Bande dessinée et enseignement des humanités Nicolas Rouvière (dir.) DOI : 10.4
Bande dessinée et enseignement des humanités Nicolas Rouvière (dir.) DOI : 10.4000/books.ugaeditions.1224 Éditeur : UGA Éditions Année d'édition : 2012 Date de mise en ligne : 28 février 2017 Collection : Didaskein ISBN électronique : 9782843103582 http://books.openedition.org Édition imprimée ISBN : 9782843102257 Nombre de pages : 434 Référence électronique ROUVIÈRE, Nicolas (dir.). Bande dessinée et enseignement des humanités. Nouvelle édition [en ligne]. Grenoble : UGA Éditions, 2012 (généré le 22 avril 2019). Disponible sur Internet : <http:// books.openedition.org/ugaeditions/1224>. ISBN : 9782843103582. DOI : 10.4000/ books.ugaeditions.1224. © UGA Éditions, 2012 Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540 Bande dessinée et enseignement des humanités Sous la direction de Nicolas Rouvière DIDASKEIN Collection dirigée par Francis Grossmann et Jean-François Massol Placée sous la direction de deux professeurs s’intéressant à la didactique de la langue française et de la littérature, la collection « Didaskein » propose des ouvra- ges de réfl exion concernant la transmission et la construction scolaire des savoirs, de la maternelle à l’université. Ses domaines disciplinaires de référence sont plus précisément la langue française, les langues et cultures étrangères, la littérature française et la littérature de jeunesse. Le public visé est principalement celui des chercheurs, des formateurs, des inspecteurs, des professeurs, ainsi que des étu- diants qui se destinent aux métiers de l’enseignement. La collection s’organise selon quatre axes : « Didaskein – langue française » ; « Didaskein – langues » ; « Didaskein – littératures » ; « Didaskein – littérature de jeunesse ». Éléments de catalogage Bande dessinée et enseignement des humanités / Nicolas Rouvière (dir.). Grenoble : ELLUG, 2012. 434 p. : couv. ill. en coul. ; 21,5 cm. Collection « Didaskein » ISBN 978-2-84310-225-7 Ilustration de couverture : dessin de Joost Swarte pour la réalisation d’un vitrail qui se trouve dans la chapelle du couvent Sainte-Cécile à Grenoble, siège des éditions Glénat. Copyright Glénat 2012. © ELLUG 2012 Université Stendhal BP 25 38040 Grenoble cedex 9 ISBN 978-2-84310-225-7 ISSN 2102-4596 Bande dessinée et enseignement des humanités Sous la direction de Nicolas Rouvière ELLUG Université Stendhal Grenoble 2012 Dans la même collection Interagir et apprendre en ligne Sous la direction de Elke Nissen, Françoise Poyet et Thierry Soubrié, 2011. L’auteur pour la jeunesse, de l’édition à l’école Ouvrage dirigé par Jean-François Massol et François Quet, 2011. Langage, objets enseignés et travail enseignant Ouvrage coordonné par Sandra Canelas-Trevisi, Marie-Cécile Guernier, Glaís Sales Cordeiro et Diana-Lee Simon, 2009. Cet ouvrage a été réalisé avec le soutien de la Région Rhône-Alpes et en collaboration avec la FNAC À la mémoire de Thierry Crépin, Professeur d’histoire, historien de la presse enfantine et de la bande dessinée 7 Introduction La bande dessinée a longtemps eu mauvaise presse auprès des milieux éducatifs. En France, les discours de défi ance et de rejet à son égard sont concomitants avec le tournant éditorial pris par le médium à la fi n du XIXe siècle, lorsque, à la suite du succès de La Famille Fenouillard publiée dans Le Petit Français illustré, puis le développement à partir de 1904 de la presse illustrée Offenstadt, la bande dessinée devient presque exclusivement une publication de presse destinée à la jeunesse. Dans la thèse qu’elle a consacrée aux livres d’enfance dans les années vingt, Annie Renonciat cite ainsi des prises de position extrêmement hostiles dès 1907, en France, émanant des milieux éducatifs catholiques et laïques 1. Leur argumentaire, où se mêlent considérations esthétiques, psychologiques et morales, ne variera guère jusqu’aux années soixante : le médium est stigmatisé pour la pauvreté du texte, la teneur grotesque et caricaturale des illustrations, véritable traduction graphique de la laideur morale, pour son contenu pulsionnel et violent, pour le pouvoir séducteur de l’image, qui favorise l’affabulation des enfants, et pour l’inintelligibilité même de la narration icono-textuelle. Les rapports de la Commission de surveillance sur les publications destinées à la jeunesse, dans le sillage de la loi du 16 juillet 1949, constituent après-guerre, en France, l’une des for- malisations les plus abouties de ce discours de réaction. Harry Morgan en a longuement démonté les ressorts en montrant, par exemple, comment les débats sur les images traumatisantes cachent chez les éducateurs une véritable peur de l’image dans son aptitude à piloter la narration 2. Le présent ouvrage s’inscrit dans une tout autre histoire des liens entre bande dessinée et enseignement. Celle-ci remonte à l’année 1970, lorsque paraît en France, aux Éditions de l’École, le livre pionnier d’Antoine Roux, au titre résonnant comme un manifeste : La bande dessinée peut être éducative. Ce retournement, préparé par la révolution culturelle de 1968 et l’acculturation à la BD d’une nouvelle génération d’enseignants, 1. A. Renonciat, Les Livres d’enfance et de jeunesse en France dans les années vingt (1919-1931), p. 62. 