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HAL Id: halshs-02910381 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02910381 Submitted on 2 Aug 2020 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Le modèle de l’organisation par projet Yvon Pesqueux To cite this version: Yvon Pesqueux. Le modèle de l’organisation par projet. Master. France. 2020. ￿halshs-02910381￿ Yvon PESQUEUX 1 Yvon PESQUEUX Hesam Université Professeur du CNAM, titulaire de la Chaire « Développement des Systèmes d’Organisation » 292 rue Saint Martin 75 141 Paris Cédex 03 France Téléphone ++ 33 (0)1 40 27 21 63 FAX ++ 33 (0)1 40 27 26 55 E-mail yvon.pesqueux@lecnam.net / yvon.pesqueux@gmail.com Site web eesd.cnam.fr Le modèle de l’organisation par projet Résumé Après une introduction qui pose la question de la définition de ce qu’est un projet, ce texte aborde les points suivants : quelques fondements philosophiques du projet ; l’enracinement historique du projet ; les typologies des projets ; l’organisation par projet : forme ou modèle ? ; la distinction entre le principe de la dualité « maître d’oeuvre – maître d’ouvrage » et le modèle de la concourance ; les configurations organisationnelles du projet ; la notion de « métarègles » ; la gestion de projet et la référence à des phases ; les dysfonctionnements ; un focus sur Un écrit fondateur des représentations contemporaines de la gestion de projet : C. Midler, L’histoire de l’auto qui n’existait pas ; un focus : Le Building Information Modeling (BIM) ; management de projet et responsable de projet. Introduction L’organisation par projet est une forme organisationnelle contemporaine à laquelle il est couramment fait référence, non sans ambiguïté, en particulier celle de la confusion opérée entre « projet » et « entreprise » ou encore entre « projet » et « création » (d’entreprise ou pas, d’ailleurs). Les analyses du champ se réfèrent à une domination implicite des postulats de l’« école sociotechnique » (qui se développe durant la décennie 1950 autour du Tavistock Institute et qui offre une pensée de l’intra- organisationnel qui articule social et technique). Le Dictionnaire de la Langue Française de Dupiney et Vorrepierre donnait comme origine, en 1867, le mot projectus signifiant littéralement « lancé en avant ». Le Dictionnaire Robert, environ cent ans plus tard, fait découler le mot projet de projeter, du bas latin projectare signifiant, dans un sens proche à la précédente origine, jeter en avant. Yvon PESQUEUX 2 D’après J.-P. Boutinet1, le concept apparaîtrait au Quattrocento dans le champ architectural, donc pour ce qui concerne l’aménagement spatial ce qui l’enracinerait dans la rationalité technique de la maîtrise des créations humaines. C’est ainsi qu’avec la philosophie des Lumières, projet et progrès vont se trouver associés pour déboucher sur l’idée de projet de société après la Deuxième Guerre Mondiale, la crise des années 1970 conduisant à sa récupération microsociale corrélative au « moment libéral »2 venant faire du projet de vie l’essence du soi dans l’expression de sa liberté. L’individu se trouve invité à se réaliser lui-même et à maîtriser son destin. L’intentionnalité est inhérente au concept de projet. Pour J.-P. Boutinet, l’idée de projet traduit l’obnubilation de la modernité dans son oscillation entre les deux figures du projet que sont la figure technique (avec le passage de l’idéalisation à la réalisation) et la figure existentielle (un individu ou un collectif se donnent des perspectives d’action en lien avec une recherche de sens et s’achève avec la disparition du sujet ou du collectif). J.-P Bréchet & A Desreumaux3 proposent un essai de théorisation de la notion de « projet » sur la base de quatre aspects : - Le projet comme nécessité vitale, biologique, avec l’idée de finalisation des comportements, d’adaptation, par opposition à la sclérose ; - Le projet comme enjeu existentiel comme porteur d’une recherche de sens face à l’absurdité des situations, par opposition à l’absurde ; - Le projet comme opportunité culturelle pour fonder son devenir face aux exigences de la vie en société d’autant que l’idéologie dominante de l’innovation et du changement participe à ce processus de légitimation, par opposition à la marginalisation ; - Le projet comme perspective pragmatique ou praxéologique comme aide à l’action, par opposition à l’improvisation. G. Van Wijk4 le définit à partir de 3 registres : ce que l’on a l’intention de faire, comme processus émergent et du fait de son aboutissement attendu. Il insiste sur le fait que le projet n’est pas une