Étudier l’Évangile « L’Évangile contient les paroles et les actions de Jésus-Ch
Étudier l’Évangile « L’Évangile contient les paroles et les actions de Jésus-Christ (…). Chaque parole de Jésus-Christ, chaque exemple, est comme un rayon de lumière qui vient du ciel pour nous éclairer et nous communiquer la vie. Celui qui veut se remplir de l’Esprit de Dieu doit étudier Notre Seigneur chaque jour : ses paroles, ses exemples, sa vie. Voilà la source où nous trouverons la vie, l’Esprit de Dieu ». (in « Le Véritable Disciple », chapitre « Renoncer à son esprit ») Au grand Séminaire de Lyon, Antoine Chevrier a eu la chance de recevoir une formation où la connaissance de l’Écriture Sainte était mise en valeur. Cependant, c’est encore dans le prolongement de l’illumination de Noël 1856 que le Père Chevrier s’est réellement mis à « étudier l’Évangile ». Dans le « Règlement de vie » qu’il a rédigé lors d’une retraite faite à la fin du mois de décembre 1857, il prend cette résolution : « Pour me faciliter l’accomplissement de mes devoirs et m’en faire comprendre l’importance, je consacrerai à l’étude de la Sainte Écriture, théologie et histoire, trois heures par jour, depuis neuf heures du matin jusqu’à midi ». Et, quelques jours plus tard, le 25 janvier 1858, il écrit à un de ses correspondants, un séminariste, Francisque Convert, ces lignes révélatrices de sa pensée : « Que votre affection se porte surtout sur notre bon Jésus que vous devez déjà prendre pour modèle en tout. Habituez-vous déjà à l’avance à aimer Notre Seigneur et surtout à étudier sa vie, ses maximes, ses vertus, afin de pouvoir l’imiter. Voilà le secret de la vertu et de la perfection du prêtre, mon cher Francisque : étudier Jésus pour imiter Jésus. » « Étudier la Sainte Écriture », « étudier l’Évangile », voilà, pour Antoine Chevrier, un travail à accomplir, et il considèrera même que c’est le premier travail auquel le prêtre doit se consacrer. Mais ce livre n’est pas un ouvrage qu’on pourrait étudier en lui-même sans s’en référer à celui dont il parle : Jésus-Christ. Aussi, pour Antoine, étudier l’Évangile c’est, de fait, étudier Jésus-Christ. Cette étude, d’ailleurs, ne sera pas une étude exégétique ; elle ne sera pas davantage une étude théologique : elle sera essentiellement écoute du Seigneur selon la béatitude énoncée dans l’Évangile de Luc : « Bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » (Luc 11, 28). Chez Antoine Chevrier, ainsi, travail intellectuel sur le texte de l’Évangile et prière sont inséparables, car, disait-il : « Il faut demander à Dieu l’intelligence de sa parole et de sa doctrine ». Pour réaliser cette étude de l’Écriture Sainte, Antoine Chevrier n’avait pas tous les outils qui sont aujourd’hui à notre service. Il disposait cependant d’une Bible annotée (celle de Carrière), et il a manifestement beaucoup utilisé le livre de Mastaï-Ferretti : « Les Évangiles unis », dans lequel on trouve une tentative d’unification des récits des quatre Évangiles. Le travail réalisé chaque jour (à partir de janvier 1858) par Antoine Chevrier sur l’Évangile ne peut que nous impressionner. Sur les pages de cahiers ou sur d’autres supports, d’abord sur un côté de page puis au milieu, il recueillait des passages d’Écriture sur le sujet qui le préoccupait. A gauche il ajoutait des titres et des sous-titres déjà révélateurs de ses interprétations, et à droite il inscrivait des commentaires personnels, ou il recopiait d’autres textes tirés soit de l’Écriture encore, soit des Pères, soit d’autres auteurs. Comme le résume Damiano Meda : « Sa manière de travailler consistait en une accumulation de textes sur un sujet, par exemple la divinité de Jésus-Christ, l’Esprit-Saint, le Sacerdoce. Puis il les organisait selon son intuition, d’ordinaire inspirée par quelques textes qui lui étaient particulièrement chers. Ce travail s’accomplissait (…) sans les préoccupations exégétiques actuelles. Les textes étaient ensuite repris, non sans un premier travail de réflexion et de prière ». Dans ce « corps à corps » (et cœur à cœur) avec l’Écriture, Antoine accorde son attention à tous les détails contenus dans les différents récits et discours. Toujours dans un manuscrit, il explique le « pourquoi » de cette attitude : « Pour connaître une maison, il faut y entrer et mettre à son usage les chambres qui la composent. Pour connaître l’Évangile, il faut y entrer, voir les détails et mettre en pratique les choses que nous y trouvons ; et nous n’avons qu’à y entrer un peu, à étudier ses détails pour comprendre de suite combien cette maison est belle, grande, parfaite. C’est véritablement la maison de la Sagesse. Nous trouvons notre règlement de vie tout fait, tout préparé, tout mâché ; seulement il faut l’y chercher et l’y trouver ». Cette attention aux détails, outre qu’elle favorise une meilleure connaissance de Jésus-Christ et doit faire grandir le disciple dans son désir de suivre et de devenir semblable au Seigneur, présente en sus l’avantage de rendre plus difficile toute tentation de tirer l’Écriture à soi, de lui faire dire ce qu’on a envie de l’entendre nous dire. En restant bien dans le concret de la vie et du message de Jésus tel que nous le rapportent les évangélistes, on peut se laisser imprégner du comportement du Seigneur, de sa pensée, de son esprit, jusqu’à pouvoir dire comme Saint- Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est Jésus-Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20). Le Père Gabriel Piroird, pradosien et évêque de Constantine, dans un « Essai sur l’étude de Notre Seigneur Jésus Christ selon Antoine Chevrier » (Revue « Prêtres du Prado », juillet 2006), souligne que, en travaillant l’Évangile comme il le faisait, Antoine Chevrier s’inscrivait bien dans la grande tradition de l’Église : celle de la « Lectio Divina » et celle des commentaires de l’Écriture que l’on trouve chez les Pères de l’Église (et aussi, déjà, à l’intérieur de la Bible elle-même). « Le Père Chevrier inscrit son propre chemin dans celui de l’Église et avec les moyens qu’elle propose », relève-t-il. De fait, il y a une correspondance entre la tradition de la « Lecture Divine » et la manière de faire d’Antoine Chevrier, puisque dans les deux cas la Parole de Dieu est lue et méditée pour devenir prière. Mais chez Antoine, il y a aussi cet effort spécifique de scruter l’Évangile (et, à travers lui, Jésus-Christ) « la plume à la main », notant, re-notant, soulignant. Tout imprégné des manières de faire des auteurs du Nouveau Testament eux-mêmes, où des textes sont commentés par d’autres textes, le fondateur du Prado a su acquérir aussi un véritable génie pour éclairer tel passage de l’Écriture par tels autres. Comme le constate Gabriel Piroird, l’originalité du Père Chevrier « réside dans l’assiduité, l’attention et l’amour avec lesquels il étudie l’Évangile. Cette étude forme en lui Jésus-Christ et il retrouve l’enseignement de l’Église d’une façon plus intérieure, plus personnelle ». Ce travail, dont « Le Véritable Disciple » est la meilleure illustration, sera, bien entendu, ce qui permettra à Antoine Chevrier de catéchiser, d’enseigner, de prêcher, de conseiller… Comment, en effet, faire connaître le Verbe de Dieu, si on ne commence pas par l’écouter, le laisser pénétrer et travailler en soi ? Texte à méditer : Luc 8, 4-18 Comme une grande foule se rassemblait, et que de chaque ville on venait vers Jésus, il dit dans une parabole : « Le semeur sortit pour semer la semence, et comme il semait, il en tomba au bord du chemin. Les passants la piétinèrent, et les oiseaux du ciel mangèrent tout. Il en tomba aussi dans les pierres, elle poussa et elle sécha parce qu’elle n’avait pas d’humidité. Il en tomba aussi au milieu des ronces, et les ronces, en poussant avec elle, l’étouffèrent. Il en tomba enfin dans la bonne terre, elle poussa et elle donna du fruit au centuple. » Disant cela, il éleva la voix : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! » Ses disciples lui demandaient ce que signifiait cette parabole. Il leur déclara : « À vous il est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais les autres n’ont que les paraboles. Ainsi, comme il est écrit : Ils regardent sans regarder, ils entendent sans comprendre. Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé. » uploads/Litterature/ 7-etude-de-levangile.pdf
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- Publié le Mar 19, 2021
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