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eduscol.education.fr/ - Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse - Juillet 2019 1 Retrouvez éduscol sur : VOIE GÉNÉRALE Français 1re Français 2DE 1RE TLE VOIE GÉNÉRALE Informer et accompagner les professionnels de l’éducation ENSEIGNEMENT COMMUN LA DISSERTATION PORTANT SUR UNE ŒUVRE ET LE PARCOURS ASSOCIÉ Exemple : Racine, Britannicus - Parcours : « Tragique et tragédie à l’âge classique » L’introduction L’exemple rédigé Britannicus est la quatrième tragédie de Racine. Rival de Corneille dans les faveurs du public, le dramaturge entreprend avec cette pièce de se faire reconnaître par la critique qui lui reproche de se limiter aux sujets galants : il fait ainsi le choix de traiter un sujet qui, en sus d’une intrigue amoureuse, laisse place à des enjeux politiques, considérés comme plus nobles. La difficulté est alors pour lui de maintenir une véritable unité de l’action, et le fait est que la pièce semble hésiter entre plusieurs héros, plusieurs centres. Britannicus est-elle la tragédie du « monstre naissant » qu’est Néron ? celle de la « disgrâce d’Agrippine » ? ou « celle de la mort de Britannicus » ? Pour comprendre qui est le héros tragique de la pièce, il faut se demander à quoi renvoie cette expression. C’est bien sûr le personnage principal d’une pièce ; c’est aussi, dans une tragédie classique, celui qui répond aux exigences que formule Aristote ; c’est enfin celui qui est soumis aux lois implacables de la cérémonie tragique. Nous pourrons ainsi prendre appui sur ces caractéristiques pour déterminer qui, de Britannicus, de Néron ou d’Agrippine, peut être considéré comme l’incarnation du héros tragique dans cette tragédie. Sujet de la dissertation Qui incarne le héros tragique dans Britannicus ? Vous répondrez à cette question dans un développement structuré. Votre travail prendra appui sur la pièce de Racine, sur les textes et documents que vous avez étudiés en classe dans le cadre du parcours associé à cette œuvre, et sur votre culture personnelle. eduscol.education.fr/ - Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse - Juillet 2019 2 Retrouvez éduscol sur : VOIE GÉNÉRALE Français 1re L’exemple commenté Britannicus est la quatrième tragédie de Racine. Rival de Corneille dans les faveurs du public, le dramaturge entreprend avec cette pièce de se faire reconnaître par la critique qui lui reproche de se limiter aux sujets galants : il fait ainsi le choix de traiter un sujet qui, en sus d’une intrigue amoureuse, laisse place à des enjeux politiques, considérés comme plus nobles. La difficulté est alors pour lui de maintenir une véritable unité de l’action, et le fait est que la pièce semble hésiter entre plusieurs héros, plusieurs centres. Britannicus est-elle la tragédie du « monstre naissant » qu’est Néron ? celle de la « disgrâce d’Agrippine » ? ou « celle de la mort de Britannicus » ? Pour comprendre qui est le héros tragique de la pièce, il faut se demander à quoi renvoie cette expression. C’est bien sûr le personnage principal d’une pièce ; c’est aussi, dans une tragédie classique, celui qui répond aux exigences que formule Aristote ; c’est enfin celui qui est soumis aux lois implacables de la cérémonie tragique. Nous pourrons ainsi prendre appui sur ces caractéristiques pour déterminer qui, de Britannicus, de Néron ou d’Agrippine, peut être considéré comme incarnation du héros tragique dans cette tragédie. Ces premières lignes de l’introduction prennent appui sur des connaissances qui ont pu être construites dans le travail de contextualisation mené en classe, dans des formes et à des occasions différentes : cours d’introduction, lecture comparée de textes de Racine et de Corneille, reprise dans un cercle de lecture des œuvres proposées en lecture cursive obligatoire... Cette contextualisation relevant de l’histoire littéraire permet ici d’entrer en matière de manière à prendre la mesure du sujet. Les expressions sont empruntées à la préface de Racine dont l’étude est recommandée pour l’étude de l’œuvre et du parcours choisi. La référence précise ne doit pas être considérée comme obligatoire et la citation partielle, intégrée dans une phrase, est tout à fait admise de la part d’un candidat. Le plan ici annoncé n’est pas « dialectique », mais « analytique ». En prenant appui sur deux (ou trois) critères de définition du « héros » de la tragédie, on indique les deux (ou trois) perspectives selon lesquelles on examine la question. eduscol.education.fr/ - Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse - Juillet 2019 3 Retrouvez éduscol sur : VOIE GÉNÉRALE Français 1re Deux propositions de plan : en deux ou trois parties Un plan en deux parties 1. Qui est le personnage principal de la pièce ? a. L’importance du personnage • Un premier argument, très important, pour réfléchir à la centralité du personnage de la pièce se trouve dans le titre même de cette dernière : si Britannicus s’appelle Britannicus, c’est sans doute que le principal personnage donné à voir et sur qui se concentre l’intérêt dramatique est… Britannicus (on peut mettre cela en perspective avec d’autres pièces de Racine, voire de Corneille). D’ailleurs, dans la préface, Racine semble bien valider cette hypothèse en affirmant que cet « homme […] jeune » est le « héros de la tragédie ». • Cependant, cet argument et à relativiser au regard de deux éléments non moins importants, qui déplacent le critère de l’intérêt dramatique vers deux autres repères : - - le nombre de scènes où les différents personnages de la pièce sont présents : à cet égard, Britannicus est moins important que Néron, lui-même moins important qu’Agrippine ; - - la distribution de la parole dans la pièce : Britannicus parle moins que Néron, qui parle lui-même moins qu’Agrippine. On peut même remarquer que, par rapport à ces deux critères, Britannicus intervient moins dans la pièce que Burrhus. b. Une pièce, mais trois intrigues nouées • L’unité de la pièce repose d’abord sur une intrigue politique : la question est de savoir qui va atteindre le pouvoir. Or, dès le début de la scène, Britannicus est écarté de ce schéma : c’est donc autour de Néron que se construit cette première intrigue. • Mais la tragédie est aussi une tragédie amoureuse, où l’intérêt galant nourrit la conduite de l’action. La rivalité amoureuse entre Néron et Britannicus est ainsi un des enjeux décisifs de la pièce pour le spectateur. Là où Britannicus ne pouvait être un personnage décisif de l’intrigue politique, il retrouve une place importante pour la pièce galante. La première partie met en place une description objective des équilibres de la pièce, en tentant de voir comment les forces s’y répartissent, d’abord par l’étude de la répartition de la parole, ensuite en considérant la structure de la pièce. Elle pourra s’appuyer sur des cercles de lecture menés avec la classe autour de la distribution de la parole dans la pièce ainsi que sur une étude transversale consacrée à la question des unités de la tragédie (et en particulier de l’unité d’action), enfin sur une étude linéaire de l’exposition de la pièce (I, 1) et de la confrontation amoureuse de Néron et Britannicus devant Junie (III, 8). Les élèves auront été sensibilités à ce motif lors de la séance introductive qui aura présenté Racine et la façon dont il s’impose sur les scènes parisiennes au détriment de Corneille, notamment en lui faisant concurrence sur le plan de la tragédie politique que dominait l’auteur du Cid et d’Horace. eduscol.education.fr/ - Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse - Juillet 2019 4 Retrouvez éduscol sur : VOIE GÉNÉRALE Français 1re • Enfin, et de façon peut-être plus originale, cette pièce repose sur une intrigue familiale complexe : au couple de la mère et du fils (Agrippine et Néron) s’oppose celui du père et du fils (Claude, qui est mort, et Britannicus) ; mais c’est aussi le couple des parents qui est par là mis en tension avec le duo des enfants. Une telle intrigue familiale repose alors sur la recherche d’autonomie, par un enfant, vis-à-vis de ses parents : doit-il leur obéir ? va- t-il s’émanciper d’eux ? une telle interrogation apparaît, de façon explicite, dès la première scène. Or, dans une telle perspective, et dès l’exposition, la question se pose davantage pour Néron que pour Britannicus. Ainsi la pièce repose sur une concurrence entre plusieurs héros possibles : c’est alors Néron, et peut-être même Agrippine, qui semblent l’emporter sur Britannicus selon le critère que l’on privilégie. Il faut donc reposer la question depuis une autre perspective. Il y a en effet plus dans l’idée de « héros » que dans celle de « personnage principal » : en particulier, dans la tragédie, les règles qui définissent ce genre depuis Aristote permettent de préciser l’analyse. On s’appuie donc ici sur l’idée de « médiocrité », puis sur celle de « catharsis », pour approfondir la réflexion sur le héros tragique. 2. Qui est le héros selon les règles ? a. Le héros « médiocre » selon Aristote • Aristote indique que le bon héros de tragédie sera un personnage qui n’est ni uploads/Litterature/ 7-fr16-te-wb-01-19-dissertation-exemple-2.pdf
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- Publié le Sep 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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