Hanna Kost Université Nationale Ivan Franko de Lviv LES MARQUEURS LEXICO-SÉMANT
Hanna Kost Université Nationale Ivan Franko de Lviv LES MARQUEURS LEXICO-SÉMANTIQUES DE LA COHÉRENCE TEXTUELLE Lexical-Semantic Markers of Text Connectivity ABSTRACT Generalization and systematization of lexical-semantic markers, which transform the text into a co- herent and uniform structure, were aimed at in this article. These markers in the artistic text include synonymous and antonymic groups of words, lexical-semantic fields, thematic and associative chains. In their totality, they create more complex and voluminous structures – isotopes that reveal the theme of the work and the artistic design of the writer. Isotopes are built up by the reader according to his outlook, intelligence and sensuality. KEYWORDS: artistic text, semantic space, coherence, thematic progression, interpretive aesthetics isotope, lexical-semantic field. La cohérence textuelle reproduit des liens multiples que les éléments du texte entre- tiennent – les liens d’ordre grammaticale, lexicale et sémantique.En analysant les moyens de la cohérence textuelle les linguistes les déterminent selon les différents paramètres (Yechtchenko = Єщенко 2009 ; Combettes 1983 ; Neyret 1992 ; Falardeau 2003 ; Grzmil-Tylutki 2016 ; Maingueneau 1990, 2009 ; Molinié 2011). Devant la masse consi- dérable de travaux publiés en Ukraine, en France et dans d’autres pays nous ne pouvons que poser certains jalons et de montrer la richesse, l’intérêt et la pertinence de l’approche proposée. C’est pourquoi le projet de cette étude est de privilégier et de dresser une sorte de bilan des considérations plutôt sémantiques et évidemment lexicales qui convergent pour faire d’un texte (et, en particulier, de textes des belles-lettres) une création cohé- rente, unie et intégrale tant dans une de ses parties que dans sa totalité. Cette probléma- tique est en relation directe avec des stratégies de textualisation et s’inscrit dans le cadre plus large de la linguistique interprétative et de l’esthétique de la réception. Notre article s’articule, premièrement, autour de la notion du texte littéraire repré- sentant une complexité linguistique et stylistique du plus haut niveau et possédant une esthétique particulière qui le diffère de tout autre type de texte. Une oeuvre littéraire per- met d’élargir et d’approfondir la réflexion du lecteur non pas grâce au sujet développé, au déploiement des actions, à la description des caractères de personnages, mais, comme l’indique Cora Diamond, grâce « à la façon dont l’histoire est dite, la « non-simplicité » du récit, sa « densité », les sortes d’exigences que tout cela impose au lecteur » (1995 : 510). Romanica Cracoviensia 1 (2019): 11–20 doi: 10.4467/20843917RC.19.002.11692 www.ejournals.eu/Romanica-Cracoviensia Hanna Kost 12 Un texte littéraire comporte plusieurs stratagèmes organisées en une entité théma- tique et logique dont les séquences sont segmentées et liées entre elles afin de constituer un ensemble cohérent et progressant vers une fin avec la tâche primordiale de reproduire d’une façon adéquate la conception du monde de l’auteur. Au niveau de la langue, c’est un lieu qui trouve un sens grâce aux associations des mots, des unités intraphrastiques, des phrases, des structures interphrastiques assurant la cohérence sémantique, lexicale, syntaxique du texte. Dans leur ensemble, ces compo- santes présentent le texte en tant que système d’unités bien organisées et hiérarchisées d’après les relations qu’elles entretiennent entre elles, tout comme d’après les rapports avec d’autres éléments du texte au niveau syntagmatique et paradigmatique. Leur orga- nisation permet non seulement de suivre le développement du plan informationnel (com- municatif) de l’oeuvre lié à la langue même, d’évoquer des référents très éloignés liés à la réalité extralinguistique (cognitive), mais aussi de reproduire un système de valeurs (plan axiologique) grâce aux procédés stylistiques significatifs. Le rôle de la cohérence, relevé dans les ouvrages magistraux des linguistes, est très important pour la compréhension du texte (ou de n’importe quel autre message langa- gier). Selon E. Shendels, la cohérence est appelée à : 1) assurer les liens entre les parties du texte qui garantissent la présentation du thème principal (hyperthème), ainsi que des thèmes particuliers (microthèmes) ; 2) préparer le lecteur, à chaque étape, à la com- préhension de l’information qui va suivre ; 3) accentuer la mémoire du destinataire en le renvoyant à ce qui a été dit préalablement, au sous-entendu, à ses associations person- nelles et à sa connaissance du monde (Shendels 1987 : 10). I. Galperin parle d’abord des marqueurs grammaticaux considérés comme tradition- nels, car ils exercent la fonction d’organisation textuelle. Le savant relève également les marqueurs logiques, associatifs, imagés, compositionnels, stylistiques et rythmiques (Galperin 1981 : 78). Pour T. A. Van Dijk, la cohérence s’explique comme un lien entre les propositions, entre les petits fragments du texte (la cohérence locale), et comme une entité de sens, la finalité significative du texte entier (la cohérence globale) (Van Dijk 1972). J.