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Digitized by the Internet Archive in 2011 with funding from University of Toronto littp://www.arGliive.org/details/liistoiredelcrOOberg HISTOIRE DE L'ÉCRITURE DANS L'ANTIQUITÉ SE TROUVE A PARIS CHEZ HACHETTE ET C", EDITEURS. Boulevard Saint-Germain, n" 79. ALPH. PICARD. ÉDITEUR, Rue Bonaparte, n" 82. ARMAND COLIN ET C''. ÉDITEURS. Rue de Mézières , u" 5 . CH. DELAGRAVE, EDITEUR. Rue Soufflot, n" IS. DEL ALAIN FRÈRES, ÉDITEURS. ' Rue d«s Écoles, n" 56. ALC. PICARD ET KAAN, ÉDITEURS, Rue Soufflet, n' 11. MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS HISTOIRE DE L'ÉCRITURE DANS L'ANTIQUITÉ TAR M. PHILIPPE BERGER PARIS IMPRIMERIE NATIONALE M DCCC XCI A MONSIEUR ERNEST RENAN, DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE ET DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DU CORPUS IXSCRIPTIONVM SE^UlTICAliVM. LiHER ET ILLUSTRE MAITRE, Ce livre vous appartient. Votre nom figure au pj-emier rang des savants qui ont étudié les transformations succes- sives de l'écriture chez les différents peuples et en ont dé- terminé les lois. L'épigraphie phénicienne, ce nœud de l'histoire de l'al- phabet, vous est particulièrement redevable de la précision qui en a fait une science au même titre que l'épigraphie grecque et l'épigraphie latine. C'est vous qui m'avez formé à ces études. Votre grande bienveillance et la sévérité de votre discipline m'y ont guidé pas à pas. Veuillez accepter cet essai comme un faible témoignage de la reconnaissance que vous gardera toujours un élève qui vous doit tant. Philippe BEI^GER. INTRODUCTION. Nous sommes loin du temps où l'on croyait que l'al- phabet hébreu était la forme la plus ancienne de l'écri- ture et qu'il avait été donné au premier homme en même temps que la parole. L'alphabet hébreu n'est (ju'une transformation assez récente de l'écriture phé- nicienne, d'où sont sortis tous les alphabets encore en usage sur la surface de la terre; mais l'alphabet phé- nicien lui-même a été précédé par d'autres systèmes d'écriture fort savants, qui ont joué un rôle considé- rable dans rhistoire des anciennes civilisations. Ces écritures, dont quelques-unes ont ré^né sur le monde pendant plusieurs milliers d'années, se sont formées peu à peu, et elles nous apparaissent, quand nous les étudions aujourd'hui, comme le fruit des longs tâton- nements de l'homme pour arriver à donner une forme écrite à sa pensée. L'écriture a une histoire, parce qu'elle a eu un dé- veloppement. Cette vérité, longtemps méconnue, n'a pu être démontrée que le jour où l'on a renoncé aux rap- prochements artificiels et aux hypothèses, pour recher- cher sur les monuments des témoins authentiques des P , .55 vni INTRODUCTION. formes successives de l'écriture, et où l'on s'est appliqué à les expliquer en les rapprochant les unes des autres et en remontant d une forme connue à celles qui l'ont im- médiatement précédée. Il n'y a guère plus de cent ans que l'on a appliqué à l'histoire de l'écriture cette mé- thode, qui est celle des sciences naturelles, et elle a donné d'étonnants résultats. Aujourd'hui les grandes lignes de cette histoire sont parfaitement connues, et l'on peut tenter d'en présenter un tahleau d'ensemble qui permette de l'embrasser d'un seul coup d'œil. Cette étude n'a pas un simple intérêt de curiosité savante; elle a un intérêt d'une portée plus générale. Elle nous permet de remonter jusqu'aux origines de l'humanité et nous fait assister aux efforts de l'homme pour trans- mettre sa pensée à travers le temps et l'espace. De tout temps, l'homme a éprouvé le besoin de con- signer sa pensée par écrit, pour conserver le souvenir de certains faits ou pour en transmettre la connaissance à d'autres. Aussi l'écriture est-elle un des arts dont nous retrouvons le plus anciennement les traces. Sur les pre- miers instruments fabriqués par l'homme et sur les pre- miers rochers qui lui ont servi d'habitation, on trouve des images accompagnées de signes conventionnels qui devaient représenter certains faits ou certaines idées à l'esprit de ceux qui les employaient. Tandis que les races peu civilisées en restaient à cette première étape de l'écriture, d'autres Tout ra|)idement franchie et sont arrivées de bonne heure à posséder un système d'écrituue complet, pouvant rendre toutes les INTRODUCTION. ix nuances de la pensée. On est étonné de voir à quel de- gré de perfection avaient atteint les Egyptiens dès les premières dynasties de leur empire, c'est-à-dire près de quatre mille ans avant notre ère. L'écriture des Chal- dëens, celle des Chinois, ne sont guère moins anciennes. Mais cette perfection apparente n'allait pas sans une grande complication, qui faisait de l'écriture le privi- lège exclusif d'une caste. Aussi, à partir du moment où les systèmes hiéroglvj)liiques