1 Chapitre IV LE LIVRE DES PSAUMES Ce livre appartient à la troisième section d
1 Chapitre IV LE LIVRE DES PSAUMES Ce livre appartient à la troisième section des livres bibliques, les Kethoubîm (les Écrits)1, ensemble d’ouvrages disparates essentiellement formés selon les chrétiens, comme nous l’avons déjà dit, de livres poétiques et sapientiaux (écrits de sagesse). Le mot Psaumes vient du grec Psalmoi, qui désigne des œuvres musicales, souvent jouées sur un instrument à cordes appelé psaltérion utilisé dans l’Antiquité tant chez les Grecs que chez les Hébreux. Par extension, le mot psalmoi désignait aussi les textes des paroles qui accompagnaient ces œuvres. En hébreu, ces œuvres sont appelées Tehillîm, mot qui signifie Louanges. Ce livre constitue une anthologie, qui regroupe chez les juifs et les chrétiens occidentaux cent cinquante textes, et un peu plus dans les églises orientales. La composition d’un nombre important de ces psaumes était traditionnellement attribuée au roi David2, attribution qui n’est plus acceptée 1 Dans la TaNaK, la composition des Kethoubîm diffère appréciablement de celle de l’Ancien Testament des bibles catholiques. 2 Paul, à deux reprises, dans son Épître aux Romains (chap. 4 et 11) y fait allusion. Il en est ainsi de l’Épître aux Hébreux (4, 7) dont l’auteur demeure 2 par la plupart des exégètes actuels. En plus des psaumes officiellement recueillis dans cet ouvrage, on trouve dispersés à travers les livres canoniques des textes de louange qui pourraient à bon droit appartenir à cet ensemble. Sans parler des psaumes qui appartiennent à des livres apocryphes (comme le livre des Psaumes de Salomon) et de tous ceux qui ont été perdus au cours des aléas de l’histoire. Les psaumes sont habituellement identifiés par des numéros qui vont de 1 à 150. Mais il faut constater qu’il existe une légère variation entre la numérotation de la TaNaK, déterminée par les massorètes (érudits juifs du Moyen Âge, comme nous l’avons déjà mentionné), et celle de la Septante et de la Vulgate latine. Mais, à la toute fin, les deux numérotations finissent par coïncider. Les luthériens, anglicans et calvinistes utilisent la numérotation des massorètes, tandis que les églises orientales suivent celle de la Septante. Pour les catholiques, les choses sont un peu plus compliquées. Les textes liturgiques catholiques, héritiers d’une très longue tradition, se réfèrent à la l’objet de discussions érudites. Dans le Ier Livre des Chroniques, on retrouve aussi des passages extraits de plusieurs psaumes, 96, 105 et 106), qui lui sont également attribués. Cette attribution, aujourd’hui contestée, apparaît néanmoins à plusieurs reprises dans des textes du Nouveau Testament. Par exemple, dans chacun des trois évangiles synoptiques (Mt, 22 ; Mc, 12 ; Lc, 20), et dans les Actes des Apôtres à plusieurs occasions. 3 numérotation de la Vulgate, donc de la Septante, tandis que les traductions faites par des catholiques modernes (par exemple la Bible de Jérusalem) suivent la numérotation des massorètes. C’est celle que nous utiliserons ici. L’ensemble des textes qu’on y trouve sont rédigés en vers, car l’hébreu, tout comme le français du bourgeois gentilhomme se partage en prose et en vers, et « tout ce qui n’est point prose est vers, et tout ce qui n’est point vers est prose ». Mais l’hébreu, comme toute autre langue, possède ses manières propres de déterminer les règles qui régissent sa versification. Pour comprendre la complexité de la question, pensons à la diversité des formes qu’emprunte la versification française. On nous permettra de ne pas nous risquer à dégager ici de manière précise les caractéristiques de la versification hébraïque, ce qui nous obligerait à nous engager dans les dédales grammaticaux et phonétiques de la langue. Qu’il nous suffise de dire ceci : alors que la versification française classique repose sur le décompte des syllabes qui composent chaque vers, que les versifications grecque ou latine sont fondées sur les complexes combinaisons de syllabes brèves ou longues, la versification hébraïque repose sur l’agencement des accents toniques à l’intérieur de chaque vers. 4 Ajoutons qu’une des méthodes stylistiques qu’utilise fréquemment la poésie hébraïque consiste dans le parallélisme des formules, qui constitue une sorte de rime, où cette méthode est exprimée au moyen de répétitions et de synonymes ou, au contraire, au moyen d’expressions antagonistes ou opposées. Énumérons en bloc les divers thèmes qui y sont traités. Certes, chacun de ces psaumes a pour but, comme l’indique le nom hébreu du livre, de louanger YaHWeH. Mais on peut distinguer dans ce tout plusieurs sous-ensembles suivant les diverses manières d’adresser ces louanges. Par exemple, on rencontre a) des hymnes se rapportant au Dieu auquel la réflexion théologique juive est parvenue : un Dieu unique, éternel, omniscient, tout-puissant, créateur des choses visibles et invisibles, maître de l’histoire et du destin des nations et des personnes, juge ultime de leurs actions, mais exigeant du peuple qu’il s’est choisi une fidélité particulière ; sans être indifférents aux merveilles de la nature, les psalmistes sont moins soucieux de décrire avec précision les phénomènes naturels que de tirer de la contemplation de ces 5 phénomènes une interaction cachée du Seigneur de l’univers ; b) des hymnes auxquelles on a donné le nom de Chants du Règne, qui exaltent le Seigneur à la fois comme Roi d’Israël et Roi de l’univers ; c) des cantiques adressés à Sion, colline située au sud-ouest de la vieille ville de Jérusalem, dont le nom, par métonymie, désigne l’endroit où se dresse le Temple, parfois, le Temple lui-même, mais aussi la ville de Jérusalem ou la Judée tout entière ; d) certains psaumes qui, à la différence des psaumes du Règne célèbrant le Roi de l’univers, glorifient les rois terrestres qui régnèrent sur les royaumes d’Israël et de Juda ; e) des psaumes de lamentation collective, où le triste sort du peuple juif est évoqué avec l’espérance d’être un jour délivré de cet abandon, mais aussi des psaumes de lamentation individuelle, où s’exprime avec lyrisme l’affligeante déréliction de l’auteur ; mais il existe à côté de ceux-là des psaumes où l’espérance et la joie du peuple et des individus éclatent en hymnes d’allégresse et de reconnaissance ; f) enfin, il existe des psaumes dits de sagesse, parce qu’ils comportent un message de sagesse, telle qu’on la trouve dans les livres sapientiaux. Par 6 exemple, on place dans cette catégorie les psaumes 32 (bonheur de celui dont les péchés ont été pardonnés), 78 (leçons tirées de l’histoire d’Israël), 142 (cri de détresse que le persécuté adresse à YaHWeH. La réflexion des exégètes a tiré de l’étude du Livre des Psaumes la conclusion que ce livre peut être divisé en cinq groupes, chacun se terminant par une doxologie, c’est-à-dire une invocation adressée à la gloire de Dieu. Par exemple, la première section formée des psaumes 1 à 41 se termine par le verset suivant : Béni soit YaHWeh, Dieu d’Israël, depuis l’éternité jusqu’à l’éternité. Amen ! Amen ! (Ps, 41, 14) Les autres groupes se partagent comme suit : Groupe 2, psaumes 42 à 72, Groupe 3, psaumes 73 à 89, Groupe 4, psaumes 90 à 106, Groupe 5, psaumes 107 à 150. Cette division en cinq parties s’expliquerait, selon certains, par le fait que le Livre des Psaumes répondrait à la Torah. Celle-ci, comme nous l’avons vu dans le tome Ier, est divisée en cinq livres. Le dernier des Psaumes, qui vient clore la dernière partie, et le livre tout entier est formée d’une vaste doxologie qui vient résumer l’ensemble des psaumes : Alleluia ! Louez Dieu en son sanctuaire, louez-le au firmament de sa puissance, louez-le en ses œuvres de vaillance, louez-le en 7 toute sa grandeur ! Louez-le par l’éclat du cor, louez-le par la harpe et la cithare, louez-le par la danse et le tambour, louez-le par les cordes et les flûtes, louez-le par les cymbales sonores et triomphantes ! Que tout ce qui respire loue YaHWeH ! (Ps, 150, 1 – 6) Il ne faudrait pas conclure de ces regroupements en cinq parties, dues, à l’origine à la tradition rabbinique, que chacun des psaumes d’une partie donnée traite d’un seul et même thème. On y trouve, comme partout ailleurs dans le Livre des Psaumes, des chants d’exaltation devant la victoire et d’accablement devant la défaite, des hymnes de louanges envers Dieu, mais aussi des reproches amers devant l’abandon apparent de sa sollicitude. Donc, il ne faudrait pas croire que cet ordre, introduit à l’intérieur des psaumes reçus comme canoniques, fut déterminé d’un seul coup, ni que ce partage en cinq sections s’est imposé en une seule opération. Cette classification est le fruit d’une longue maturation et de « repentirs » divers dont la tradition juive est la première et la principale responsable. D’autres classifications, d’autres regroupements et d’autres partages ont été suggérés au fil des siècles, mais l’ordre qu’ont imposé le temps et l’usage, celui que nous avons reçu, s’est fermement maintenu jusqu’à nous. Il 8 serait plus qu’imprudent de prétendre songer à bouleverser de nos jours cette vénérable tradition. La noble réflexion massorétique oblige. Comme l’indiquent le mot psaumes et la patiente énumération de noms d’instruments que l’on trouve au psaume 150, ces textes étaient destinés à être chantés uploads/Litterature/ 2-4-les-psaumes.pdf
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- Publié le Jan 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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