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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente une nouvelle de seize pages de Prosper MÉRIMÉE ‘’Mateo Falcone’’ (mai 1829) pour laquelle on trouve un résumé (page 1) des notes (pages 2-5) puis une analyse comportant l’étude de : - les sources (page 6) - l’intérêt de l’action (page 8) - l’intérêt littéraire (page 9) - l’intérêt documentaire (page 10) - l’intérêt psychologique (page 10) - l’intérêt philosophique (page 11) - la destinée de l’oeuvre (page 11) Bonne lecture ! 1 Prosper Mérimée raconte qu’en Corse, Mateo Falcone habitait près du maquis, «patrie des bergers corses et de quiconque s’est brouillé avec la justice». Un jour qu'il avait laissé seul à la maison son fils de dix ans, Fortunato, un «bandit», c’est-à-dire u n p r o s c r i t , qui était blessé, survint, poursuivi par des gendarmes. L'enfant n'accepta de le cacher que contre une pièce d'argent, et, lorsque les gendarmes arrivèrent et le cherchèrent, il ne sut pas résister à l'offre de sa montre que lui faisait leur chef, l’adjudant : il indiqua la cachette. C'est alors que revint Mateo Falcone. Apprenant la trahison de son fils, qui, par naïveté et immaturité, avait transgressé la loi de l'hospitalité, après lui avoir fait dire ses prières, a u n o m d e I a j u s t i c e e t d e I ' h o n n e u r , il l’abattit froidement d'un coup de fusil. Notes (la pagination est celle de l’édition du Livre de poche, tome 1) Page 19 - «Porto-Vecchio» : Chef-lieu de canton, sur la côte orientale de la Corse. L’action se passe à trois heures de marche de la ville, à la limite du maquis. - «se dirigeant au nord-ouest» : Ce ne fut qu'à partir de l'édition de 1842, c'est-à-dire après son voyage en Corse, où il suivit la route de Porto-Vecchio à Carbini, à travers les pins et les chênes-verts de la forêt de I'Ospedale, que Mérimée ajouta cette notation. On trouvera par la suite des précisions analogues. - «un maquis» : (en corse : «macchia», prononcé «mattia» ; l'étymologie est latine : «macula», tache (de végétation) : Formation végétale (arbrisseaux adaptés à l’aridité) issue de la dégradation de la forêt méditerranéenne d’yeuses et de chênes-lièges. - «cépées» : Touffes de tiges ou rejets de bois sortant de la souche d'un arbre qui a été coupé. - «mouflons» : Grands moutons aux poils sombres, dont les mâles portent des cornes en volutes. Les naturalistes ont donné au «mouflon commun» (différent du «mouflon à manchettes») le nom de «mouton de Corse», bien qu'on le trouve aussi en Sardaigne, en Crète et en Espagne. Page 20 - «capuchon» : «Pilone» écrivit en note Mérimée dans l’édition de 1842, au lieu de «ruppa» que portait la première édition, et dont il put, au cours de son voyage, constater l’impropriété, car ce mot désignait une sorte de redingote à pans. - «vous donnent» : Au lieu de «vous vendent», que le voyageur supprima après avoir constaté que, dans ce pays hospitalier, «on est traité homériquement par les gens» (lettre du 28 août 1839 à son ami Lenormand). - Ce préambule géographique et ethnographique est utile et plein de pittoresque. - «j’étais en Corse» : L’écrivain, à qui répugnait le moi, se mit faussement en scène pour accréditer la fiction prétendant être déjà allé en Corse alors qu’il ne s’y rendit qu’en 1839, dix ans après avoir écrit la nouvelle. - «aquilin» : Courbé en bec d’aigle. - «habileté au tir au fusil» : «Il n’y a pas jusqu’aux enfants de huit ou dix ans, qui à peine peuvent porter l’arquebuse, et néanmoins s’exercent toute la journée, de manière qu’ils touchent un but de la largeur d’un écu.» Outre ce document de la ‘’Revue trimestrielle’’ (juillet 1828), Mérimée put en trouver de semblables dans les romans indiens, alors tout récents, de Fenimore Cooper, qu’il avait rencontré à Paris dans l’atelier de David d’Angers. - «chevrotines» : Gros plombs. - «transcendant» : Qui s’élève (intellectuellement, moralement) à une hauteur extraordinaire. Page 21 : - «Corte» : Chef-lieu d’arrondissement qui comptait alors cinq mille âmes. 2 - «dont il enrageait» : Pour «ce dont…». «Les insulaires ne s’embarrassent guère de leurs filles» (‘’Revue trimestrielle’’). - «escopette» : Ancienne petite arme à feu à main, dont la bouche a une forme évasée, qu’on portait en bandoulière ou à l’arçon de la selle ; c'est le «tromblon» français. - «le caporal» : «Les caporaux furent autrefois les chefs que se donnèrent les communes corses quand elles s’insurgèrent contre les seigneurs féodaux. Aujourd’hui, on donne encore quelquefois ce nom à un homme qui, par ses propriétés, ses alliances et sa clientèle, exerce une influence et une sorte de magistrature sur une ‘’pieve’’ ou un canton. Les Corses se divisent, par une ancienne habitude, en cinq castes : les ‘’gentilhommes’’ (dont les uns sont ‘’magnifiques’’, les autres ‘’signori’’), les ‘’caporaux’’, les ‘’citoyens’’, les ‘’plébéiens’’ et les ‘’étrangers’’» (note de l’auteur). Au début de ‘’Colomba’’, l’emploi du mot ‘’caporal’’ provoque un plaisant quiproquo. Page 22 : - «un bonnet pointu comme en portent les montagnards» : Plus loin, Mérimée fait préciser par l’adjudant : «un bonnet pointu de velours noir». - «un bandit» : «Ce mot est ici le synonyme de proscrit.» (note de l’auteur). Le terme «proscrit» figurait dans la première édition, sans la note. C’est celui dont Hugo, inspiré peut-être par Mérimée, qualifie son héros dans ‘’Hernani’’ (I, 2, vers 125-130). - «voltigeurs corses» : «C’est un corps levé depuis depuis peu d’années (6 novembre 1822) par le gouvernement, et qui sert concuremment avec la gendarmerie au maintien de la police.» (note de l’auteur). - «les collets jaunes» : «L’uniforme des voltigeurs était alors un habit brun avec un collet jaune.» (note de l’auteur). La première édition portait : «L’uniforme est…» Au cours de son voyage en Corse, Mérimée constata que le collet était vert, et corrigea alors son erreur. - «carchera» : Le mot «giberne» de la première édition fut remplacé en 1842 par celui-ci, avec cette note : «Ceinture de cuir qui sert de giberne et de portefeuille». - «stylet» : Poignard (mot employé plus loin, page 27) à lame étroite, dont les Corses faisaient un grand usage. Presque tous les personnages de ‘’Colomba’’ portent un stylet. Page 23 - «dans un tas de foin» : Détail peu vraisemblable, selon certains commentateurs, car le fourrage est rare dans le maquis. Mais Mérimée le maintint en raison de son utilité. Au reste, la trouvaille n’était pas neuve : dans un récit populaire allemand, un paysan met un renard à l’abri des chasseurs sur une charrette chargée de paille. Flaubert, écolier, démarqua cet épisode dans un devoir honnête et sans éclat. - «l’enfant le recouvrit […] une finesse de sauvage» : Ces deux inventions nous révèlent le caractère de Fortunato. Mérimée avait découvert des «finesses de sauvages» dans les romans indiens, alors tout récents, de Fenimore Cooper, qu’il avait rencontré à Paris dans l’atelier de David d’Angers. - «en velours noir» : Dans la première édition, le bonnet était «de peau de chèvre». La correction fut postérieure au voyage en Corse, où Mérimée constata l’inexactitude de ce détail. Page 24 : - «drôle» : Mauvais sujet. - «faire le malin» : Faire l’intéressant, le mariolle, prendre des risques par vantardise. - «en clopinant» : En boitant un peu. - «changer de note» : Changer de ton. Page 25 : - «la cabane» : On a pu se demander si le terme convient. Mateo Falcone, paysan prospère, devrait ne pas avoir comme demeure la cabane exiguë et isolée du pâtre, mais un solide cube de pierres, rarement isolé et où toute une famille pouvait vivre. Ici, Mérimée resta fidèle à l’assertion de Feydel, dans ‘’Mœurs et coutumes des Corses’’ (1799) plutôt qu’à son expérience de touriste. 3 - «baïonnette» : C’est inexact : les voltigeurs avaient pour armes non pas un fusil à baïonnette, mais une carabine, des pistolets et un sabre. - «se donner au diable» : Se donner beaucoup de mal, beaucoup de mouvement et de peine pour quelque chose. Page 26 : - «luron» : Homme vigoureux et décidé. - «dix écus» : Trente francs de l’époque. - «en la regardant» : Jules Lemaître commenta : «Il est évident que, lorsque l’adjudant met sa montre sous le nez de Fortunato, l’enfant ne peut pas résister à la tentation.» Page 27 : - «Pourquoi vous moquez-vous de moi?» : «Perché me c…» (note de l’auteur, qui n’est guère utile !). - «épaulette» : Ornement militaire fait d’une patte boutonnée sur l’épaule, de franges et de passementerie circulaire. Les sous-officiers n’avaient droit qu’à une seule épaulette. - «le respect dû à l’hospitalité» : L’auteur de l’article de la ‘’Revue trimestrielle’’ cita ces paroles d’un historien de 1749 : «J’ai vu offrir une somme considérable à des gens pauvres et misérables pour enseigner à nos troupes la retraite de certains bandits, contre lesquels on savait qu’ils avaient uploads/Litterature/ 499-merimee-mateo-falcone.pdf
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- Publié le Mar 25, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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