UNIVERSITE JEAN MOULIN LYON 3 ECOLE DOCTORALE DE DROIT -----------------------

UNIVERSITE JEAN MOULIN LYON 3 ECOLE DOCTORALE DE DROIT ----------------------- THESE pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITE JEAN MOULIN LYON 3 Discipline : science politique présentée et soutenue publiquement par PHAN Thi Hoai Trang le 20 juillet 2005 Titre : LA FRANCOPHONIE AU VIETNAM, DU FAIT COLONIAL A LA MONDIALISATION : UN ENJEU IDENTITAIRE Directeurs de thèse M. Jean-Paul JOUBERT, professeur à l’Université Jean Moulin Lyon 3 M. TRINH VAN Minh, professeur à l’Université de Hué Membres du Jury M. André CABANIS, professeur à l’Université Toulouse I M. Michel GUILLOU, professeur à l’Université Jean Moulin Lyon 3 M. Albert LOURDE, professeur à l’Université de Perpignan M. Michel L. MARTIN, professeur à l’Université Toulouse I M. Christian VALANTIN, Directeur du Haut Conseil de la Francophonie A mes parents REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à remercier Madame Michèle Gendreau-Massaloux, Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie de m’avoir permis, depuis trois ans par détachement, de suivre ma formation doctorale à l’Université Jean Moulin Lyon 3 ainsi que son Directeur de Cabinet, Monsieur François Vignaux pour son appui et ses encouragements. « Sans maître, tu ne pourras jamais réaliser ton oeuvre », souligne un proverbe vietnamien. Je tiens à remercier mes deux co-directeurs de thèse : le Professeur Jean-Paul JOUBERT de l’Université Jean Moulin Lyon 3 qui, dans un souci d’excellence et de rigueur, m’a donné des conseils incontournables tout au long de ce travail de doctorat ; le Professeur Trinh Van MINH de l’Université de Hué qui a guidé mes recherches au Vietnam et m’a permis d’apprécier, avec le recul nécessaire, la perception vietnamienne de la Francophonie. Pour mener à bien mes recherches, j’ai bénéficié des bonnes conditions de travail que m’a offertes l’Institut pour l’étude de la Francophonie et de la Mondialisation (IFRAMOND). J’exprime toute ma gratitude envers son Directeur, le Professeur Michel Guillou, Titulaire de la Chaire Senghor de la Francophonie de l’Université Jean Moulin Lyon 3 qui a su me donner confiance et m’a fait bénéficier de sa grande connaissance de la Francophonie et plus particulièrement de la Francophonie universitaire. Je tiens aussi à remercier le Professeur Joël Jallais de l’Université Rennes I pour ses conseils et son soutien, et ceci particulièrement, dans la réalisation de mes enquêtes au Vietnam. Mes remerciements vont encore à toute l’équipe de l’IFRAMOND et à son directeur des études, M. Claude Le Brun, pour leur accueil et leur appui durant ce travail. Enfin, je remercie de tout cœur mon époux ainsi que les membres de ma famille pour leur encouragement et soutien, et tous ceux qui m’ont aidé dans la réalisation de cette thèse au Vietnam comme en France. AVANT – PROPOS Le monde est sorti de l’ère de l'affrontement bipolaire depuis la chute du mur de Berlin. Il est devenu progressivement global, évolutif et multipolaire. Des regroupements régionaux se sont renforcés ou créés comme contrepoids nécessaire pour éviter la prédominance économique et politique d'une seule puissance avec pour conséquence de façon inévitable, la tentation de l'unilatéralisme. Parallèlement, la mondialisation qui est essentiellement libérale et marchande s’est accélérée. Un pressant besoin de diversité, de dialogue et de solidarité s’est fait jour. Enfin, organiser le dialogue interculturel est devenu une priorité. C'est à ce niveau que la Francophonie, Communauté interculturelle qui rassemble depuis son Xè Sommet à Ouagadougou (novembre 2004), 63 pays et gouvernements, devient de nos jours un acteur sur la scène mondiale. Quel rôle joue-t-elle dans la mondialisation actuelle pour les pays membres et dans le cas présent, pour le Vietnam ? Cette question est plus que jamais d'actualité car nous sommes entrés dans l'ère où la plupart des problèmes ne peuvent être résolus avec les seuls paramètres nationaux. Y a -t-il une place particulière pour le dialogue interculturel ? La mondialisation pour être multipolaire et pacifique, implique-t-elle un triple dialogue mondial, régional et interculturel ? J'ai désiré répondre à ces questions en traçant un trait d’union entre les enjeux historique, socio-culturel et politique du fait francophone au Vietnam. Ce travail a eu aussi pour objectif de dessiner quelques pistes d'avenir quant à la construction du projet francophone au Vietnam en tenant compte des défis de la mondialisation. La place du Vietnam dans la Francophonie est particulière. Elle interpelle. Il est évident que le Vietnam est tout d’abord vietnamophone et que, de plus en plus, ses échanges avec l’extérieur se font en anglais. Pourquoi donc le Vietnam est-il membre de la Communauté des Etats et gouvernements ayant le français en partage alors que très peu de gens y parlent français ? Quelles sont ses motivations ? La Francophonie a-t-elle un avenir en Asie du sud-est et au Vietnam en particulier ? …Autant de questions qui me sont posées chaque fois que je parle de la Francophonie au Vietnam. J’ai grandi au Vietnam pendant la période post-guerre. Diplômée de l’Ecole normale supérieure de langues étrangères de Hanoi, j’ai été recrutée tout au début de la mise en place du Bureau régional Asie du sud-est à Hanoi de l’Agence universitaire de la Francophonie, opérateur de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’enseignement supérieur et la recherche. Dans le cadre de mes fonctions au sein de l’Agence entre 1993 et 2002, j’ai effectué des séjours d’étude et de travail inoubliables dans plusieurs pays francophones d’Asie, d’Europe et d’Amérique du Nord. J'ai pu donc nourrir mon étude de mon vécu professionnel. La Francophonie a pour moi de multiples visages. Elle est à la fois mon domaine de travail, mon objet d’études et de recherche, un projet à construire et enfin une passion. En prenant contact avec des pays francophones, leurs populations et leurs traditions, j’ai découvert la culture et l’universalisme francophones, cela m’a donné envie d’étudier la Francophonie et aussi de faire partager mes connaissances avec d’autres car elle est riche de valeurs et d’idées humanistes. Certes, ses pères fondateurs, Léopold Sédar Senghor, Habib Bourguiba, Diori Hamani, Norodom Sihanouk, étaient des hommes d’Etat, mais ses premiers bâtisseurs ont été aussi en parallèle des militants et des membres de la société civile qui, de partout, ont combattu et combattent encore pour la promotion de ces idées et plus généralement du rêve francophone. Aujourd’hui, je me sens plus que jamais citoyenne francophone. Il n’y a pratiquement pas de travaux de science politique sur la Francophonie en général et sur la Francophonie au Vietnam en particulier. Le sujet est tout à fait nouveau pour l’Université, ce qui traduit bien l’absence actuelle d’enseignement et de recherche dans ce domaine au sein de l’enseignement supérieur francophone. C’est pour cette raison que ce travail de recherche se veut aussi une sensibilisation sur la Francophonie comme objet d’enseignement, d’étude et de recherche. Je souhaite sincèrement que ce travail ouvre un débat sur l’avenir de la Francophonie en Asie du sud-est et au Vietnam en particulier. Je serai heureuse de recevoir les avis et remarques que suscite la lecture de cette thèse afin qu’ils me guident à l’avenir dans mon enseignement et mes travaux de recherche. NOTE AUX LECTEURS relative à l’usage des mots « francophonie », « Francophonie » et « Francophone » En 1880, date de la création du mot par le géographe Onésime Reclus, « francophonie » désignait « l'ensemble des populations parlant français ». Comme souligné dans ce travail, le concept de « francophonie » n’a cessé d’évoluer à partir des années 1960. Il a aujourd’hui une signification plus large, certes linguistique et géographique, mais aussi politique et spirituelle. Après le Sommet francophone de Beyrouth en 2002, deux termes sont utilisés : « francophonie » désigne l’ensemble des individus et des peuples partageant non seulement le français mais aussi les valeurs humanistes de l’universalisme francophone et « Francophonie », l’union géoculturelle des Etats et gouvernements ayant le français en partage. Par ailleurs, un « Francophone » est une personne capable de faire face en français aux situations de communication courante. Il peut être citoyen d’un pays membre de l’Organisation internationale de la Francophonie ou non. En ce qui concerne le Vietnam, le f minuscule est utilisé pour caractériser la francophonie vietnamienne quand elle se situe au niveau de la société civile (l’éducation, la formation, l’économie, l’affichage, les mass média…) et le F majuscule quand elle est au niveau de l’Etat et de ses relations intergouvernementales au sein de la Communauté francophone. Dans certains cas où les deux significations sont à prendre en compte simultanément, on utilisera l’expression « F(f)rancophonie ». INTRODUCTION "La francophonie n'appartient pas au passé, elle s'inscrit dans l'avenir du Vietnam, car la francophonie n'est pas seulement une affaire de chiffres, c'est aussi une question d'âme et une volonté de préserver une certaine identité culturelle" - Margie Sudre, député européen, ancien Ministre français chargé de la Francophonie (1995 - 1997) Cette phrase de Margie Sudre, née en Indochine1 de père français et de mère vietnamienne, reflète la réalité originale du cas vietnamien au sein de la Francophonie. Il y a, au-delà de l’attachement du Vietnam aux valeurs de la francophonie, un enjeu d’avenir. Certes, la francophonie d’aujourd’hui n’appartient pas au passé en ce sens que la uploads/Litterature/ 2005-out-phan-tht.pdf

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