-M.Barbéris distingue des parapraxèmes et des métapraxèmes, « unités gram- maticales prenant en charge les connections syntaxiques et interphrastiques du message linguistique. Alors que le parapraxème est une forme-pivot entre le langage et le réel, le métapraxème établit des relations à l’intérieur de l’espace de langage » (Barbéris 1998: 92). Même si dans ces théories les accents sont mis sur des paramètres différents, les savants sont unanimes en affirmant que la notion de la continuité textuelle implique, de prime abord, la notion des marqueurs sémantiques qui sont variés. Nous tenons à l’explicationdonnée par M. Halliday et R. Hasan qui affirment, qu’un texte ne doit pas être vu seulement comme une unité grammaticale, mais comme une unité sémantique, unité de sens dans un contexte, une texture liée à l’environnement dans lequel elle se trouve placée (Halliday, Hasan 1976 : 6–9). Pour Fr. Rastier « les compo- santes sémantiques doivent leur caractère de généralité au fait qu’elles interagissent aux trois paliers de la description linguistique : mot, phrase, texte » (Rastier 1989 : 106). L’espace sémantique du texte littéraire peut être présenté comme un ensemble de dif- férents groupes de mots liés d’après leur sens et leur signification, d’après le thème reproduit et les associations évoquées, eux tous repris dans différentes parties du texte et se rapportant au sujet traité. Il s’agit entre autre des groupes synonymiques et antony- Les marqueurs lexico-sémantiques de la cohérence textuelle 13 miques, des groupes thématiques et associatifs, qui, à leur tour, amènent à des structures beaucoup plus complexes que sont les champs linguistiques et les isotopies. Ceci étant tous ces rassemblements de motsassument la fonction de rappel sémantique et deve- loppent le sujet en toute sa complexité suivant l’idée de l’auteur. Les opérations de liage assurant la continuité sémantique d’un texte littéraire sont variées. M. Charolles distingue quatre méta-règles de ce liage dont la première concerne l’emploi des éléments à récurrence stricte (la répétition) ; la seconde porte sur le déve- loppement sémantique constamment renouvelé (la progression) ; la troisième parle des éléments sémantiques qui ne contredisent pas un contenu posé ou présupposé par une occurence antérieure (la non-contradiction), et selon la quatrième méta-règle, les faits que le texte éclaircit doivent être reliés (Charolles 1978 : 8). En nous appuyant sur ces réflexions théoriques nous visons à classifier et à systéma- tiser les modèles de la création d’un univers sémantique d’un texte et à les analyser dans le tissu d’une oeuvre ce qui constitue le second axe de cette analyse. Le modèle dont il est question en premier lieu concerne les groupes synonymiques qui réunissent les mots proches d’après leur signification et qui sont disposés selon les paramètres graduels de sens. La structure intérieure de ces mots est composée de sèmes intégraux et différentiels. Il est évident que plus de sèmes intégraux possèdent les mots plus ils sont rapprochés; le plus grand nombre de sèmes différencielsles les distancie dans le groupe. La présence de sèmes différentiels dans la structure des mots témoigne du fait qu’il n’y a pas de synonymes absolus dans la langue. Les relations synonymiques entre les mots du groupe peuvent être déterminées, premièrement, grâce à la présence d’éléments communs dans la définition des mots. À titre d’exemple, citons les mots chanson et ballade qui sont définis dans le Petit Robert de la façon suivante: chanson – pièce de vers divisée en couplets et refrain et qui se chante sur un air ; ballade – chanson à danser ; petit poème de forme régulière, composé de trois couplets, avec un refrain et un envoi (Petit Robert 1992). Les mots couplets et refrain figurent dans la définition de ces deux termes. Deuxièmement, les mots du groupe synonymique sont employés pour expliquer un autre mot : sonate – pièce instrumentale en plusieurs mouvements ; sym- phonie – composition musicale construite sur le plan de sonate (le mot sonate fait par- tie de l’explication du mot symphonie, sinon l’exemple précédent où le terme chanson définit le mot ballade). Une telle suppléance mutuelle est considérée par les linguistes comme une des conditions indispensable de la synonymie. L’étude des synonymes dans un texte littéraire dépasse le cadre d’un mot pris à part, mais le place dans un contexte donné, qui lui donne des significations. Il est important de se référer au contexte la plupart des mots étant polysémiques. C’est le contexte qui per- mettra d’identifier une seule signification, d’actualiser celle qui soit conforme au uploads/Litterature/ 2-kost-romanica-cracoviensia-18-1-2019.pdf
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- Publié le Jan 15, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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