Du même auteur AUX MÊMES ÉDITIONS Nouveau dictionnaire encyclopédique des scien
Du même auteur AUX MÊMES ÉDITIONS Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage (avec Jean-Marie Schaeffer) 1995, et « Points Essais », n o 397, 1999 CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS Dire et ne pas dire Hermann, 1972 La Preuve et le Dire Mame, 1973 Les Échelles argumentatives Minuit, 1980 Les Mots du discours (en collaboration) Minuit, 1981 L’Argumentation dans la langue (en collaboration avec J.-C. Anscombre) Mardaga, 1983 Le Dire et le Dit Minuit, 1985 Logique, Structure, Énonciation Minuit, 1989 Slovenian Lectures/Conférences Slovènes ISH, Ljublana, 1996 Le présent essai a été précédemment publié dans l’ouvrage collectif Qu’est-ce que le structuralisme ? ISBN 978-2-75-784939-2 ISBN 2-02-005341-1 (éd. complète) ISBN 978-2-02-000619-4 (tome 1) © Éditions du Seuil, 1968 Cet ouvrage a été numérisé en partenariat avec le Centre National du Livre. Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. TABLE DES MATIÈRES Couverture Du même auteur Copyright Introduction générale 1 - Langage et représentation 2 - Langage et communication 3 - Langage et jeu Note sur la « linguistique structurale » et le « transformationalisme » Guide bibliographique 1. Langage et représentation 2. Langage et communication 3. Langage et jeu Note sur la « linguistique structurale » et le « transformationalisme » Introduction générale Avec cette espèce de retard immanquable, cette satisfaction dans la résorption et l’à-peu-près qui semblent caractériser toute la communication culturelle, les efforts de publicistes se sont multipliés, au cours des dernières années, pour donner du structuralisme une vue d’ensemble — quand il y a beau temps, cette vue, que personne n’est plus en mesure de la donner. C’est à partir de cette conviction modeste que les auteurs du présent ouvrage se sont rassemblés : convaincus qu’ils apprendraient les uns des autres presque autant que le lecteur « non averti » apprendrait d’eux tous. Dans la mesure même où le structuralisme a vocation scientifique, où son travail est d’ordre non pas idéologique mais théorique, ce n’est qu’à l’œuvre — sur le terrain — qu’il peut se saisir, dans l’exploitation de ses différents matériaux : un discours général a ici toutes chances de n’être que bavardage et vanité. A la limite, il faudra se demander si l’un des apports du structuralisme n’est pas d’interdire, dans le champ — par lui bouleversé — des défuntes « sciences » humaines, ce qui n’a pas la rigueur et la responsabilité du spécialisé. La généralité, pourtant, ne se récupère-t-elle pas à un autre niveau, qui est celui de la méthode ? Si le mot structuralisme répond à quelque chose, c’est bien à une façon nouvelle de poser et d’exploiter les problèmes dans les sciences qui traitent du signe : une façon qui a pris son départ avec la linguistique saussurienne. De là l’ordre dans lequel se suivent les exposés qu’on va lire. Mais n’allons pas trop vite à dire que la méthode est une et simple : nous aurons à nous demander dans quelle mesure elle n’est pas chaque fois spécifiée par son objet (aussi bien ne sommes-nous plus au temps où l’on croyait qu’une même raison transcendantale informait sans en être affectée les objets les plus divers), dans quelle mesure elle a pu être pour chacun de ces objets élucidée (certaines difficultés que nous rencontrerons tiendront à ce qu’on a fondu ou confondu des traitements commandés par des objets distincts). C’est pourquoi la définition du structuralisme s’est trouvée, presque chaque fois, venir à la fin de l’exposé. Poussons notre question jusqu’au paradoxe : le structuralisme