QUELQUES REMARQUES SUR L'HOLISME DANS LA PENSEE GRECQUE PAR M. le Professeur H.

QUELQUES REMARQUES SUR L'HOLISME DANS LA PENSEE GRECQUE PAR M. le Professeur H. J. POS (Haarlem~ Pays-Bas) (Re~u le 3 o. IV. :943) Si les Grecs ont 6t6, comme il est g6nfralement reconnu, les fondateurs des recherches philosophiques et scientifiques en Europe, ils ont pourtant appliqu6 des principes et des m6thodes qui different fonci~rement de celles de la recherche contemporaine. Les Grecs ont inaugur6 les sciences de la nature, l'astronomie, la g~ographie, la physique, la biologie, mais& corn- parer ces d6buts ~ l'6tat contemporain on est frapp6 par la di'ff6rence d'attitude que l'esprit scientifique a prise dans le cours de son histoire. Les m6mes ont 6t6 les premiers 5. connaltre l'6tonnement pur, qui conditionne la reeherche objective de la v6rit6, ils ont eu un vif int6r6t th6orique pour l'univers, mais la familiarit6 lumineuse, dans laquelle l'univers leurs a paru, Ies a emp~ch6 de soup~onner les immensit6s dans le grand et dans le petit dont la d6couverte a fit6 r6serv6e aux temps modernes. En effet, les penseurs grecs -- la plupart en tout cas -- ont envisag6 la rdalit6 comme une merveille d'ordre, d'harmonie et de finalit~, mais le tout sous le point de rue de la f i n i t u d e, qui d6terminait l'aspect de l'objet ~ connaitre aussi b ien que celui du sujet connaissant. L'id6e de finitude d'un univers, dont cette terre est le centre implique la conception d'un tout fini, et ferm6 sur lui-m6me. I1 est clair, que cette fin itude d'un univers g6ocentrique est en opposition ~ ce que le progr~s de l'exp6rience rationelle devait r6v61er plus tard. Cependant, l'id~e famili~re aux temps post6rieurs et o~ la terre est con~ue comme ~l~ment d'un syst~me qui 5- son tour est un ~16ment minuscule dans un tout qui d@asse route imagination n'a pas 6t6 sans pr6curseur dans la pens6e grecque: D~MOC~ITE, sans pouvoir le v6rifier exp6rimentalement, en a eu la vision gr&ce aux idles qu'il s'est faites sur les principes de l'univers et qui sont diamftralement oppos6es ~ la phi- losophie qui a prdvalu grace ~ PL:TO~ ~ ARISa'Oa'E, au Stoicisme et PLOa'ISI. ,C'est en effet, par D~OCl~I~E qu'~ la finitude du cosmos l'infini- tude des cosmoi a fit6 oppos6e, Nous verrons plus basque cette opposition I2## 184 ~t. j. l'OS fonci&re implique plusieurs autres diff6rences essentielles 5- l'6ga~rd de Ia d6termination du monde. Pour revenir 5- l'id6e de finitude, elle a impliqu6 chez les grecs deux autres aspects de l'univers: celui de l'unicit6 et celui d'fitre un Tout vivant. L'unicit6 de ce monde est un pr6dicat num6rique qui d6rive d'un postulat de valeur; la propri6t6 d'fitre un tout donne 5- l'unicit6 une qualit6 de valeur, qui rend compr6hensible, pourquoi de ce monde il ne peut y avoir qu'un seu!. C'est que l'id6e du ~ Tout impliquait encore' celle de perfection et de b6atitude. Ces sp6culations sont de nature 5- 6tonner le savant moderne. I1 est curieux de voir des penseurs, qui furent d'une connaissance empirique tr~s limit6e se hasarder 5. f.ixer d'embl6e les cadres essentiels de la Nature, sans se soucier, si leurs theses ne demandaient pas 5- ~tre confirm6es par l'exp6rience et si elles ne risquaient pas 5- ~tre 6cart6es par le progr~s du savoir empirique. Notre science moderne a renonc6 aux sp6culations de ce genre, mais elle a pay6 la possibilit6 d'un progr&s infini des connaissances empiriques par. le renoncement 5- une oi-ientation universelle. I1 est vrai, que la tendance atomistique de la science du I9 me si~cle a fit6 suivie d'une tendance synth6tique. Mais la synth~se du savoir empirique restera toujours un effort inductif, oblig6 5- suivre au pas les progr~s de la recherche empirique, dont etle prolongera hypoth6tiquement les lignes principates, sans cependant oser trop devancer une 6volution qui, dans le pass6, a maintes fois produit des changements impr6vus. Aussi, la synth~se moderne est-elle rigoureusement distincte de l'intuition qui pr6side ~t la Conception grecque de l'univers. Toute id6e synth6tique tire son contenu de l'image que les sciences donnent du monde ~t une 6poque donn6e, image toujours provisoire, puisque d@endante de l'6tat momentan6 du savoir. La synth~se restera toujours relative, elle coordonnera des mati~res fournies par ailleurs et elle se trouve devant le dilemme de leur imprimer une idle qui les. d6forme off bien de laisser ind6termin6 le lien qui devra les unir. ~tant post6rieure 5- la recherche positive, elle rel&ve elle-m~me de l'allure de cette recherche: ce sera toujours une induction de second ordre, accomplie sur des inductions. Pour cette induction la connaissance int6grale du tout restera toujours