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1/17 www.philippebilger.com /blog/2011/06/sainte-fourest-.html Justice au Singulier 02 juin 2011 Caroline chérie ! Il y a quelque chose qui d'emblée, en deçà de tout échange, m'a mis mal à l'aise face à Caroline Fourest. Je suis sûr que pour elle, les rares fois où nous nous sommes rencontrés, la sensation a été la même. Rien de commun entre elle et moi. J'ai été évincé d'une émission théoriquement de libre parole ("Cactus" sur Paris Première, aujourd'hui supprimée) parce que je m'en étais pris trop vivement - j'en suis persuadé - à elle qui devait demeurer "intouchable". Pour être franc, dans cet agacement immédiat, il y a sans doute une sorte de saturation devant la surabondance de ses prestations médiatiques : chroniqueuse au Monde, à France 24, à France Culture, à France Inter... Elle suscite une adhésion sans réserve, tant au regard de ses livres que de ses positions jamais analysées en profondeur. Par exemple ce portrait inconditionnel, par Marie-Laure Delorme (Le Journal du Dimanche), à propos de son dernier ouvrage sur Marine Le Pen, co-écrit avec Fiammetta Venner. Il y a aussi, et bien plus, la roublardise fine, intelligente et rentable avec laquelle elle joue de ses atouts pour faire frémir d'aise la modernité progressiste autour d'elle. Discrète sur ses orientations intimes mais venant au soutien de toutes les minorités sexuelles, elle s'engouffre avec volupté dans les béances que le délitement de notre société fait surgir ; elle s'est surtout fait une spécialité du "travail", comme elle l'affirme avec audace, sur l'extrême droite et les religions. Jeanne d'Arc dévotement laïque et féministe ennuyeuse et totalitaire ! Son tour de force est de tromper son monde et d'avancer, de penser masquée. Félicitée par beaucoup, qui ne l'ont pas lue, pour son combat contre les extrémismes, elle vogue sur l'air du temps, sans trop de rigueur factuelle ni théorique, gagne des suffrages confortables et faciles en dénonçant le Front national - cela relève, de nos jours, du réflexe ! - et en insinuant contre l'islam et le catholicisme. Son habileté tient au fait que, derrière la condamnation apparente des intégrismes, elle fait passer sans cesse, avec une perfidie suave, sa haine douce du fait religieux. Ce dernier, en tant que tel, si on l'écoute bien serait répréhensible et dangereux mais elle se trouverait en peine pour nous démontrer quel serait, selon elle, le catholicisme acceptable ou l'islam supportable. Sous une bannière parfois justifiée et pertinente mais souvent approximative et démagogique, elle sussure, au prétexte de s'en prendre à sa part extrémiste, son hostilité à l'encontre du tout religieux. Elle fait se téléscoper et coagule l'inadmissible avec l'honorable. Elle a déniché un filon qui rapporte intellectuellement et médiatiquement. Il suffit, pour se convaincre de cette fausse retenue mais de cette vraie intolérance, de se rappeler un dialogue qu'elle a eu avec Eric Zemmour (Le Post). Avec quelle délectation elle se réjouissait d'avoir apporté sa pierre à la "destruction de la famille patriarcale" et fustigeait "l'Occident judéo-chrétien" ! Les décompositions 2/17 l'enchantent à l'évidence. Qu'elle ait des idées nourries par ses tréfonds et ses blessures intimes, comme nous tous, ne me rassure pas, puisqu'elles se rapportent à des hostilités et à des dissidences bien ciblées dont le convenu d'aujourd'hui a besoin ! Caroline Fourest est douée d'un indéniable talent pour "rouler" son interlocuteur dans le velours alors que derrière, son regard manifeste à quel point son esprit est une machine de guerre beaucoup plus intolérante que les causes qu'elle pourfend. L'apparence tranquille, le ton modéré, l'impression qu'elle donne parfois de s'adresser avec patience et componction à des débiles, puisqu'ils ne pensent pas comme elle, cachent mal la froide résolution d'une personnalité qui ne s'embarrasse ni de détails ni d'exactitudes pour atteindre son but, qui est de constituer Caroline Fourest avec son histoire, ses préjugés, ses obsessions comme un modéle pour la société d'aujourd'hui. Sa feinte modestie ne l'empêche pas de se citer subtilement en exemple. Elle n'est pas loin de parvenir à ses fins, à considérer le battage presque unanime qui l'accompagne. Heureusement, il y a des résistants. Avec ma modeste contribution, je ne me mets pas dans le lot. En revanche, Pascal Boniface vient de publier chez un éditeur courageux, Jean-Claude Gawsewitch, un livre passionnant et, lui, documenté, sur "Les intellectuels faussaires". Caroline Fourest s'y voit évidemment consacrer - aux côtés notamment de BHL - une place de choix, surtout au sujet de toutes les erreurs, approximations, généralisations abusives, détournement de citations, qui ont pu être relevés