existe-t- il ? La réponse paraissait naguère évidente ; aujourd’hui, il ne nous déplaît pas de faire passer notre réponse par un temps de prudence. N’avons-nous pas lu sous une plume comme celle de Georges Canguilhem : « la méthode structurale (à supposer qu’il en existe une, à proprement parler) 1 » ? De cette mutation, les présents essais sont une illustration d’autant plus frappante qu’elle n’était pas préméditée : plutôt que de partir d’une définition a priori de la méthode à dire structurale, pour venir à son début d’application ici ou là, chacun est parti de sa discipline d’étude pour chercher, sans préconception, si et en quoi elle avait changé — et en quoi ce changement mettait au jour quelque chose qu’on devrait appeler structuralisme. Nous nous étions réunis pour écrire : Qu’est-ce que le structuralisme ? Ce que nous publions 2 s’intitulerait mieux : De modifications récentes du savoir et de ce qui les rassemble comme structuralistes. Ce déplacement de l’axe, on aurait tort d’y voir la marque d’un reflux ou d’une incertitude : bien plutôt s’agit-il (et les auteurs ici groupés sont à cet égard très significatifs) des problèmes de la seconde génération ; de ceux qui se posent au moment où l’on n’en est plus à produire les instruments révolutionnaires d’une recherche mais à pratiquer cette recherche, à en mesurer les difficultés et peut-être les limites non moins que la réalité, à la voir reprendre sa place dans le cours continu de savoirs qu’elle a moins rompus que fait rejaillir. Cela est vrai, est perçu comme vrai, alors même qu’il s’agit, comme il arrivera à plusieurs reprises, non de la poursuite d’un discours scientifique déjà établi, mais de l’interrogation sur la possibilité de constituer en sciences certains champs de la connaissance au statut jusqu’ici mal défini. Disons-le franchement : quand on nous interroge sur le structuralisme, nous ne comprenons pas le plus souvent de quoi on veut nous parler. C’est d’abord qu’il court grand rumeur parmi les grenouilles que le structuralisme est quelque chose comme une philosophie, et qui voudrait supprimer beaucoup de bonnes choses, dont l’homme en particulier. On conçoit l’émotion des grenouilles : elles partagent avec Narcisse la fréquentation des bords de l’eau. Mais s’il y a quelque conclusion à tirer de l’introduction des structures dans l’histoire de Narcisse, c’est justement qu’il ne serait pas du tout, s’il n’avait sa représentation là devant lui, dans l’eau, parmi les représentations autres, de branches et de nénuphars, et que c’est même seulement à apprendre (il ne le fera pas seul) de quelle absence cette image se tisse, de quel manque elle est le voile, qu’il peut, manque à son tour, y venir comme sujet. On verra qu’il entre ici quelque chose, en effet, qui peut ressembler à une philosophie et qui est un des grands enjeux de la pensée de notre époque : mais qui n’est pas le structuralisme comme tel. Pas plus que n’est le structuralisme, à l’autre extrême de la pensée (et cette fois, au plus bas), cet invraisemblable brouet qui fait chaque jour plus l’objet des conversations autour des tables familiales. Les succès (fussent-ils encore bien partiels !) d’une science entraînent sa négociation en idées générales dont elle ne sait que faire : on n’y trouvera pas, nous en prévenons le lecteur, la moindre allusion dans tous les exposés qui vont suivre. Encore une fois, sur presque tout ce qui se dit du structuralisme, nous ne savons rien. On comprend maintenant qu’on ait vu, au cours des derniers mois, certains des créateurs de la recherche structurale, certains même de ceux qui les années précédentes usaient le plus volontiers du terme structuralisme, rejeter