Jules Lair Mémoire sur deux chroniques latines composées au XIIe siècle à l'abb

Jules Lair Mémoire sur deux chroniques latines composées au XIIe siècle à l'abbaye de Saint-Denis. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1874, tome 35. pp. 543-580. Citer ce document / Cite this document : Lair Jules. Mémoire sur deux chroniques latines composées au XIIe siècle à l'abbaye de Saint-Denis. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1874, tome 35. pp. 543-580. doi : 10.3406/bec.1874.446574 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1874_num_35_1_446574 MEMOIRE SUB DEUX CHRONIQUES LATINES COMPOSÉES AU XIIe SIÈCLE A L'ABBAYE DE SAINT-DENIS. Le manuscrit de la Bibliothèque nationale, fonds latin, n° \ 2,740, où se trouvait le fragment inédit des œuvres de Suger précédem ment publié dans ce recueil1, nous avait paru mériter une étude spéciale. Aujourd'hui, nous nous proposons de démontrer : Que ce ms. a été le cahier de notes d'un de ces auteurs qui, vers le хне siècle, prirent à tâche de composer une histoire de France ; Que ce projet a été réalisé par la rédaction de deux ouvrages, dont l'un est resté inédit, dont l'autre a été deux fois publié, mais sans qu'on ait bien nettement reconnu sa provenance; Que ces deux compilations ont joui au Moyen-Age d'un certain crédit, puisqu'elles ont été pour partie traduites dans des ouvrages célèbres, à savoir : la Chronique rimée de Philippe Mouskes et les Grandes Chroniques de Saint-Denis ; Que ce crédit était justifié par leur origine, qui, selon nous, ne doit pas être cherchée ailleurs qu'à l'abbaye même de Saint-Denis, où existait, disait-on, le dépôt des archives royales2 et où l'on com mençait déjà ces essais d'histoire nationale dont la dernière expres sion se trouve dans les Grandes Chroniques; 1. Bibl. de l'École des Chartes, XXXIV, 583. 2. In archivo regali. Cette expression se trouve dans le préambule de YHis- toria Tllpini contenue dans noire ms., f° 69 v\ J Enfin, que ces travaux furent entrepris dans les dernières années du xne siècle, c'est-à-dire par quelque disciple de Suger ou d'un de ces abbés de Saint-Denis, ses successeurs, qui, associés par la juste confiance des rois à la direction des affaires, eurent à cœur de con server pour la postérité l'histoire de la patrie française. Nous diviserons ce travail en trois parties. Dans la première, on trouvera la description du ms. \ 2,7-10, recueil des matériaux réunis par notre auteur ; La seconde fera connaître son premier ouvrage, que nous désigne rons par le nom de Nova Gesta Francorum; La troisième enfin concernera son autre chronique, à laquelle nous conserverons le titre sous lequel l'a publiée le premier éditeur : Abbre- viatio Gestorům Regum Francorum. PREMIERE PARTIE. Haut de 25 centimètres, large de 18, notre manuscrit se com pose de cahiers de parchemin in-octavo. Il porte deux paginat ions, qui diffèrent entre elles après le fol. 29, par suite de la dis parition d'un cahier qui contenait les folios 30 à 37. D'autre part, quelques feuillets (4 et 24) semblent avoir été déplacés. Le parchemin est de médiocre apparence ; ce sont des morceaux de rebut qu'un savant économe a couverts d'écriture sur leur sur face entière. Ces écritures, car plusieurs mains ont évidemment travaillé à ces copies, appartiennent à la fin du xne siècle. Elles sont, en général, fines, hérissées de signes abréviatifs ; les textes les plus différents se suivent sans titres distinctifs. Cest probable ment à cette apparence inculte que ce ms. doit d'être resté jus qu'à ce jour détenteur inconnu de son secret. Le plus ancien renseignement sur son histoire individuelle date du xvie siècle et se trouve consigné sur le dernier f° : « Iste liber pertinet ecclesiœ Sancli Folliani prope Rodium. Les- sar. » Lessar est le nom delà personne qui cataloguait le ms. Rodium est Rœux, petite ville de Belgique, à trois lieues de Mons, dans le voisinage de laquelle se trouvait l'abbaye de Saint- -MS Foillian. De là, sans que nous sachions comment, ce volume passa dans la bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés, où il porta suc cessivement le n° 646 et le n° 1085. Dom Bouquet et l'abbé Lebeuf l'y consultèrent. A une époque plus voisine de nous, et après son transfert à la Bibliothèque nationale, M. Paulin Paris, M. Gaston Paris, notre savant confrère, et M. Le Coy de La Marche l'ont examiné à des points de vue divers. M. Waitz l'a minutieusement analysé, lorsqu'il préparait, pour la collection de M. Pertz, son édition des ouvrages de Hugues de Sainte- Marie. Mais, égaré dès le début de son étude, il n'a pu recon naître la valeur de cet ensemble de documents, qu'il a, tout au contraire, méprisés