Le lexique des patrimoines architecturaux dans la Régence d’Alger, Support de t
Le lexique des patrimoines architecturaux dans la Régence d’Alger, Support de thesaurus ? 01/10/2015 Benjamin Barbier Laisser un commentaire Samia Chergui, Maître de conférences en Histoire de l’architecture, Université Saad Dahlab, Blida 1 À partir d’un certain nombre d’échantillons non exhaustifs de documents habus collationnés par nous et de différents glossaires provenant d’études antérieures – comme celles menées par S. Missoum, N. Cherif, S. Chergui et S. Messikh-Benslama sur les habitations, les bains, les mosquées et les fortifications d’Alger à l’époque ottomane[1] –, mais aussi d’investigations poussées sur le terrain, il est aisé de repérer, pour ce qui est de la Régence d’Alger, une terminologie riche portant sur les typologies des patrimoines architecturaux et leurs différentes composantes. Nous avons choisi dans le cadre de cette recherche d’orienter notre réflexion sur cet aspect d’ordre lexical qui peut contribuer dans la construction d’un support de thésaurus tout à fait inédit. Il serait indispensable pour la distinction terminologique qu’on se propose d’établir entre ces différentes composantes spatiales, architectoniques, structurelles et décoratives de prendre d’emblée en ligne de compte les différentes acceptions linguistiques données à chacune d’elles au niveau de certains dictionnaires spécifiques, dont celui de M. Beaussier[2]. Ce dictionnaire pratique arabe-français, paru à Alger dès 1871 et réédité en 1958 dans une nouvelle version revue, corrigée et augmentée par M. Ben Cheneb, semble le plus adapté à traduire les locutions propres à la province d’Alger[3]. Il a réuni les termes employés dans la langue usuelle, les formules fréquemment usitées dans le style épistolaire simple et enfin les mots ou tournures auxquels font particulièrement appel les actes légaux émanant des qadi-s malékite et hanafite. Le supplément de ce dictionnaire arabe français, réalisé par A. Lentin en 1901, fournit, à son tour, un appui à notre recherche [4]. En 2007, une nouvelle réédition de J. Lentin réunit enfin dans un dictionnaire unique les résultats de recherches de M. Beaussier (1821-1873), interprète de l’Armée d’Afrique, de M. Ben Cheneb (1869-1929), professeur à l’université d’Alger et d’A. Lentin (1884-1971), professeur d’arabe[5]. Une pareille démarche reste insuffisante si elle ne permet pas de rattacher le sens de ces composantes au contexte même de leur manifestation. On est amené de ce fait à admettre une parfaite correspondance entre ce dernier et la spécificité même du patrimoine architectural ottoman d’Alger ; celui-ci n’a pu finalement se cristalliser sans la conjugaison des efforts d’architectes et constructeurs de différentes ethnies et confessions – Algérois baldi, Kabyle ou Biskri barani, Morisques, captifs chrétiens, juifs dhimi,…etc. –, ni sans la profusion et la diversité de matériaux de construction locaux ou d’importation. Aussi, un pareil lexique ne peut en aucun cas être envisageable sans que toutes les expressions techniques et artistiques soient réellement concordantes avec la plupart de leurs définitions données par la majorité des comptes de chantiers inventoriés parmi les archives ottomanes. Ce simple essai d’inventaire d’ordre lexicologique ne doit pas être perçu en dehors du cadre précis dans lequel avait évolué le patrimoine architectural ottoman d’Alger, entre les xvie et xixe siècles. Dans l’une de nos précédentes études un vocabulaire d’une grande richesse relatif aux actions de construction et d’entretien de ce riche patrimoine hérité de la période ottomane a été développé grâce à leur environnement sémantique noté dans les documents d’archives ottomanes[6]. Chaque terme relevé dans les documents habus est largement illustré pour faire apparaître les formes et variantes, souvent dans leur dimension historique, permettant ainsi de mettre en place des typologies et des chronologies. L’ébauche d’un thésaurus des composantes de l’architecture ottomane d’Alger sur la base de l’analyse de ces archives de gestion ottomane des biens immobiliers et fonciers de main morte ouvre la voie à des approches linguistiques inédites. L’aboutissement de ce travail permettra de compléter et de développer certains aspects de ce thesaurus de la dénomination. L’usage d’un vocabulaire et d’une syntaxe communs d’analyse des typologies architecturales ayant pu caractérise le paysage du vieil Alger ottoman constituera certainement la base d’un inventaire raisonné. Le souci méthodologique de définir avec exactitude les vocables utilisés autant dans la désignation que dans la description technique des œuvres architecturales et de leurs composantes est permanent. Ces définitions seront appelées à être illustrées, chaque fois qu’il est possible, par des figures, des iconographies et des planches photographiques ainsi que par une série de références permettant de les rattacher au document les citant. Sa traduction dans la langue française est également prévue, dans cette première phase d’inventoriage, sur la base des dictionnaires