Prosodie de l'hexamètre homérique : de l'indépendance de la langue par rapport

Prosodie de l'hexamètre homérique : de l'indépendance de la langue par rapport au mètre Author(s): Agustín García Calvo Source: Anabases, No. 20 (2014), pp. 85-100 Published by: Editions de Boccard Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43682625 Accessed: 15-01-2020 09:54 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Editions de Boccard is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Anabases This content downloaded from 194.95.59.195 on Wed, 15 Jan 2020 09:54:28 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Anabases 20 (2014), p. 85-100 Prosodie de l'hexamètre homérique : de l'indépendance de la langue par rapport au mètre1 Agustín García Calvo (f2012) ## # # ##!!!! # _ /-I !j' /-I U -II -~7~r/7T/~i - II M • • [...] Et dans le cas de ce que nous connaissons comme hexamètre spondaïque, vous trouvez cette autre possibilité : ici c'est une fin de mot de deux syllabes non marquées suivie de quatre syllabes, de quatre syllabes sans limite de mot. Ce sont les conditions de l'hexamètre spondaïque pratiqué par Homère. En général, c'est comme ça que se remplissent les intervalles. La cinquième fois, le plus normal, c'est deux d'intervalle, et pour leur condensation comme « un », il faut cette condition spéciale de l'hexamètre spondaïque : c'est tout. J'aurais dû (je vais le faire) marquer aussi en sombre [#] la fin du vers, qui est importante : c'est un silence qui est naturellement métrique, puisque le vers lui-même 1 En l'absence de texte écrit, la forme orale a été maintenue. Transcription de Ricardo Dorado et Ana Leal ; édition, titre et notes de Miguel Olmos ; remerciements à Mme Isabel Escudero. Le début de la conférence manque. This content downloaded from 194.95.59.195 on Wed, 15 Jan 2020 09:54:28 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Agustín García Calvo est métrique. Vous pouvez dire que c'est un silence d'un demi-pied ou un silence d'un pied entier (ça n'importe pas beaucoup), mais en tout cas c'est un silence, qui, comme dans les chants normaux, dans les chants mesurés, est aussi mesuré : c'est la même chose. Pardon ! je me suis trompé là-bas et j'aurais dû aussi ajouter ces signes que je vais expliquer. Bon, ce sont des caractères qui appartiennent au vers lui-même, au rythme lui- même, métriques ou pas. On ajoute en sombre [#] des traits qui appartiennent non pas au vers, non pas à l'art, non pas à la technique, mais à la langue courante, et qui interviennent dans la fabrication du vers : c'est surtout la situation d'une fin de mot (avec ce signe habituel #), la situation d'une fin de mot, à quelques endroits comme ceux que j'ai désignés ici, dans les derniers cas coïncidant avec la fin du pied, mais pas dans tous les autres, dans lesquels ils « discoïncident » justement de la fin du pied. Et surtout, quand nous nous approchons du centre du vers, ça devient plus grave encore : c'est ce que j'écris en gris clair [signe !!]. Ici c'est la fin du troisième pied, justement : ce qui est interdit c'est de faire ça, c'est-à-dire de faire une fin de mot syntagmatique à cet endroit, ce qui aurait divisé le vers en deux moitiés égales. C'est ce qu'il s'agit d'éviter : l'hexamètre ne peut jamais être divisé exactement à la moitié ; de telle façon que vous pouvez penser que la situation dans l'entourage de ces lieux dangereux de la fin de mot est destinée à éviter que se produise cette coupe indésirable. C'est ce qui est signalé en rouge. Pour l'hexamètre spondaïque j'ai signalé en rouge aussi la prohibition d'une fin de mot ici et aussi ici : le quadrisyllabe doit aussi être entier. Ce sont déjà des conditions qui, appartenant à la langue, interviennent dans la constitution du vers. Je crois que vous avez pu suivre jusqu'à un certain point, dans un certain sens vous le savez déjà ; mais si cela vous surprend un peu, vous me direz. Pour le moment je me contente de ça, pour ce qui est de la technique du vers et spécialement de la technique d'un vers métrique qui se mesure comme en musique : une fois que la régularité de six temps forts, de six temps marqués, s'est établie, ce serait ici comme si en musique vous aviez toujours « une noire, deux croches » ou « une noire, une autre noire », avec le même principe dans