Évaluation de la lecture et de l’orthographe p.1 de 18 Évaluation des habiletés
Évaluation de la lecture et de l’orthographe p.1 de 18 Évaluation des habiletés de lecture et d'orthographe au moyen de BELEC. Données longitudinales auprès d'enfants francophones testés en 2e et 4e années Philippe Mousty et Jacqueline Leybaert Laboratoire de Psychologie expérimentale. Université libre de Bruxelles Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 4ème trimestre 1999, vol 49, n° 4, pp. 325 à 342 RÉSUMÉ BELEC (Batterie d'Évaluation du Langage Écrit) est un outil d'investigation des processus cognitifs de la lecture et de l'orthographe chez l'enfant qui a été conçu pour faciliter le diagnostic des troubles spécifiques d'apprentissage (Mousty, Leyb~rt, Alegria, Content & Morais, 1994) Cet article présente brièvement le cadre théorique sur lequel se fonde la démarche évaluative ainsi que les épreuves. Il présente des données normatives recueillies auprès d'un échantillon de 217 enfants scolarisés en Communauté française de Belgique et testés en 2ème et en 4ème années. +++++++++++ BELEC (Batterie d’Évaluation du Langage Écrit) est un outil d'investigation des processus cognitifs de la lecture et de l'orthographe qui a été conçu pour faciliter le diagnostic des troubles spécifiques d'apprentissage (Mousty, Leybaert, Alegria, Content & Morais, 1994 ), Principalement destiné à l'examen d'enfants d'âge compris entre 7 et 12 ans, BELEC permet l'identification de leurs difficultés dans les processus de reconnaissance (lecture) et de production (orthographe) de mots isolés et leur mise en relation avec d'autres habiletés qui pourraient en être à l'origine. La conscience de la structure segmentale de la parole, la perception fine de la parole et la mémoire phonologique de travail font à cet effet partie de l'évaluation. Dans cette optique, BELEC offre une approche nouvelle dans l'examen clinique d'enfants qui présentent des retards d'acquisition de la lecture et/ou de l'orthographe. En effet, les tests psychométriques traditionnels de lecture et d'orthographe mesurent généralement des indicateurs globaux de performance, comme la vitesse de lecture ou le niveau de compréhension générale d'un texte. S'ils permettent de situer la performance d'un enfant par rapport à une population de référence, ils ne fournissent guère de renseignements sur la nature de ses difficultés, ni sur leurs causes potentielles. La batterie BELEC est aujourd'hui largement diffusée parmi les orthophonistes et logopèdes des pays francophones. En France, la batterie BELEC s'inscrit dans la philosophie générale des recommandations émises par l'Observatoire National de la Lecture (1998) et de la Fédération Nationale des Orthophonistes (Touzin, Lederlé & Kremer, 1999). L'objectif de cet article est de fournir aux utilisateurs de BELEC des données normatives qui faisaient défaut jusqu'ici. Ces données proviennent d'une étude longitudinale menée auprès d'un échantillon de 217 enfants suivant une scolarité normale en Communauté française de Belgique (Leybaert, Alegria, Oeltour & Skinkel, 1994). Ces enfants ont été soumis à différentes épreuves de la batterie BELEC alors qu'ils étaient en 2ème et 4ème années primaires. Nous résumerons d'abord les éléments-clés du cadre théorique sur lequel s'appuie la batterie de manière à dégager les principes généraux de l'évaluation qui en découlent. Nous présenterons ensuite les caractéristiques de l'échantillon et les résultats obtenus, épreuve par épreuve. Les distributions de performances en centiles seront fournies sur les variables principales. L'évolution Évaluation de la lecture et de l’orthographe p.2 de 18 des performances observées entre la 2ème et la 4ème années sera commentées à la lumière du modèle théorique de référence. I. CADRE THÉORIQUE ET PRINCIPES DE L'ÉVALUATION BELEC est fondée sur une approche psycholinguistique des mécanismes de traitement impliqués dans la reconnaissance et la production du langage écrit et de leurs troubles (pour un exposé plus détaillé, en français, de cette approche, voir J. Morais, 1994 ou O.N.L, 1998). Cette approche est basée sur l'hypothèse que le traitement du langage écrit implique différents processus, dont le développement peut être entravé. Le but de BELEC est de fournir des informations à propos du fonctionnement de ces différentes procédures, d'identifier quelles procédures fonctionnent normalement et quelles procédures sont déficientes. L'évaluation cognitive devrait permettre en outre de formuler des hypothèses sur l'origine des déficits observés. Une fois qu'une hypothèse à propos du trouble a été émise, le clinicien pourra planifier une rééducation appropriée à l'acquisition de la procédure déficiente, ou au développement de mécanismes compensatoires. Pour pouvoir apprécier la logique de BELEC et utiliser l'outil de façon efficace, il est nécessaire de se référer au modèle de traitement de l'information sur lequel les épreuves de lecture et d'orthographe sont basées. Évaluer prioritairement les processus spécifiques du langage écrit On distingue généralement deux composantes dans le traitement de l'écrit: l'identification des mots et les processus d'intégration syntaxique et sémantique. Ces deux composantes sont indispensables pour aboutir à un bon niveau de compétence en lecture (Gough & Juel, 