INTRODUCTION Le dictionnaire Larousse définit la traduction comme l'énonciation
INTRODUCTION Le dictionnaire Larousse définit la traduction comme l'énonciation dans une autre langue (ou langue cible) de ce qui a été énoncé dans une langue (langue source) en conservant les équivalences sémantiques et stylistiques. C’après la démocratisation de la traduction et son expansion dans les écoles que sont nées les théories de la traduction. Celles-ci avaient pour but de conceptualiser la traduction en décrivant, en expliquant ou en modelant le processus de traduction. Les théories pouvaient s’inspirer des concepts existants et proposaient une réflexion centrée sur la traduction uniquement. À contrario, les approches de la traduction désignaient l’orientation générale des études à partir d’un point de vue disciplinaire particulier comme la linguistique, la sémiotique, le pragmatisme, etc. Ainsi, les approches de la traduction tendent à rattacher la traduction à des disciplines instituées. Le domaine de la traduction regroupe plusieurs théories contemporaines qui peuvent être divisées en six approches ou courants majeurs tels que l'approche sociolinguistique, l'approche communicationnelle, l'approche herméneutique, l'approche linguistique, l'approche littéraire et l'approche sémiotique. 1 1. L´APPROCHE HERMENEUTIQUE - Friedrich Schleiermacher, George Steiner le mot herméneutique signifie à l´origine « comprendre, expliquer » (du grec), mais il a fini par désigner un courant et une méthode d ´interprétation initiée par les auteurs romantiques allemands. Le principal promoteur de cette méthode dans le domaine de la traduction est Friedrich Schleiermacher (1767-1834). L'herméneutique existait déjà bien avant Schleiermacher, mais elle ne représentait pas une discipline générale, mais était, du moins selon ses dires, scindée en diverses herméneutiques régionales telles que l'exégèse théologique, la philologie, la jurisprudence et les ssciences historiques. Bien que Schleiermacher n'ait pas été le premier à proposer une théorie générale de l'interprétation (le théologien Johann Conrad Dannhauer avait, dès 1630, jeté les bases théoriques d'une herméneutique universelle). Schleiermacher est néanmoins considéré comme celui ayant réussi à concrètement unifier le projet herméneutique dans une science autonome de la compréhension. Pour lui, la traduction est un processus de compréhension et qui doit mener à la compréhension du texte, dans lequel le traducteur se met dans la peau de l´auteur pour essayer de ressentir ce qu´il a senti et réfléchir comme lui. Le traducteur herméneutique est censé aborder le texte source de façon subjective et essayer d´intérioriser le point de vue de l´auteur. La véritable traduction doit se lire comme une œuvre étrangère et elle doit faire transparaître la langue de l´œuvre originale. Schleiermacher se fait ainsi partisan de la traduction exotisante, étrangéisante (Gromová, Rakšányiová, 2005 : 41-42). L´herméneutique traductionnelle selon George Steiner Dans After Babel : Aspects of Language and Translation (1975), George Steiner affirme que comprendre, c´est traduire (voir le titre du premier chapitre de son livre). Pour rendre compte de la difficulté de l´interprétation en traduction, Steiner rappelle qu´ « il n´est pas deux lectures, pas deux traductions identiques » ; « le travail de traduction est toujours approximatif » ; « tout modèle de communication est en même temps un modèle de traduction ». Il refuse la linguistique pour l´étude de la traduction à cause de « son stade d´évolution encore peu avancé pour être capable d´apporter des réponses à des questions essentielles ». Steiner propose son modèle dynamique et herméneutique en quatre phases visant la « bonne traduction ». 2 «1/ Dans la première phase herméneutique, celle d´un « élan de confiance », le traducteur « se soumet » au texte source et lui « fait confiance » en se disant qu´il doit bien « signifier » quelque chose, malgré son caractère totalement « étranger » à première vue. S´il ne plaçait pas sa foi dans le texte, il ne pourrait pas le traduire ou il ferait des traductions littérales. 2/ la deuxième phase est celle de « l´agression ». Le traducteur s´attaque au texte, « fait une incursion » (envahissement, intrusion) pour extraire le sens qui l´intéresse. Il n´est plus dans une position passive mais active et conquérante. 3/ la troisième phase est celle de « l´incorporation ». Elle est encore plus agressive que la précédente, car le traducteur rentre chez lui, dans sa tribu, avec le butin conquis (le sens qu´il a voulu emporter dans sa langue). Si le traducteur s´arrête à cette étape, il produira des « traductions assimilatrices » qui gomment toute trace de l´origine étrangère. 