Article général sur l’histoire du manga et de son succès mondial Ariane Beldi (
Article général sur l’histoire du manga et de son succès mondial Ariane Beldi (ariane[*at*]ariane[*tiret*]beldi[*dot*]ch) http://www.ariane.beldi.ch ~ N.B. ~ Ce texte est encore à l’état d’ébauche et nécessite des corrections aussi bien au niveau orthographique qu’au niveau du contenu. (Printemps 2014). Cet article est mis est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International. LES MANGAS : EN FINIR AVEC LES PRÉJUGÉS ET LES MYTHES Définition du manga Société japonaise du 19ème siècle comme berceau du manga. Potentiel global du manga Frederick Schodt, un ancien correspondant du Wall Street Journal à Tokyo reconverti en fan et traducteur de mangas, définit le manga de la manière suivante: "Une longue tradition artistique [japonaise] du divertissement qui a adopté une forme physique importée d'Occident." (Frederick Schodt, 1996: 21). Né au Japon, il y a environ 150 ans, d'une rencontre entre l'art souvent outrancier de l'estampe et le dessin de presse satirique importé par les occidentaux, le manga est devenu aujourd'hui un vecteur culturel au potentiel global. Mélangeant les influences artistiques occidentales et japonaises, le manga est devenu un langage visuel à lui-seul où le texte n'a qu'une fonction d'ancrage (Frederick Schodt, 1996: 26). C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on peut souvent comprendre ces récits dans leur version originale, sans savoir lire le japonais. Comme les estampes du 18ème et 19ème siècle, les mangas déclinent tous les genres, tous les thèmes possibles et imaginables, s'adaptant aux goûts de publics variés. De fait, la majorité des Japonais en lisent. Après être entré dans les habitudes de vie de l'ensemble de la société nippone et saturé le marché national, le manga a alors déployé ses ailes (commerciales et culturelles) pour aller à la rencontre du monde. On pourrait d'ailleurs presque parler de retrouvailles puisque ces séries se présentent souvent sous une forme familière, en feuilletons, avec ses bulles et ses cases séquencées. Son potentiel global se manifeste aussi dans sa capacité à réinterpréter des récits historiques, mythologiques et littéraires appartenant à un patrimoine lui-même mondialisé, pour ensuite en diffuser une vision reflétant les aspirations, les fantasmes et les préoccupations de la société japonais moderne. I. Un mot, deux idéogrammes et toute une histoire de dessins Origine du terme manga Usage actuel du terme au Japon et en Occident Le terme "manga" existait déjà au 18ème siècle pour désigner des recueils d’estampes, mais c'est Hokusai Katsushika (1760-1849) qui a véritablement contribué à populariser son utilisation (Wikipédia FR, Manga, Frederik Schodt, 1983). Composé de deux idéogrammes, man- [漫], pouvant signifier incongru, irrévérent, dérisoire et - ga [画], dessin ou esquisse, il désignait alors des portraits de personnages grimaçants pris sur le vif par le célèbre peintre. Un premier album réunissant une sélection de ces esquisses fut publié en 1814, sous le titre de Hokusai Manga. Il rencontra un tel succès populaire que l’artiste produisit encore neuf volumes de ces illustrations pittoresques dans les cinq années qui suivirent. (Chantal Kozyreff, Encyclopaedia Universalis, 2004) Les Japonais du 21ème siècle appellent manga toute bande dessinée, occidentale ou orientale. Il leur arrive aussi d'inclure dans cette catégorie certaines productions littéraires ou artistiques, telles que des romans illustrés dans le style manga (Frederick Schodt, 1996: 293). Pour les puristes occidentaux, seules les bandes dessinées d'origine nippone peuvent prétendre à la qualification de "manga". L’ouverture du Japon au commerce extérieure, sous la menace militaire américaine en Article général sur l’histoire du manga et de son succès mondial (brouillon) Ariane Beldi – (ariane[*at*]ariane[*tiret*]beldi[*dot*]ch) 2 Brève description du contexte socio- politique au 19ème siècle Naissance de l’industrie de la presse japonaise Eloignement progressif du modèle anglo- saxon et émergence d’une spécificité éditoriale japonaise dans l’industrie de la presse. 1853, met un terme à 265 ans d’auto-isolation et propulse le Japon dans la modernité, le faisant passer en moins de vingt ans d'un état féodal à celui d'état-nation! Cette période de transition se caractérise par une sorte d'intense hybridation entre la civilisation héritée de l'ère Edo (1603-1868) et les influences occidentales qui imprègnent progressivement toutes les institutions de la société japonaise (Frederick Schodt, 1983 : 38). Une bonne partie de la population japonaise de l’époque mène un mode de vie fortement urbanisé et a déjà développé les bases du divertissement de masse moderne, avec une production artisanale d’estampes, caractérisée par la division du travail et un rendement quasi-industriel. La classe marchande, relativement aisée, apprécie tout particulièrement les Otsu-e, Ukiyo-e et autres types de récits dessinés, imprimés sur bois, pour leur style distrayant et leur prix très abordable. A l’arrivée des journaux occidentaux, les Japonais découvrent l’art des caricatures et des comic strips, dans lesquels ils décèlent beaucoup de traits communs avec leur longue tradition graphique. En effet, les deux formes de récits illustrés font la part belle au grotesque, à l’exubérance moqueuse et à l’outrance, traitant de tous les thèmes, aussi bien mythologiques, classiques que quotidiens. Pris d’une sorte de frénésie de transformation de toutes leurs institutions, les Japonais ne tardent pas à s’approprier les techniques de dessin qui ont cours en Europe et aux USA, notamment les perspectives, et les proportions physiologiques réalistes, ainsi que les tramages. Dans le même mouvement, ils s’approprient rapidement un nouveau mode de narration qui commence aussi à s’imposer dans les comics strips, à savoir l’usage des bulles de dialogues et des vignettes découpant l’action et les scènes (Frederick Schodt, 1983 : 33-40). Les nouvelles technologies d’impression, plus rapide et moins chères que celles utilisées jusque-là par les fabricants d’estampes, permettent au Japon de se doter en peu de temps d’une véritable industrie de presse et d’édition de masse (Frederick Schodt, 1983: 41). Aussi bien au Japon qu’en Occident, les années 1900-1945 voient la presse occuper désormais un espace de plus en plus important dans la vie quotidienne des gens. Les dessins satiriques ainsi que les comics strips aident les lecteurs à supporter un quotidien dramatiquement chamboulés par les terribles évènements de cette première moitié de siècle. Les journaux et magazines anglo-saxons continuent de servir de modèle, mais on commence à voir émerger des pratiques éditoriales qui s'en éloignent et qui marquent peu à peu la spécificité japonaise. C'est ainsi que naît, en 1914, Shonen Club, le premier mensuel consacré entièrement à la bande dessinée pour adolescents, en 1923, Shojo Club, le premier magazine consacré aux histoires pour fille et en 1926, Yonen Club, pour les plus jeunes. Des séries sont pré-publiées dans ces magazines de 20 pages qui permettent d'évaluer leur succès, avant de recueillir leurs épisodes dans des albums en reliure cartonnée de luxe (Frederick Schodt, 1983: 51). C'est ainsi que le secteur éditorial du manga commence progressivement à se détacher de celui de la presse pour devenir un média de divertissement à part entière. Paradoxalement, la machine de propagande, mise en place pour soutenir moralement l'entreprise de conquête territoriale dans laquelle s'est engagé le Japon, va largement contribuer au développement du manga, pour en faire un des modes de distraction préférés des Japonais. II. Naissance d’un langage visuel Démarrage d’une véritable industrie consacrée au manga sur les décombres de la 2ème Guerre Mondiale. Le traumatisme des deux bombes nucléaires ainsi que l'humiliation de la défaite du Japon, forcé de s'incliner face aux Américains et d'accepter leur présence d’occupation, favorise alors le démarrage d'une véritable industrie de masse du manga. Au sein d'une société entièrement mobilisée pour sa reconstruction économique et politique, le manga représente pratiquement le seul divertissement bon marché et rapide qui puisse s'insérer dans une vie autrement uniquement consacrée au travail. Pour répondre à cette demande massive, de nouvelles maisons d'édition se créent, à Tokyo notamment (Frederick Schodt, 1983: 63). Celles-ci introduisent une innovation majeure en terme d'édition et de recrutement de dessinateurs: la possibilité pour tout créateur en herbe de soumettre quelques pages et, pour les Article général sur l’histoire du manga et de son succès mondial (brouillon) Ariane Beldi – (ariane[*at*]ariane[*tiret*]beldi[*dot*]ch) 3 Le tournant Osamu Tezuka – introduction des techniques cinématiques inspirées de Hollywood dans la narration et développement extensif des onomatopées (bande-son) meilleurs, de les voir publier. Ces jeunes auteurs peuvent alors espérer un jour travailler en tant que mangaka professionnel pour l'un ou l'autre de ces mensuels de prépublication (Frederick Schodt, 1983: 66). Plusieurs séries, mettant en scène les efforts de régénération de la société et de son économie, sont publiées, dont Sazae-san (1946 – aujourd’hui) qui provoque une véritable frénésie commerciale, annonçant la société de consommation encore en gestation (Frederick Schodt, 1983: 61). 1947 marque un tournant fondamental pour l'art du manga et toute l'industrie du divertissement qui en découlera. Cette année-là, un jeune auteur, Osamu Tezuka (1928-1989) propose une œuvre, Shin Takarajima (Nouvelle Ile au Trésor), dans laquelle il introduit des techniques cinématiques et un style de dessin inspiré directement par Hollywood. Il y développe aussi les onomatopées, récemment inventées par la bande dessinée américaine et en fait de véritables bandes sons pour ses récits de papier (Frederick Schodt, 1983: 62). D'une certaine manière, Tezuka est un animateur et metteur en scène, doublé d'un scénariste, plutôt qu'un dessinateur et auteur uploads/Litterature/ article-general-sur-l-x27-histoire-du-manga.pdf
Documents similaires










-
29
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 01, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 0.3392MB