REVUE CRITIQUE Presses Universitaires de France | « L'Année balzacienne » 2001/
REVUE CRITIQUE Presses Universitaires de France | « L'Année balzacienne » 2001/1 n° 2 | pages 347 à 393 ISSN 0084-6473 ISBN 9782130530756 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-l-annee-balzacienne-2001-1-page-347.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France. © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Le mouvement général, respectueux du titre (De Barthes à Balzac) nous mène bien de S/Z à Sarrasine, à rebours du chemin suivi par Barthes. Cependant, la première partie ( « Barthes et les avant-gardes » ) de Thomas Pavel se soucie fort peu de Balzac, à l’exception du rapprochement suggestif entre les Mythologies de Barthes et les physiologies balzaciennes, pour ce qu’elles doivent toutes deux à la tradition de la satire, quand la der- nière ( « Sarrasine dans l’œuvre de Balzac » ), écrite à deux mains, ignore tout à fait Barthes. Ainsi le livre est écrit soit contre Barthes, soit plus simple- ment sans lui. En effet, du point de vue théorique et métho- dologique, il s’agit pour les auteurs de dénoncer les présuppo- sés de Barthes, et S/Z en tant qu’il les exemplifie, alors que du point de vue critique, les voilà devenus provisoirement balzaciens, quoique modérément enthousiastes (« sans être des admirateurs inconditionnels de Balzac, nous lui accordons un préjugé favorable », p. 187). Sarrasine n’a pas attendu S/Z – cette première véritable exploration, en forme d’exté- nuation – pour attirer l’attention (Georges Bataille faisait en 1957 de la nouvelle « l’un des sommets de l’œuvre »), et Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 5.78.158.190 - 04/04/2020 19:06 - © Presses Universitaires de France Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 5.78.158.190 - 04/04/2020 19:06 - © Presses Universitaires de France c’est maintenant à la critique de dire la place que tient la lec- ture de Claude Bremond et de Thomas Pavel aux côtés de celles, biographique (P. Citron), psychanalytique (J. Reboul), philosophico-digressive (M. Serres), sociocritique (P. Laforgue), poétique (J. Molino, É. Bordas), déjà produites. Adoptant, sans esprit d’aventure, le parti pris d’une lisibi- lité fondée sur « les intentions artistiques de l’auteur » et rap- portée à « la conception plus générale de La Comédie humaine » (p. 10), C. Bremond et T. Pavel s’appliquent à faire de Sarrasine le support et l’enjeu de ce que Barthes refusait. « Ceci n’est pas une explication de texte », affirmait l’auteur de S/Z pour décrire ses ambitions. Faisant fi de la « double entrée » (J. Rousset) du récit comme structure hiérarchique, Barthes argumentait : « Sarrasine n’est pas une histoire de cas- trat, mais de contrat » (XXXIX) ; l’objet même du récit étant en définitive sa narration. C’est à la réfutation de cette thèse que se consacre l’exercice, conventionnel, de C. Bremond et T. Pavel : « L’objet qui veut que la négociation entre le narra- teur et la jeune femme soit un troc (une nuit d’amour contre une belle histoire) trahit aussi bien l’esprit que la lettre du texte », p. 254. Selon eux, Mme de Rochefide, à prendre au sérieux dans ses aspirations à l’idéal, est un double de Sarra- sine ; quant à la nouvelle de Balzac, elle forme, disent-ils, ce « miroir concave » où se concentrent les « thèmes » qui « sou- tiendront » par la suite l’univers du romancier (p. 263). Quoi qu’il en soit, la séparation entre Barthes et Balzac induit ici une absence d’évaluation du potentiel critique de S/Z. Si l’ouvrage est bien replacé dans l’itinéraire de Bar- thes (entre « La déchirure théorique » et « La réconciliation avec le réel » pour ce moment Tel Quel qualifié d’utopie et d’ascèse), comme plus largement dans le mouvement intel- lectuel français (« il est permis de dire que S/Z [...] résume toute une époque », p. 49), rien n’est dit sur la manière dont il a pris place dans la critique balzacienne. Certes Barthes, dont la méthode refuse tant les investigations relatives au contexte historique que la démarche philologique, néglige l’érudition... Cependant, à l’époque où se développe la critique marxiste de l’œuvre (la réaction