1 Philosophie 340-101-MQ Philosophie et Rationalité - Cours 8 Les sophismes 2 P

1 Philosophie 340-101-MQ Philosophie et Rationalité - Cours 8 Les sophismes 2 Professeur : Jean-Philippe Morin Sophismes Rhétoriques 1. Faux dilemme 2. Attaque contre la personne 3. Caricature 4. Double faute 5. Appel à la popularité 6. Appel à l'autorité 7. Appel à la tradition 8. Appel à la nouveauté 9. Exercices 10. Réponses aux exercices * * * Les définitions (soulignées) des sophismes sont tirées du manuel Qu'est-ce que la philosophie? de Michel Métayer, ERPI, 2012. Les sophismes, deuxième partie Un rappel de ce qu’est un sophisme. DÉFINITION : Un sophisme est un raisonnement faux, mais qui a l'apparence de la vérité, fait dans le but de tromper. Dans ce cours, nous verrons huit sophismes supplémentaires, que nous placerons dans la catégorie des sophismes rhétoriques. La rhétorique est l'art du discours : nous aurons l'occasion d'en reparler. Ces sophismes utilisent des stratégies de manipulation du discours, des manières de faire passer la fausseté pour de la vérité. Dans chacun des cas, je vous donnerai un exemple de réponse complète que vous devrez faire dans les exercices et à l'examen pour identifier un sophisme. 2 1. Le faux dilemme Définition : « Affirmer qu'une situation nous enferme dans une alternative limitée à deux options, dont l'une est clairement désirable et l'autre indésirable, alors qu'il existe d'autres options. » Un dilemme, c'est être dans une situation où on est forcé de faire un choix difficile entre deux possibilités. Un véritable dilemme pourrait être de choisir entre abandonner un cours difficile, ou le continuer jusqu'à la fin de la session. Chacun des choix implique un risque ou un désagrément : devoir reprendre le cours plus tard et retarder ses études, ou risquer de l'échouer. Vous avez vécu ce dilemme la semaine dernière, avant la date limite d'abandon des cours. Un faux dilemme, c'est faire comme si on offrait un choix à quelqu'un, alors que c'est un faux choix : il est évident qu'on veut pousser l'autre personne dans une voie plutôt qu'une autre. La version la plus célèbre du faux dilemme est le fameux « Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous », dont il existe des dizaines de version à travers l'histoire et dans la fiction. (On peut en trouver une longue liste sur wikipedia. L'article en anglais est plus complet : https://en.wikipedia.org/wiki/You%27re_either_with_us,_or_against_us ) Après le 11 septembre, le président Américain George W. Bush a dit : « Toutes les nations, dans toutes les régions, ont une décision à prendre. Soit ils sont avec nous (les États-Unis), soit ils sont avec les terroristes ». Autrement dit : soit nous appuyons les États-Unis et les guerres qu'ils ont ensuite déclenchées, soit nous sommes du côté des terroristes. C'est un faux choix, parce que personne ne voudra être du côté des terroristes. Bush voulait forcer les gens à être d'accord avec les États-Unis. Plus fort encore, cela veut dire : vous n'avez pas le choix d'être de notre côté. Ce sophisme ne fait que prétendre que nous ayons le choix. C'est la même chose dans Star Wars Episode III lorsque Anakin dit à Obi-Wan : « Si tu n'es pas avec moi, alors tu es contre moi ». Il veut forcer Obi-Wan à être de son côté! 3 Un autre grand classique du faux dilemme, celui de nos parents quand on était jeune : « Sois tu manges toute ton assiette, sois tu seras privé de dessert! » Pour identifier et critiquer ce sophisme, il faut dire deux choses : 1. C'est un sophisme, parce qu'on présente la situation comme s'il n'y avait que deux possibilités, alors qu'il y en a d'autres. Il est utile de pouvoir nommer cet autre choix possible. Dans le cas de Bush, il est possible de s'opposer à la politique étrangère des États-Unis, sans soutenir les terroristes pour autant. 2. On présente un choix comme le seul désirable, l'autre comme totalement indésirable. Dans le cas de Bush, seul soutenir les États-Unis est présenté comme désirable. Exemple : Un parent pourrait dire à son enfant : « Soit tu vas à l'université, soit tu auras un travail minable pour le reste de ta vie ». Réponse aux exercices et à l'examen : « Sophisme du faux dilemme. On affirme que la situation nous enferme dans une alternative limitée à deux options, dont l'une seule est désirable (aller à l'université et avoir un bon travail) et l'autre est clairement indésirable (avoir un travail minable pour le reste de sa vie), alors qu'il y a d'autres options : il est possible de trouver un bon travail sans