Propositions pédagogiques pour les deuxième et troisième degrés de l’enseigneme

Propositions pédagogiques pour les deuxième et troisième degrés de l’enseignement secondaire (lycée) Françoise Chatelain professeur à l’Athénée royal de La Louvière Courriel : francoise.chatelain@skynet.be Site Web : http://users.skynet.be/litterature © 09/2006 - Atelier de Lecture Asbl et Françoise Chatelain – copie autorisée pendant la durée du concours pour un usage pédagogique en classe avec mention de la source. Toute autre utilisation est soumise à une autorisation écrite. Plan 1. Introduction 2. Définir le fantastique 3. Caractéristiques 3.1 Eléments constitutifs Texte de Lovecraft : la peur Texte de Todorov : conditions du fantastique 3.2 Distinguer le fantastique des « genres » voisins 3.3 Thèmes fantastiques 3.4 Structure du récit fantastique 4. Historique (sites consacrés aux auteurs mentionnés et textes en ligne) 4.1 Le préfantastique 4.2 Le fantastique romantique 4.3 Le réalisme 4.4 La fin de siècle 4.5 Le fantastique néoréaliste et populaire 4.6 Fantastique poétique : une poétique du fantastique ? 4.7 Entre tradition et nouveauté 4.8 L’école belge de l’étrange 4.9 Aujourd’hui 5. Propositions pédagogiques 5.1 Approcher la théorie 5.2 Créer une ambiance fantastique 5.3 Un thème : d’un monde à l’autre 5.4 Regards sur la littérature fantastique française de Belgique 5.4.1. Intertextualité 5.4.2. Autour d’un thème 5.5 Le fantastique : porte d’entrée pour aborder la littérature fin de siècle 5.6 Maupassant et le Horla 5.7 Entraînement à l’écriture © 09/2006 - Atelier de Lecture Asbl et Françoise Chatelain – copie autorisée pendant la durée du concours pour un usage pédagogique en classe avec mention de la source. Toute autre utilisation est soumise à une autorisation écrite. 1. Introduction Longtemps considéré comme genre facile, du domaine de la paralittérature – même si les plus grands auteurs des XIXe et XXe siècles l’ont pratiqué – , le fantastique connaît aujourd’hui un regain d’intérêt alors qu’il n’y a pas si longtemps, on le disait mort sous les coups de la science-fiction. Il faut dire que Maupassant déjà avait cette opinion !1 (voir texte en fin de document) Selon Pierre Yerlès et Marc Lits2, on peut émettre plusieurs hypothèses quant à ce succès renouvelé, du moins en ce qui concerne les œuvres de qualité : d’abord, l’adéquation entre l’écriture fantastique et la perception que nous avons du monde dans lequel nous vivons comme hybride, éclaté ; d’autre part, la remise en cause des modèles sociaux et littéraires de références ; enfin, il s’agirait d’une sorte d’exutoire pour un public inquiet face à la violence sécrétée par l’univers contemporain. Le fantastique deviendrait ainsi, comme le romantisme qui l’a inventé, une littérature de crise des valeurs. Dans les classes, le choix d’étudier le fantastique peut s’expliquer également par le plaisir qu’éprouve le jeune lecteur à se faire peur sans danger réel (dimension qu’il ne faut surtout pas ignorer ni même négliger) ; c’est donc un choix de lecture généralement bien accueilli. Par ailleurs, dans la mesure où il s’agit de textes souvent courts, le professeur et l’élève – surtout moyen ou faible – y trouvent un intérêt évident : sa lecture prend peu de temps, on peut varier les textes travaillés en classe… Enfin, sa structure particulière, sur laquelle les grilles s’appliquent facilement, est rassurante, bien qu’il faille être prudent quant à l’utilisation de grille et éviter en tout cas de pratiquer ce type d’analyse de manière gratuite. On remarquera toutefois que, si le fantastique est souvent étudié aux 1er et 2e degrés, il est plus rarement abordé au 3e degré, ce qui est peut-être une erreur. En effet, outre le fait que des œuvres plus difficiles ne peuvent être lues trop tôt, le fantastique permet d’introduire de manière intéressante certains mouvements littéraires comme le romantisme ou le symbolisme, par exemple, mais il est aussi l’occasion de s’initier à d’autres entrées de l’œuvre, comme la lecture psychanalytique. On peut ainsi facilement concilier approche intéressante pour le lecteur adolescent, voire lecture plaisir, et respect du programme. Les approches que vous trouverez ici vont tenter de vous fournir quelques éléments théoriques et pratiques susceptibles de vous aider à aborder la littérature fantastique dans un projet de lecture-écriture. Ce travail est évidemment loin d’être exhaustif et vous pourrez le prolonger par la lecture de quelques ouvrages proposés dans les « Ressources » (voir document séparé). 1 Maupassant, « Le fantastique », dans Le Gaulois, 7 octobre 1883 © 09/2006 - Atelier de Lecture Asbl et Françoise Chatelain – copie autorisée pendant la durée du concours pour un usage pédagogique en classe avec mention de la source. Toute autre utilisation est soumise à une autorisation écrite. 