le mot comme une invention de journalistes et redouter les apparentements qu’il couvrirait. Le fait est qu’à s’en tenir à l’élasticité des étiquettes, on pourrait compter aujourd’hui : deux structuralismes positivistes (le deuxième accusant le premier d’empirisme), un structuralisme tout simplement rationaliste, deux structuralismes au moins annonçant une subversion du sujet (le deuxième accusant de réduction le premier) ; il y a une philosophie au sens classique qui se sert du structuralisme, et plusieurs structuralismes qui prétendent réfuter, de soi, toute philosophie, etc. De protagoniste, le structuralisme semble en passe de devenir la scène dans l’espace de laquelle les grands rôles classiques viennent tous, ou presque, se rejouer. Tentons donc une opération de déflation et rappelons les limites où un exposé du structuralisme devrait se tenir. Il s’agit « simplement » de science, avons-nous dit. Mais de quelle science ? Dans un texte célèbre 3, Claude Lévi-Strauss donnait pour objet aux sciences structurales ce qui « offre un caractère de système », c’est-à-dire tout ensemble dont un élément ne peut être modifié sans entraîner une modification de tous les autres ; il proposait comme leur instrument : la construction de modèles ; et comme la loi de leur intelligibilité : les groupes de transformation commandant l’équivalence entre modèles et présidant à leurs emboîtements. Si l’on devait s’en tenir à cette définition, tout ce qui touche à l’idée de structure, en d’autres termes : à l’une des grandes « Formes » de la raison, tomberait sous l’étiquette du structuralisme, et il faudrait commencer aux mathématiques pour descendre à travers physique, chimie, biologie…, jusqu’aux sciences du discours. Pareille formule est trop extensive. Elle recouvre un problème épistémologique (c’est bien ainsi, d’ailleurs, que la donnait C. Lévi- Strauss) mais elle ne rend pas compte de la spécificité du champ où vient de s’opérer une coupure 4 du savoir. Nous dirons — et c’est la seule façon de ne pas tomber dans la uploads/Litterature/ quest-ce-que-le-structuralisme-1-le-structuralisme-en-linguistique-by-oswald-ducrot.pdf
Documents similaires
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/ylIeiRi3rXqpLg6mu64kcJNNZV5kWCUohpAnYt3ppsa2aR4upRMS6CqfGEX6GUhCIBDuGsMEQ552xha1pCwuLQPq.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/oxo783nYHljgcAg3vcskJptHpAKclPjsKIH2rOw4iZWcvnvZaxmACwi7s3cyJBhlJGkWjOL8QEpIOlLH9QGS6c0A.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/uyIUCdFeSpoLNdiefhF1aWgEoLZSkXCMcSsDWFvGVzGlsW5GphfEw3qyPxTW2ptbecn2fYlOuMXAWe4u6O0SOdOZ.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/3NPSjdJWSStsA6WulhVEROjKuLVHoOcJngXVGryCzlCjX6HzUStsUCt3j0NQr0JIJV6Ngdm0YfO2iZTUACWNGsPn.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/q2dojNKytshDDcLF9VI6rYtBdoZC6kDtOVXvwKfDJ1TY51aqrbBJ4fpRrO0ponbrN4Hg50DIaBo98A2tkrwIgbNm.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/eFAky7gnxLHXk4N8kYKfuaWvextLQdLTuv5Bx7Kmvu2fQrun1OBOOTSJavEMAH80EdjZrqf0PhGjQ6LJQZTXHgIS.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/D7TcWakoThLHgcFSFhS7RVu6P0DelyZCDdOYnqGO5Tj1HlF8joEahOklhskY78vSruHkRJUUUjnLFzHviLhc2mv6.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/dB7jb5rUXCX1tOXVE4wShVB04bc2DcPwUJbJz5P0XCTSuk8bFydiYBC5cPrY6ZOatje46XoitQ84rPCIdtOHdNiH.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/IDD1v46DjSlGrGujxQS79CgdtiokXMcLWLEhLd1SmuShGVv1o6xIE4pgP1T0EOT3YHCLw8qWagstSPj9B2e9aJoG.png)
![](https://b3c3.c12.e2-4.dev/disserty/uploads/preview/3ZOFyO5443gOyGCHKNU82N1g00Oc38sWOErewqBXkgm4404boxYvEWvf9Fj4jTwJqBcXzDidRqUuqOMNxrukRRsE.png)
-
20
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.5939MB