lettre, pas encouru le moindre blâme, dit-elle. C'est un véritable tour de force quand on songe qu'il a manipulé des millions de lettres par tous les temps. — Espérons qu'il ne va pas avoir d'ennui les derniers jours, déclara Marion, pessimiste. — Quelle remarque stupide ! » fit Bess, mécontente. 12 Sarah mit fin à la querelle qui s'amorçait en entrant, les bras chargés d'un plateau où de délicieux gâteaux voisinaient avec un pot de chocolat fumant. « J'ai pensé que l'air de la campagne vous avait creusé l'appétit, dit-elle. — Bravo, Sarah ! Tu es un ange ! s'écria Alice. — Et dire que je suis au régime ! gémit Bess. Le chocolat et les gâteaux me sont interdits. Bah ! Tant pis. Je vais faire une exception aujourd'hui. — Les autres jours aussi ! » s'exclamèrent Marion et Alice. La gourmandise était le péché mignon de Bess qui se trouvait trop grosse. Elle était pourtant charmante avec ses joues rosés creusées de fossettes, ses yeux rieurs, et, malgré un léger embonpoint, sa silhouette faisait bien des envieuses. Sarah laissa les jeunes filles se servir et regagna la cuisine. Alice venait de remplir une tasse de chocolat quand elle entendit le joyeux sifflement par lequel le facteur s'annonçait. « Voilà M. Dixor, dit-elle. Je vais l'inviter à partager notre goûter. » Marion et Bess habitaient dans un autre quartier ; elles connaissaient donc moins bien l'heureux homme qui s'apprêtait à déposer sa sacoche pour soigner des cobayes. Très intriguées, elles attendirent Alice. « Bonjour, mademoiselle Alice ! clama une voix sympathique. — Comment allez-vous, monsieur Dixor ? répondit Alice. Venez donc savourer quelques gâteaux faits par Sarah et boire une bonne tasse de chocolat. — Bah ! fit en riant le facteur. Ce ne serait pas de refus mais je n'ai pas le temps. Le travail avant tout, mademoiselle. Voilà votre courrier. — Tiens ! une lettre d'Angleterre ! Je n'y connais pourtant personne. Entrez un instant, monsieur Dixor. Je vous en prie ! — Je ne devrais pas. C'est contraire au règlement. Enfin ! juste une minute, pour vous faire plaisir. » Marion et Bess virent Alice pénétrer dans le salon tirant par la main uploads/Ingenierie_Lourd/ caroline-quine-alice-roy-08-bv-quand-alice-rencontre-alice-1932.pdf

  • 13
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager