Revista de Lenguas Modernas, N° 16, 2012 / 197-213 / ISSN: 1659-1933 Resumen La

Revista de Lenguas Modernas, N° 16, 2012 / 197-213 / ISSN: 1659-1933 Resumen La autora de este ensayo analiza la utilización de la canción como una valiosa herramienta para estudiar la diversidad cultural y desarrollar la competencia cultural. Hace una breve reseña de las estrategias pedagógi- cas utilizadas por profesores de francés, así como de sus objetivos y propone una estrategia original con los enfoques etno-sociocultural e intercultural. Palabras claves: canción, pedagogía, didáctica, cultura, sociedad Résumé L’auteur de cet essai analyse l’emploi de la chanson comme un outil très important pour étudier la diversité culturelle et développer la compé- tence culturelle. Elle fait un compte-rendu des stratégies pédagogiques employées par des professeurs de français, ainsi que de leurs objectifs et propose une stratégie originale avec les tendances ethno-socio-culturelle et interculturelle. Mots clés: chanson, pédagogie, didactique, culture, société La chanson et son enseignement Quelles stratégies dans la classe FLE ? Pour quels publics ? Virginia Boza Araya Escuela de Literatura y Ciencias del Lenguaje Universidad Nacional dantrou@hotmail.com Recepción: 16-6-11 Aceptación: 5-12-11 P armi la diversité de documents authentiques dont peut disposer le professeur de français langue étrangère (FLE), la chanson est l’un des outils les plus utilisés par les enseignants. Tout d’abord, parce que la musique en général et la chanson en particulier occupent une place importante dans la vie de l’être humain. Elle l’accompagne dans le quotidien, elle est pré- sente dans les événements importants, elle rythme son existence. Revista de Lenguas Modernas, N° 16, 2012 / 197-213 / ISSN: 1659-1933 198 Les jeunes ne peuvent se priver ni de musique ni des chansons à la mode. Gé- rard Albéric (1994:111) affirme que les jeunes passent leur temps à « écouter des sons et à danser sur les rythmes qu’ils aiment ». Ceci s’explique en grande partie par le fait que les jeunes se reconnaissent en tout premier lieu dans les rythmes à la mode qui sont souvent lancés par des jeunes de leur âge. C’était déjà le cas dans les années soixante, l’époque des « copains ». La chanson constitue donc un docu- ment qui s’insère dans l’actualité et devient, de ce fait, le reflet de la société qui la produit. Elle est donc propice à l’apprentissage de la langue. D’ailleurs, d’après Michel Boiron1 dans son article « Rencontrer la musique française d’aujourd’hui », la chanson contemporaine « renforce l’actualité de la langue apprise, son inser- tion dans le monde d’aujourd’hui » et confirme donc son utilité comme outil de communication auprès des étudiants. La chanson est, en effet, proche des jeunes. Les jeunes s’y reconnaissent tout comme dans les textes qui parlent de leur vie, de leurs désirs, de leurs attentes, de leurs révoltes entre autres. Michel Boiron considère qu’ « apprendre le français est aussi découvrir le plaisir d’apprendre... » 2. Par son côté ludique, elle suscite un vrai engouement et fournit une motivation supplémentaire qui favorise l’acquisition d’une langue seconde. Tristan Nihouarn, membre du groupe Matmatah, partage cette conviction grâce à sa propre expérience. Interviewé par Jean-Claude Demari, il est de l’avis qu’ « enseigner une langue par la chanson ou le rock, c’est une manière de faire intéressant... Arrivés à l’adolescence les jeunes accrochent plus là-dessus. C’est une manière de faire passer la langue plus facilement »3. Cette opinion est confir- mée par l’expérience réalisée en Angleterre en 1999 sous l’appellation Le rap des écoles et qui est présentée aux professeurs de français par Jean-Claude Demari dans Le Français dans le Monde (LFM). Elle consiste en la rencontre des lycéens anglais qui étudient le français avec des groupes de rap français dans des zones ZEP (Zones d’enseignement prioritaire). Elle connaît un énorme succès auprès des jeunes et dépasse même les expectatives des professeurs. D’ailleurs, lors d’une interview réalisée par le magazine Face sur la musique, un jeune collégien s’exclame : « c’est mille fois mieux que des leçons normales ». La chanson présente une série d’avantages pour son utilisation en classe FLE. Tout d’abord, par ses aspects ludiques déjà évoqués, elle permet d’accé- der à une autre culture d’une façon simple. En quelques minutes, elle brosse le portrait d’une personne ou d’une société et peut susciter des émotions chez des apprenants, leur faire partager des expériences et des révoltes, leur transmettre un message, leur donner des notions d’histoire ou de géographie et leur faciliter l’accès à l’apprentissage d’une langue étrangère. Pour Amr Ibrahim, « En trois ou quatre minutes, avec un minimum de mots et de constructions, une chanson doit avoir dressé un décor, campé un ou plusieurs personnages, produit une émo- tion et, éventuellement, livrer un message, en un mot : justifié une production verbale »4. Des enseignants FLE de divers pays francophones, ayant compris la richesse pédagogique de la chanson et les atouts qu’elle comporte, ont réalisé plusieurs expériences qui ont été publiées dans Le Français dans le Monde. Ceux qui s’in- téressent à cet outil peuvent s’inspirer de nombreuses fiches pédagogiques et des BOZA. La chanson et son enseignement ... 