dans certains de ses livres et dans ses affrontements divers avec Tariq Ramadan - on n'est pas obligé d'apprécier celui-ci pour s'en scandaliser. "La Tentation obscurantiste", pourtant dénoncé par des spécialistes reconnus de l'islam, a obtenu le Prix du Livre Politique. Elle gagne à tout coup. Face à des ignorants et à des bonnes et "généreuses" consciences, c'est l'apparence du Bien qui compte, pas la validité ni la profondeur du discours. Décidément, Caroline chérie ! Je voudrais terminer en évoquant sa récente intervention sur France Inter pour la promotion de l'ouvrage sur Marine Le Pen. Elle connaît bien la station, et pour cause ! Ce qui m'importe, c'est ce qui s'est déroulé durant la demi-heure où Patrick Cohen, Thomas Legrand et des auditeurs l'ont questionnée, avant le billet de Sophia Aram et l'insupportable publicité quotidienne pour "5/7 Boulevard" de Philippe Collin. Le registre est tout autre que celui de Nicolas Demorand mais j'appréciais celui-ci et je suis attaché à Patrick Cohen. A cause de cette sympathie médiatique, j'ose faire part de mon inquiétude. Coincé entre une Pascale Clark qui se croit drôle et piquante avec ses saillies navrantes auxquelles il se sent obligé de répondre à son esprit défendant, et une Sophia Aram qui continue à se servir de son propos comme d'une tribune personnelle, fustigeant "les simples d'esprit" qui ont le malheur de ne pas être de son avis et de sa partialité, Patrick Cohen devrait davantage songer à lui. Je serais déçu s'il se banalisait en quittant une objectivité à la fois froide et aimable pour tomber dans un conformisme qui n'est que trop prisé par les médias. S'abandonnant à des approbations peu communes chez lui, il s'est abstenu d'apporter la moindre contradiction à Caroline Fourest. Dans ces conditions je me suis interrogé sur la difficulté de sa tâche quand la campagne présidentielle le conduira à devoir dialoguer avec tous les candidats, Marine Le Pen comprise. Quand un livre militant est promu - "un travail sur..." ! -, ne conviendrait-il pas, pour épargner Patrick Cohen, qu'un tiers vienne objecter et un peu refroidir l'enthousiasme ? Ce billet ne changera rien. Il me fait du bien. J'éprouve depuis toujours une sainte horreur devant l'encens injustifié versé à foison. Alors, juste une piqûre d'épingle sur la réputation de Caroline chérie. Ce 3/17 n'est rien. Commentaires Je suis ulcéré par les prises de position de Caroline Fourest, qui relèvent de la malhonnêteté et/ou de l'approximation intellectuelles. En cherchant ce qu'on disait d'elle sur Internet, j'ai trouvé votre article très critique, mais aussi très vrai. Je vous écoute avec bonheur dans "On refait le monde" sur RTL et je vous écouterai encore plus attentivement désormais. Merci M. Bilger ! Rédigé par : Bob Silvery | 11 mars 2012 à 22:57 Votre article sur la Divine sainteté de Caroline F... est aussi judicieux que la sainte ignorance de nos élites laïcardes, qui de Marine Le Pen à Sarkozy, Hollande, Mélénchon, ne savent même plus lire Legendre, H.Corbin, Bataille ou Jacques Lacan sans ressortir les théories de l'imposture (Alan Sokal) ou l'argument sophiste et paresseux de "réactionnaire". A Tariq Ramadan, préfère-t-on l'image banalisée par Pujadas sur la 2, de l'arabe ignorant et délinquant ? Divine comédie intellectuelle de la gauche écrivait Baudrillard, gauche qui ne sait plus penser aucun hiérologie religieuse libératrice ! JLB Rédigé par : blaquier | 31 janvier 2012 à 07:45 Bien qu'ayant souvent eu la sensation qu'en effet, Caroline Fourest était une croisée de l'antireligieux, si j'ose cette expression, je dois dire cependant tout d'abord qu'elle a bien sûr le droit de penser que les religions sont inutiles, ensuite que je l'ai entendue prendre des positions modérées sur des questions où la rumeur médiatique au contraire poussait à l'excès. Je comprends donc d'où elle parle, je comprends aussi qu'elle tente de faire preuve d'un certain recul même si elle est loin de toujours y parvenir. Il me semble que tout cela suffit à pouvoir l'entendre en toute conscience, et à trouver ses positions et analyses enrichissantes quoique (et heureusement !) toujours discutables. Rédigé par : B | 28 décembre 2011 à 16:55 La littérature m'intéresse aussi, mais j'aimerais bien de la matière première. Une citation, un passage précis et des critiques précises à partir desquelles on puisse commencer à travailler. Le billet de Philippe sur Caroline ne m'a strictement rien donné de concret sous la dent. Rédigé par : Christophe brass | 04 décembre 2011 à 19:42 Caroline Fourest... de digressions en diversions __________ La mâchoire serrée et la dent dure, les lèvres pincées, des yeux de laborantin uploads/Litterature/ article-sur-c-fourest-par-bilger.pdf

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