de M. Beaussier et A. Lentin. Une clarification doit être cependant faite au sujet de la langue dans laquelle ont été rédigés les rôles de chantier, sources d’une foisonnante terminologie. Celle-ci relève d’une expression arabe influencée à la fois par le dialecte algérois autochtone, le berbère, la langue turque officielle et la « lingua franca » d’importation européenne. L’entreprise d’inventaire, dans cette optique, doit être analysée sous l’angle des valeurs que cette architecture véhicule. Par ailleurs, le classement s’effectue en fonction de catégories qui sont à créer, notamment à partir de travaux de recherche porteurs de lexiques adaptés à ces nouveaux objets d’étude. Au regard de la patrimonialisation, la question de la terminologie a une acuité d’autant plus forte qu’elle est liée à la reconnaissance du statut patrimonial d’un objet et de son univers de référence : longtemps, l’archéologie, l’ethnographie et, dans une moindre mesure, la préhistoire ont dominé ; aujourd’hui, un effort est fait pour décrire des patrimoines appartenant à des zones négligées de l’histoire des arts du Maghreb, notamment les patrimoines architecturaux islamiques des périodes médiévale et moderne. Les documents d’archives ayant permis d’aller vers cet essai d’inventaire d’ordre lexicologique pour ce qui est du patrimoine architectural du vieil Alger ottoman proviennent du fonds archivistique du Beylik[7]. Ils sont ainsi répertoriés : 07 registres d’inventaire, 91 registres de comptabilité. Figure 1. Extrait du registre de comptabilité 325/423, carton 310 à 382. Copie originale en arabe dialectal (CNA). Nous proposons de présenter l’ensemble des termes extraits des registres d’inventaire et des livres de compte suivant quatre principales rubriques. Une fois organisés et classés, ces derniers doivent permettre de construire un véritable support de thésaurus. Termes des typologies architecturales Architecture religieuse masdjid djâma‛: mosquée à prône. masdjid: oratoire de quartier. msîd: mosquée-école. qubba : tombe de marabout zâwiyya : mausolée ou mosquée commémorative. Architecture militaire asitana: burj: tour. dâr al-bârûd : poudrière. dâr al-Inkishâriya: dâr al-nuhâs : fonderie. qal’a: fort. qasaba : citadelle. tuppâna: batterie. Architecture civile et judiciaire Baylik : Domaine public. Bayt al-mâl : Trésor public. dâr al-khal: prison. Dâr al-Sultân: Palais de gouvernance. Djanîna : voir Dâr al-Sultân Madjlis al-‛ilmî : Cour suprême. Mahkama shar‛iyya : Architecture domestique dâr: grande maison à patio. dwîra : petite maison à patio découvert. dwîra b-shbbâk : petite maison à patio couvert. ‛ulwî : petite maison, organisée en hauteur, autour d’escaliers et se développant au- dessus d’une boutique, sur une entrée, un entrepôt ou un quelconque autre espace. Infrastructure et architecture commerciales bâdistân: marché aux esclaves. funduq: caravansérail. furn: moulin. hânût : boutique ou échoppe. kûsha : four. makhzan : entrepôt. qaysâriyya : marché couvert. Infrastructure et équipement hydrauliques ‛ayn : fontaine. djabb: citerne enterrée sous la cour ou encastrée au niveau des angles des bâtiments permettant de recueillir les eaux de pluie. hammâm: bain. khandaq: égout. khazna : réservoir d’eau. madjrâ: nâ’ûrâ: roue hydraulique ou noria. qâdûs: canal ou conduite. Terme utilisé aussi bien pour le transport de l’eau potable que les eaux usées. sabbâla : voir ‛ayn. sadd: barrage d’eau. sâniya: bassin de retenu et de répartition d’eau. sâqiya : canal ou conduite servant à l’adduction de l’eau potable uniquement. thâla : voir ‛ayn. Terminologie des composantes spatiales Un vocabulaire inhérent aux composantes spatiales des différentes typologies architecturales datant de l’époque ottomane est souvent mis en relation avec des locutions adverbiales d’orientation, telles que du côté de (bi djânib), au-dessous (asfal), au-dessus (a‛lâ), à (bi), contigu (lasîq), auprès de (‛inda), adjacent à (mdjâwar), en face de (mqâbal), proche (qurb), à droite (yamîn), à gauche (yasâr) ou accolé (simt). Il peut désigner certaines formules comme : bayt: pièce, au rez-de-chaussée, de dimensions modestes. bayt al-barda: pièce de température froide, vestiaire et salle de repos dans le bain. bayt al-qa‛da: voir bayt al-barda. bayt al-skhûna: pièce chaude du bain ou étuve qui reçoit la vapeur. bayt al-wâsta: pièce intermédiaire dans le bain, d’une température tiède et située entre les pièces chaude et froide. bwîta: petite pièce sous forme de cabinet disposée autour de l’espace central de la pièce chaude du bain et permettant l’isolement des baigneurs pour les soins corporels intimes. ghurfa: chambre à l’étage plus spacieuse. istabl: étable. knîf: latrines privées. labânda: latrines publiques dotées de fontaines. manzah: belvédère. matshara: voir labânda. maydhâ: salle uploads/Ingenierie_Lourd/ le-lexique-des-patrimoines-architecturaux-dans-la-regence-d-x27-alger-support-de-thesaurus.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 22, 2022
- Catégorie Heavy Engineering/...
- Langue French
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