Tiempo: texto e imagen Temps : texte et image José Manuel Losada Goya (editor g
Tiempo: texto e imagen Temps : texte et image José Manuel Losada Goya (editor general) Universidad Complutense de Madrid TIEMPO: TEXTO E IMAGEN TEMPS : TEXTE ET IMAGE Actas del XIX Coloquio de la Asociación de Profesores de Francés de la Universidad Española (APFUE) UNIVERSIDAD COMPLUTENSE DE MADRID 21‐23 de abril de 2010 TIEMPO: TEXTO E IMAGEN TEMPS : TEXTE ET IMAGE Editor general: José Manuel Losada Goya Co‐editoras: Pilar Andrade, Lourdes Carriedo, Ángeles Ciprés, Mª Luisa Guerrero, Isabelle Marc, Laurence Rouanne y Amelia Sanz Con la colaboración de Andrea Amancio, Borja Mozo y Esther Navío ÁREA DE HUMANIDADES UNIVERSIDAD COMPLUTENSE DE MADRID (2011) Esta publicación se ha beneficiado de una ayuda de la Subdirección de Proyectos de Investigación del Ministerio de Ciencia e Innovación (ref. FFI2009‐07406‐E/FILO) y de la Asociación de Profesores de Francés de la Universidad Española (APFUE). PALABRAS CLAVE: Texto, sociedad, cultura francesa, literatura francesa, lingüística francesa, cine, publicidad, didáctica, FLE, traducción, francofonía, APFUE. MOTS CLÉS: Texte, société, culture française, littérature française, linguistique française, cinéma, publicité, didactique, FLE, francophonie, APFUE. KEYWORDS: Text, society, French culture, French literature, French linguistics, cinema, advertising, didactics, FLE, translation, francophone countries, APFUE. ISBN: 978‐84‐96701‐37‐3 DL: M-11238-2012 Edita: Universidad Complutense de Madrid. Área de Humanidades © 2011, de esta edición, Departamento de Filología Francesa de la Universidad Complutense de Madrid. © de los textos: los autores. © de la imagen de portada: César Rey. | 169 La machine du temps. Méditation sur la métaphore dans le discours de l’Histoire de la langue ELENA LLAMAS POMBO Universidad de Salamanca Les éditeurs de cet ouvrage collectif nous ont proposé une étude d’ensemble sur le temps dans les textes, ainsi que sur l’image du temps et les contraintes de sa représentation. La perspective linguistique ne sera pas dénuée de sens dans cette réflexion commune car, s’il y a un domaine des sciences du langage où le facteur temps demeure crucial, c’est bien celui de la linguistique historique et de l’histoire de la langue, un facteur qui intéresse également la philosophie du langage. L’action du facteur temps dans la langue est un objet d’étude qui se trouve à la base du corps théorique sur lequel est basée la linguistique, dès sa constitution en tant que science. Alors, comment cette science a‐t‐elle exprimé les notions temporelles ? L’analyse historique des langues a très tôt incorporé des séries de métaphores destinées à conceptualiser l’action du temps dans la langue et son évolution dans la société, métaphores qui feront l’objet d’une méditation dans cet article1. 1. LA MÉTAPHORE DANS LE LANGAGE SCIENTIFIQUE L’épistémologie et la philosophie se sont parfois méfiées de la métaphore : « l’esprit scientifique doit‐il sans cesse lutter contre les images, contre les analogies, contre les métaphores » a écrit Gaston Bachelard (1934 [1973] : 38). Il en est ainsi parce que la connaissance scientifique contemporaine exprimée à travers la parole tend à accomplir trois caractéristiques idéales : précision, neutralité (ou absence de connotations subjectives) et concision (ou économie) (Gutiérrez Rodilla, 1998 : 30‐37 ; 2005 : 22‐25). 1 Cet article est écrit conformément aux Rectifications de l’orthographe recommandées par l’Académie Française (Journal Officiel de la République Française, 06/12/1990). XIX COLOQUIO DE LA APFUE | 170 Néanmoins, nul ne doute actuellement que la métaphore occupe une place fondamentale dans l’étude du langage scientifique. Son emprise sur la science s’explique par le fait que cette figure constitue un outil puissant de conceptualisation et de dénomination, et non seulement un simple effet de style. Comme principe constitutif de la pensée et du langage scientifiques, la métaphore intéresse ainsi la lexicologie et la terminologie, mais également l’histoire de la science, les sciences cognitives et la philosophie du langage. La métaphore a notamment bénéficié d’un nouveau statut grâce aux sciences cognitives, car elles ont montré que celle‐ci constitue un élément essentiel de la pensée et de l’expérience du monde, et non seulement une façon de s’exprimer ou un ornement rhétorique. Pour les cogniticiens, elle est avant tout un outil paradigmatique qui oriente la pensée, une ressource cognitive permanente. En particulier, le réexamen entrepris par Lakoff et Johnson (1980) nous a démontré que notre langage, dans son usage le plus quotidien, est traversé para la métaphore et qu’une partie de notre système conceptuel est structuré métaphoriquement (c’est‐à‐dire que la plupart des concepts sont en partie compris en termes d’autres concepts). Le raisonnement et le langage métaphoriques sont en effet partout présents dans notre perception du monde. Par exemple : nous nous représentons l’esprit humain comme un réceptacle dont les pensées sont les contenus (de là l’emploi métaphorique de noms de récipients pour désigner l’esprit humain : TESTA ’vase’ en latin vulgaire > tête en français ; ras le bol en français ; comerse el tarro en espagnol actuel). D’après d’autres métaphores quotidiennes, « la vie est un livre où l’on tourne des pages », « les théories sont des bâtiments », « le temps est de l’argent », etc. La métaphore, en tant que processus cognitif de base, est une capacité culturelle des langues pour organiser, percevoir et appréhender l’expérience, tout en utilisant des champs sémantiques différents de chaque expérience. Et ces modèles culturels agissent, non seulement dans le langage, mais aussi dans la pensée et l’action elles‐mêmes. Ainsi, la sémantique n’a plus considéré la métaphore exclusivement comme un procédé de style déviant par rapport à l’usage courant des langues, mais comme ressource étroitement liée à la structure même des langues, destinée à combler les lacunes du vocabulaire (Ullmann, 1962). Et c’est grâce à cette capacité de création de vocabulaire que le processus métaphorique agit efficacement aussi bien dans le langage quotidien que dans le langage scientifique. Malgré le principe de neutralité qui inspire le langage de la science, la néologie de sens, basée sur des analogies, est considérée comme un ELENA LLAMAS POMBO | 171 processus presque intrinsèque à la pensée scientifique ; employés à toutes les époques de l’histoire de la science, le discours métaphorique et l’analogie possèdent l’avantage de servir admirablement à l’économie du discours scientifique (Gutiérrez Rodilla, 2005 : 58). La légitimité actuelle de la métaphore en terminologie médicale, par exemple, témoigne de sa nature créative et de son importance dans la pensée scientifique. De nombreux savoirs ne peuvent être exprimés autrement que métaphoriquement, surtout lors des premières tentatives d’explication et de théorisation. Isabelle Oliveira (2009) l’a démontré magistralement, par exemple, dans un essai récent consacré à la métaphore dans la cardiologie, une discipline dont la conceptualisation est pratiquement fondée sur des métaphores. La cardiologie emprunte des centaines de termes à divers champs conceptuels : au mobilier (lit du cœur), au corps humain (oreillette droite), à l’habillement (cœur en sabot, atrésie mitrale), à l’audition (bruit de galop, bruit de tambour, bruit de parchemin, bruit de cuir neuf), à l’architecture (cheminée, souffle tunnelaire), à la géométrie (artère circonflexe), etc. D’après David Locke (1992), il n’y a pas de langage scientifique exempt de connotations : « les modèles de pensée par lesquels l’homme de science s’approche du monde réel sont totalement incorporés à des systèmes de symbolisation. Il n’y a pas de monde réel connu indépendamment des formulations linguistiques, graphiques ou mathématiques par lesquelles le monde est conçu ». Le mode de représentation prioritaire de la science étant le modèle, chaque fois que la science crée un modèle, elle le fait par l’analogie ou par une métaphore (Locke, 1992 [1997 : 51 et 161]). C’est ainsi que la pensée métaphorique est spécialement présente dans le discours vulgarisateur, parce qu’elle lui fournit des séries d’équivalences et des analogies formelles de grande efficacité didactique (Jeanneret, 1994 : 348 ; Loffler‐ Laurian, 1994). La métaphore, comme néologie de sens, est également fréquente à l’étape des hypothèses : « l’homme de science commence toujours son travail sur la base d’hypothèses, sur des constructions non fondées sur la réalité, mais sur l’imagination, bien que destinées à interpréter la réalité. C’est ainsi que beaucoup de concepts et de termes relèvent de la fiction » (Reguant, 2003 : 74). XIX COLOQUIO DE LA APFUE | 172 2. LA MÉTAPHORE DANS LA LINGUISTIQUE HISTORIQUE2 La linguistique historique, comme histoire interne des langues, et l’histoire de la langue, comme discipline des rapports entre les langues et les sociétés, sont des sciences humaines où la métaphore a souvent été employée comme procédé de dénomination. Lors de la constitution de la linguistique historique comme science, deux grandes analogies, calquées sur les modèles de l’évolution biologique ont marqué la discipline : la famille de langues, qui range l’évolution diachronique sous le schéma de la généalogie humaine et l’arbre qui, dans une seconde analogie, ordonne l’évolution autour de la biologie végétale. Cette double analogie est toujours présente dans la représentation de l’arbre généalogique des langues indoeuropéennes, modèle scientifique qui s’est substitué aux représentations mythiques et spirituelles des langues, telle l’iconographie médiévale de la Pentecôte. Le concept famille de langues est tellement commun qu’il constitue un cas de catachrèse ou métaphore lexicalisée, étant donné qu’elle fait déjà partie de la langue en tant que système. C’est aussi le cas du couple antinomique langue vivante/langue uploads/Litterature/ 2011-llamas-la-machine-du-temps.pdf
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- Publié le Jan 26, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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