"La prolifération des armes légères en AFRIQUE MEMOIRE DE GEOPOLITIQUE DU CHEF

"La prolifération des armes légères en AFRIQUE MEMOIRE DE GEOPOLITIQUE DU CHEF DE BATAILLON COULIBALY BAMORO Dans le cadre de l'étude dirigée" LES MENACES NON MILITARES DE NIVEAU STRATEGIQUE. DIRECTEUR: MR XAVIER RAUFER Directeur des études du centre universitaire de recherche Sur les menaces criminelles contemporaines (université Panthéon-assas,ParisII ) avril 2001 1 "La prolifération des armes légères en Afrique" SOMMAIRE Le phénomène de prolifération des armes légères en Afrique De quoi parle-t-on ? Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi en est-on arrivé là ? L'impact de ce phénomène sur la société africaine Les conséquences sociales Les conséquences économiques Les conséquences politiques Comment éradiquer ce phénomène ? L'initiative Ouest africaine La réaction française et la volonté affirmée des Etats Unis L'option onusienne Autres propositions 2 INTRODUCTION Le dernier demi siècle a été consacré essentiellement à la maîtrise des systèmes d’armes majeurs et des armes nucléaires; systèmes d’armes dont l’accumulation a maintenu tout une génération humaine sous la menace permanente de mort apocalyptique. La raison humaine a prévalu fort heureusement, la guerre nucléaire n’a pas eu lieu et depuis la fin des années1980, avec la disparition de l’une des deux superpuissances du système bipolaire qui alimentait la compétition stratégique mondiale, l’on a assisté à la résorption progressive de la course aux armements nucléaires avec les accords sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) en 1987, la signature du premier traité de réduction des armes stratégiques en 1991 (START), l’adoption du premier traité d’interdiction complète des essais nucléaires en 1996, le renouvellement pour une durée indéterminée du traité de non prolifération (TNP) et la signature du traité de PELINDABA qui établit une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique en 1996, après les traités de TLATELELCO et RAROTONGA, respectivement en Amérique latine et dans le Pacifique sud. Si de substantiels progrès ont étés manifestement accomplis dans le domaine de la maîtrise des armes nucléaires, il n’en va pas de même dans le domaine des armes conventionnelles en général, et des armes légères en particulier dont l’accumulation et la prolifération anarchique à travers le monde menace de constituer un des plus graves dangers contre la stabilité des Etats et du système international contemporain . En effet, l’Afrique offre de nos jours un spectacle particulièrement préoccupant; or sa situation actuelle est en grande partie liée à la prolifération des armes légères; c'est pourquoi une pleine compréhension de ce phénomène s'avère nécessaire en vue d’une tentative d’éradication . Il ne s'agit pas simplement de réaliser une comptabilité désincarnée de ces outils primaires de la violence que représentent les armes légères, mais de comprendre que c'est la survie des sociétés africaines d’aujourd’hui et de demain qui est en jeu. Du coup, parmi les multiples défis qui interpellent l’Afrique et le système international 3 contemporain en ce début de vingt et unième siècle, il nous faut nous convaincre que la maîtrise des armes légères figure en bonne place. Pour contribuer à relever ce défi, l’on tentera à travers ces lignes, de déterminer le phénomène, d'en évaluer les multiples impacts(social, politique ,économique ) avant de proposer quelques approches politico-stratégiques en vue de sa maîtrise . * * * 1 ère partie: Le phénomène de prolifération des armes légères en Afrique. 11/. De quoi parle-t-on ? Le vocable d’arme légère recouvre des réalités diverses et variées qu’il convient de cerner avec précision pour mieux appréhender notre sujet. En effet, les armes légères se définissent par leur calibre, par leur encombrement, par leur poids ou par leur fonction. Ainsi est classée dans la catégorie des armes légères, toute arme, nécessitant peu d’entretien, aisée à transporter ( par un individu à pied, à cheval ou par véhicule léger ); est aussi classée dans cette catégorie toute arme de moins de 100mm de calibre.Ce qui recouvre un arsenal assez effrayant, allant de l’arme blanche au revolver, en passant par la carabine, le fusil d’assaut, (SIG, FAL, FAMAS, Kalachnikov)etc ,éventuellement le lance roquette ( LRAC), le lance missile léger ( MILAN ), le mortier de 60mm etc. 4 Les caractéristiques communes à ces armes dites aussi de « petit calibre » sont la discrétion, la mobilité, la rusticité, leur faible coût relatif (la kalachnikov se négocie sur différents marchés en Afrique occidentale autour de cent cinquante (150 )dollars US, parfois moins. C’est justement cette désormais universelle kalachnikov, en particulier sa version AK47, qui illustre par excellence la volatilité du trafic illicite des armes. Fusil d’assaut d’origine russe, fabriqué aujourd’hui sous licence par près de dix huit (18) pays, dans le monde, cette arme est pratiquement « increvable », précise Robin Edwards Poulton, maître de recherche auprès de l’UNIDIR, et ses munitions peuvent être fabriquées de manière artisanale. En outre, les armes légères sont définies à partir de leur fonction, plus précisément à partir des objectifs poursuivis par leurs usagers: elles seraient ainsi destinées à des conflits qui visent moins à obtenir une victoire militaire qu’à intimider un groupe adverse ou à réprimer des révoltes sociales. Et comme si cet arsenal ne suffisait pas au malheur des Africains, une autre arme, non moins dangereuse, vient s’ajouter au stock: les mines anti- personnels. Celles-ci continuent de faire des victimes, de nombreuses années après la fin des conflits. Face à une panoplie aussi complète et entièrement représentée sur le continent africain, on peut légitimement se poser la question de savoir quand et comment s’est constitué un tel stock? 12/. Comment en est-on arrivé là ? (constitution des stocks) A l’inverse de l’arme nucléaire qui certainement du fait de son pouvoir apocalyptique d’annihilation, ne possède pas une histoire militaire, mais bien une histoire politique, les armes légères qui n’entament qu’aujourd’hui leur histoire politique connaissent par contre en Afrique une histoire militaire tragiquement fournie. Cette histoire peut être fractionnée en trois périodes qui correspondent à autant de phases de mutation des relations internationales. 5 121/. Le flux initial: Le continent africain est projeté dans l’œil du cyclone par les effets conjugués des luttes pour l’indépendance et de l’intrusion des superpuissances bénéficiaires de la dérive de puissance provoquée par la ruine des anciennes métropoles coloniales au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Cette première étape des transferts massifs d’armement s’étend globalement de 1959 à 1989 et épouse les variations de la scène internationale jusqu’à la chute du mur de Berlin, avec pour l’Afrique, une précoce inflexion dès 1980. Dans ce contexte général de course aux armements qui marque cette époque, et où les dépenses militaires ont atteint leur point culminant, passant de 287 milliards de dollars à 663 milliards de dollars, les conflits au Vietnam, en Corée et en Afrique constituent les principaux catalyseurs de l’escalade. Ainsi, minimes statistiquement, entre 0,32% des dépenses militaires mondiales en 1959 et 2,09% en 1985, les importations d’armes des pays africains subsahariens n’en dépassaient pas moins le niveau de croissance mondial jusqu’en 1977 avant d’amorcer précocement une pause. A ce titre d’ailleurs, il est possible d’avancer que les signes avant-coureurs de la détente et des profondes mutations survenues après 1989 dans les relations internationales étaient décelables dans les tendances du sous continent africain. D’une certaine manière ces statistiques ne rendent qu’impartialement compte des dimensions véritables du problème de la prolifération des armes légères étant donné l’ampleur des transferts non officiels empruntant les voies clandestines et concernant essentiellement ces dernières. Les conflits au Congo, les guerres d’Algérie et du Biafra allaient aspirer de cette sorte une quantité impressionnante d’armes légères; des stocks non répertoriés devenus un gisement qui a alimenté pendant des décennies les flambées de violence récurrentes en Afrique. Le bilan pour la seule Algérie de l’ingénieux dispositif SURMAR(surveillance maritime) mis en œuvre par l’Amiral GELY, Préfet maritime de la quatrième Région permet de se faire une idée de la densité des flux parallèles. Son filet jeté au delà des eaux territoriales, couvrant les 1300 km de côte algérienne et intégrant des moyens 6 navals hétéroclites allant de la barque de pêche à l’escorteur, aura permis de mettre la main sur plus de 800 tonnes d’armes et explosifs, « soit l’équivalent de la totalité de l’armement du FLN (Front de libération nationale ) lors de l’indépendance » Si l’on sait sur la base d’un fusil pesant 5 kg, que 50 tonnes équivalent aux 10 000 fusils nécessaires pour équiper une faction des troupes sécessionnistes du Katanga ou du Biafra et que un million de cartouches nécessaires à cette même faction pour tenir qu’une semaine représente 30 tonnes de fret, on peut, par extrapolation, avoir une idée du volume des stocks et l’ampleur de la charge létale introduite des années durant le long des dizaines de milliers de kilomètres de côtes d’Afrique laissées pratiquement sans surveillance. Bien mieux, en considérant l’arme légère comme unité et indicateur du degré de la violence politique potentielle, on imagine aisément le futur immédiat de la plupart des Etats africains après la chute du mur de Berlin et le désintérêt géostratégique concomitant des grandes puissances causé par la disparition du péril rouge. Ce dernier événement majeur constitue un repère important en ce qu’il marque le deuxième temps de la prolifération des uploads/Litterature/ armes-legeres-afrique.pdf

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