organisation du fait de leurs différences en termes de processus et de résultat en reprenant les marqueurs que sont l’intention (au lieu de l’objectif), l’émergence (au lieu de la planification) et l’ouverture sur l’environnement (au lieu d’un contexte contractuel). Avec le projet, il est à la fois question d’attention, de tension et d’intention d’où l’intérêt de se référer à des « tensions », conditions nécessaires à la genèse d’un projet avec une tension entre ce qui existe et ce que le projet va dépasser, une tension à comprendre comme un effort ou au moins une application soutenue et une tension qui consiste à tendre vers au regard de son champ lexical (tendu, détendu, étendu, par extension). Les définitions sont nombreuses et diverses, cependant, deux grandes familles de définitions se distinguent : 1 J.-P. Boutinet, Anthropologie des conduites à projet, PUF, Paris, 1993 2 Y. Pesqueux, Gouvernance et privatisation, PUF, collection « la politique éclatée », Paris, 2007 3 J.-P. Brechet & A. Desreumaux, « Pour une théorie stratégique de l’entreprise projet, collectif et régulation », 1° Colloque « Raison(s) et décision », IAE Lille, 27 mai 2004, pp. 44-67 4 G. Van Wijk, Théorie des projets, Ellipses, Paris, 2020, 125 p. Yvon PESQUEUX 3 - Celles qui sont articulées au sens français du mot : le projet est ce qui s’attache à la fois à l’aspect intentionnel des choses et à l’objectif à atteindre, mais fort peu à la période correspondant au passage à l’acte et au déroulement de celui-ci, c’est-à-dire la mise en œuvre des actions prévues pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé, en un mot la réalisation. Cette perspective peut être divisée en deux classes de significations : la représentation de quelque chose que l’on pense atteindre, ou que l’on a l’intention de faire. Les synonymes peuvent être : dessein, intention… et celle d’un travail ou d’une rédaction préparatoire, d’un premier état. Par analogie, cette façon de voir le projet fait qu’on l’apparente à d’autres mots tels qu’ébauche, brouillon… comme avec le « projet de loi ». Il subsiste dans cette approche l’idée d’un « non maîtrisable » qui conduit, dès le départ, à accepter avec un certain fatalisme que des évènements perturbateurs insuffisamment pris en compte dans l’analyse initiale, puissent infléchir le déroulement que l’on avait envisagé. - Celles qui sont articulées au sens anglo-américain du mot : le mot anglais project est un faux ami. Lorsque l’on parle de projet dans le sens d’avoir l’intention de faire quelque chose, les anglo-américains utilisent le verbe to plan proche de planifier en français. Il y a donc, dans la perspective anglo-américaine, toute la logique de l’aspect maîtrisable des évènements à accomplir. La question de l’usage organisationnel du terme se pose. Comme le soulignent J.-P. Brechet & A. Desreumaux5, « politique, projet, stratégie, sont des termes qui ne se recouvrent pas mais qui confrontent à une sémantique difficile du fait d’emplois très instables (…) Le concept de projet est sans doute celui qui apparaît le plus partagé avec les autres disciplines en dehors du management. Le concept de projet est sans doute celui qui apparaît le plus partagé pour désigner l’action intentionnelle et anticipée. C’est là une première raison de retenir cette notion. Une deuxième raison tient au fait que le terme de projet est aussi d’un emploi très répandu dans le monde des organisations. Enfin, une troisième raison tient au souhait de ne pas opérer de distinctions redoutables à établir entre le politique, le stratégique, voire le tactique. De ce point de vue, le projet recouvre pour nous à la fois le politique et le stratégique, ce que l’on pourrait appeler l’entreprise politico-stratégique ». Les auteurs soulignent l’importance de la mobilisation dans la notion de projet. C’est pourquoi ils vont privilégier, pour l’aspect organisationnel, son acception comme anticipation à caractère opératoire, donc une perspective volontariste. Il s’agit de contester la situation actuelle au nom d’une situation désirée à concrétiser. Le projet est porteur des paradoxes et des tensions de l’action. Le concept de projet est porteur d’une logique de passage (du présent vers le futur, de l’individuel au collectif). C’est cela qui induit une forme de primauté accordée à la conduite de projet, notion majeure dans les écrits professionnels. Les caractéristiques du projet comme anticipation à caractère uploads/Ingenierie_Lourd/ le-modele-de-l-x27-organisation-par-projet-to-cite-this-version 1 .pdf

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