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3-14 Distribution électronique Cairn pour Presses Universitaires de France © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur , de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. La structure des langues est l'ensemble, plus ou moins cohérent, des principes d'organisation qui en assurent le fonctionnement, sur les plans des sons, de la grammaire et du lexique. Elle peut être étudiée de deux points de vue différents, qui, même, paraissent d'abord contradictoires. À un pôle, la typologie range les langues en types, différents par définition, même si à l'intérieur d'un type donné c'est une parenté de structure qui commande les regroupements. À l'opposé, la recherche des universaux s'attache aux traits qui sont supposés propres à la totalité des langues, connues ou non. Mise en relief des différences ici, quête des homologies là, les deux entreprises ne paraissent pas conciliables. Pourtant, on se rend compte, à la réflexion, qu'elles sont liées, mieux, que l'une est un préalable à l'autre : pour classer les langues en types, il faut d'abord des critères. Examinons ceux des anciens auteurs (§ II) et ce qu'on peut proposer à leur place (§ III). A) Avant le XIXe siècle. En s'en tenant à l'Occident et à son passé, on peut dire que l'Antiquité classique, pour ce qui est de la connaissance de l'homme, est repliée sur elle-même. S'il est vrai que l'on trouve, chez les historiens grecs et romains, des descriptions précieuses pour l'ethnographie, les autres peuples y sont vus comme une périphérie par rapport aux centres civilisateurs (tout comme dans la Chine ancienne aux mêmes époques) et leurs langues n'éveillent d'intérêt qu'anecdotique. Plus tard, la spéculation médiévale n'est pas, par sa nature, compatible avec une entreprise de classement. Quant à la curiosité encyclopédique de la Renaissance et de l'âge classique, elle demeure tributaire des relations entre États (Europe et Bassin méditerranéen), des découvertes (langues d'Afrique et d'Amérique), des missions (Orient, Extrême-Orient : langues d'Asie) et des voyages. En tout état de cause, elle n'aboutit qu'à des compilations : aucune classification comparable à celle qui, dès Aristote, existait pour les sciences de la nature ne se rencontre dans les fameuses sommes du XVIIIe siècle (dues à des géographes surtout, et qui, sauf la Dissertation d'A. Smith (1759), précurseur (compounded/uncompounded languages) d'A.-W. Schlegel, suivaient la suggestion de Leibniz : établir le plus possible de dictionnaires, grammaires et atlas linguistiques) : le Mithridates d'Adelung (1771-1806), le Catalogue des langues connues du P. Hervás (1784) ou le Vocabularium Catharinae de Pallas (1787). En fait, le Mithridates ne fut achevé qu'après la parution de l'ouvrage du Jésuite espagnol Hervás, qu'on peut considérer comme la première compilation connue, déjà généalogique, à l'inverse de celle du Berlinois Adelung, qu'elle influença mais qui reste géographique et synchronique. Quant à l'œuvre de Pallas, naturaliste berlinois d'origine française, elle lui fut commandée par Catherine II de Russie, qui l'envoya recenser toutes les langues accessibles de son immense empire. B) Au XIXe siècle. - Ce n'est donc qu'assez tard, au début du XIXe siècle, que naît vraiment la typologie linguistique, comme classification raisonnée des langues en types selon certains discriminants : a) Les frères Schlegel (l'un en 1808, l'autre en 1818) offrent pour la première fois une véritable classification : langues sans combinaisons de formes, langues à affixes, Y a-t-il des traits universels dans la structure des langues ? https://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=PUF_HAGEG_2... 1 sur 6 09/09/2017 à 16:35 langues à flexions. Ces dernières, les seules, selon A.-W. Schlegel, à avoir « une végétation abondante et féconde », sont considérées comme les plus parfaites, tandis que les premières, dont le chinois, monosyllabique, est un exemple, sont vues comme les plus anciennes ; entre ces deux types, les langues à affixes ont pour particularité d'associer aux radicaux des éléments qui, « pris isolément, renferment un sens complet ». A.-W. Schlegel divise en outre les langues à flexion en synthétiques (à désinences casuelles, sans articles ni auxiliaires) et analytiques, ces dernières étant tenues pour issues des autres. b) Les continuateurs. - i) W. von Humboldt (1836) propose une classification à indice psychologique, utilisant en partie celle des Schlegel, mais assez différente : il appelle « incomplètes » les langues à « particules » (ex. « malayo-polynésiennes ») et celles à « pronoms » (ex. américaines), et « complètes » les autres : a) isolantes comme le chinois, b) flexionnelles, comme les langues sémitiques et indo-européennes. Bien que ces deux termes, qu'il semble avoir créés, correspondent aux premier et troisième types des Schlegel, c'est à Humboldt qu'on attribue (depuis Schleicher) la classification qui s'est accréditée. ii) Les comparatistes de l'âge postromantique sont les véritables continuateurs des Schlegel : a) F. Bopp (1833-1857) distingue les langues inorganiques et « sans grammaire » (ex. le chinois), les langues utilisant la composition (ex. le sanscrit), les langues à modification interne de la racine. ?) A.-F. Pott (1849) divise les langues en quatre types, selon que matière (racine à sens principal) et forme (dérivation et sens secondaires) sont : indépendantes (type isolant : ex. chinois) ; extérieurement unies (agglutinant : ex. turc) ; confondues (flexionnel : ex. langues indo-européennes) ; traitées de telle sorte que mot et phrase coïncident (incorporant : ex. eskimo). y) A. Schleicher (1861) popularise pour longtemps la tripartition en langues isolantes, agglutinantes et flexionnelles. ?) H. Steinthal (1860) reprend la classification psychologique inaugurée par Humboldt et la combine avec une typologie morphologique inspirée de Pott et de sa distinction entre matière et forme, sans qu'apparaissent clairement les critères de distinction entre langues « sans forme » et langues « avec forme ». ?) F. Misteli, élève de Steinthal, affine sa classification dans une seconde édition (1893), où il ajoute, aux trois types de Schleicher, deux autres : incorporant et coordonnant. ?) F. N. Finck (1909) affine encore la classification de Steithal-Misteli, en distinguant des sous-types, parmi les types agglutinant et flexionnel, selon que le procédé concerne la racine ou le thème . Il attribue les types à des états divers d'équilibre entre le sentiment et la perception, du sanguin au mélancolique en passant par le flegmatique, etc. ?) R. de la Grasserie (1910) s'inspire des tentatives précédentes, en ajoutant quelques points originaux. C) Au XXe siècle. - a) La typologie d'E. Sapir (Language, New York, Harcourt, 1921, chap. 6) enrichit les répartitions précédentes par le recours au critère conceptuel (du concret (ex. fr. table) au purement relationnel (ex. fr. de), nécessaires à toute langue, en passant par d'autres concepts), et à celui du degré de synthèse. Mais elle confond formes et concepts, et ne distingue pas clairement les faits syntaxiques. b) La grille d'A. Martinet (A functional view of language, Oxford, 1962, p. 89-102) combine les deux oppositions lexical/grammatical et indicateur de fonction / non indicateur de fonction ; elle fait donc à la syntaxe une place plus claire que celle de Sapir. Mais elle est trop élémentaire pour permettre une enquête approfondie. D) Aux XIXe et XXe siècles : les classifications paralinguistiques : à cheval sur deux siècles, quatre entreprises classificatoires ont eu quelque influence en leur temps : a) F. Müller, dans son Einleitung in die Sprachwissenschaft (Vienne, 1876), publiée vers la même époque que les travaux du biologiste E. Haeckel (auteur de la « loi biogénétique » selon laquelle l'ontogénie récapitule la phylogénie), adopte un critère Y a-t-il des traits universels dans la structure des langues ? https://www.cairn.info/article_p.php?ID_ARTICLE=PUF_HAGEG_2... 2 sur 6 09/09/2017 à 16:35 anthropologique de classement: langues de populations à cheveux laineux (bouclés ou en toisons) et de populations à cheveux lisses (raides ou frisés); b) Le P. J. Van Ginneken, dans ses Principes de linguistique psychologique (Paris, 1907), entreprend d'expliquer par diverses modalités de l'intelligence, du sentiment et de la volonté, comme d'autres à son époque, la structure et l'évolution des langues ; c) La doctrine de N. Marr, résumée dans ses Étapes du développement de la théorie japhétique (Léningrad, 1926), soutient la parenté génétique des langues du Caucase (japhétiques), sémitiques et méditerranéennes anciennes ; la linguistique soviétique a été, pour un temps, marquée par ses spéculations sur la langue comme superstructure et reflet des conflits de classes sociales, qui suggèrent un regroupement des types d'idiomes en fonction de ces classes ; d) L'entreprise du P. W. Schmidt (Die Sprachfamilien und Sprachkreise der Erde, Heidelberg, 1926) est géographique par ses divisions et génétique par ses subdivisions ; elle ne peut donc pas plus que les précédentes être retenue au titre de la typologie linguistique stricto sensu. - A) Usage incertain de l'évolutionnisme. - Amorcé pendant les premières décennies et triomphant en 1859 avec L'origine des espèces de Darwin, l'évolutionnisme domine la pensée scientifique au XIXe siècle. Ce n'est pas par hasard que l'œuvre de F. Schlegel qui propose, en 1808, la première typologie, est consacrée à la culture classique de l'Inde : selon lui, le sanscrit est le type supérieur, uploads/Litterature/ 1-3-hagege.pdf

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