Au sujet des fondements de la théorie linguistique de Louis Hjelmslev Author(s)

Au sujet des fondements de la théorie linguistique de Louis Hjelmslev Author(s): Colette Feuillard Source: La Linguistique, Vol. 36, Fasc. 1/2, Les introuvables d'André Martinet (2000), pp. 71-94 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30249305 Accessed: 02-03-2017 17:33 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to La Linguistique This content downloaded from 193.194.76.5 on Thu, 02 Mar 2017 17:33:19 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms AU SUJET DES FONDEMENTS DE LA THEORIE LINGUISTIQUE DE LOUIS HJELMSLEV* Cet article, qui a fait dicouvrir en France la glossematique, montre que sur points les choix thioriques de Hjemslev itaient proches de ceux que l'on retrouve en particulier dans Syntaxe geninrale (Paris, A. Colin, 1985): empirisme, bi de manire partiellement diftrente par les deux auteurs, dimarche diductive, refu d'existence, caractxre arbitraire des concepts, soulignd par le principe de stipulati net. Nianmoins, ces choix thdoriques ont conduit a des applications difrentes dichotomie forme/substance posde par Saussure et considirant que la substance domaine de la langue, Hjelmslev a ilabord une linguistiqueformelle, alors que Ma cieux des faits linguistiques et de leur rapport a l'expirience a rdintroduit la subs loppi une linguistique fonctionnelle, fondle sur le rdalisme. par Colette FEUILLARD Universite Rene' Descartes, Paris V Louis Hjelmslev nous expose, dans un livre d'une extraordinaire principes de sa theorie linguistique A laquelle il a donne le nom d tique. On rend hommage A la profondeur et A l'acuite de sa approuve ses efforts pour accentuer le caractere scientifique des rec guistiques. On apprecie la valeur de beaucoup de ses suggestions demande s'il est possible de suivre l'auteur lorsqu'il propose de fair ment abstraction de la substance, phonique et semantique. Lorsqu'on jette un regard reitrospectif sur les recher guistiques des annees qui ont separe les deux guerres, e cherche a degager ce en quoi elles manifestent leur or par rapport aux periodes anterieures, ce qui nous para surtout l'attention est l'importance accordee aux poin * Texte publi6 dans BSL, 43, 1946, p. 19-42. R6impression dans les Republ let, Paris, 1968. La Linguistique, vol. 36, fasc. 1-2/2000 This content downloaded from 193.194.76.5 on Thu, 02 Mar 2017 17:33:19 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 72 Epistimologie structurel et fonction triomphe incontestei et tique a continue et co methodes traditionnell surtout passive il est considerable. Mais stru marquer des points, m ils se sont heurtes A d de la pens'e. Il est enco qui s'imaginent pouv totale et integrale de l peuvent jamais en sais dont ils abordent cet demarche d'une pense thete, est de definir p seront envisages les fait il ne s'agit pas d'exam methode definie, ou s variera d'un chercheu d'abord un principe d'a proprement linguistiqu l'unit6 interne de la sc definitive de cette scien Nous n'avons pas l'inten que fonctionalisme et vue contradictoires, ni consideration d'un idiome comme une structure, ou mieux comme un complexe de structures, resulte directement d'un clas- sement des faits linguistiques oper6 sur la base de leur fonction. La phonologie a 6te la premiere tentative de quelque enver- gure pour ordonner, selon le principe autonome de la fonction linguistique, la vaste categorie des faits phoniques ou d'expres- sion. Les deviations psychologistiques qui pourraient, jusqu'a un certain point, obscurcir le jugement qu'on peut porter sur elle, n'ont 6t6 que des crises passageres de croissance qui n'ont pas empach6 de donner, des 1931, dans le projet de terminologie standardise (TCLP 4), une definition strictement fonctionnelle du phoneme. C'est d'elle que sont nees, par extension et par reac- tion, toutes les diverses tendances de la pensee structuraliste dont nous pouvons aujourd'hui constater l'existence. La glossematique, This content downloaded from 193.194.76.5 on Thu, 02 Mar 2017 17:33:19 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Au sujet des fondements de la theorie linguistique de Louis Hjelmslev 73 dont Louis Hjelmslev' est le veritable createur, peut fort bien se presenter aujourd'hui comme une discipline originale, indeipen- dante de tout ce qui a pu etre fait avant elle, les travaux de Saus- sure mis A part. Il n'en reste pas moins qu'elle s'est tout d'abord manifestee comme la prise de position de quelques linguistes danois par rapport A la phonologie. Ceci resulte clairement d'un expose que l'on trouvera dans le Bulletin de la Socigti de linguistique de Copenhague (II, 1934, p. 13 et s.). Lorsqu'en 1935, au Congres de phonetique de Londres, MM. Hjelmslev et Uldall prtesenterent sur une scene internationale le resultat de leurs recherches dans le domaine de l'expression linguistique, ils s'abstinrent soigneuse- ment de marquer ce qui les rattachait ou les opposait A la phonologie orthodoxe, desirant ainsi accentuer au maximum le caractere original de leur contribution. Mais les congressistes ne s'y tromperent pas, et d'ailleurs le terme de << phonematique >>, utilise alors par les deux linguistes danois pour designer la disci- pline qu'ils preconisaient, ne pouvait laisser aucun doute sur ses ant6c6dents. Un an plus tard, la phonematique avait vecu, ou plus exacte- ment elle s'integrait sous le nom de ce6nmatique A une discipline plus large, la glossematique. A la ce6nmatique, etude des unit6s d'expression ou cinemes (de xsv64, <<vide >>) s'opposait la ple6rma- tique, etude des unites de contenu ou pldrimes (de 7r6Xpy~ << plein >). Ainsi se trouvaient 61imin6s tous les termes qui pouvaient rappeler le r61e qu'avait joue la phonologie dans la genese de la nouvelle doctrine. Et, de fait, rien n'etait plus justifiee que l'exclusive pro- noncee contre les termes de << phoneme >> et << phonematique >>, puisque, comme nous le verrons ci-dessous, Hjelmslev et ses disci- ples pretendent etudier les faits d'expression sans ref6rence aucune A leur substance phonique, de meme qu'ils envisagent les unites de contenu en faisant abstraction de la substance A laquelle ils corres- pondent, c'est-A-dire de leur signification. Des l'e6t de 1936, on nous promettait la parution imminente d'un expose complet et definitif de la doctrine glossematique. Mais un certain nombre de circonstances, parmi lesquelles certainement le desir d'en mieux asseoir les bases theoriques, ont, 1. Dans ce nom, A la graphie si deroutante pour les Frangais, le h est muet, le j est un yod, et le v n'est pas a reproduire comme unf A l'allemande. Le premier e est ouvert et le second ferm6. Les Danois prononcent ['jdl 'msleu]. This content downloaded from 193.194.76.5 on Thu, 02 Mar 2017 17:33:19 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 74 Epistnmologie jusqu'aux dernimres n ouvrage. Nous avions d^ cations relativement su vent a des aspects parti de Louis Hjelmslev intitu parue en 1943 , nous quelque ampleur, sinon des principes generaux seulement que la langu diffusion que meriterai de prendre position, d'e Le titre, tres ambitieu ne s'agit pas de fonder linguistique. A ceux qui tique s'est, depuis longt nome, Hjelmslev repond La langue est naturellem fin. Et ceci explique qu longtemps, qu'une disci bler prendre rang par rompu les liens de vass Mais, nous dit Hjelmsle tive, elle s'est de nouve prehistoire. Et, lors mim la langue elle-mime, le pheriques: physiologiqu ques, et ainsi lui echapp table linguistique, celle ne retiendra de la lang savoir une structure su 2. Cf. notamment, de Louis Hjelm matics (Proceedings of the Second Inte intonation, quantiti (Studi Baltici, V p. 313-324); Neue Wege der Experim p. 154-194) ; Ofber die Beziehungen der tik II, 1938, p. 129-134); The Syllab Congress of Phonematic Sciences, 193 linguistique de Copenhague IV, 1937- IP Congris international de linguis (TCLP VIII, 1939, p. 51-57) ; de J of Danish (Proceedings of the Seco of Diphthongs (Proceedings of the 3. A Copenhague, chez Ejnard This content downloaded from 193.194.76.5 on Thu, 02 Mar 2017 17:33:19 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Au sujet des fondements de la thiorie linguistique de Louis Hjelmslev 75 contribution linguistique A l'6dification des sciences humaines n'en seront pas diminuees, bien au contraire. Le discr6dit dans lequel on tient, en gen6ral, les considera- tions de philosophie linguistique parait justifi6 du fait du carac- tere subjectif et a priori qu'ont assume jusqu'ici ces considerations. Il s'agit precisement de donner A la theorie linguistique A venir les bases objectives et scientifiques qui seules pourront entrainer la conviction. La condition initiale et essentielle de l'6tablissement des scien- ces de l'homme est la verification de l'hypothese qu'a tout enchainement correspond un systeme qui en permet l'analyse et la r6duction en un nombre d6termine d'616ments combinables. En matiere linguistique, la constatation de l'existence de systemes phoniques, morphologiques et semantiques auxquels sont reducti- bles les e61ments de la chaine parlee n'est pas une nouveaut6, mais il s'agit maintenant d'epuiser toutes les consequences de cette constatation. C'est A ce prix qu'on peut esperer creer defini- tivement une science du langage. A uploads/Litterature/ au-sujet-des-fondements-de-la-theorie-linguistique-de-louis-hjelmslev.pdf

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