4/ la quatrième phase est celle de la « restitution » : le traducteur recherche la fidélité au texte. Il rétablit l ´équilibre des forces entre la source et la cible. Il « restitue » ce qu´il avait volé, répare ce qu´il avait détruit, par souci éthique. Les deux phases centrales du processus, « l´agression » et « l ´incorporation » mettent en avant le caractère conquérant de la traduction et la violence qui l ´accompagne. Le livre de Steiner a inspiré en partie les études idéologiques sur la traduction, notamment de la traduction comme reflet de l´impérialisme et du colonialisme. » (Guidère, 2010 : 48-50). Bien que, pour la traductologie contemporaine, l'herméneutique soit souvent considérée comme une approche marginale et hautement spécialisée, il semble pourtant que ces deux concepts : herméneutique et traduction coexistent dans un rapport très étroit au moins depuis l'antiquité et ce n'est certainement pas un hasard si plusieurs figures marquantes de l'herméneutique étaient également des théoriciens ou praticiens de la traduction. Par ailleurs, un simple recours à l'étymologie illustre à quel point l'acte de traduire est fondamentalement herméneutique: les Grecs, encore étrangers au concept culturel de traduction écrite ou orale comme on l'entend de nos jours, utilisaient justement le terme « hermeneuin » pour désigner le transfert de sens d'une langue à l'autre, un concept ambigu et polysémique qui peut selon le contexte également vouloir dire « annoncer », « interpréter » (comme en français, autant pour l'interprétation orale instantanée que celle de textes) « éclaircir » et « expliquer ». Tel que le fait remarquer Gadamer dans Le dictionnaire historique de la philosophie, herméneutique semble également faire écho à Hermès, le messager des Dieux, responsable de faire parvenir leurs demandes aux mortels. Or, pour accomplir cette 3 tâche, il est évident qu'Hermès ne peut se contenter de transmettre tel quel ce qu’ont dit les Dieux, mais il doit expliquer aux hommes dans une langue qu’ils sont en mesure de comprendre quels sont les ordres divins. En d’autres termes, il doit, par le biais d'un langage commun, leur transmettre un message de façon intelligible, ce qui ne peut se produire sans une certaine adaptation du dire des Dieux au langage et aux capacités cognitives propres à l'homme mortel. Bien que philologiquement, le rapport entre Hermès et herméneutique soit controversé, ce rapprochement permet de souligner plusieurs regroupements thématiques entre la traduction et l’herméneutique, dont la transmission par le langage, la médiation par un interprète et la compréhension intersubjective. L’herméneutique et la traduction ont également en commun d'avoir longtemps été subordonnées à la rhétorique, discipline fondamentale de l'antiquité classique et néoclassique qui porte sur l'analyse de la composition des textes, autant selon une approche théorique que pratique, dans le cas des orateurs par exemple. C’est de la tradition rhétorique que nous provient le désormais fameux postulat du cercle herméneutique qui désigne la relation réciproque entre les parties et le tout d'un texte et suppose que l'on ne peut comprendre une partie d’un texte qu'à partir d'une idée générale de son tout, mais que, d'un autre côté, on ne peut comprendre le tout qu'à partir de chacune de ses parties, d’où la circularité. Bien que ce cercle se développera en un problème épistémologique, à savoir, celui de l’explication ou de la justification d'un savoir circulaire, il représente originairement une exigence de composition de texte, selon laquelle les parties d’un discours doivent exister en harmonie avec le tout de façon à ce que l'ensemble forme un corps organique. Déjà dans le Phèdre (264 c), Platon proposa la métaphore du texte comme étant un être vivant avec des pieds, une tête, un centre et des membres, une idée qui sera d'ailleurs reprise par Aristote dans sa Poétique (23, 1459 à 20) et dont on en retrouve encore aujourd'hui l'écho12. Si ce cercle évoque dès l'antiquité que l'interprétation des textes doit suivre les règles de grammaire pour comprendre le sens d'un mot dans une phrase et doit analyser formellement et la composition et le style d'un texte en supposant la cohérence de l'ensemble, ces indications seront complétées, dans la foulée du romantisme et du développement de la conscience historique, par la nécessité de considérer l'œuvre et la vie de l'auteur, ainsi que le rapport entre l'époque particulière à laquelle appartient le texte et l'histoire universelle. 4 2. APPROCHE LINGUISTIQUE DE LA TRADUCTION Une approche désigne l’orientation générale des études à partir d’un point de vue disciplinaire particulier. Les approches de la traduction tendent à rattacher la traduction à des disciplines instituées. L’approche linguistique de la traduction consiste en l’utilisation des ressources linguistiques telles que la sémantique, la morphologie, la syntaxe et la phonétique pour traduire un document. Elle se fonde principalement sur les théories linguistiques de la traduction énoncées par Vinay et Darblrnet et se découpe uploads/Litterature/ approches-de-la-traduction.pdf
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- Publié le Fev 13, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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