l'attachement de sa population à sa terre malgré les contraintes que le site en
l'attachement de sa population à sa terre malgré les contraintes que le site engendre. Rappelons à ce titre que pour le Kabyle, la vente d'une parcelle de terre dans son village est considérée comme une déchéance : il y a là une spécificité culturelle qui donne un caractère quasi sacré à la terre, celle des racines et des ancêtres. Aussi le retour (incontournable) de la population émigrée (très nombreuse) à sa terre d'origine, notamment les retraités. Il semblerait également que l'option 2 d'investir un espace montagnard particulier trouve un prolongement dans la recherche d'un refuge contre les nombreuses invasions qu'a connues le pays ou dans l'idée d'un repli stratégique contre le pouvoir central (valable à toutes les époques) ou encore une recherche d'un espace qui aiderait au maintien des structures patrilinéaires encore au principe de toute leur organisation pour une meilleure protection identitaire ou enfin serait-ce parce qu'il s'agit d'un abri pour des perdants en dernière instance ? Le site choisi ne renferme ni citadelle ni points d'appui fortifiés. C'est plutôt une citadelle naturelle imprenable où dévalent, à partir de la chaîne du Djurdjura, les nombreuses crêtes secondaires portant une suite impressionnante de villages et composant l'essentiel de l'armature du massif kabyle. La nature s'était chargée d'offrir d'inexpugnables remparts renforcés par les murs aveugles des maisons jointives et de leur pourtour. En somme, c'est une foule de villages compacts, repliés sur eux- mêmes et campés sur les crêtes avec une farouche attitude défensive. " Mon pays, ce sont des colliers attachés comme des cordes entremêlées et surplombant les montagnes ", en dit la chanson de Aït Menguellet. Il y a dans ce refrain une métaphore que seul un poète de sa trempe peut inventer sans qu'il soit urbaniste ou initié à l'aménagement du territoire. En effet, nous sommes frappés par la rigueur topologique dans la division des territoires villageois à habiter, à cultiver et donc à se partager. Il y a là un véritable savoir-faire (j'allais dire " code d'urbanisme ") qui définit idéalement les limites villageoises, intervillageoises et le monde extérieur : le territoire sauvage. Les villages, à l'origine, occupent une crête ou le sommet d'un mamelon et, dans ce dernier cas, les maisons sont disposées par files ou rangées et s'accolent par leurs pignons, suivant les rayons divergents de leur Le site comme support de l'implantation 84 85 L'attention récente portée aux "nouveaux patrimoines" traduit bien ce souci de préserver non seulement les édifices majeurs des époques passées mais aussi, comme dans notre cas, les témoignages essentiels pour notre histoire collective que sont entre autres l'architecture rurale, les savoir-faire et les traditions orales. Aujourd'hui, le constat est unanime : le paysage construit de villages semble être le résultat d'une confrontation brutale - au niveau morphologique - et profonde - au niveau du vécu - entre deux structures spatiales : le village traditionnel en voie de disparition et le " nouveau mode d'extension " qui se caractérise par la remise en cause profonde d' " un savoir construire" et d'"un savoir habiter le territoire ". C'est ainsi que la nécessité d'engager une réflexion de fond sur l'urbanisation actuelle qui ignore ou désagrège les formes discrètes et articulées des anciens établissements qui témoignent au-delà de la valeur intrinsèque de leurs composants physiques, d'une forme d'organisation spatiale caractérisée par son originalité et son adaptation au contexte naturel, socio-économique et physique s'impose. En d'autres termes, pour com- prendre les altérations générales que ces vieux terroirs ont pu subir au cours des dernières décennies et décider de leur devenir, il faut que nous sachions d'abord ce qu'ils étaient. Si partout dans le monde, la dévitali- sation des zones montagneuses est proportionnelle au rythme de l'urbanisation des sociétés, la Kabylie semble constituer l'exception qui confirme la règle. On dénote La montagne comme refuge ? Par Mebarek KACI Maître-assistant, Département Architecture, université de Blida Crédit illustrations : M. KACI 'architecture rurale tradition- nelle constitue l'un des témoignages essentiels pour L notre histoire collective dans la mesure où elle incarne l'un des derniers legs de la société traditi- onnelle à la société industrielle. Nouvelle venue parmi les monu- ments historiques, elle pose de nombreux problèmes de doctrine et 1 techniques . Il y a donc lieu de rechercher une stratégie appropriée à la protection d'un domaine dont la nature, l'ampleur, la dispersion défient les doctrines et techniques habituelles de la protection monumentale. La prise en compte de toutes ces facettes d'un patrimoine aussi original que paradoxal, vivant, investi effectivement à la mesure de l'engouement qu'il suscite, apparaît ainsi comme la condition d'un