Revue des études juives Recherches bibliques [suite] M. Joseph Halévy Citer ce

Revue des études juives Recherches bibliques [suite] M. Joseph Halévy Citer ce document / Cite this document : Halévy Joseph. Recherches bibliques [suite]. In: Revue des études juives, tome 15, n°30, octobre-décembre 1887. pp. 161- 202; https://www.persee.fr/doc/rjuiv_0484-8616_1887_num_15_30_3533 Fichier pdf généré le 04/12/2020 RECHERCHES BIRLIQUES X. LE XIVe CHAPITRE DE LA GENÈSE. Le XIVe chapitre de la Genèse contient 'un récit extrêm intéressant au point de vue de l'histoire. Pendant qu'Ab s'installait à Hébron et nouait des relations amicales ave famille émorite, on vint lui annoncer que son cousin Lot, ét Sodome, dans la Pentapole de la Mer morte, avait été em captif par Chodorlogomor, roi d'Élam (Susiane), dont l'armée saccagé ces villes pour les punir de leur rébellion. Abram sita pas un instant. Il arma ses serviteurs et ses alliés, au no de 318, courut après les ravisseurs jùsqu'à Dan, les surprit dant la nuit et, après leur avoir infligé une grave défaite, r à leur reprendre les prisonniers et le butin. Au retour, A entra en relation avec deux rois du pays. L'un, nommé Me dec, qui était en même temps roi de Salem et prêtre du dieu lui apporta du pain et du vin avec sa bénédiction sacerd L'autre était le roi de Sodome, qui le pria de lui remettre le sonniers qu'il avait arrachés à la captivité. Abram se m digne du haut rang où sa victoire l'avait élevé aux yeux des gènes. Dans les deux occasions, il fut d'une rare générosit 162 REVUE DES ÉTUDES JUIVES 1. Critique verbale. Le texte hébreu nous est parvenu dans un état de co très satisfaisant. Les versions grecque et araméenne tent que peu de variantes. Parmi les noms royaux, on n au lieu de bsnn ; Βαλλ&, au lieu de jna ; Βαλίικ, au lieu de y 8, 9). Le remplacement de dans le texte samaritain pour but de faire de l'Émoréenun compagnon digne d'Ab « le Très haut a répondu »). La transcription Αύνάν p tante semble due à une altération postérieure du texte duite par une malheureuse réminiscence de a ύνάν Cjsìn), (Genèse, xxxvm, 3). Au verset 10, la leçon correcte nement s-nttsn tno btt =153; la correction m»? "jb admise d'après le texte samaritain ne remédie à rien, si pas en même temps le singulier ori (cf. v. 8 ; Genè xxiy, 50 ; XXXI, 14), tandis que l'addition d'un lais pour ainsi dire, intact. Une faute que personne n'a enc est le mot übpN (1. 11), qui est d'abord inutile, puisque partie intégrante du lâan, à moins d'y voir les mets tou ce qui serait absurde. C'est sans doute une altératio « leurs captifs ». La mention de la transportation des p imp, est inévitable à cause des expressions explicative Drïi nao et ttJDSïi, qui se distinguent du rarn aux verset Le suffixe de ûrnrô peut se rapporter soit aux vainque des verbes ιπρ·η et "Db-n (cf. Nombres, xxxi, 19), soit à Gomorrhe (cf. Deutéronome, xxi, 10). Quelques mss tante, ainsi que la version syriaque, omettent ϊ-ηΐτ au visiblement dans le but d'établir une distinction en d'Abram et le dieu suprême du chananéen Melkisédec trnbain employé par le copiste samaritain tehd au mêm et les critiques qui le suivent ont pris la chose à rebo cluant que le tétragramme est une addition postérieure si l'auteur fait offrir par Abram la dîme au prêtre d'El- que, dans son idée, ce dieu est identique avec celui che ; autrement, son offrande serait un acte d'impiété RECHERCHES BIBLIQUES - 163 pareille occasion. Donc, l'authenticité de mir» dans le verset 22 est au-dessus de tout doute, et ce fait est très important, comme on le verra tout à l'heure. 2. Unité de la rédaction. Le chapitre xiv porte les marques les plus évidentes d'une ré¬ daction unique. Il n'y a pas une seule expression hétérogène ou parasite où l'on puisse voir la main d'un compilateur de narrations différentes ou celle d'un glossateur qui insère ses remarques dans le corps du texte. La critique émiettante a perdu son temps et ses peines à démontrer le contraire. Le texte est agencé comme il suit : Notions générales sur les envahisseurs et leurs adversaires, ainsi que sur le champ de bataille choisi par ceux-ci (v. 1-3), cause et date de l'invasion, route parcourue et peuples châtiés par les envahisseurs (v. 4~<7), choc des deux armées, description parti¬ culière du champ de bataille, défaite des Pentapolitains, saccage ment des villes rebelles, enlèvement des habitants, parmi lesquels était Lot, cousin d'Abram (v. 8-12). C'est la première moitié de l'épisode, qui