Les États généraux sur l'éducation 1995-1996 Exposé de la situation FAITS SAILL

Les États généraux sur l'éducation 1995-1996 Exposé de la situation FAITS SAILLANTS La Commission des États généraux sur l'éducation vient de rendre public son Exposé de la situation. Le document dégage les lignes de force de ce qu'ont dit les 2 000 participants et participantes aux audiences publiques tenues entre mai et octobre 1995. Considérant qu'elle avait un devoir de fidélité aux propos entendus mais aussi une obligation de clarification des enjeux, la Commission y livre également sa propre analyse des différents éléments portés à son attention. Enfin, des questions sont formulées sur chacun des dix thèmes faisant l'objet d'un chapitre, questions qui serviront de point de départ aux débats qui auront lieu dans toutes les régions du Québec au cours des assises régionales qui s'amorcent. La présente brochure est destinée à décrire succinctement les principales positions et questions que la Commission soumet au débat dans son Exposé de la situation. D'entrée de jeu, la Commission lance un appel à se ressaisir pour améliorer l'éducation. La nécessité de remettre l'école sur ses rails en matière d'égalité des chances est clairement indiquée. Cela suppose de développer les services à la petite enfance, d'éliminer les pratiques qui compromettent la gratuité scolaire, d'accorder la priorité àla lutte au décrochage et de mieux répondre aux besoins de certaines catégories d'élèves comme ceux des communautés culturelles, ceux des milieux défavorisés et ceux qui éprouvent des difficultés d'adaptation et d'apprentissage. À cet égard, il semble qu'on ne prenne pas bien la mesure des problèmes de l'école publique montréalaise. La Commission s'en inquiète. L'urgence de redonner à tous les acteurs sociaux et scolaires la responsabilité qui leur incombe en matière d'éducation est affirmée. Élèves, parents, enseignants, administrateurs, tout le monde cherche une place à la mesure de ses capacités et de ses désirs d'engagement. Un virage migratoire du sommet de la pyramide éducative vers sa base, du Ministère vers l'établissement d'enseignement, est attendu. Cela ne pourra vraisemblablement se faire sans un réajustement des structures scolaires actuelles. La Commission pointe également du doigt quelques mauvais plis qu'a pris le système scolaire. À cet égard, la tendance à repousser le problème à d'autres niveaux, le laisser-faire en matière d'encadrement du travail personnel des élèves, l'absence d'une perspective culturelle qui conduit à réduire la formation à une juxtaposition d'apprentissages, la faiblesse du niveau d'exigences envers les élèves et le peu de reconnaissance des filières de formation professionnelle appellent des redressements. Dans le chapitre premier, il est d'abord question des insatisfactions et des changements sociaux qui appellent une révision de la mission éducative. La Commission croit qu'il est nécessaire de convenir à nouveau des finalités éducatives et elle tente d'en préciser les grands axes. En gardant à l'esprit que la perspective adoptée en est une de formation continue, on pourrait les résumer ainsi : ÄInstruire, c'est-à-dire reconnaître que le développement intellectuel et l'acquisition d'une formation de base constituent l'une des tâches essentielles de l'école, voire que c'est là son rôle propre, son axe central. ÄSocialiser, soit transmettre l'héritage culturel de l'humanité, les valeurs qui fondent notre société et qui peuvent servir à la fois d'inspiration pour le dépassement personnel, de ciment social en même temps que de guides de conduite. ÄPréparer à l'exercice des différents rôles sociaux, notamment à ceux de citoyens, de parents et de travailleurs, et à leur nécessaire redéfinition dans l'optique de la maîtrise du changement. Offrir un milieu de vie stimulant à ceux et celles qui fréquentent l'école constitue la condition essentielle et indissociable de l'atteinte des trois finalités proposées. Par ailleurs, l'école ne peut seule mener à bien l'entreprise éducative. Elle doit se mettre en réseau avec des partenaires qui ne sont pas du milieu scolaire et s'entendre avec eux sur les responsabilités de chacun au regard de cette mission. Pour sa part, l'enseignement supérieur doit faire face à des obligations qui lui sont propres et qui s'ajoutent à la formation : le développement des connaissances et de leurs applications dans le cadre d'activités de recherche et de transfert technologique et scientifique, la participation au développement des communautés et, dans le cas de l'université, l'exercice d'une fonction critique dans la société. La Commission estime qu'on ne peut faire l'économie d'un examen sérieux de la façon dont la mission est assumée actuellement. Pour ce qui est de l'enseignement collégial, le seul fait que cet ordre d'enseignement n'existe pas ailleurs ne suffit pas à conclure qu'il n'a pas sa raison d'être. Cependant, on doit reconnaître que certains problèmes contribuent à sa perpétuelle remise en question. La Commission soumet à la discussion des hypothèses de changement qui amènent à s'interroger sur l'ampleur des activités de mise à niveau, sur l'établissement d'un continuum d'études de cinq ans avec les universités et sur une organisation plus flexible de l'offre de formation. Du côté universitaire, les commissaires déplorent que la mission d'enseignement, en particulier au 1er cycle, ne reçoive pas toute l'attention qu'elle mériterait. Quant au volet recherche, ils s'inquiètent des risques de dérive vers la seule recherche commanditée et branchée sur les besoins de l'industrie. Ils craignent que ses résultats ne soient pas réinvestis dans la formation de la relève scientifique et que des pans entiers de l'activité humaine et sociale soient laissés dans l'ombre. Ils se demandent si certaines activités ne pourraient pas être menées ailleurs qu'à l'université ou si l'on devrait différencier les mandats des établissements. Ils s'interrogent sur la pertinence d'une politique d'ensemble en matière d'orientation de la recherche et de déontologie. Les questions de l'accessibilité et de la réussite sont abordées dans le deuxième chapitre. Malgré le rattrapage important réalisé par le Québec au cours des dernières décennies, il faut maintenir le cap sur l'accès à l'éducation, plus encore passer de l'accès au succès. Sur ce plan, la Commission propose de fixer des objectifs clairs d'accès et de diplomation à chaque ordre d'enseignement. Elle rappelle que le désir de poursuivre ses études ne doit pas être entravé par des ressources financières insuffisantes. C'est pourquoi la vigilance s'impose en ce qui a trait aux pratiques conduisant à l'imposition de frais divers qui risquent de compromettre la gratuité scolaire. À l'enseignement universitaire, la hausse des droits de scolarité pourrait freiner la fréquentation et doit donc être envisagée avec une extrême prudence. Quant au régime d'aide financière, il constitue un outil indispensable à l'égalité des chances et doit être maintenu. Dans un autre ordre d'idées, les commissaires déplorent le sous-développement des services à la petite enfance. Ils y voient un moyen de diagnostic important et une façon de réduire les écarts entre les enfants avant le début de la scolarisation. Ils se montrent favorables à une augmentation des places en garderie, à la fréquentation obligatoire de la maternelle à temps plein pour les enfants de 5 ans et à une maternelle facultative àmi-temps pour les 4 ans, avec la possibilité d'un temps plein pour certaines catégories d'enfants qui en auraient besoin. En ce qui a trait à l'abandon scolaire, le rapport fournit quelques statistiques pour éclairer, sans le banaliser, ce phénomène. Il rappelle que des écarts énormes sont observés entre les différentes régions du Québec en matière de persévérance scolaire.Il souligne la situation préoccupante de l'école montréalaise qui invite à en faire une zone d'éducation particulière. Le fait que bon nombre de jeunes, dès le secondaire, consacrent plusieurs heures par semaine au travail salarié amène à s'interroger sur le choix plus ou moins avoué de la société québécoise d'utiliser ces jeunes dans une économie de plus en plus fondée sur la précarité plutôt que d'investir dans leur formation. Il est temps que le travail scolaire et le statut d'étudiant soient valorisés et que le travail salarié des jeunes soit balisé. Quant à l'orientation scolaire et professionnelle, il est clair que les élèves ont besoin d'être accompagnés dans cette démarche. Il semble toutefois que les services actuellement mis à leur disposition, notamment le cours d'éducation au choix de carrière, gagneraient à être remplacés par des services plus personnalisés, qu'il serait intéressant que les élèves soient davantage sensibilisés aux réalités de la vie professionnelle et que l'aspect orientation soit abordé à travers l'ensemble des activités de l'école faisant ainsi de cette dernière une «école orientante». L'Exposé de la situation attire l'attention sur les besoins de certains groupes d'élèves. Du côté des communautés culturelles, les inquiétudes ne portent pas tant sur la réussite scolaire que sur la capacité de l'école de favoriser l'intégration. La culture publique commune à laquelle on tente d'intégrer les élèves n'est toujours pas clairement définie; plus de 10 000 jeunes du primaire et du secondaire fréquentent des écoles ethniques et religieuses privées et ne sont donc pas intégrés à l'école publique commune; des classes d'accueil sont situées dans des écoles où la presque totalité des élèves sont d'origine immigrante; les contacts entre les parents de ces élèves et l'école restent encore trop peu fréquents; le personnel enseignant est peu préparé à intervenir auprès de ces élèves, faute de formation adéquate; les ressources sont loin d'être à la hauteur des défis à relever; il n'existe toujours pas de plan d'ensemble uploads/Litterature/ bs-40858.pdf

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