CAHIERS DU CINEMAS 2 9 0 / 2 9 1 SOMMAIRE/REVUE MENSUELLE/JUILLET-AOUT 1978 I i

CAHIERS DU CINEMAS 2 9 0 / 2 9 1 SOMMAIRE/REVUE MENSUELLE/JUILLET-AOUT 1978 I i 1 I Le rayon de l'éioile vrille Tout à coup sur l'astro­ nome. le désagrège, l'absorbe. Edgar Varèse COMITE DE DIRECTION Jean-Pierre Beauviala Serge Daney Jean Narboni Serge Toubiana COMITE DE REDACTION Alain Bergala Jean-Claude Biette Bernard Boland Pascal Bonitzer Jean-Louis Comolli Danièle Dubroux Jean-Paul Fargier Thérèse Giraud Jean-Jacques Henry Pascal Kané Serge Le Péron Jean-Pierre Oudart Louis Skorecki SECRETARIAT DE REDACTION Serge Daney Serge Toubiana MAQUETTE Daniel et Co MISE EN PAGE Serge Daney Jean Narboni ADMINISTRATION Clotilde Arnaud ABONNEMENTS Patricia Rullier DOCUMENTATION. PHOTOTHEQUE Claudine Paquot PUBLICITÉ Publicat 17, Bld. Poissonnière 75002 261.51.26 EDITION Jean Narboni DIRECTEUR DE LA PUBLICATION ET GERANT Jacques Doniol-Valcroze Les manuscrits ne sont pas rendus. Tous droits réservés. Copyright by Les Editions de l’Etoile. CAHIERS DU CINEMA - Revue mensuelle éditée par la s.a.r.1. Editions de ('Etoile. Adresse : 9 passage de la Boule- Blanche (50, rue du Fbg-Sl-Antome). Administration - Abonnements : 343.98.75. Rédaction : 343.92.20. N° 290-291_______________________________________________________ JUILLET-AOUT 1978 MICHELANGELO ANTONIONl__________________________________________________________ L'Horizon des événements, par Michelangelo Antonioni 5 CANNES 78__________________________________________________________________________ 1. Les ruelles du conditionnel, par Jean-Paul Fargier 13 2. 23 films vus à C., par Bernard Boland, Danièle Dubroux et Serge Le Péron 24 CRITIQUES___________________________________________________________________________ Comment ça va (Godard-Miéville), par Alain Bergala 32 Rêve de singe (Ferreri), par Serge Toubiana 34 Violette Nozière (Chabrol), par Jean Narboni 38 NOTES SUR D'AUTRES FILMS__________________________________________________________ Les Routes du sud ILosey), par Jean-Claude Bietie 40 Pretty Baby (Malle), par Pascal Bonitzer 41 Le Grand sommeil \\Nmner), par Yann Lardeau 42 La Vie t'en as qu'une (Guedj, Pétard, Ségal), par Jean-Paul Fargier 42 Les Nouveaux monstres (Monicelli, Risi, Scola), par Serge Daney 43 L ’Etat sauvage (Girod), par Bernard Boland 43 TROISIEME SEMAINE DES CAHIERS A PARIS___________________________________________ Les Belles manières (Guiguet), par Pascal Bonitzer 45 Les Amants crucifiés (Mizoguchi), par Jean-Paul Fargier 45 Allemagne année zéro (Rossellini), par Jean Narboni 47 La Jungle plate (Van der Keuken), par Alain Bergala 47 La Structure de cristal (Zanussi), par Jean-Paul Fargier 48 A Chitd is Waiting [Cassavetes), par Nathalie Heinich et Patrice Pinell 49 L'Exécution du traître à la patrie Ernst S. (Dindo), par Sylvie Pierre 50 OK Mister (Kimiavi), par Yann Lardeau 51 ADOLFO G. ARRIETA__________________________________________________________________ 1. Le cinéma phénixo-logique d'Adolfo G. Arrieta, par Jean-Claude Biette 53 2. Entretien avec Adolfo G. Arrieta, par Jean-Claude Biette et Jean Narboni 55 JOHAN VAN DER KEUKEN_____________________________________________________________ 1. Entretien avec Johan Van der Keuken (suite et fin), par Serge Daney et Jean-Paul Fargier 63 2. La radiation cruelle de ce qui est, par Serge Daney 69 SEMAINE DES CAHIERS A DAMAS_____________________________________________________ 1. Les Journées de Damas, par Serge Daney 73 2. Entretien avec Omar Amiralay, par Jean-Louis Comolli et Serge Daney 79 LA FICTION HISTORIQUE______________________________________________________________ Deux fictions de la haine, 3 : To Be or not to Be, par Jean-Louis Comolli et François Géré 91 QUESTIONS DE FIGURATION__________________________________________________________ Lettre à propos du décadrage, par Jean Kalman 99 PETIT JOURNAL______________________________________________________________________ Entretiens : avec Monte Hellman, Jerzy Skolimowski 102 Festivals : Orléans, Digne 107 Livres, revues, courrier, informations etc. 109 En couverture : La Femme gauchère, de Peter Handke (sortie mi-octobre) Michelangelo Antonioni (tournage de Btow up) Zebriskie Point 4 L'HORIZON DES EVENEMENTS (NOTES POUR UN FILM A FAIRE OU A NE.PAS FAIRE! PAR MICHELANGELO ANTONIONI Un matin de novembre dernier j’étais en avion au-dessus de l’Asie centrale soviétique. Je regardais l’immense étendue du désert qui délimite à l’ -est la mer d’Aral, blanchâtre et inerte, et je pensais à « l’aquilone » (Le Cerf- Volant), le film que j’espère tourner au printemps dans cette partie du monde. Un conte, un monde qui n’a jamais été le mien, que j’aime pour cette raison. Et voici que tout en pensant à ce conte, le voyant adhérer docilement au paysage, je me sens déri­ ver vers de tout autres pensées. C'est toujours ainsi. A chaque fois que je vais commencer un film, il m’en vient un autre'àtresprii. Ce nouveau film naît d’un'voyage