prépare l'entrée en scène du patriarche. Elle se com¬ pose de douze phrases principales ou versets. La seconde moitié comprend le même nombre de versets (v. 13-24) et est ainsi cons-" tituée : Réception par Abram de la nouvelle de la captivité de son cousin, l'armement de ses serviteurs et de ses trois hôtes, sa course après les ennemis, la défaite de ceux-ci à Dan, leur pour¬ suite jusqu'au-delà de Damas, la reprise du butin et des prison¬ niers (v. 13-16); retour d'Abram, sa rencontre avec le roi de Sodome et le roi de Salem, son respect pour l'un et sa géné¬ rosité envers l'autre (v. 17-24). Voilà une rédaction matérielle¬ ment très pondérée, qui répond admirablement bien au but que cet épisode était destiné à atteindre. Il serait facile de s'en con¬ vaincre. 3. Rapports contextuels. Le récit relatif à Abram, dans les chapitres précédents, laissait bien des points obscurs qu'il fallait éclaircir : l'état politique et religieux du pays à l'arrivée d'Abram; pourquoi ce patriarche y 164 - REVUE DES ÉTUDES JUIVES que depuis qu' Abram eut établi des relations permanen famille Mamré, car, antérieurement, il ne faisait que pays .pour se rendre en Egypte. La place donnée au r pond implicitement à ces questions est donc des plus Quant aux renseignements qu'il fournit, ils sont d'un parfaite : Le séjour d'Abram sur le domaine de M marqué par l'invasion d'une armée susienne dans l révoltée contre sa domination, qui avait duré treize an testation. Cette domination, cela va de soi, s'étendait Syrie depuis le même nombre d'années, de sorte qu d'Abram, Chanaan était déjà soumis aux étrangers. G l'esprit de l'auteur biblique, la perte de l'indépendan jours le résultat d'un état de péché qui attire la colèr cela revient à dire que les Chananéens de ce temps n précisément des modèles de vertu, et nous obtenons façon détournée la raison de la promesse faite à Ab pays appartiendrait un jour à sa postérité. Prévoyant q ralisation des Ghananéens irait grandissant, au point de destruction totale, Dieu ne peut mieux faire que de possession de leur pays à l'homme le plus vertueux d D'autre part, les Chananéens n'étaient pas à ce momen rompus pour être détruits immédiatement : trois Émo étaient les alliés fidèles du patriarche hébreu, et, ce q le culte du Dieu d'Abram avait encore un prêtre digne la personne de Melkisédec, roi de Salem, de la ville culte de Iahwé devait trouver plus tard sa résidence sacrée. Par suite de ces circonstances très particuliè devait rester dans le pays sans se mêler aux habitan posséder une propriété territoriale toute sa vie durant ; pas indigne de chercher à acquérir de la main des hom Dieu venait de lui accorder comme un don gracieux passant, que l'obligation de ne posséder aucun bien f la Terre promise, fidèlement accomplie par ses succes et Jacob, ne fut abrogée qu'en faveur des morts, qu'o pas non plus mêler aux morts chananéens (Genèse, les enterrer, on recourut naturellement à l'opération d repoussant fièrement toute offre gratuite (Ibidem , cela était et restait une η mat (Ibidem, 4, 20) ; les devaient pas posséder d'immeubles. On comprend m RECHERCHES RIBLIQUES ima dans lesquels il avait pleine confiance, et l'exception de ses trois hôtes, il se méfiait des Chananéens. On le voit bien, notre récit se rattache inséparablement a deux chapitres précédents, qu'il éclaire d'une façon remarquab Aussi emploie-t-il les mots ,iüS3 ,ío£ü "bia ,ϊηϊτ, qui en c ractérisent la rédaction. Mais les liens qui l'unissent aux réc suivants ne sont pas moins évidents. Le premier verset du ch pitre XV contient à lui seul trois allusions d'une entière transp rence. La phrase « Ne crains pas Abram » suppose un événeme dont Abram appréhendait les suites fâcheuses, et, en effet, l'arm ennemie pouvait revenir d'heure en heure pour punir l'audacie • qui venait de lui infliger un sanglant affront. C'était le moment calmer l'inquiétude du patriarche par les mots : Ί?!» ® suis un bouclier pour toi », c'est-à-dire : « je serai ton défenseur Sans le récit de l'expédition guerrière, ces phrases n'auraie aucun sens, il y a plus, le mot 1ji unique dans le Tétrateuque été choisi seulement pour faire paronomasie avec le verbe égal ment unique de xiv, 20. Enfin, la promesse : « ta récompen sera très grande », suppose des actions très méritoires de la pa d'Abram ; or; ce ne peut être que les actions relatées dans x Γ7-24, uploads/Litterature/ 15e-chapitre-de-la-genese-bible.pdf

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