1991). Les processus d'identification de mots concernent l'ensemble des opérations d'accès lexical qui permettent d'obtenir la signification (et la prononciation) des mots à partir du stimulus visuel. Les processus d'intégration concernent l'ensemble des opérations de traitement syntaxique, sémantique et pragmatique qui permettent l'interprétation de la phrase ou du texte. Du point de vue linguistique, on admet généralement que le langage écrit est un système secondaire, dérivé du langage parlé. Même s'il existe des différences non négligeables, dues à la nature et à la fonction de chaque support de communication, la langue parlée et la langue écrite partagent un nombre important de propriétés communes, qui concernent tant la sélection des éléments lexicaux que les traitements liés à la compréhension. Il est généralement admis que, pour la plupart des textes écrits, les processus d'intégration sont dans une large mesure les mêmes que ceux mis en œuvre dans la compréhension du langage parlé. Par contre, l'identification des mots écrits comporte nécessairement des processus spécifiques au code écrit, ne serait-ce que parce que la modalité d'entrée diffère. Ce raisonnement conduit à rechercher l'origine des troubles spécifiques au code écrit plutôt au niveau de la composante d'identification des mots. L'évaluation cognitive mettra donc l'accent principalement sur les opérations de reconnaissance ou de production de mots isolés (voir Alegria, Leybaert & Mousty, 1994, Content et Zesiger, sous presse, pour des discussions plus approfondies de ce point de vue). Modèle d'identification des mots écrits L'information serait d'abord extraite du stimulus visuel par un système d'analyse visuelle dont la fonction est d'analyser les traits graphiques qui composent les lettres, de les identifier et de coder leur ordre spatial. Ceci aboutit à une représentation graphémique abstraite (chaque lettre est différenciée des autres tout en ignorant ses particularités formelles: D, d, d, ...). Les modèles Évaluation de la lecture et de l’orthographe p.3 de 18 classiques de la psychologie cognitive, dits à deux voies, distinguent ensuite au moins deux manières d'obtenir l'information sur la prononciation d'un mot écrit à partir de cette représentation. La première procédure, dite d'assemblage phonologique, consiste à segmenter cette représentation et à assigner un phonème à chaque constituant graphémique. Les phonèmes sont ensuite assemblés pour constituer une représentation phonologique pré-lexicale et donner la prononciation. Dans le cas d'un mot connu, la représentation phonologique permet d'atteindre le lexique mental; le mot peut alors être interprété. La seconde procédure, dite d'adressage orthographique, consiste à chercher un appariement entre la représentation abstraite du mot écrit et une entrée dans le lexique mental (dans une structure appelée "lexique orthographique d'entrée") à laquelle est associée une représentation phonologique ( dans une structure appelée "lexique phonologique de sortie") qui permet d'obtenir la prononciation du mot. Selon ce type de modèle, la procédure d'assemblage va permettre de lire correctement les mots réguliers, y compris les mots nouveaux et les pseudo-mots. Par contre cette procédure, étant basée sur les règles de correspondance graphème-phonème, ne peut s'appliquer correctement aux mots qui s'écartent de ces règles - c'est-à-dire aux mots irréguliers. L'application de cette procédure aux mots irréguliers devrait aboutir à des erreurs de régularisation : « femme » serait lu /fem/ et « oignon » /wajn/. Ceci signifie que pour lire correctement, les deux procédures sont nécessaires. Les mots irréguliers ne peuvent être lus correctement que par la procédure orthographique ; les pseudo-mots ne peuvent être lus que par la procédure phonologique. Modèle de production des mots écrits Concernant l'orthographe, des modèles similaires à deux voies ont été proposés. La procédure orthographique consiste à récupérer l'orthographe d'un mot connu à partir d'une représentation orthographique stockée en mémoire. Le mot dicté subit d'abord un traitement préliminaire de manière à extraire une représentation intermédiaire acoustico-phonétique. Cette représentation, dans le cas d'un mot familier, va permettre d'activer une entrée dans un registre de mémoire qui contient les représentations phonologiques des mots connus ("lexique phonologique d'entrée") et de récupérer sa signification par l'intermédiaire d'une représentation stockée dans le système sémantique. Dans le cas de l'écriture spontanée, c'est ce système sémantique qui sera le point de départ de la procédure. La représentation sémantique permet ensuite de récupérer la représentation orthographique correspondant au mot dans un autre registre de mémoire appelé "lexique orthographique de sortie". Cette procédure est sensible à la fréquence d'usage des mots et au statut lexical des séquences orthographiques: un mot inconnu ou un pseudo-mot, n'étant pas représentés lexicalement, ne pourront être traités par cette procédure. La procédure phonologique, quant à elle, est basée sur uploads/Litterature/ belec-article.pdf
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- Publié le Apv 04, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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