comme un amas de fables monacales. Nous ne commettrons pas à notre tour l'injustice de contester la valeur de la laborieuse et compacte dissertation du savant allemand. Loin de là, nous nous félicitons de ce que l'érudition germanique n'a pas poussé plus loin son invasion sur un territoire qui est nôtre et que nous devons toujours, soit défendre, soit reconquérir. Plus clairvoyant, M. Leopold Delisle avait déjà reconnu dans ce ms. la deuxième rédaction de l'ouvrage de Guillaume de Jumièges et, frappé par diverses marques d'originalité., avait bien voulu attirer mon attention sur ce précieux recueil i. Il convient maintenant de donner l'indication des documents contenus dans notre livre. Plusieurs ont une importance capitale ; mais on comprend qu'il est impossible de présenter ici toutes les observations dont chacun d'eux pourrait être l'objet. Aussi les indiquerons-nous seulement à l'attention du lecteur. En voici la liste sommaire : F°l. « Imperante piissimo Hludovico imperatore, antequam dissentio oriretur inter eum et très fllios ejus — Quo modo vero contigit ipsemet pleniter retulit enarratione tali. » Ce passage se retrouve avec quelques modifications dans Г Abbreviatio Gestorům Regum Francorum, publiée par D. Bouquet, et dans le § 20 de Y Historici Regum Francorum monasterii Sancti Dionisii, publiée par M. Waitz dans la collection de Pertz. En réalité, Y Abbreviatio et YHistoria ne présentent qu'un même ouvrage, sur lequel nous aurons à nous expliquer plus tard. 1. Notice sur Orderic Vital, p. lxxxv, en lête de l'édition d'Orderic Vital, publiée par A. Le Prevosl, pour la Société de l'Histoire de France. 546 F0 1. « Visio Karoli. Ego Karolus... — Calvi Hludovicum im- peratorem, patrem nostrum, referre audivimus. » Cf. Hist. Regum Franc, monast. S. Dionysii, § 21-23. F0 1 v°. « Incipit descriptio qualiter Karolus Magnus clavum et coronam Domini a Constantinopoli Aquis Grani attulerit, qua- literque Karolus Calvus hsec ad Sanctum Dyonisium attulerit. Tempore quo Rex et Imper ator.. — ab mfernalibus claustris ductus est in infernum et cet. » V. sur ce texte Lebeuf, Mém. de l'Acad. des Insc. XXI, 126; Lambecius, Commentaria de A. BibliothecaCœsarea Vindob., II, 362; G. Paris, Hist. poét. de Charlemagne, p. 57. M. G. Paris regarde notre ms. comme le plus ancien de ceux où se trouve T Iter Jerosolimitanum. F0 5 r°. « Narratio clericorum Remensium super depositionem Ebbonis. Déférente omni populo. — nobiliter sepeliunt. » Cf. Bouquet, VI, 251, où ce texte est publié d'après notre ms. F. 6 r°. « Ex génère Priami iuit Meroveus qui genuit Childe- ricum... — turbas, adversis episcopis, consecrati sunt. » F° 12 v°. Comme ce texte Ex génère Priami des Nova Gesta Fran- corum est le prototype d'une des Chroniques que cette notice a pour objet de faire connaître, nous en donnerons une analyse détaillée. Dans sa première partie, ce document reproduit le Demajori- bus domus regiœ, Bouquet, II, 699, jusqu'à «Quorum alter hoc est Karlomannus, ibid. 700, С. » A ce texte est rattaché, avec une soudure, un emprunt à la Chronique d'Àdon, « Carlomannus et Pippinus contra Hunaldum ducem » Bouquet, II, 671, E ; V, 316, D ; VI, 190 ; VII, 55, jusqu'à ce passage de la Continuatîo ex auctore àno- nymo, « Quorum alter Ludovicus post très annos moritur, ad ann. 876. » f° 10 v°. Suivent, sous la rubrique Ex gestis Francorum, des extraits delà continuation d'Aimoin (liv. V, c. 33) : « Eo tempore post- quam defuncti sunt cuncti nepotes Karoli régis » et aux démêlés de Hincmar, jusqu'à : «quod argumentům, sicutfactioetnonracio, imperfectum remansit. » А се moment commence une reproduction du texte auquel M. Waitza donnéle nom à' Historia Franc. Senonensis (ann. 879) :<<PosthœcdefunctusestLudovicus,rexFrancorumf°llr°. » La copie ne comporte que deux différences. On ne trouve pas les passages : « secundo autem anno post haec apparuerunt (ann. 938) ; » et : « Anno J.-G. 998, obiit Hugo rex — piissimus et modestus. » Notez ces différences qui nous serviront d'indices plus tard. Puis (fol. 12 r°), à. partir de l'année 1015, le récit est continué à l'aide de l'ouvrage appelé Historia Moderna, que M. Waitz attribue à Hugues de Sainte-Marie. Il finit par les mots : « A diversis episcopis consecrati sunt. » F0 12 v°. Nous devions signaler tout particulièrement ce texte « Ex génère Priami... — consecrati sunt » à l'attention du lecteur. C'est lui en effet qui constitue la charpente de la composition médite que nous avons dessein de faire connaître. En résumé, il est composé des extraits suivants : Libellus uploads/Litterature/ article-bec-0373-6237-1874-num-35-1-446574.pdf

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