2 Pierre Yerlès et Marc Lits, Le fantastique, Vade-mecum du professeur de français, Didier-Hatier, Bruxelles, 1990 2. Définir le fantastique Alors qu’il paraît fondamental de commencer par définir ce dont on va parler, la lecture des ouvrages qui se rapportent au fantastique montre combien cette ambition légitime est difficile dans le cas qui nous occupe. 1. Si, dans la langue courante, on parle de « genre » ou de « sous-genre », pas mal de spécialistes se refusent à classer le fantastique sous cette étiquette : - « … le fantastique n’existe pas comme genre littéraire ; ni, non plus, comme catégorie de la pensée. Il est indéfinissable, mais il contamine. » (Hubert Juin3) - « Le fantastique n’est pas une forme mais un effet ; dans le roman fantastique, c’est le roman qui relève d’un genre littéraire, non le fantastique. » (Raymond Trousson4). La plupart des manuels français parlent de registre (c’est le cas du Dictionnaire du Littéraire, sous la direction de Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala, Paris, Puf, 2002) ou encore de tonalité comme le site Lettres.net http://www.lettres.net/files/fantastique.html, consacré à la préparation du bac et dont voici un extrait : Fantastique adj. et n. m. Tonalité qui se caractérise par la présence d'une ambiguïté entre le réel et l'irrationnel. On y trouve l'expression de l'animation et de l'incarnation, la présence d'un narrateur impliqué, et la mise en place du doute. Les procédés qui permettent de l'identifier : Application à des objets de verbes et de noms réservés aux êtres humains (personnifications). Comparaisons, métaphores, expression de l'irrationnel... Cette tonalité est présente dans de nombreux contes, et en particulier dans ceux de Maupassant. 2. Dès lors, la plupart du temps, les auteurs auront recours à des formules plus générales comme Louis Vax5 - qui, c’est assez révélateur du problème, choisit de ne formuler sa définition qu’à la fin de son essai. Il considère comme appartenant au « domaine » du fantastique des œuvres utilisant à des fins esthétiques une expérience axiologique négative provoquant le frisson. 3. On peut dire que, d’une certaine manière, Pierre Yerlès et Marc Lits6 se situent dans une perspective proche lorsqu’ils insistent sur la nécessité de concilier ou d’alterner les deux points de vue, d’une part, un corpus d’œuvres définissables qui permettent une perception extérieure du fantastique, d’autre part, une manière de voir le monde partagée par l’auteur et le lecteur qui jouent avec le sentiment du fantastique. Pour eux, l’intention est essentielle, le fantastique étant la volonté de manifester l’irrationnel latent qui existe en nous et que nous maintenons refoulé. 4. Jean-Baptiste Baronian7, quant à lui, y voit « d’abord une idée : notre monde, notre quotidien, peut être dérangé, transgressé, bouleversé de fond en comble, être perçu autrement que par la raison raisonnante, devenir un champ d’inconstance, d’aléa, de duplicité, d’équivoque, une chimère, le mouvement même de l’imaginaire. En quelque sorte, le fantastique pourrait être alors la démarche littéraire qui consisterait à parler logiquement de ce qui, dans notre appréhension du monde, ne ressortit pas précisément au rationnel, n’appartient pas, au sens strict du terme, à l’analyse objective ». Face à cette difficulté à définir le fantastique, la plupart des théoriciens auront plutôt tendance à en rechercher des caractéristiques. 3 Hubert Juin, « Préface » de G.Jacquemin, Littérature fantastique, Paris-Bruxelles, Nathan-Labor, 1974, cité par Marc Lits, « Des fantastiqueurs belges ? » in Fantastiqueurs, n°10 de Textyles, Revue des lettres belges de langue française, 1993 4 Raymond Trousson, « Jean Ray et le discours fantastique » dans Études de littérature française de Belgique offertes à Joseph Hanse, Bruxelles, J. Antoine, 1978, cité par Marc Lits, « Des fantastiqueurs belges ? » in Fantastiqueurs, n°10 de Textyles, Revue des lettres belges de langue française, 1993 5 Louis Vax, L’Art et la littérature fantastiques, Paris, Puf, coll. Que sais-je ?, 1974 6 Pierre Yerlès et Marc Lits, Le fantastique, Vade-mecum du professeur de français, Didier-Hatier, Bruxelles, 1990 © 09/2006 - Atelier de Lecture Asbl et Françoise Chatelain – copie autorisée pendant la durée du concours pour un usage pédagogique en classe avec mention de la source. Toute autre utilisation est soumise à une autorisation écrite. 7 Jean-Baptiste Baronian, Panorama de la littérature fantastique de langue française des origines à demain, Tournai, La Renaissance du livre, 2000 3. Caractéristiques 3.1. Les éléments constitutifs La littérature fantastique relève de la fiction, ce qui signifie que l’auteur et le lecteur savent que les événements racontés sont imaginaires, qu’il y a production consciente d’une œuvre esthétique. Le fantastique littéraire comporte deux éléments uploads/Litterature/ archives-f-fc-dossier.pdf

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