négative de Pierre Barbéris en 1971 à S/Z est-elle un témoignage de sa 348 Revue critique Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 5.78.158.190 - 04/04/2020 19:06 - © Presses Universitaires de France Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 5.78.158.190 - 04/04/2020 19:06 - © Presses Universitaires de France vitalité ?)1, et où le nouveau roman a fait de l’adjectif balza- cien le synonyme d’un romanesque archaïque, décourageant toute réelle investigation formelle de l’œuvre, l’intérêt de Barthes pour Balzac fait événement. Il légitime la poétique du roman balzacien – laquelle ne se développe véritablement qu’à partir de la fin des années 1970. De ce point de vue, il importe assez peu que la théorie du texte qui inspire Barthes dans S/Z se soit érigée contre le récit et les formants de son analyse structurale. C’est dans la deuxième partie de l’ouvrage que Claude Bremond évalue les résultats obtenus par Barthes à l’épreuve du texte balzacien, mais surtout, à dire vrai, et une fois encore, à l’épreuve de Barthes lui-même. Ayant choisi une « esthétique de l’incohésion » (p. 98), l’auteur de S/Z, relu par l’un des précurseurs de l’analyse fonctionnelle du récit (Logique du récit, 1973), est jugé au risque d’une « logique de l’incohérence » (ibid.). Minutieusement, code par code, C. Bremond reprend les insuffisances et les contradictions des propositions de Barthes dans une attitude de grande rigueur intellectuelle. Toutefois, la réussite, incontestable, de cette analyse en forme de démonstration a des effets qui tiennent du paradoxe. Au centre de l’ouvrage, figure un schéma qui, repris d’un article de Communications 63, en 1996, est conçu à partir des gloses écrites par Barthes, lexie après lexie, au titre du code symbolique (le plus important des cinq). Le dia- gramme traduit l’existence, nous dit C. Bremond, « en marge de l’intrigue “anecdotique” (c’est-à-dire Sarrasine de Balzac), [d]es linéaments d’une autre intrigue, fantastique ou fantasma- tique » qu’il désigne comme « la version barthésienne du texte proposé par Balzac » (p. 148). Dans cette version, la force symbolique de Sarrasine est assimilée à une « pandémie de la castration » (avec une acception de ce dernier terme peu fixée, comme l’ont critiquée en d’autres lieux F. Flahaut et J. Pacaly), circulant de personnage en personnage, entre récit- cadre et récit intérieur. Ainsi certifiée par C. Bremond, cette interprétation, qui reçoit la qualité péjorative de « fic- Revue critique 349 1. Voir « À propos du S/Z de Roland Barthes », L’Année balzacienne 1971, p. 109-123. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 5.78.158.190 - 04/04/2020 19:06 - © Presses Universitaires de France Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 5.78.158.190 - 04/04/2020 19:06 - © Presses Universitaires de France tion », fait cependant la démonstration de son indéniable cohérence... Interprétation ou fiction ? Il est pour le moins inattendu de voir le scriptible de S/Z, cette pluralité décomposée et indéfinie du sens, produire la lisibilité du fictionnel. Était-ce là son effet le plus préjudiciable ? Florence de CHALONGE. TERRASSE-RIOU (Florence), Balzac. Le roman de la communica- tion : conversations, lettres, silences dans « La Comédie humaine », Paris, SEDES, « Collection du Bicentenaire », 2000, 158 p. Voilà un livre dont la lecture laisse un sentiment partagé. Son objet est l’étude de la communication dans La Comédie humaine : « Étudier la communication et ses aléas, c’est donc aborder de front les points d’investissement idéologique dans le récit balzacien dès qu’il sélectionne des sites stratégiques. Bal- zac conçoit la circulation de ses personnages dans l’espace romanesque comme un périlleux apprentissage. Changer de sphère, c’est toujours changer de codes, changer de valeurs, changer de repères. Les dysfonctionnements de la communica- tion sont autant de mises en cause des valeurs sémiotiques » (p. 6). Soit, mais que uploads/Litterature/ balz-002-0347.pdf
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- Publié le Nov 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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