la musique que dans le vers. Et comme ça partout : ici deux croches, ici quatre noires finissant le vers hexamètre spondaïque. Je ne veux pas insister pour le moment : vous me direz après. Maintenant il m'importe d'insister sur une autre question : les rapports entre la technique, la rythmique, la métrique, la versification aussi, et les langues diverses, et spécialement ce que je dois appeler la prosodie, la prosodie des langues diverses, de n'importe laquelle des langues de Babel, lesquelles, dans leur diversité, sont toutes capables de produire des hexamètres, et de produire n'importe quelle mesure uniforme de rythme mesuré, parce que la technique vient par-dessus les langues. Elle n'appar- tient pas à une langue déterminée : c'est accidentellement qu'une langue a développé une technique de vers métrique et que d'autres ne l'ont pas développée ; mais toutes le peuvent. On peut faire des hexamètres en japonais, en basque, dans n'importe quelle langue, mais, dépendant de la grammaire de la langue, il y a des conditions prosodiques qui interviennent dans la fabrication du vers métrique de différentes manières. Par 86 This content downloaded from 194.95.59.195 on Wed, 15 Jan 2020 09:54:28 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Prosodie de l ' hexamètre homérique exemple, pour les vers anciens, alors que nous étions trop jeunes et que nous nous lais- sions tromper assez facilement, on nous a parlé de quantité, de langues qui connaissent la quantité des syllabes ou des voyelles. Je n'ai pas pu écouter Janika Pali, qui cet après- midi vous a parlé de l'estonien comme une des langues qu'on appelle quantitatives. Je connais un peu mieux le finnois, parce qu'on m'a demandé de faire l'introduction à la traduction espagnole du Kalevala et ça m'a fait pénétrer un peu dans les vers finnois. Le finnois est, en tout cas, une langue qu'on peut dire quantitative d'une façon très précise. « Quantitative » veut dire, primo : il y a des voyelles doubles à côte des voyelles simples, c'est-à-dire qu'il y a une limite de morii, qui est inférieure, soumise à la limite de syllabe. C'est quelque chose que certaines langues ont et que d'autres n'ont pas. En tout cas, des langues comme le finnois, peut-être l'estonien, connaissent ce premier pas, qui est d'avoir des voyelles bimores (c'est-à-dire d'avoir deux voyelles dans une syllabe, ce qui est exclu de la pratique de langues comme les nôtres), et puis de rendre égales les syllabes à voyelles bimores aux syllabes en diphtongue et aux syllabes fermées par consonne. Quand la grammaire d'une langue arrive à ça, vous avez une classification des syllabes parfaitement, presque parfaitement, fermée : c'est celle-là que vous avez pour Homère et son vers et pour toute la métrique ancienne. C'est en cela que consiste la fameuse quantité. C'est une autre chose qui m'a fait également souffrir longtemps dans mon adoles- cence, quand j'ai commencé à essayer d'ouïr les vers des Bucoliques de Virgile ou ceux d'Homère, etc. Je ne pouvais pas, parce que, si je lisais selon les accents, ça ne faisait pas rythme, ça restait absolument arythmique ; et si j'essayais de croire les livres de classe et les professeurs, qui me disaient qu'il s'agissait d'un rythme quantitatif. . . Alors, qu'est-ce qui se passait ? Je me voyais dans le cas que je vous ai signalé tout d'abord. Je voyais que c'était impossible de régler la durée des syllabes avec une conscience, ou subconscience, issue de la grammaire de la langue : dans aucune langue du monde on ne peut faire ça. Jamais on ne peut distinguer longueur, durée, quantité de par soi : ça se produit seulement quand par le don du rythme on établit une certaine régularité dans les retours des temps forts, des temps marqués. Je me suis défait, un peu plus tard, de cette confusion. Je ne sais pas si actuellement elle subsiste encore. Je crains que oui : quelque chose de cette confusion qu'il m'a tant coûté d'abandonner. Je suppose que vous êtes déjà disposés à me croire un peu quand je vous dis que la quantité consiste, bien au contraire, en ce que je vous ai dit : quelques langues connaissent une classi- fication des syllabes. Notez bien que parmi les langues de Babel il uploads/Litterature/ agustin-garcia-calvo.pdf

  • 32
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager