Mes derniers cahiers sixième série François Brigneau AVANT DE " PRENDRE CONGE R
Mes derniers cahiers sixième série François Brigneau AVANT DE " PRENDRE CONGE Réponses à Anne Le Pape (première partie) Prix : 130 F franco Mes derniers cahiers sixième série François Brigneau AVANT DE , PRENDRE CONGE Réponses à Anne Le Pape (première partie) PUBLICATIONS FB Anne Le Pape - Me permettez- vous d'attaquer par une question indiscrète ? François Brigneau - Je ne vous le permets pas, je vous y engage. Il faut toujours commencer par des ques- tions indiscrètes. Elles attirent le lecteur. Elles l'appâtent. Il a le sentiment que des secrets vont lui être livrés. A tout le moins que l'auteur, n'étant plus le seul maître de son discours, pourrait se trouver dans l'embarras. L'auteur, c'est le dompteur de l'histoire. Les spectateurs du cirque le, suivent pour le voir mater les lions, en espérant qu'il sera, un jour, bouffé par eux. Allez, ma belle ... - Vous avez intitulé le dernier des "Derniers cahiers" : Avant de prendre congé. Quand vous l'aurez terminé, vous n'écrirez plus? - Il est vraisemblable que je continuerai à écrire tant que j'en aurai la force et l'envie, tant que je trouverai le plaisir, la satisfaction intellectuelle, et, disons-le, le certain réconfort que me donne cet exercice quotidien, de huit à treize heures, assis dans mon lit, un carton à dessin faisant fonction d'écritoire sur les genoux. Vous vouliez des indis- crétions, en voilà. Avant de prendre congé clôt le cycle des "Cahiers". Sans me prendre trop au sérieux, mais en prenant très au sérieux la situation où se trouvent la France et les Français, je vais donner mon avis sur les problèmes qui s'imposent. 3 Certains de ces avis surprendront ou choqueront. Ce sera ce que je pense, ce que je crois, mon intime conviction, en toute liberté, pour autant que l'on soit jamais tout à fait libre. Nous allons nous promener ensemble dans le passé et dans notre passé, dans le présent et dans notre présent, dans l'avenir et dans ce qui pourrait être votre avenir. Nous allons deviser ensemble, sans haine (<< Ce cœur de vieux soldat n'a point connu la haine ... ») et sans crainte, comme le feraient des amis qui se fréquentent depuis sept ans. Au moins ... C'est en effet au printemps de 1991 que nous avons commencé à publier ces "Cahiers". Interdits de fait d'édi- tion, de diffusion, de librairie, de réclame, d'existence médiatique, le succès - relatif mais réel pour un ouvrage vendu par correspondance - de 39-40, l'année terrible, nous avait incités à tenter l'aventure. Elle fut résumée par ce placard adressé à nos lecteurs: Sur des sujets demandant plus de place que n'en peut offrir le mensuel ou l'hebdo, les Publications FB lancent une collection de fascicules (format 135 x 210, entre 64 et 92 pages), entièrement rédigés par François Brigneau. Ce sont : "Mes derniers cahiers", nationalistes, anticonformistes, contre le despotisme cosmopolite, pour la défense de la France française. Le premier numéro paraît en juin. Il sera consacré à Mgr Lefebvre, [' évêque de la tradition. Le titre réel fut: Pour saluer Mgr Lefebvre. Henry Coston, qui pratiquait ce genre d'édition directe depuis belle lurette, m'avait prodigué ses conseils. Il redoutait que le sujet restreigne le public d'un numéro de lancement. Il n'en fut rien. Pour saluer Mgr Lefebvre compte au nombre de nos bonnes réussites. Les catholiques de tradition me connaissaient depuis l'Anti-89, et le tour de France que je 4 fis avec l'abbé Aulagnier, lui, un bréviaire d'une main, l'autre au volant, à fond la caisse, de conférence en confé- rence, ça décoiffait... Heureusement, les anges gardiens ignorent la grève ... Nos premiers abonnés furent donc les ''tradis''. Ensuite, l'éclectisme des sujets, certaines scènes des nouvelles, une écriture un peu vive, désorientèrent quelques-uns. Les autres nous sont restés fidèles. Il y a des noms que je ne vois jamais passer sans émotion - et pas seulement parce qu'ils sont sur des chèques, je vous prie de me croire ... A l'époque, je n'envisageais pas de dépasser deux séries de quatre numéros chacune. D'où le titre général: "Mes derniers cahiers", source de réjouissantes plaisanteries sur Brigneau, forçat de la plume. « - Et François ? - Il n'arrête pas d'écrire ses nouveaux "Derniers cahiers". » Les rires redoublèrent quand, après avoir solennellement annoncé que la cinquième série mettrait fin à la collection, je mis la sixième en chantier. Un ami déclara que pour les sorties de théâtre et les adieux à répétition, j'allais être aussi fort que Mistinguett. C'était flatteur, mais inexact. Pour ce qui est de lever la gambette en cadence, je n'arrI- verai jamais à la cheville de la Miss. Les persifleurs n'en avaient pas moins raison. Les huit "Derniers cahiers" prévus seront vingt-quatre. Comme il n'y aura pas de vingt-cinquième, Avant de prendre congé convient très bien, si on n'oublie pas d'ajouter: et pour remercier les lecteurs, pour vous remercier, Madame la directrice, pour remercier la petite équipe qui m'a permis, sans à-coups, sans dettes, sans querelles, sans crises, de mener l'entreprise à bien. Sans elle, sans vous, sans eux, sans les "Cahiers" qui furent le moteur et la pompe à finances de l'opération, les Publications FB n'auraient pas duré huit ans. 5 L'arrêt des "Cahiers" condamne donc les Publications ? - Non, mais elle entraîne leur modification. C'étaient les "Cahiers" qui permettaient aux Publications d'équilibrer leur budget. Malgré un tassement des ventes et une augmentation de nos frais, nous avons toujours réglé nos fournisseurs dans le mois et souvent par retour de la facture. Les rétributions que nous pouvions offrir à nos collaborateurs n'étaient pas somptueuses. Versées aux dates promises, elles n'étaient pourtant pas misérables. Ce n'est pas si fréquent dans le monde de l'édition. Malheureusement, le travail de recherche, de composi- tion et d'écriture qu'exigent les "Cahiers", j'éprouve de plus en plus de difficultés à l'assumer. J'ai cru que je n'arriverais pas à terminer Le racisme judiciaire, ou, plus exactement, à réduire ce que j'avais rédigé aux dimensions d'un numéro pourtant double. Vous savez les tourments que me donnèrent le Val/at. La conscience professionnelle m'avait obligé à l'arrêter à mi-parcours, en plein élan, pour raconter le Hold-up raté, et la reprise fut difficile. Je ne retrouvais plus l'émotion du début. Je ne réussissais plus à recréer l'ambiance, le climat. Je ne pouvais plus lui consa- crer que quatre jours par semaine, les autres étant pris par National Hebdo. Le temps filait. Jamais nous ne serions sortis pour les BBR. Je me faisais un sang d'encre - l' expre~sion n'a jamais mieux convenu. Finalement tout s'est arrangé. Nous étions présents et Vallat a reçu un accueil qui m'a ragaillardi. J'en avais besoin. Je marchais sur les genoux. Je ressemblais à Quasimodo engagé dans le cent mètres. Il était sage de mettre un terme aux "Cahiers". Leur disparition n'entraîne pas pour autant celle des Publications FB. Leur activité sera réduite, mais nous conserverons une structure légère. Elle nous permettra de garder le contact avec les lecteurs qui nous suivent 6 et de leur rappeler, à certaines occasions, les livres que nous avons édités et les "Cahiers" qu'ils pourront encore se procurer chez nous (après Philippe Pétain, quelques autres titres vont aussi être épuisés). En outre, la situation de l'édition n'ayant pas changé en France, les nouvelles Publications FB serviront aussi à éditer et à diffuser, directement du producteur au consommateur, ce que j'espère encore avoir le plaisir d'écrire. - Comptez-vous donner une suite à Mon après-guerre ? On nous le demande souvent. - Je ne crois pas que la situation le permette. Mon après-guerre se terminait en mars 1963, sur l'exé-, cution de Bastien-Thiry. Nous subissions alors la deuxième épuration gaullo-communiste. Comme lors de la première, les arrestations se multipliaient. Derechef, les juges jugeaient à la chaîne, au sifflet et sur ordre. De nouveau, le délit d'opinion se payait en amendes, en nouvelle indignité nationale, en retrait de décora- tions, en difficultés professionnelles. Une fois de plus, le seul fait d'avoir cru à la parole du chef de l'Etat de Droit coûtait de la prison et pouvait valoir la mort, le tout dans le je m'en foutisme total de la grande majo- rité du pays. A de rares exceptions près - mais elles existaient - les journaux, les radios, la télé nous étaient hostiles. Les porteurs de valises dénonçaient les porteurs de drapeaux à la flic aille , qu'elle fût officielle ou officieuse, et à la haine. Etait-ce l'âge ? Une gaieté naturelle qui commence à s'éloigner? Je n'avais pas pour autant le sentiment de vivre dans un camp retranché. Aujourd'hui, si. Je sais que toute critique d'un ami, si justifiée qu'elle semble, est une arme don- née à l'ennemi. Dans ces conditions, comment écrire ses souvenirs? 7 C'est impossible. Dans Mon après-guerre, j'évoquais surtout mon passage dans la "grande" presse, ou celle qu'on nomme ainsi: le France-Dimanche de Max Corre, les journaux de Robert Hersant, Paris-Presse, L'Aurore. Tout en reconnaissant ce que j'y avais appris, je n'avais jamais été de la famille. Je pouvais y aller uploads/Litterature/ avant-de-prendre-conge-1-francois-brigneau-1998.pdf
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- Publié le Oct 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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