Basile Radu et son édition et traduction françaises du Récit du voyage du Patri

Basile Radu et son édition et traduction françaises du Récit du voyage du Patriarche Macaire par Paul d’Alep Carmen COCEA AIESEE Le prêtre professeur Basile S. Radu est né le 16 décembre 1887 à Panciu (petite localité de l’ancien département de Poutna, aujourd’hui, Vrancea). Après avoir fini l’école élémentaire dans sa ville natale, il suivit les cours du Séminaire Central et, ensuite, il s’inscrit à la Faculté de Théologie de Bucarest, où il reçut son diplôme de docteur en 1921 (cf. CC Giurescu, p.491). En 1915, il fut ordonné vicaire de la paroisse « Assomption de la Sainte Vierge » (Adormirea Maicii Domnului ) de Giurgiu où il a fonctionné jusqu’à 1919, quand il fut nommé prêtre à la Résidence de l’Institut Théologique de Bucarest. Deux années plus tard, le 1er août 1921, il part en France comme supérieur de l’Église roumaine de Paris. Arrivé dans la capitale des lumières, le jeune prêtre commence ses études orientales : il fréquente les cours de l’École des Hautes Études et, en 1927, il devient diplômé d’arabe de l’Institut Catholique. C’est ainsi qu’il arrive à maîtriser le grec, le latin, l’hébreu, l’araméen, l’arabe, le russe, le français, l’allemand, l’anglais et le grec moderne. À son retour en Roumanie le 15 décembre 1927, on lui propose de travailler comme professeur à la chaire d’Hébreu et d’Exégèse de l’Ancien Testament à la Faculté de Théologie de Jassy, dont le siège était, à cette époque, à Chişinău. En 1940 (après la perte de la Bessarabie), il revient à Bucarest et continue son activité à la Faculté de Théologie. Il est mort en automne (le 4/7 septembre 1940), après une brève mais terrible souffrance. Grand érudit, le prêtre Basile Radu a été le premier Roumain qui se soit spécialisé en arabe1, son œuvre représentant le produit de quelques décennies de travail acharné au domaine des études orientales. Beaucoup de ses ouvrages sont restés inédits à cause de sa mort soudaine et prématurée. C’est le cas d’une thèse de doctorat – étude exégétique et théologique – sur le Prophète Mihnea et de plusieurs travaux orientaux, parmi lesquels une traduction en roumain de l’original assyrien des Chroniques d’Assurbanipal2. Collaborateur de la Revue Historique Roumaine (publiée de 1931 à 1947), Basile Radu a publié une recension de l’ouvrage classique du spécialiste allemand en études turques Franz Babinger (1891-1967) sur les 1 CCG, 491 “pana la el, noi n-am avut nici un specialist in aceasta directie” 2 Nota 27 BOR 1 historiographes ottomans et leurs oeuvres3. Dans la même publication, il a aussi fait paraître une étude tout remarquable par sa précision et son esprit critique sur Le Monastère Saint Spyridon et le patriarche Sylvestre d’Antioche (Mănăstirea Sf. Spiridon şi patriarhul Silvestru al Antiohiei, dans RIR, III, Bucarest, 1933, 23 p.). Cet article est d’autant plus important pour les arabisants qu’il présente, pour la première fois, la traduction en roumain de deux inscriptions arabes : l’une fut écrite sur l’icône de St. Spyridon en avril 17484, par Pierre Naufal de Tripoli – scribe du monastère – et elle exprime la gratitude de la Patriarchie d’Antioche au Voïévode Ioan Constantin Nicolae pour sa donationA ; l’icône, placée à la droite de la nef, fut peinte par le patriarche Sylvestre sur une pièce en bois, recouverte d’une couche de plâtre, pendant son séjour à Bucarest (1747-1749). Sur le fronton en pierre, à l’entrée de l’église St. Spyridon, se trouve une inscription votive bilingueB, grec et arabe, dont le texte grec avait été déjà publié par Nicolae Iorga5 ; mais, dans cette forme-là, Basile Radu a constaté une erreur « à cause d’une lecture fautive d’un mot de la deuxième ligne»6 ; c’est pourquoi il considéra nécessaire de faire une nouvelle traduction et de republier le texte en entier. Professeur à la chaire d’Exégèse de l’Ancien Testament, le prêtre professeur Basile Radu a répandu la lumière théologique avec dévotion par ses cours et ses ouvrages de droit canonique – Le droit canonique oriental (Dreptul bisericesc oriental7, éd. Gutenberg Joseph Göbl, Bucarest, 1915) et d’exégèse biblique – Sur les Saintes Écritures (In jurul Sfintelor Scripturi8, Fundaţia pentru Literatură şi Artă ”Regele Carol II”, Bucarest, 1930), Critique et méthode (Critică şi metodă. Cu prilejul unei teze de doctorat, Bucarest, /s. n./, 1933, 1210 p. + IV), Élements (Elemente. 1. Textul din care au fost traduse bibliile noastre bisericeşti. 2. Biblia elinească a celor 72 de traducători adică septuaginta. Originea şi traducătorii septuagintei9, Fundaţia pentru Literatură şi Artă ”Regele Carol II”, Revista Fundaţiilor Regale, nr. 2, 1935). Toujours préoccupé par la situation des écoles théologiques, il a aussi écrit une étude ample sur la Réorganisation de 3 Die Geschichtsschreiber der Osmanen und ihre Werke, Otto Harrassowitz, Leipzig, 1927 4 „Scrisu-s-a aceasta de Petru Nofal, feciorul lui Gheorghe din Tripoli, scriitor in slujba manastirii, in anul 1748, luna lui aprilie, cea binecuvantata” 5 Nota 30 BOR 6 Nota 31 BOR 7 Traduction de l’allemand, en collaboration avec Dim. I. Cornilescu, de l’ouvrage du célèbre canoniste l’évêque serbe Nicodème Milash 8 en collaboration avec le prêtre Gala Galaction 9 en collaboration avec le prêtre Gala Galaction 2 l’enseignement théologique (Reorganizarea învăţământului teologic. Studiu, dans le journal Mişcarea, 1932/ XXV, 47 articles10). Sur l’initiative du roi Charles II (1893-1953), Basile Radu – aidé par son grand ami le prêtre Gala Galaction – accomplit une « traduction moderne de la Bible »11 d’après les textes originaux hébreux et grecs. La Bible Charles II (Biblia, adică dumnezeiasca Scriptură a Vechiului şi a Noului Testament, connue aussi comme Biblia Carol al II-lea, Fundaţia pentru Literatură şi Artă ”Regele Carol II”, Bucarest, 1376 p.) parut le 10 novembre 193812, pour célébrer 250 ans depuis la première édition intégrale roumaine de la Bible (en 1688, par les soins de Constantin Cantacuzino). Au cours de ses études d’arabe à Paris, Basile Radu a commencé à s’intéresser aux manuscrits arabes relatant le voyage du patriarche Macaire aux Pays Roumains et en Russie, récit dû à son fils, l’archidiacre Paul d’Alep. L’étude préliminaire des manuscrits et de leurs traductions fut publiée à Paris en 1927 (Imprimerie Polyglotte, 99 p. + IX), sous le titre Voyage du patriarche Macaire d'Antioche. Etude préliminaire. Valeur des manuscrits et des traductions. L’ouvrage, gratifié par l’Académie Roumaine du prix « Gheorghe Asachi », précédait l’édition et la traduction en français du texte traçant l’itinéraire du patriarche Macaire. Vu les lacunes considérables de certains manuscrits et les nombreuses fautes et omissions des traductions antérieures, Basile Radu considèra qu’il était de rigueur de reprendre le travail ; le but de sa démarche, expliquait-il, est « de donner une idée exacte des manuscrits existants, de leur valeur, des lacunes qu’on trouve dans chacun, et de chercher dans quelle mesure on peut les utiliser » (1927 : 1). Ses observations finales sont basées sur trois manuscrits13 représentant des copies plus ou moins fidèles d’un original inconnu14 : 10 CCG, 492-493 11 Nota 37 BOR 12 En préparant l’édition complète de la Bible, V. Radu et G. Galaction ont traduit plusieurs livres/ fragments du Vieux Testament qui furent publiés par Fundaţia pentru Literatură şi Artă ”Regele Carol II”: Psaltirea proorocului şi împăratului David (Psautier du Prophète et Roi David, 1929, 138 p.), Cîntarea Cîntărilor (Chant de Salomon, 1934, 19 p.), Cartea lui Iov (Livre de Job, 1935, 70 p.) Eclesiastul şi Cîntarea Deborei – fragment (Ecclésiaste et Chant de Debora, 1936, 30 p.) 13 l’auteur mentionne aussi les manuscrits suivants : le manuscrit d’Alep – existant à Alep, le manuscrit (incomplet) provenant du couvent de Sednaya (près de Damas) acquis par A.E. Krimsky (cf. Mourqos), le manuscrit vu par Senkovsky à Aintoura - Liban (cf. Mourqos et l’Arhiva Romaneasca) et les trois copies du manuscrit de 1700: au Musée Asiatique de Léningrad, à la Bibliothèque Publique de Léningrad et aux Archives du Ministère des Afaires Etrangères à Moscou (1927: 2) 14 « malgré les comparaisons que j’ai tenté de faire avec différents manuscrits de Paul d’Alep, se trouvant aujourd’hui à Léningrad, je n’oserais pas affitmer que le manuscript de Paris soit l’original écrit par Paul d’Alep » (1927: 1); de plus, note l’auteur, le manuscrit de Paris est écrit par deux copistes 3 1. le manuscrit de Paris, conservé à la Bibliothèque Nationale sous le no 6016 ; 2. le manuscrit de Londres, acheté à Alep par Frédéric, compte de Guilford, et déposé au British Museum de Londres sous le no 802- 805 ; 3. le manuscrit de 1700, trouvé au Musée Asiatique de Saint- Pétersbourg sous le no 33 de la collection donnée par le Patriarche Grégoire IV d’Antioche. Dans la description des trois manuscrits Basile Radu a suivi l’ordre de leur valeur respective, traitant en premier lieu du manuscrit de Paris (p. 2-4), puis de celui de Londres (p. 4-5) et, enfin, de celui de Saint-Pétersbourg (p. 6). Selon lui, la supériorité du manuscrit de Paris consiste en ce qu’il est complet, tandis que celui de Londres est plein de lacunes (omissions de mots, de phrases et même de passages entiers) et d’erreurs de copie, surtout uploads/Litterature/ basile-radu-25aug.pdf

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