Ponts langues littératures civilisations des Pays francophones 19 P o n t i MIM
Ponts langues littératures civilisations des Pays francophones 19 P o n t i MIMESIS EDIZIONI (Milano – Udine) www.mimesisedizioni.it mimesis@mimesisedizioni.it Issn: 1827-9767 Isbn: 9788857567013 © 2019 – MIM EDIZIONI SRL Via Monfalcone, 17/19 – 20099 Sesto San Giovanni (MI) Phone: +39 02 24861657 / 24416383 Proprietà letteraria del Dipartimento di Lingue e Letterature Straniere – Sezione di Francesistica dell’Università degli Studi di Milano. La Revue Ponti / Ponts est publiée avec le soutien financier du Département de Langues et Littératures étrangères. Tous les articles soumis à Ponti / Ponts sont évalués et sélectionnés par le comité scientifique et soumis à un processus d’évaluation par les pairs faite à double insu. Direttore responsabile: Marco MODENESI – Registrazione al Tribunale di Milano del 12 dicembre 2001 – N. 731 Sommaire Éditorial 7 Univers de la radio Anne Hébert et l’univers de la radio Alessandra Ferraro 13 La radio comme vecteur d’identité culturelle: le cas de la politique canadienne de radiodiffusion Marie-Christine Jullion et Ilaria Cennamo 33 La radio ‘an tan Wobè’. Le Nègre et l’Amiral de Raphaël Confiant Francesca Paraboschi 51 Études libres Épiphanies noires Liana Nissim 81 Notes de lecture Études linguistiques Cristina Brancaglion 101 Francophonie européenne Simonetta Valenti 131 Francophonie du Maghreb Daniela Mauri 157 Francophonie de l’Afrique subsaharienne Marco Modenesi 183 Francophonie du Québec et du Canada Alessandra Ferraro 203 Francophonie des Caraïbes Francesca Paraboschi 229 Œuvres générales et autres francophonies Silvia Riva 247 Éditorial Quoi de mieux pour se mettre à l’écoute des multiples univers de la franco- phonie qu’une belle radio? “Pourquoi la télévision alors qu’on peut écouter les informations à la radio?”1, comme le pense Maman Pauline dans le roman d’Alain Mabanckou, Demain j’aurai vingt ans (2010) ; et quelles merveilles pourraient se cacher à l’intérieur de “la boîte magique”, ainsi que Driss Chraïbi appelle souvent la radio dans ses romans ? Le choix du thème autour duquel pivote ce numéro de Ponti / Ponts s’est défini même à partir de questions de cette nature. Et une première série de réponses est accueillie dans les pages que vous êtes sur le point de lire. L’activité d’Anne Hébert à la radio est un sujet peu abordé et certainement en marge par rapport à sa vaste production d’écriture, mais loin d’être inintéres- sant. Et on découvre cela grâce à la belle reconstruction d’Alessandra Ferraro qui suit les collaborations d’Anne Hébert avec la radio: émissions littéraires, contes dialogués ainsi qu’un poème dramatique et radiophonique dans les an- nées 1950. Et cela d’abord au Québec, mais, par la suite, même en France, à l’époque d’or de la Radio française. Dans celui qui s’avère le lieu d’un croisement entre le champ littéraire et le champ médiatique, Anne Hébert reconnaît la possibilité d’un nouveau domaine de la création comme en témoigne L’Île de la demoiselle, drame radiophonique de 1978. La lecture analytique fort ponctuelle qu’en donne Alessandro Fer- raro permet alors de focaliser la maîtrise indéniable des règles de l’écriture radiophonique de la part de l’écrivaine québécoise, qui s’avère parfaitement consciente des spécificités des codes de l’écriture radiophonique ainsi que des contraintes de la mise en onde. Par ailleurs, la radio ne pouvait pas échapper à la question identitaire dans un Pays comme le Canada. Marie-Christine Jullion et Ilaria Cennamo apprécient la radiodiffusion canadienne comme projet politique et culturel, centré sur le rayonnement de l’identité du Pays. C’est à partir de ce propos que, de manière 1 Alain Mabanckou, Demain j’aurai vingt ans, Paris, Gallimard, 2010, p.14. Éditorial 8 rigoureuse, elles focalisent et analysent les traits identitaires et cultu- rels canadiens véhiculés par la radiodiffusion, surtout à partir d’une analyse lexicale aussi bien qu’à travers la lecture critique de la page d’entrée du site de Radio-Canada. Si les auteures rappellent l’impor- tance du rôle de Radio-Canada pour le Québéc dès le début de la Révolution tranquille, elles se projettent aussi vers l’époque contem- poraine pour s’interroger sur le rôle que la radio peut jouer dans un contexte social désormais marqué par l’impact d’Internet. Même si “une radio ne doit pas mentir, surtout si elle a coûté très cher et que les piles sont encore neuves”2, elle peut facilement deve- nir un outil de propagande et même de désinformation ainsi qu’un moyen de manipulation des masses. C’est ce qu’on apprend à tra- vers la fascinante analyse de Francesca Paraboschi qui relit Le Nègre et l’Amiral (1988) du martiniquais René Confiant. À partir de la reconstruction du cadre socio-historique de l’époque des événements racontés, la spécialiste identifie la valeur attribuée à la parole