débat fructueux, ouvert à tous ceux, techniciens ou conservateurs, chercheurs, représentants des collectivités concernées ou autres, qui se refusent à ce que l'espace rural soit entièrement muséifié ou au contraire gravement dénaturé. La Kabylie, ou plus exactement le massif kabyle, n'échappe pas à la règle. Se heurtant inévitablement au même constat, celui de la transformation inéluctable de l'habitat qui accompagne, avec un décalage plus ou moins grand, les mutations économiques et sociales de ses habitants. La croissance des villages se faisait horizontalement par dédoublement des parcelles familiales, ce qui produisait à terme des impasses. C'était une croissance lente du fait de la mortalité infantile. Plus tard, du fait de la diminution de celle-ci et de la saturation des parcelles, Les Kabyles, dans certaines régions, ont produit le village vertical sans que cela n'altère l'équilibre des formes existantes et ce en construisant des maisons à étages ayant en bas une pièce et à l'étage une petite chambre avec fenêtre où l'on y accédait par le moyen d'une échelle kabyle, c'est-à-dire une branche d'arbre munie d'aspérités appropriées. Il est important de souligner qu'à l'époque, il était interdit ou mal vu de construire en dehors des limites du village ; on craignait, si on le faisait, l'extinction de la famille. Nous ne pouvons mieux illustrer la métaphore du poète. Dans cette société habituellement considérée comme paysanne et de structure sociale dite conforme au modèle segmentaire, des caractères urbains sont pourtant très visibles : - En plus de la forte population agglomérée, nous constatons la qualité particulièrement soignée des constructions en pierre de taille dans certains villages, l'abondance de mosquées blanchies à la chaux et aussi d'espaces construits de type urbain destinés à la vie publique : Tajmaât allant du simple passage couvert garni de bancs à l'agora. - Les populations " villageoises " se constituaient en groupes affectés à des tâches municipales différenciées : entretien La dichotomie résidence / lieux de commerce L'architecture rurale traditionnelle en kabylie, un patrimoine en péril Adhrum Nath Aârich au village de Taksebt en Kabylie maritime sommet. Cela autant que le permet la forme irrégulière du terrain. Les ruelles et les cours séparent les rangs des maisons. Ainsi, le plan typique d'un village est, s'il se peut, un cercle dont les bâtisses juxtaposées figureraient les rayons. Et son profil est en gradins où chaque maison surplombe celle qui la suit. Contrairement à ceci, les villages des Chaouis sont disposés assez différemment dans la mesure où les maisons sont rangées par des cercles concentriques plutôt que par rayons. Les gradins y sont donc plus réguliers et plus continus. Et cela rappelle les villages des Pueblos d'Amérique. Le village kabyle, décrivant ainsi grossièrement un cercle autour du sommet, décrit un réseau de voiries croisé généralement par une ou deux voies pénétrantes qui permettent au profane qui n'a pas affaire dans le village d'aller son chemin sans y entrer. Faut-il rappeler que les sentiers reliant les villages entre eux sont pour la grande majorité des parcours de crête : des autoroutes préhistoriques ! Ce qui produit une armature d'une extraordinaire détermination du territoire. Les villageois pouvaient donc ainsi assurer leur sécurité et la surveillance des champs et des espaces intervillageois. 3 L'organisation des aârach ou tribus est comptée en nombre de six par Ibn Khaldoun dans le massif kabyle. Leur organisation modelée sur le relief tend à approcher un certain nombre d'entre eux et leur répartition est à première vue très irrégulière. Seulement, isolé (le aârch) sur sa crête, entre de profonds ravins, juché sur un piton qu'un ensellement sépare du voisin, ou accroché à un promontoire surveillant une vallée, il forme un organisme complet qui semble se suffire à lui-même. Leçon d'histoire 86 des édifices publics, voirie, nettoyage des fontaines, transport lourd et gardes nocturnes. Ce qui dénote que si cette coopération (dirigée par l'amin, c'est-à-dire le chef du village et entendue au sens strict de collaboration au même ouvrage) s'exerçait donc avec prédilection dans l'activité agricole, elle s'exerçait aussi dans les travaux industriels avec une spéciali- sation du travail, ce qui constitue un aspect groupent des familles de noms et d'origines différentes (imsenden). Bien qu'étrangers, ces groupes sont adoptés et intégrés. Souvent, ces ixerban ont des liens de solidarité supplémentaires : elles se groupent alors en adhrum (pl. idherma). Et ici, ces derniers groupements correspon- dent à une organisation dualiste du village, aux déterminants topologiques : ceux d'en haut / ceux d'en bas, versants opposés d'une même crête, ou bien les versants séparés uploads/Ingenierie_Lourd/ lecon-histoire-pdf 1 .pdf
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- Publié le Fev 17, 2022
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