2. H. Morgan, Principes des littératures dessinées, p. 203-245. 8 BANDE DESSINÉE ET ENSEIGNEMENT DES HUMANITÉS s’explique aussi par la position de repli des milieux les plus conserva- teurs. Ces derniers tendent désormais à considérer la bande dessinée comme un moindre mal face à un péril jugé plus dangereux encore : la télévision, qui envahit désormais le quotidien des familles. Plusieurs comptes-rendus d’expérience, sur l’utilisation de la bande dessinée en milieu scolaire, sont publiés au début des années soixante-dix dans des revues spécialisées en BD comme Haga, tandis que la création du fes- tival d’Angoulême, en 1974, rend enfi n légitime, en 1977, la tenue à La Roque-d’Anthéron du premier colloque international « Bande dessinée et éducation », bientôt suivi d’une seconde édition en 1979. Tous deux donneront lieu à la publication d’actes séparés : Lecture et bande dessinée et Histoire et bande dessinée (sous la direction de Jean-Claude Faur). Dans le courant des années quatre-vingt, les études en sociologie de la lecture montrent que face à l’évolution et aux mutations du public scolaire, il est nécessaire de repartir des pratiques réelles des élèves et de leurs intérêts, afi n d’éviter les effets d’exclusion à l’égard de la culture écrite 3. En France, tout est donc en place, durant cette période, pour que la politique du « tout culturel » s’accompagne d’un « tout BD ». Mais après le temps du mépris vient celui de la méprise : si la BD fait une entrée en force dans les manuels scolaires, c’est à titre de prétexte, pour faire passer des notions qui ne relèvent pas spécifi quement de son ressort. Quand elle n’est pas transformée en méthode d’apprentissage de la lecture (méthode Boule et Bill chez Magnard en 1988), elle habille le plus souvent les exercices de grammaire de nouveaux atours, ou sert de support à des productions d’écrit, à travers le remplissage de bulles de dialogue et l’écriture de suites narratives. L’offi cialisation comme œuvre littéraire est pourtant en marche, en particulier grâce à la promotion de la littérature jeunesse. En France, celle-ci fait son entrée à l’École à la faveur du développement en 1984 des BCD (bibliothèque centre documentaire) dans le premier degré, et de la généralisation des CDI (centre de documentation et d’information) dans les collèges, assortis dès 1989 de plans pour la lecture. En 1993, l’opération « 100 livres pour les écoles » propose un catalogue d’œuvres où fi gurent quelques bandes dessinées, dont le nombre passe à quatorze en 1997, lors du second plan pour la lecture. Les années quatre-vingt-dix constituent à ce titre une période d’affi rmation charnière pour la légi- timation du médium, avec l’attribution en 1992 du prix Pulitzer à Art 3. Voir O. Galland, Les Jeunes, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 1985 ; F. de Singly, Lire à 12 ans, Paris, Nathan, 1989. 9 INTRODUCTION Spiegelman pour la bande dessinée Maus, tandis que va grandissant l’aura d’Angoulême, capitale mondiale de la bande dessinée grâce à son festival. Parallèlement, l’enseignement de la lecture de l’image, prôné dès 1987 dans les textes offi ciels, se développe en classe à travers les programmes de 1996 pour le collège, 2001 pour le lycée et 2002 pour l’école primaire 4. L’année 1996 est marquée par l’apparition d’une rubrique « Bande des- sinée » dans les documents d’accompagnement des programmes pour le collège, avec 16 titres recommandés pour la classe de 6e (où fi gurent entre autres Chaillet, Jacobs, Goscinny, Hergé, Martin, Morris, Tito, Roba), 40 titres pour le cycle central (avec des auteurs comme Cauvin, Giraud, Derib, Le Gall, Leloup, Tillieux, Van Hamme, Wasterlain…) et 24 pour la classe de 3e (avec Bilal, Calvo, Comès, Dupuy et Berberian, Mattotti, Pratt, Tardi…) 5. La bande dessinée est ainsi pleinement intégrée comme référent culturel, participant de l’ouverture à une culture commune. En 2002, le médium est également inscrit comme catégorie à part entière dans la liste de référence des œuvres de littérature de jeunesse pour le cycle 3. Classiques ou contemporains, les albums recommandés pour le premier degré sont de qualité et ressortissent de genres différents (policier, western, conte, autobiographie) et de styles graphiques variés (ligne claire, couleur directe, style minimaliste). Sont représentés des auteurs de la nouvelle BD française (Christophe Blain, Joann Sfar, Lewis Trondheim), ainsi que des auteurs des générations précédentes (Fred, Yvan Pommaux), parfois inattendus en raison uploads/Litterature/ bd-enseignement.pdf
Documents similaires










-
28
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Fev 25, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
- Taille du fichier 8.0666MB