la tragédie grecque in PhaenEx Martin Thibodeau 2013, PhaenEx 48 Views7 Pages 1

la tragédie grecque in PhaenEx Martin Thibodeau 2013, PhaenEx 48 Views7 Pages 1 File ▾ Show more ▾ Download PDF Bulk Download How do you want to read this paper? Original PDF (14 minute read) Summary (5 Minute Read) PhaenEx 8, no. 1 (printemps/eté 2013) : 324-330© 2013 Marie-Andrée Ricard Note de lecture Martin THIBODEAU, Hegel et la tragédie grecque , Rennes, Pressesuniversitaires de Rennes, coll. Æsthetica, 2011, 246 pages M ARIE - A NDRÉE R ICARD Le rapport de la pensée hégélienne à la tragédie, grecque en particulier, est si intime queGlockne r et d’autres commentateurs tels Hyppolite à sa suite qualifièrent cette pensée de pantragique (Thibodeau 117). Cette appellation mettait en relief, d’une part, la constance avec laquelle Hegel s’est penché sur ce thème depuis ses écrits de jeunesse et, d’autre part, le caractère central que revêt la négativité dans sa pensée, autrement dit, la place qu’y occupent les scissions, les oppositions, les conflits, toutes choses qui sont aussi, par définition, au cœur de la tragédie. Malgré tout, c’ était à se demander s’il n’était pas plus juste de parler d’un panlogisme ,tant il est vrai que toutes les négations se résolvent dans une affirmation plus rationnelle,supérieure, au sein du système. Et c ’ est bien sur un tel triomphe de la « justice », sur ledépassement , en d’autres mots, des oppositions unilatérales et (idéalement) reconnues commetelles par les protagonistes que se clôt l’ interprétation que livre Hegel de la tragédie de la vieéthique immédiate dans la Phénoménologie de l’esprit , en prenant notamment Antigone commefil conducteur. Cette compréhension de ce drame de Sophocle comme la représentation par excellence du destin grec et du tragique en général se retrouvera du reste pratiquement inchangéedans les Cours d’esthétique . - 325 - Marie-Andrée RicardLa tragédie est-elle donc finalement absorbée par et dans le rationnel? Martin Thibodeauconnaît bien ce débat traditionnel et ses enjeux, comme en témoigne la conclusion de sonouvrage où, au terme de quatre chapitres fournissant une présentation exhaustive, détaillée etchronologiquement ordonnée des propos hégéliens sur la tragédie 1 , il passe en revue les principales critiques adressées à Hegel , particulièrement en regard de la catastrophe d’Auschwitz ( cf. 229 sq. ). Son objectif principal, qui ne s’exprime surtout que dans l’introduction et laconclusion de l’ouvrage, consiste pour ainsi dire à rouvrir ce débat, à justifier l’intérêt de la lecture hégélienne de la tragédie, en abordant cette lecture sous un angle nouveau. Cet angle,Thibodeau le détermine comme le projet philosophique postkantien, un projet auquel adhère selon lui l’ensemble des penseurs de cette époque et qui vise à répondre à la crise de la modernité, autrement dit, à surmonter les dualismes qui grèvent celle- ci. Bien qu’il note en passant le caractère « outre-tragique » ( 232) d’Auschwitz selon Lacoue -Labarthe, Thibodeausemble considérer que cette « réponse » recherchée par les postkantiens est toujours pendante et que l’on doit dès lors encore s’intéresser à la tragédie. C’est ce que suggèrent les toutes dernières lignes de son livre : Qu’en est - il de ce projet qui a été élaboré au seuil de l’idéalisme allemand et qui était censé permettre au monde occidental de mettre un terme à sa crise et de conjurer son destin? Si tel estle cas, quel est, quel peut être désormais le projet philosophique — si tant est qu’il doive et qu’il puisse encore en avoir un — pour ce monde, pour cette modernité qui, pour ainsi dire, n’en finit plus de finir, qui n’en finit plus de s’éterniser? (232) Des commentateurs de renom comme Jacques Taminiaux ( La nostalgie de la Grèce à l’aube de l’idéalisme allemand ) ou encore Dominique Janicaud ( Hegel et le destin de la Grèce )avaient déjà fait état de la relation étroite entre le problème de la modernité et le recours à laGrèce dans les textes à caractère politico-religieux du jeune Hegel . D’après eux , ce recourss’expliquait par une nostalgie, d’ailleurs ambiante à cette époque, qui, chez Hegel , disparaissait à - 326 - PhaenEx mesure que sa pensée se réalisait en un système. Son idéal de la Grèce fut alors relégué à unmoment dépassé. Pour sa part, Martin Thibodeau rejette tout à fait la thèse de la nostalgie (29). Il soutient plutôt qu’à partir de l’essai sur le Droit naturel de 1802-1803, Hegel se libère de sesréflexions théologiques de jeunesse et s’inscrit désormais pleinement dans la mouvance du projet postkantien, ce qui lui permet cette fois de développer une conceptualité proprement philosophique du tragique. Thibodeau estime néa nmoins que ce projet s’exprime déjà emblématiquement dans Le plus ancien programme de l’idéalisme allemand , un texte auquel le jeune Hegel a bien dû contribuer par ailleurs. Thibodeau consacre à ce fragment des pagesintéressantes (20 sq . et 228 sq .), qui situent ce projet dans le sillage de la troisième critiquekantienne et qui soulignent le caractère politique de ce dernier : cette interrogation qui se développera autour de la Grèce et de sa tragédie sera unquestionnement qui porte sur ce qu e l’on peut appele r le « destin » de la politique. […] cette interrogation […] est animée et portée par l’espoir qu’elle permettra de faire apparaître lesconcepts ou la conceptualité à partir de laquelle il deviendra possible d’engendrer les termesd’ une « nouvelle » polit ique, d’un « nouveau » bios politikos qui permettra de résoudre la crise aiguë et profonde qui affecte le monde moderne occidental. Telle est la thèse que nous nousemploierons à développer dans le cours de cette étude. (29) Cette conceptualité qu’il juge nouvelle, Thibodeau se fait fort de montrer que Hegel l’agagnée au cours du tournant qu’a pris sa réflexion à Iéna. Sa thèse est que cette conceptualité a permis d’engendrer les termes d’une « nouvelle » politique. Or, si son ouvrage a le mérite d’analyser minutieusement l’ensemble des propos hégéliens sur la tragédie, il ne me semblecependant pas exposer avec toute la clarté voulue cette politique. Ce qu’il faut entendre par politique ici me paraît même admettre deux accept ions différentes. Il s’agit tantôt de ce qui a trait aux actions conscientes des individus et à leurs interactions, tantôt au « conflit fondamental de lavie et de l’existence humaine » (226). Dans quel sens ce conflit fondamental pourrait-il êtrequalifié de politique? uploads/Litterature/ la-tragedie-grecque-hegel 1 .pdf

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