199 articles publiés depuis des années dans LFM. Comme la liste est longue, ne se- ront évoqués que ceux qui illustrent le mieux les différentes approches proposées pour l’utilisation de la chanson. Les enseignants ont abordé la chanson selon trois perspectives de travail. 1. L’approche linguistique est la plus répandue, car son application est mul- tiple. Michel Boiron constate que lorsque le professeur FLE choisit de travailler une chanson en cours, il est tenté de privilégier « les paroles et leur analyse en termes d’acquisition linguistique »5. Diverses expériences ont été réalisées et ne seront citées que les plus marquantes. Un excellent exemple est celui du dossier chanson L’air du temps, réalisé par le Ministère des Relations extérieures et des associations de professeurs de français latino-américains en 1985. Il est composé d’une cassette contenant 14 chansons et d’un manuel d’exploitations pédago- giques pour chaque chanson. Ce manuel propose une panoplie assez large des exercices portant sur le lexique, les phrases, les expressions, la grammaire, la musique, les rythmes, etc. D’autres activités proposées par Gérard Albéric6 s’appuient sur des grilles d’analyse comme celle de Quintillien qui tient compte de : qui (le sujet), quoi (l’objet), où (le cadre spatial), quand (le cadre temporel), comment (le moyen) et pourquoi (la raison, la cause). Il s’inspire également sur la grille d’analyse de la structure du conte qui prend en considération : le destinateur, le sujet, l’objet, le destinataire, les amis et les opposants qu’il met en application dans des chan- sons telles que C’est ta chance (Jean-Jacques Goldman) ou Amandine (Michel Tournier). Il propose des exercices sur les préfixes, sur les registres de langue, sur les champs lexicaux, sur les expressions idiomatiques et sur les images : pro- verbes, métaphores et comparaisons entre autres. Michel Boiron et Patrice Hourbette7 ont publié un excellent dossier : La nouvelle Génération Française. Ils résument en quelque sorte les différentes approches appliquées par les professeurs FLE. Ils citent entre autres des expé- riences effectuées aux Etats Unis et en France en passant par l’Italie et les Pays Bas. Les professeurs ont favorisé les aspects lexicaux principalement, des jeux sur le vocabulaire, les hypothèses, les portraits des protagonistes ou bien les dialogues. Enfin mentionnons l’utilisation de la chanson dans le but d’améliorer la prononciation, au moyen des exercices de phonétique. Un exemple à souligner est celui de Francis Louvrier8 qui propose une série d’exercices progressifs,, ainsi qu’une liste de chansons pour travailler les différents sons. Il met en pratique des exercices visant à améliorer la prononciation et à faciliter la correction et l’assimilation des sons. 2. La deuxième approche consiste en l’étude de la chanson en tant que pro- duction culturelle à part entière : en fait, il s’agit de la chanson par la chanson, par opposition à son utilisation comme outil pédagogique. Alain Chamberlain souligne que la chanson a souvent été écartée des cours de français langue étran- gère qui, en principe, doivent enseigner « la langue, la littérature et la civilisa- tion »9. Ceci s’explique par le fait que de par son aspect ludique, elle est censée divertir. Or, la spécificité française de la chanson qui a été pendant longtemps Revista de Lenguas Modernas, N° 16, 2012 / 197-213 / ISSN: 1659-1933 200 une chanson poétique aurait dû inciter les professeurs à l’inclure dans leurs programmes. Cependant cette spécificité, qui aurait dû être un atout, consti- tue en même temps un inconvénient de taille : celui de ne pas être appréciée par un public non francophone. Louis-Jean Calvet en fait le constat dans Alors, la chanson française?. Selon lui, la musique française n’est « ni d’avant-garde ni particulièrement folklorique, en bref nous n’avons aucune raison musicale particulière d’intéresser ou de séduire »10. Un autre problème rencontré par les enseignants FLE des pays éloignés de la France ou des pays francophones, c’est la méconnaissance de la production musicale française moderne. En effet, le peu de musique française à franchir les frontières est la chanson poétique des grands interprètes tels que Georges Brassens, Edith Piaf, Jacques Brel, Aznavour, Ca- brel uploads/Litterature/ boza-araya-2012-la-chanson-et-son-enseignement.pdf

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