véhicu- lée par le poste de radio et son interaction avec les gens du peuple. À travers la lecture de Francesca Paraboschi, il s’avère incontestable que la radio scande le quotidien ainsi que les événements clés de l’His- toire. Et le tout à travers des variations de codes linguistiques qui sont loin d’être d’importance secondaire. Les différents postes — La Voix d’Amérique, la station BBC, Radio-bois-patate — catalysent l’atten- tion des nombreux héros dont les réactions nous offrent la mosaïque du peuple martiniquais à l’époque des événements. Cette livraison de Ponti / Ponts présente aussi une section d’Études libres, destinée à accueillir des contributions de grande importance pour ce qui est du projet global de notre Revue. C’est le cas de l’article — essai critique et double compte rendu à la fois — de Liana Nissim qui nous présente le remarquable cata- logue de l’exposition Le modèle noir de Géricault à Matisse, organisée à Paris, au Musée d’Orsay, du 26 mars au 21 juillet 2019, ainsi que le petit volume qui rassemble les contributions de la journée d’études L’Africa esposta. Realtà e rappresentazioni del continente africano nelle esposizioni universali dall’Ottocento al 2015, organisée à l’Université de Milan par le Groupe de recherche interdisciplinaire “Le Ricchezze dell’Africa”, à l’occasion de l’Expo 2015. À travers ses lectures, Liana Nissim montre, de manière indiscu- table, comment ces deux réalités culturelles naissent d’un même besoin, un besoin important: “l’urgence d’un regard pur, capable de briser l’écorce coriace qui, tel un syndrome malin, a entravé la vision 2 Alain Mabanckou, Le cigognes sont immortelles, Paris, Seuil, 2018, p. 43. 9 Éditorial et le jugement des Blancs sur les Noirs, marqués par le mythe de la supériorité occidentale.” Nous sommes bien conscients que la réflexion critique sur la Radio dans l’univers francophone que nous présentons dans ce numéro ne fait que s’amorcer. Les radios francophones de l’Afrique sub-saha- rienne et du Maghreb ainsi que celles de l’Europe ne demandent qu’à être étudiées, d’ailleurs plusieurs facettes des radios de la francopho- nie américaine pourront enrichir ce premier cadre. Pour l’instant, il est quand même temps de bien syntoniser notre poste de radio et de bien en régler le volume pour nous mettre enfin, comme nous le disions au début de cet Éditorial, à l’écoute. Univers de la radio Anne Hébert et l’univers de la radio* Alessandra Ferraro Les débuts radiophoniques d’Anne Hébert Peu abordée et toujours en marge de son œuvre écrite, l’activité d’Anne Hé- bert à la radio se présente comme un lieu de croisement majeur des champs littéraire et médiatique qui mérite d’être examiné pour lui-même. Écrivaine de théâtre dès ses débuts littéraires, comédienne dans une compa- gnie d’amateurs à l’adolescence, “adorant” faire des dialogues1, Anne Hébert, unit à une habitude ancienne de l’art dramatique, la pratique de la rédaction de textes pour la radio2. Après la publication en 1942, d’un premier recueil de poèmes, Les Songes en équilibre, bien accueilli par la critique, qui lui vaut le troisième prix au concours du Prix Athanase-David en 1943, le monde de l’édi- tion lui ferme les portes. En effet, elle n’arrivera pas à faire accepter Le Torrent: Anne Hébert devra le faire publier elle-même à compte d’auteur aux Éditions du Bien public de Trois Rivières avec l’argent du prix décerné pour les Songes en équilibre. ‘[Ils] avaient refusé Le Torrent disant que c’était trop violent, que le Canada français était une nation jeune et saine et que c’était des choses malsaines à ne pas mettre entre toutes les mains’. […] En 1953, paraît son œuvre maîtresse, Le Tombeau des rois, deu- xième recueil de poèmes sur lequel elle travaillait depuis dix ans. C’est grâce au prêt * La rédaction de cet article est redevable d’un séjour en tant que chercheure invitée à l’Uni- versité de Tours au sein de l’Unité de recherche “Interactions culturelles et discursives” E. A. 6297. Mes remerciements vont également à Nathalie Watteyne de l’Université de Sherbrooke. 1 Anne Hébert est interviewée par Olivier de Germain Thomas sur Aurélien, Clara, Made- moiselle et le lieutenant anglais, à l’émission Agora, (France Culture, 7 mars 1995). Nous avons pu avoir accès aux enregistrements des émissions que nous citons tout au long de cet article à la Phonothèque de l’INA et à l’Inathèque de France. 2 “L’intérêt d’Anne Hébert pour l’écriture se manifeste dès le début de l’adolescence. ‘Les pre- mières choses que j’ai écrites, ce sont des pièces de théâtre’. C’est sa mère, passionnée de théâtre depuis sa jeunesse, qui l’intéresse au genre. Quelques contes et uploads/Litterature/ anne-he-bert-et-lunivers-de-la-radio-pon.pdf
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- Publié le Fev 10, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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