Chers amis lecteurs, je tenais à partager avec vous, en cette période de fêtes,
Chers amis lecteurs, je tenais à partager avec vous, en cette période de fêtes, de douces pages de romantisme, nuancées d’un brin d’histoire et de beaucoup d’amour. C’est mon cadeau de Noël. Aussi j’espère que ce petit livre vous apportera un agréable moment de rêve, d’évasion, sur les traces d’Amélia, dont le destin est bouleversé par l’impératrice Élisabeth d’Autriche, ma chère Sissi, à qui je dois mes premiers pas dans le domaine de l’écriture… Avec toute mon affection, Marie-Bernadette DUPUY NOTE DE L’AUTEURE J’étais alors une fillette de quatre ou cinq ans lorsqu’une photographie me tomba entre les mains. Je ne sais pas d’où elle venait. C’était un petit carré noir et blanc, représentant un splendide visage de conte de fées, aux très longs cheveux tressés, parsemés d’étoiles. Ce modeste morceau de papier devint mon trésor, une sorte de talisman. J’ai su plus tard qu’il s’agissait d’un portrait de Sissi, la belle impératrice d’Autriche au destin tragique. Ma fascination pour ce personnage légendaire date de mon enfance et j’oserais dire que ce n’est un secret pour personne. J’ai voulu lui rendre encore une fois un discret hommage, en imaginant l’itinéraire amoureux d’une jeune baronne de la cour impériale, Amélia, l’héroïne de mon roman. Sissi, pleine de compassion pour la jolie demoiselle de compagnie de sa fille Marie-Valérie, l’aide à fuir Vienne et la confie à de riches propriétaires viticoles, dans la région de la Charente. Au fil des pages se noue et se dénoue un écheveau de sentiments amoureux, avec en toile de fond le doux pays des vignes. J’espère que mes lectrices et mes lecteurs sauront apprécier ce voyage au XIX siècle, sur les pas légers d’Amélia et sous l’aile de la belle Sissi, dépeinte ici dans les années les plus sombres de son existence. Pour ce livre, je me suis aussi inspirée de faits authentiques. e 1 L’ADIEU AU FIANCÉ Cimetière de Vienne, lundi 12 mars 1888 Amélia von Fairlik ne parvenait pas à s’éloigner de la tombe que narcisses, jonquilles et roses de serre fleurissaient en abondance. Elle aurait voulu se coucher au pied du monument en pierre grise et mourir là. – Venez, mon enfant, fit une voix douce. – Un instant encore, madame, juste un instant… Un sanglot discret lui répondit. Apitoyée, Amélia se retourna et prit le bras d’une femme en grand deuil, dont le visage était dissimulé par un voile noir. C’était Carlotta, la mère de son fiancé, Karl, arraché aux siens de façon brutale quatre jours auparavant. – Pourquoi est-il mort, pourquoi ? interrogea tout bas Amélia. – Notre Seigneur en a décidé ainsi, ma chère enfant, nous n’avons plus qu’à prier pour son âme. Vous avez entendu le docteur comme moi, rien ne laissait prévoir que mon fils bien-aimé avait le cœur aussi fragile. Amélia jeta un regard éperdu au ciel d’un bleu tendre. L’air était doux, printanier, ce qui rendait plus cruelle encore la mort de Karl. « Je t’aimais tellement, songea-t-elle. Si Dieu a voulu nous punir d’avoir commis le péché de chair avant notre mariage, il aurait dû me prendre moi, pas toi… » – Comptez-vous toujours entrer au couvent, Amélia ? demanda Carlotta d’un ton résigné. – Je ne sais pas encore. L’impératrice estime que je me suis prononcée à la hâte sur ce point, parce que j’étais désespérée. Mais je n’aurai pas le courage d’assumer mes fonctions à la cour dans les semaines à venir. Des larmes trop longtemps retenues coulèrent sur son visage d’une finesse exquise, à l’ovale digne d’une madone. Brune, de beaux yeux de velours noir, les lèvres d’un rose délicat, la baronne von Fairlik possédait un charme particulier, dû à sa voix basse, suave, à son sourire enjôleur. – Sa Majesté ne vous empêchera pas de consacrer votre vie à Dieu, même si elle a beaucoup d’affection pour vous, répondit Carlotta après un silence songeur. Amélia fut prise d’un vertige. Tout était arrivé si vite. Il avait suffi d’une dizaine de minutes pour rompre le fil doré de ses plus tendres espérances. Elle était en train de broder avec les autres dames de la cour, quand on est venu lui annoncer que Karl avait succombé à une crise cardiaque. « Karl, mon cher amour, Karl… C’est à toi que je voulais consacrer ma vie », se répétait-elle, en proie à une telle torture que ses jambes en tremblaient. Dans un brouillard de chagrin, elle suivit cependant la mère de son fiancé, qui s’appuyait à son bras. Devant les deux femmes éplorées marchait le parrain d’Amélia, un respectable vieillard dont la mémoire se montrait défaillante. « Je suis seule au monde, désormais ! » songea la jeune baronne. Le destin semblait