HAL Id: halshs-01533281 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01533281 Sub

HAL Id: halshs-01533281 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01533281 Submitted on 6 Jun 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Distributed under a Creative Commons Attribution - NonCommercial - NoDerivatives| 4.0 International License Sortir des pensées (et des carburants) fossiles ? Éduquer aux énergies et à l’économie sociale et solidaire Frédéric Caille To cite this version: Frédéric Caille. Sortir des pensées (et des carburants) fossiles ? Éduquer aux énergies et à l’économie sociale et solidaire. Stoessel-Ritz, Josiane; Blanc, Maurice. Comment former à l’économie sociale et solidaire ?, Presses universitaires de Rennes, pp.49-62, 2020. ￿halshs-01533281￿ 1 Frédéric CAILLE Université Savoie Mont Blanc/Laboratoire Triangle UMR 5206 ENS Lyon Frederic.caille@univ-smb.fr FORUM INTERNATIONAL DE L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE Université Cadi Ayyad de Marrakech et Université de Haute-Alsace Marrakech, 22 au 24 Mai 2017 (Maroc) Texte de travail. Version provisoire. Merci de ne pas citer sans l’autorisation de l’auteur. Sortir des pensées (et des carburants) fossiles ? Eduquer aux énergies et à l’ESS « Il n'y a de véritable et solide instruction pour l'individu que celle qui résulte de ses observations et de ses réflexions personnelles. Ne demandons aux penseurs, aux savants les résultats de leurs travaux, de leurs expériences, de leurs raisonnements que pour corroborer les nôtres, éclaircir nos doutes, redresser nos erreurs, soutenir nos défaillances, guider nos recherches. » Premier numéro de L'École émancipée. Revue pédagogique hebdomadaire publiée par la Fédération nationale des syndicats d'institutrices et d'instituteurs publics de France et des colonies, n°1, octobre 1910. (L’auteur sollicite l’indulgence des lecteurs potentiels du texte ci-dessous qui n’est véritablement qu’un « work in progress » très provisoire. Ce texte avait pour objectif de rapprocher et de tenter de faire fonctionner ensemble, parfois même de manière implicite, des thématiques et problématiques issues de traditions intellectuelles assez différentes, et notamment de l’anthropologie ou de l’économie critiques de l’énergie anglo-saxonnes, des « Science and Technologies Studies », de certaines pensées de l’ESS (y compris anciennes) et de l’éducation « libérée ». Il veut suggérer que ce n’est que dans cette direction que la ou les « questions énergétiques » (et indissociablement environnementales) pourront être réappropriées, dé-expertisées, démarchandisées et repolitisées par les sociétés civiles au Nord comme au Sud de la planète. Ce n’est que si de nouvelles relations aux questions d’énergie, aux technologies, et même à la science, au savoir et à la connaissance parviennent à se construire, que les promesses des énergies vertes, et notamment de l’énergie solaire, renforcées des modes de coopération et d’agir collectif issus des traditions de l’Economie Sociale et Solidaire, pourront être tenues. Une économie « décarbonée » signifie par définition une toute autre civilisation industrielle que celle qui s’est inventée depuis un peu plus de deux siècles et qui a bouleversé l’intégralité des rapports humains sur l’ensemble de la planète. Puisse nos enfants connaître un jour cette autre humanité.) 2 Rien n’est plus difficile que d’imaginer de nouvelles manières de penser et de concevoir. Rien n’est plus difficile que d’essayer de les faire partager et de les transmettre. Rien n’est plus difficile que d’associer à leur élaboration et à leur construction en un processus qui, devenant collectif, les porte à devenir de véritables moteurs de l’action. C’est en contrepoint de ces trois défis, comme on voudrait l’évoquer ici, que se posent aujourd’hui pour l’ensemble des acteurs et formateurs de l’ESS, au Nord comme au Sud, les questions sociotechniques se rattachant aux problématiques de production, de distribution et de répartition des énergies dans les sociétés modernes, et notamment des énergies dites « vertes » ou « renouvelables » : comment pour reprendre la forte image de Walter Benjamin, « brosser l’histoire à rebrousse-poil » dans ce domaine chaque jour plus vital1 ? Le dossier des questions énergétiques se présente en effet sous une apparence extrêmement technique et complexe et le risque est souvent, pour les acteurs de l’ESS comme pour l’ensemble des populations, de se considérer comme « extérieurs » ou notoirement « incompétents » à la matière. En termes simples, nous sommes tous majoritairement portés à nous laisser enfermer, y compris dans la critique, dans une forme de « pétro-savoir » indissociable de la naissance, comme l’a si bien montré récemment Timothy Mitchell, d’une forme spécifique de « carbone-démocratie » (ou plus exactement « carbone-pseudo-démocratie » à l’échelle mondiale) et plus généralement de la notion « d’économie » au sens moderne (Mitchell, 2017)2. Pour situer les enjeux de ce bref parcours essayons donc de repartir des objectifs conjoints de toute démarche ou de tout effort « d’éducation » véritable, quel que soit le domaine, et notamment dans ceux de « l’ESS » ou des « énergies » au sens large. 1) A savoir d’abord « sensibiliser », éveiller la curiosité et l’intérêt pour un domaine et un sujet, ce qui, dans le cas des énergies et à beaucoup d’égards aussi de l’ESS en général, va directement à l’encontre des intérêts d’un certain nombre de grands gestionnaires de monopoles constitués ; 2) Puis ensuite « expliquer », partie qui relève de « l’instruction » au sens classique et du passage de connaissances, domaine là-aussi très défaillant aujourd’hui dans le cadre de l’histoire des énergies (et en particulier de l’histoire des énergies 1 Il ne s’agit pas que d’une image, mais d’une réflexion sur la manière dont la réflexion socio-historique trouve son utilité en n’étant ni « l’histoire des vainqueurs », ni l’abandon à la « tristesse » du spectacle des oppressions et à une forme de désespoir paresseuse (Benjamin, 2000). 2 Voir aussi (Mitchell, 2012) et en français le très stimulant compte-rendu de Michel Callon (Callon, 2006). 3 vertes possibles) et qui demeure méconnu autant dans le monde universitaire que chez le plus grand nombre ; 3) Enfin, dans une perspective que l’on peut rapprocher de celles de l’école ou du travail « émancipés », associer cette transmission de savoirs et de connaissances à l’idée d’une « appropriation » indissociablement individuelle et collective, c’est- à-dire participant à la construction d’un « sujet conscient et actif de son propre développement », ou, si l’on préfère, d’une éducation qui « donne l’envie de faire », et qui cherche, comme diraient les anglo-saxons, à « capabiliser » et à « empoweriser » les personnes quelles qu’elles soient3. Dans le cas des liens entre ESS et énergies ce sont surtout à cette troisième dimension, ainsi qu’à la première, que l’on s’intéressera de manière prioritaire, et c’est vers ces deux directions qu’il est possible d’apporter ici quelques éléments. On évoquera donc dans un premier temps la dimension de la « sensibilisation à l’urgence » de sortir de toutes les formes d’énergies carbonées, et aux formes de questionnements critiques que cela induit, y compris sur la manière dont nous voulons vivre, créer et faire société. C’est en effet au niveau des idées, des sensibilités, des imaginaires individuels et collectifs que la question énergétique commence toujours à se construire, et c’est à ce niveau déjà que l’ESS doit sans doute aujourd’hui intégrer en son cœur même la question de l’urgence climatique et de ses intrications avec l’ensemble de notre mode de production et de machinisme modernes. On reviendra dans un second temps sur la seconde dimension touchant à la mise en œuvre concrète de solutions énergétiques et technologiques nouvelles, à la construction de « sujets énergétiques » conscients de l’importance de « dé-expertiser » la réflexion sur les énergies ou encore, comme l’a écrit Laura Nader, l’une des pionnières de l’anthropologie critique de l’énergie, de l’importance « of decoupling the belief in progress and the idea of more technology » (Nader, 2010). Elle y insistait il y a déjà presque quarante ans dans la revue de l’American Institute of Physics : « « The energy problem is not a technological problem. It’s a social problem. » ((Nader, 1981) repris dans (Nader, 2010)). De fait après avoir contextualisé les enjeux énergétiques contemporains, ici à nouveau l’on verra que certains pionniers, et notamment le chercheur indien Amulay K. N. Reddy, ont su très tôt associer les fondamentaux de l’ESS et le développement de technologies énergétiques facilement appropriables et ne demandant qu’une faible capitalisation. 3 Sur la notion de « travail émancipé » voir notamment la notice de Marcos Arruda, dont on extrait la citation, dans (Laville & Cattani, 2008). Le terme de « capabiliser » ou de « capabilisation » renvoie bien entendu à la théorie des « capabilités » (capabilities) développée par Amartya Sen qui insiste notamment sur le « pouvoir de » et l’entrecroisement complexe de ce que la langue française dissocie entre « capacités », « potentialités » et même « choix de vie » (sur les débats concernant uploads/Litterature/ caille-2017-energies-fossiles-et-economie-sociale 1 .pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager