Analyse d’un poème Automne Guillaume Apollinaire Alcools (1912) 2 Le but de ce

Analyse d’un poème Automne Guillaume Apollinaire Alcools (1912) 2 Le but de ce cours est • d’initier les élèves à la poésie littéraire • de leur montrer, à partir d’un poème très court, toute la richesse qui caractérise un texte littéraire… • et de leur faire découvrir toutes les facettes d’une œuvre d’art qui se cachent derrière texte à première vue très banal Le cours comprend les parties suivantes : 1) le texte du poème et les grilles d’analyse (pages 3-6) 2) l’analyse détaillée du poème (pages 7 – 12) 3) six transparents pour rétroprojecteur (pages 13 -18) 3 AUTOMNE 1 Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux 2 Et son bœuf lentement dans le brouillard d'automne 3 Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux 4 Et s'en allant là-bas le paysan chantonne 5 Une chanson d'amour et d'infidélité 6 Qui parle d'une bague et d'un cœur que l'on brise 7 Oh! l'automne l'automne a fait mourir l'été 8 Dans le brouillard s'en vont deux silhouettes grises Guillaume Apollinaire Alcools (1912) cagneux: - X-beinig vergogneux: - honteux (schamhaft) 4 I. Grille grammaticale Sujets Verbes d'état Verbes d'action COD-COI CC 5 II. Grille de l'imagination Noms Verbes Adjectifs 6 III. Grille sensorielle 1. Rythme 3. Rimes v.1 v.2 v.3 v.4 v.5 v.6 v.7 v.8 v.1 v.2 v.3 v.4 v.5 v.6 v.7 v.8 2. Sonorités v.1 v.2 v.3 v.4 v.5 v.6 v.7 v.8 ANALYSE DÉTAILLÉE AUTOMNE de Guillaume Apollinaire Travail préliminaire à faire à domicile : Qu’est-ce que la poésie pour vous ? Ne cherchez pas une définition savante dans un dictionnaire, mais donnez spontanément votre avis personnel. Lecture du texte : Lire le texte à la classe Ł Montrer la feuille numéro 1 : « Automne – le texte » De quoi parle ce texte ? - Le texte d’un paysan et de son bœuf qui disparaissent lentement dans le brouillard d’automne. Il parle aussi d’un cœur brisé ... A quand datez-vous ce texte ? - Le poème a été écrit en 1912, donc au début de 20e ( ! ! !) siècle Le texte est de la plume de Guillaume Apollinaire. Vous retrouvez l’élément classique d’un poème, les rimes (on y reviendra plus tard), mais ce qui devrait vous frapper est qu’il n’y a pas de ponctuation. Mais est-ce entièrement correct ? - Non, car il y a au vers 7 un point d’exclamation. Pourquoi ? Est-ce un hasard ? - Non, vu qu’il y est le seul signe de ponctuation, il a davantage de valeur et souligne le soupir, le cri du cœur « Oh ! » qu’il suit (on y reviendra également) Essayez d’ajouter les signes de ponctuation qui manquent, c'est-à-dire les points qui délimitent les différentes phrases qui composent ce poème. Combien de phrases y a-t-il ? - 1ère phrase : vers 1-3 = 3 vers = strophe 1 - 2e phrase : vers 4-6 = 3 vers = strophe 2 - 3e phrase : vers 7 = 1 vers - 4e phrase : vers 8 = 1 vers Que constatez-vous au niveau du volume des phrases ? - Les phrases sont longues au début et diminuent vers la fin. La volume des phrases va décroissant. Est-ce que le rythme des phrases est lent (langsam) ou rapide ? - Le rythme est lent, vu que les phrases sont assez longues. Les phrases longues sont donc lentes. Est-ce que cela est un hasard ? - Non, ce rythme lent est en accord avec les actions qui s’expriment dans le texte. En effet, le paysan et son bœuf disparaissent lentement dans le brouillard d’automne. La longueur des phrases souligne donc la lenteur des actions du texte. = strophe 3 7 8 Nous avons également constaté que les phrases deviennent de plus en plus courtes. Il en est de même des strophes : 3-3-2 vers. Pourquoi, selon vous, l’auteur a-t-il préféré des phrases plus courtes (et une strophe plus courte) à la fin du poème ? - Non, le volume décroissant des phrases et des strophes est à nouveau en accord avec les actions qui s’expriment dans le texte. Vers la fin on parle de la lente disparition du paysan et du bœuf dans le brouillard jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que deux silhouettes grises. La décroissance des phrases et des strophes souligne donc cette lente disparition au niveau de la typographie. Ł Montrer la feuille numéro 2 : « Ponctuation et volume des phrases » Une analyse plus détaillée du poème nous donnera encore d’autres renseignements. Sans trop entrer dans les détails, sachez ceci. Comme une peinture est composée de différentes taches de couleur disposées dans un ordre précis, comme un morceau de musique est composé de différentes notes disposées dans un ordre précis afin de donner une certaine impression, un poème est composé de différents mots également disposés dans un ordre et choix afin de donner une impression précise. Un bon peintre, un bon compositeur, tout comme un bon poète se remarque par sa faculté de bien maîtriser le choix et la disposition des couleurs, des notes, respectivement des mots. I. La grille grammaticale Procédons maintenant à l’analyse des mots qui composent ce poème en recourant tout banalement à l’analyse grammaticale, telle qu’on vous l’a enseignée en cycle inférieure. Pour ce faire, nous allons remplir les colonnes de la grille intellectuelle avec les sujets (GS), les verbes d’état (c'est-à-dire les verbes qui expriment un état (=Zustand)) est les verbes d’action (c'est-à-dire les verbes qui expriment une action), ainsi que les COS, les COI et les différents CC. Ł Montrer la feuille numéro 3 : « Grille grammaticale » Il s’agit maintenant d’interpréter ce tableau par rapport aux idées générales du texte. Regardons tout d’abord la colonne des sujets. Quelles sortes de mots dominent : les noms propres ou les noms communs ? • les noms communs, vagues et imprécis On voit à nouveau que cet emploi de mots vagues colle avec l’atmosphère générale du poème qui est celle de l’automne et du brouillard où tout paraît justement vague, flou et imprécis. Essayez maintenant de regrouper les différents sujets en sous-ensembles pour faire apparaître les différents acteurs ou les différents thèmes dont il est particulièrement question dans ce poème. Quels sont ces sous-ensembles et quels sujets pourrait-on mettre dans ces sous-ensembles ? • a) le paysan et son bœuf - un paysan cagneux (1) - son bœuf (2) - le paysan (4) - deux silhouettes grises (8) • b) l’automne - le brouillard d’automne (3) - l’automne (7) • c) l’amour malheureux - chanson d’amour et d’infidélité (5) - [on (6)] 9 Nous trouvons donc au niveau de l’analyse des sujets les acteurs (le paysan et son bœuf), le décor (l’automne) et un sentiment (l’amour malheureux). Nous verrons dans la suite la relation entre ces trois éléments en présence. Nous constatons que le sous-ensemble le plus riche est celui du paysan et que le plus pauvre est celui de l’amour malheureux. Comparé à ce que la plupart des gens s’attendent à trouver dans un poème, cette situation ne semble à première vue illogique. On s’attendrait plutôt au contraire. Mais ne pourrait-on pas donner une explication à ce paradoxe ? • Si, le poète n’est sûrement pas fier d’étaler sa tristesse et la cache derrière un paysan qui le symbolise et dans un paysage mélancolique qui rend bien son état d’âme. Voyons maintenant la colonne des verbes. Il n’y a aucun verbe qui exprime un état, mais uniquement des verbes qui expriment des actions. Il ne s’agit donc pas d’un tableau figé, mais d’une scène en mouvement. Quelle sorte de mouvement est exprimée par la majorité de ces verbes ? • un mouvement de départ, d’éloignement, de lente disparition Quels verbes expriment ce mouvement le plus nettement ? • s’en vont (1) / s’en allant (4) / s’en vont (8) Et qui est-ce qui s’en va dans la poème ? • le paysan et son bœuf Mais qu’est-ce qui s’en va en réalité au plan figuré ? • l’amour Vu sous cet angle, quels autres verbes de la liste expriment alors également une disparition, un évanouissement, la mort de qqch. ? • cache (3) / brise (6) / faire mourir (7) Donc, en somme presque tous les verbes présents soulignent la disparition de qqch. - à l’avant-plan, la lente disparition du paysan et du bœuf dans le brouillard - à l’arrière-plan, la disparition, la fin d’un amour Quels verbes restent ? • chantonne (4) / parle (6) Ce sont deux verbes de parole qui expriment un bruit. Quelle sorte de bruit ? • un bruit doux Donc un bruit feutré qui se fond dans l’atmosphère générale, celle de l’automne, du silence, de la tristesse. Notez encore que tous ces verbes sont à l’indicatif présent. Par là, le poète nous fait assister maintenant, directement, en direct, sans recul à son état d’âme triste. Nous participons directement à son chagrin. Voyons la colonne des CO. Quel groupe prédomine ici ? • Celui de l’amour malheureux : chanson d’amour... (5) / uploads/Litterature/ automne.pdf

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