décidé à l’accabler, et cela depuis des années. Sa mère était morte trois ans après sa naissance, sans lui avoir donné de frère ni de sœur. Son père, soldat dans la Garde impériale, l’avait confiée à une institution religieuse. Et ce père rarement présent, si peu enclin à l’affection, était mort lui aussi, deux ans plus tôt. Devenue orpheline et sans grande fortune, Amélia von Fairlik avait eu la chance d’attirer l’attention et la compassion de l’impératrice Élisabeth d’Autriche. « Oui, grâce à l’extrême bonté de Sa Majesté, j’ai pu trouver ma place à la cour, au service de sa fille bien-aimée qui a mon âge, vingt ans… », pensait Amélia afin de se réconforter. Marie-Valérie , fiancée à l’archiduc François-Salvator de Habsbourg- Toscane, avait très vite apprécié cette ravissante demoiselle de compagnie, aux manières gracieuses et à l’excellente éducation. – Prenez le temps de faire votre deuil, ma chère Amélia, lui avait-elle dit la veille en lui étreignant gentiment les mains. Mais ne nous quittez pas… 1 Maintenant, derrière sa voilette noire, rongée par la douleur, Amélia désespérait de retrouver goût à la vie, car en perdant Karl, elle avait tout perdu : son honneur, la promesse d’un foyer paisible, d’une belle-famille aimante. « J’irai au couvent ! se dit-elle en se signant d’un geste discret. Le monde ne m’intéresse plus. » * Palais de la Hofburg, mardi 27 mars 1888 Deux semaines s’étaient écoulées. Confinée dans ses appartements, Amélia avait beaucoup pleuré et prié, incapable d’accepter la mort de son fiancé. Mais depuis trois jours, son chagrin s’était changé en une peur insidieuse, qui la plongeait dans une sorte de cauchemar permanent. Ce soir-là, assise près de sa fenêtre, elle tournait entre ses doigts un mouchoir imprégné d’eau de Cologne, dont le parfum l’aidait à surmonter les nausées. « Je suis enceinte ! se répétait-elle, abasourdie. Il n’y a plus de doute possible. » La jeune baronne avait d’abord mis sur le compte du choc émotionnel le retard de ses périodes, puis, sujette à des dégoûts subits, à des étourdissements, elle avait dû affronter l’évidence. Dans son corps meurtri par le deuil se nichait un être minuscule, l’enfant de Karl. – Seigneur, pardonnez-moi ! implora-t-elle tout bas. Seigneur, que vais- je devenir ? Amélia se sentait au bord d’un effroyable abîme. En larmes, livide, elle jetait des regards affolés sur le décor qui l’entourait et qui lui serait bientôt interdit. « Je n’ai plus qu’à mourir moi aussi ! se dit-elle soudain. Mais pas ici… Si je me noie dans le Danube, on pensera que je n’ai pas supporté la perte de mon fiancé, personne ne saura que nous nous sommes aimés, que j’attends un bébé, notre bébé… » Un affreux sanglot lui échappa. Elle revit Karl, auréolé de boucles blondes, qui l’embrassait, l’enlaçait, la suppliait de s’offrir à lui, car la date de leur mariage approchait. D’une nature passionnée sous ses airs sages, Amélia avait cédé, éblouie par la mystérieuse communion du plaisir, de l’amour partagé. Suffoquée par une douleur morale insoutenable, la jeune femme n’entendit pas frapper à sa porte. Il fallut deux coups plus forts pour la faire réagir. – Entrez, dit-elle en s’empressant de tamponner ses joues humides. Une silhouette féminine apparut. Elle reconnut Ida Ferenczy, la dame de compagnie de l’impératrice. – Son Altesse désire vous voir, baronne. Désemparée, Amélia se leva, s’inclina pour une révérence hésitante. L’instant suivant, elle perçut le bruissement d’une robe, l’écho ténu d’une conversation chuchotée. – Ma chère enfant, je m’inquiétais de vous, fit une voix douce, feutrée, reconnaissable entre toutes. Ida Ferenczy se retira dans la plus grande discrétion, tandis que l’impératrice s’avançait, toute vêtue de noir, sa superbe chevelure auburn nattée. Le temps n’avait guère de prise sur sa légendaire beauté. Pareil à un artiste respectueux d’un modèle d’exception, il avait sublimé ses traits, sans altérer la grâce de son port de tête, le dessin parfait de sa bouche, de ses pommettes. De toute sa personne se dégageait une souveraineté innée. – Majesté… – Amélia, je m’inquiétais de vous, Marie-Valérie aussi. Je sais à quel point vous souffrez, mais il vous faudra bientôt réapparaître à la cour, malgré votre douleur. – Majesté, je vous remercie infiniment de votre visite, déclara la jeune femme, très émue. Je ne mérite pas autant de bonté, non, vraiment, j’en suis indigne… Amélia uploads/Litterature/ amelia-un-coeur-en-exil.pdf
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- Publié le Jul 22, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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