diplôme universitaire, en démarrant une compagnie, par exemple. » * * * 2. L'Attaque contre la personne (aussi appelée argument Ad Hominem) Définition : « Prétendre réfuter une argumentation en attaquant la personne qui la soutient plutôt que ses arguments. » Ce n'est pas simplement insulter l'autre personne, c'est plus précisément rabaisser cette personne pour discréditer ses arguments. Puisque cette 4 personne est stupide, corrompue, menteuse, alors il ne faut pas croire ce qu'elle dit, il ne faut pas l'écouter. Au lieu d'attaquer l'argument de l'adversaire, on dévie la conversation vers la personne elle-même et on tente de la discréditer, de faire en sorte que ses propos ne soient plus dignes de confiance. C'est une manière de faire dérailler la conversation, de l'emmener ailleurs, afin de ne pas discuter directement d’un argument. Pour critiquer ce sophisme, il suffit de dire qu'on fait dévier la conversation vers la personne elle-même afin de la discréditer, et qu'il faudrait plutôt revenir au véritable sujet de la conversation. Bien argumenter, c'est évaluer un jugement en lui-même, indépendamment de la personne qui le tient. Exemple : « Pourquoi je t'écouterais tes arguments sur le port du masque, tu n'as même pas fini ton secondaire 5! » Exemple de réponse (aux exercices et à l'examen) : « Sophisme de l'attaque contre la personne. On fait dévier la conversation de l'argument à propos du port du masque, vers la personne qui l'a dit, afin de la discréditer en disant qu'elle n'a pas fait beaucoup d'études. Ce n'est pas parce que la personne n'a pas beaucoup d'étude que son argument ne peut pas être fondé, elle a peut-être beaucoup de connaissances sur le sujet. Il faut plutôt examiner l'argument lui-même sans tenir compte de la personne qui l'a dit. » Attention à une erreur fréquente dans les copies d'étudiants : il s'agit d'une attaque contre la personne, et non une attaque à la personne. * * * 3. La caricature (aussi appelée l'homme de paille) Définition : « Caricaturer et ainsi déformer la position d'un interlocuteur pour la rendre plus facile à attaquer, généralement en la simplifiant ou en l'exagérant. » On l'appelle aussi l'homme de paille, ou strawman en anglais. Les soldats s'entraînaient autrefois en combattant des mannequins en paille : cela veut dire qu'on crée un faux adversaire, un ennemi facile à abattre. C'est facile de gagner, lors d'un débat, si on affronte un adversaire fictif et faible. Pour 5 avoir l'air de gagner, il suffit de déformer la position de l'adversaire, de la rendre ridicule. Elle sera donc facile à réfuter. Mais nous avons seulement fait semblant de gagner, dans ce cas, nous avons seulement vaincu un adversaire imaginaire. Exemple : « Les féministes veulent que les hommes et les femmes sont égaux de toutes les manières possibles, elles veulent qu'on soit identiques, elles veulent nous transformer en femme, elles veulent nous castrer, nous les hommes! Le féminisme est clairement maléfique! » Pour identifier et critiquer ce sophisme, vous devez dire que la position de l'adversaire a été déformée, que ce n'est pas vraiment ce qu'il pense. C'est encore mieux quand on est capable de rectifier ce qu'est la véritable position de l'adversaire. Exemple de réponse (aux exercices et à l'examen) : « C'est un sophisme de la caricature. On déforme la position des féministes afin de la rejeter plus facilement. Les féministes veulent l'égalité de droits entre les hommes et les femmes, elles ne veulent pas faire disparaitre la différence entre les sexes, encore moins castrer les hommes. On s'attaque à une caricature et non au véritable féminisme, ici. » * * * 4. La double faute Définition : « Justifier un comportement condamnable en soulignant que d'autres font ou ont fait la même chose, voire pire encore. » C'est peut-être le sophisme le plus fréquent de tous! Il nous arrive très souvent de le commettre, malgré nous : c'est un réflexe normal, mais cela reste un mauvais raisonnement, un sophisme. Lorsqu'on se fait prendre à faire quelque chose de mal, il nous arrive très souvent de se justifier en disant que d'autres le font aussi, ou que d'autres font pire. Mais une faute n'excuse pas une autre faute, ça reste quand même une faute. Le fait que d'autres le font aussi, ou pire, n'est pas une excuse acceptable. Cela ne justifie rien. 6 J'ai lu un article du Devoir qui disait que les étudiants avaient trichés en grand nombre à la session hiver 2020. uploads/Litterature/ 08-les-sophismes-2.pdf

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