fait dans un petit avion, par une journée de mauvais temps, en Italie. Nuages immenses, pluie, vent. Un vent rude et incessant, gris comme les nuages. Der­ rière le hublot, les nuages.courent à toute allure. L’avion a des vibrations brutales, il se cabre et se déporte de façon imprévisible. Avec un peu de patience, on s’habitue même au danger. Tout à coup les nuages s’arrêtent, on a l’impression que l’avion tombe. Il est au contraire déporté vers le haut, là où vient juste d’éclater la foudre. Avant, l’obscurité du ciel était due à l’épaisseur des nuages, maintenant, aux éclairs jaunes qui les déchirent. Nous traversons ainsi cinq orages. A l’arrivée, on me dit qu’au quatrième, un autre avion de tourisme s’est écrasé. Aucun survivant. Il avait à bord six passagers et le pilote. Un industriel dans le secteur chimique, et sa femme. Il était licencié en chimie, mais avait pra­ tiquement tout oublié. Il s’était marié par amour. Lui disait qu'il s’était trompé par amour. Ima­ gine, disait-il à sa femme, si un jour nous avions des enfants aussi indifférents que nous le som­ mes l’un à l’autre. Avant le départ, il y avait eu une querelle entre eux. Le mari était parti en claquant la porte. Le silence avait envahi la pièce. Et au milieu de ce silence elle s’était rendue compte avec horreur qu'elle était restée dans la même position que lui pendant toute la querelle. Un écrivain. 1 1 avait suivi un cours de lecture rapide. Deux cents lignes à la minute. Par contre, il était très lent quand il écrivait. Il ne se lassait pas de corriger et de relire sa page. Il relisait aussi ses propres ouvrages publiés avec un espoir sans cesse renouvelé, mais avec la même désillusion il les reposait sur l’étagère. Il avait le culte de la réalité, mais quand il écrivait, toute correspon­ dance entre réalité et imagination littéraire disparaissait. Il fit donc de moins en moins appel à cette dernière. D’ailleurs la lecture avait été la grande passion de sa jeunesse. Quand éclata la crise de l’énergie, il lisait le soir devant sa fenêtre à la lumière d’un réverbère. A minuit, certains réver­ bères s’éteignaient, le sien étaient de ceux-là, alors il était bien obligé de s’arrêter. Il était déjà célè­ bre quand il fit la connaissance de l’industriel et de sa femme. Il envoya aussitôt à la femme un de ses romans. Depuis, il ne l’avait plus revue, pas le moindre signe ni le moindre coup de télé­ phone. Il fut à la fois surpris et flatté de l’invitation au voyage, peut-être était-ce elle qui l’avait provoqué. Mais à l’aéroport, il lui suffit d’un coup d’œil pour comprendre combien il se trompait, le sujet du roman ne se serait même pas effleuré. Pour adoucir l’humiliation, il choisit la voie de la désinvolture. Cela ne dura pas longtemps. En gravissant la passerelle, il remarqua dans le sac de la femme le roman d’un autre. Cela lui parut un tel manque de tact qu’il choisit de s’asseoir à l’arrière, loin d'elle. D’ailleurs, pensa-t-il, je suis plus en sécurité ici. La maîtresse de l’écrivain. Obsédée par sa taille et par la mort. Dernièrement elle avait écrit à un célèbre biologiste français pour lui demander tout de go ce qu’était la mort. La mort est une hypothèse statistique, avait répondu le biologiste, salutations distinguées. Je n’ai pas le sentiment que celte réponse arrange les choses fut le commentaire de l’écrivain. Il se désintéressait tota­ lement du problème et son conseil était qu’il valait mieux ne pas y penser. Elle le regarda avec mépris tout en glissant un agenda de poche dans son sac. Trop commode de parler de la mort La femme, l'écrivain, le pilote, l'enfant : Une femme mariée, de Jean-Luc Godard 6 MICHELANGELO ANTONIONI L'HORIZON DES EVENEMENTS 7 Le Désert muge, de Michelangalo Antonioni pour dire seulement qu’il vaut mieux ne pas y penser, fit-elle. Cela se passait au moment où ils sortaient pour aller à l’aéroport. Sur la première page de son agenda on pouvait lire : s’il vous plaît, expédiera... nom... adresse... Elle avait prévu qu’il pourrait se perdre. On le retrouva, au contraire, intact au milieu d’une touffe de trèfles rougis, avec cette adresse inutile bien en vue écrite en majuscules. Un ancien député sur la quarantaine. Cité comme témoin par la partie civile, il était allé au tri­ bunal du procès d’un jeune qui avait tué sa femme de 19 ans par jalousie. Le jeune affirmait que sa femme lui avait avoué qu’elle avait un amant, et que cet amant c’était le député. Lequel nia. L’accusé fut condamné à 26 ans de prison. 26 ans était également son âge, il serait donc sorti à 52 ans. En entendant la sentence, l’ancien député se sentit envahi d’un profond sentiment de culpabilité et de peine. Mais en pensant à la jeune femme assassinée, il s’attendrit et reporta cette peine sur elle. C’était un homme doux. Il gardait un très bon souvenir des femmes qui l’avaient repoussé. uploads/Litterature/ 1978-julio-agosto-ecce-bombo-290-291-pdf.pdf

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