ont été formés, l'eflort constant de l'homme a-t-il tendu à les simplifier et à les rendre plus facilement maniables. A côté de l'écriture sacrée et du sein même de cette écriture est née une écriture profane et populaire qui sV est peu à peu sub- stituée. On a peine à croire, quand on compare la simplicité de nos alphabets modernes aux systèmes hiéroglyphiques des anciens, qu'ils aient une origine commune, et l'on serait tenté d'admettre, avec ceux qui se sont les pre- miers préoccupés de ces questions, que l'alphabet a été créé de toutes pièces un jour par le génie d'un Cadmus. Il n'en est rien pourtant, et Ion peut démontrer au- jourd'hui que nos écritures modernes dérivent, par un développement naturel et par l'application de certaines lois inhérentes à l'esprit humain, des formes plus com- pliquées que l'homme avait dabord inventées. La loi formulée par Linné, Nahira non facit saltus, ne trouve nulle part mieux son application. Gomme les langues, les écritures sont des organismes vivants, soumis aux lois de la transformation. X INTRODUCTION. Le garanti facteur de ces transformations de l'écriture qui ont abouti à la cre'ation de nos alphabets modernes, c'est la paresse de la main, qui cherche à se soulever le moins souvent possible et à faire en un seul trait ce qu'on faisait en plusieurs; ou plutôt, à prendre les choses de plus haut, c'est la loi du moindre effort, par laquelle s'expliquent tous les progrès de l'industrie hu- maine et qui consiste à produire le même travail en dé- pensant moins de force. De là vient la monotonie de nos alphabets modernes, comparés aux systèmes hiéroglyphiques des anciens. Ceux-ci n'étaient, en réalité, qu'une peinture de la pen- sée, dans laquelle chaque idée, chaque mot était rendu par une image. Au contraire, les signes de l'alphabet n'ont rien de représentatif, ils ont une valeur purement conventionnelle et algébrique ; mais par là même ils peuvent s'appliquer presque indifféremment à toutes les langues; ils ont un caractère universel qui deviendra de plus en plus la loi de l'écriture, malgré les essais de réaction dont la fin du xix^ siècle aura donné le singulier exemple, en ressuscitant, par suite de préoc- cupations nationales et politiques, des alphabets qui semblaient destinés à disparaître. Il est aisé d'apercevoir quelle influence ont eue, sur l'expression de la pensée et sur les relations des hommes entre eux, les progrès de l'écriture. On peut dire que, s'il est d'autres branches de l'activité humaine qui parlent plus à l'imagination, il n'en est pas (jui aient eu (les conséquences plus imporlantes pour le dévelop- INTRODUCTION. xi pement de Tosprit humain, ni dont les étapes soient ])lus nettement marquées. On a cru qu'il ne serait pas sans intérêt, dans l'His- toire du Travail organisée à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889, de donner une place à l'histoire de l'écriture. On avait décidé de réunir, à cet effet, dans les galeries du palais des Arts libéraux, des spé- cimens des différentes formes de l'écriture depuis son origine jusqu'à la constitution de l'alphabet grec et de l'alphabet latin d'une part, de l'écriture arabe et de l'écriture indienne de l'autre. Chargé d'organiser cette partie de l'exposition rétrospective, j'ai choisi, autant que possible, les monuments les plus célèbres ou ceux qui ont joué un rôle dans le déchiffrement des écritures anciennes, m'appliquant à en donner des reproductions de tout point conformes aux originaux. Si cette histoire figurée de l'écriture a paru présenter quelque intérêt, je le dois au concours bienveillant que j'ai rencontré auprès des membres de la commission, ainsi qu'auprès des savants, français et étrangers, qui s'intéressent à ces études. Je tiens à exprimer ma recon- naissance tout d'abord au président de la section I de l'Histoire du Travail, M. de Rozière, ainsi quà tous ceux qui ont bien voulu faciliter ma tâche, en parti- culier aux Trustées du British Muséum, aux conservateurs du musée du Louvre, du musée d'ethnographie du Tro- cadéro, du musée ethnographique de Dresde, de qui nous avons reçu de précieux moulages. M. de Glercq, M. le colonel \incent. commandant le /i*^ tirailleurs su INTRODUCTION. al[];ërions, avaient aussi l)ien voulu nous confier cer- tains monuments originaux. Nous avons eu, en outre, à notre disposition les collections réunies par TAcadémie des inscri|)tions et belles-lettres pour la rédaction du Corpus iuHcnplionum somiticarum. M. le Directeur de l'enseignement primaire a pensé qu'il pourrait être bon de conserver le souvenir de cette exposition et il a bien voulu me fournir les moyens d'en publier les résultats uploads/Litterature/ berger-philippe-histoire-de-l-x27-ecriture-dans-l-x27-antiquite-1891-pdf.pdf

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