un id6al lointain et l'id6e en reste toute formelle. La question de finitude ou infinitude n'y a rien a voir; consid6r6e d'apr~s son but, la synth~se adh6rera 5- la finitude, mais d'apr~s sa m6thode elle acceptera Fin~initude, justement par le besoin d'etre complgte~ L'id6e du Tout fini, unique et vivant implique aussi celle de la perfection. Ces caract6ristiques sont li6s entre eux par une sorte de dialectique, qui articule logiquement l'intuition indivisible qui embrasse d'un seul coup leur enchalnement. Le Tout est fini, puisque le fini seulement d6termine L'HOLIShfE ~AIgS LA PENSEE GRECQUE ~85 l'6tre et que, pour la pens6e grecque, il a aussi le caract~re de l'ind6pendant (ce qui sera plus tard le r61e de l'absolu) ; son unicit6 garantit son unique valeur et exclut qu'il se per de dans le multiple, qui le mettrait sur le chemin de l'infini. I1 est vivant puisque le vivartt est au plus haut plan dans l'hi6rarchie des ~tres et que le tout ne saurait 6tre inf6rieur 5` ce qu'it contient en lui. Mais tout en 6~ant vivant comme les animaux de cette terre il se distingue d'eux par le fait de sa perfection: n'ayam rien en dehors de i lui il se suffit 5` lui-m~me. Iln.e s e cpnserve pa.s par gg"n~rati0n, mais en restant 6ternellement le m~me. Dans le Tim6e de PLATO~ ces id6es ont trouv6 leur expression la plus addquate. Nous en citons les principaux passages: (29d-3ob) ,,Disons donc par quelle raison l'artisan a compos6 le devenir et ce tout. II 6tait excellent et un excellent ne connait jamais aucune jalousie par rapport 5` rien. t~r donc exempte de route jalousie il voulut que toutes choses lui deviennent au plus semblables que possible. Celui qui aecepte des hommes sages cette origine principale de tout devenir et du monde accepterait 5` tr~s juste titre. ~2ar dieu voulant autant que possible que tout soit excellent et que rien ne soit vilain, trouvant tout ce qui 6tait visible non en repos, mais en mouvement d6sordonn6, il le con- duisit du d6sordre 5` l'ordre, jugeant que celui-ci 6tait de route fa~on pr6f6rable 5` celui-15`. Or, au plus excellent il ne f,ut ni n'est permis de faire autre chose que le beau. Alors apr~s r6flexion il trouvait qu' aueune oeuvre parmi les choses visibles d'apr~s nature s~rait-plus belle 6tant d6nu6e d'intelligence et que sans time il 6tait impossible de poss6der l'intelligence. D'apr&s cette consid6ration il plaga l'intelligence dans l'fime et l'fime dans le corps et il charpenta l'ensemble, afin d'avoir aehev6 le plus bel ouvrage d'apr~s nature et le meilleur. Ainsi alors d'apr~s la pens6e vraisemblable il faut dire que ce monde-ci est devenu un 6tre vivant dou6 d'~me et d'intelligence par la sagessede dieu." ,,Apr~s ceci il nous faut parler de ce qui suit, 5` quel ~tre vivant l'artisan a rendu le monde semblable. Or il ne faut pas penser que le monde puisse 6tre compar6 5` aucun des 6tres de type particulier ~- ce qui ressemble 5` t'imparfait ne serait jamais beau -- mais ce dont les autres animaux sont des parties, individuellement et d'apr~s le genre, c'est 5. cet 6tre-15` qu'il dolt ressembler fortement. Puisque cet 6tre comprend en lui tousles 6tres intelligibles, comme ce monde-ci nous comprend ainsi que toutes les autres cr6atures visibles. Car dieu, voulant le rendre semblable au plus beau des 6tres pens6s et au plus parfait sous tousles rapports le composa comme un 6tre qui contenait en lui tousles animaux qui d'apr~s sa~nature lui furerv~ parent6s." ,,Est ce donc 5` juste titre que nous avons parl6 d'un seul firmament, ou ~86 I-I. j. Pos: bien eut-il 6t6 plug:jus~e d'dn adm~ttre:ibea~'coup et d'infinis? Un seul, si vraiment il aura dr6 fabriqu6 d'apr~'s?te module. Car ce qui contient en lui tousles animaux, iritelligibles n-e saurait fitre 5. c5t6 d'un autre. Car alors il 'faudra4t ud.~tre qui~ enveloppeYait ce:s deux et il serait plus juste de dire que celui-ci?fut'sernb:lable non:pas 5.i ces deux, mais 5. celui qui les enveloppe. Alors afi'n que'cet6tre dans:son ufiicit6 soit 6gal h l'6tre parfait, pour ce motif celui qu, i a fait.les mondes n'en a pas fair deux ni un hombre infini, mais ce mbnde:est le seul r~6 et le'sei-a toujours." Le probl&me de l'unicit6 du monde 'a :encore occup6 :PLATOI~ darts le passage suivant (55 c 7) : ,,Si en consid6rant tout 'ceci &i douterait 5. juste titre, s'il faut dire que les mondeg s ont: illimit6s ou: limit6s, il jugerait que de les estimer sans limite c'est l'opini0n :de celui q.ui/nanque d'exp6rience dans les choses uploads/Litterature/ acta-biotheoretica-vol-7-iss-3-4-h-j-pos-quelques-remarques-sur-l-x27-holisme-dans-la-pensee-grecque-1943-10-1007-bf01578162-libgen-li.pdf

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