Étalonnage des blocs de Corsi sur une population d’enfants scolarisés du CP à l
Étalonnage des blocs de Corsi sur une population d’enfants scolarisés du CP à la 6e Résumé L’épreuve des blocs de Corsi mesure la composante visuo-spatiale de la mémoire de travail, mais fait appel à des processus cognitifs variés. Elle consiste à reproduire, dans le même ordre ou en ordre inverse, une séquence de mouvements de pointage de différents cubes montrée par l’observateur. La présente étude donne les résultats d’un étalonnage réalisé sur une population française de 456 enfants scolarisés du CP à la 6e pour les conditions de rappel endroit et envers. Mots clés tmémoire visuo-spatiale tempan tdéveloppement 85 Développements / novembre 2014 Maryline FOURNIER Psychomotricienne Jean-Michel ALBARET Enseignant chercheur, Université de Toulouse, UPS, PRISSMH EA 4561 – directeur de l’Institut de Formation en Psychomotricité de Toulouse (IFPT) jean-michel.albaret@univ-tlse3.fr Summary The Corsi Blocks task assesses the visuospatial component of working memory but uses various cognitive processes. The subject needs to reproduce, in the same or reverse order, a sequence of pointing movements to different cubes shown by the rater. This study reports detailed findings on a french population of school children (Grade 1 to 6) for both forward and backward order. Keywords tvisuospatial memory tspan tdevelopment MARYLINE FOURNIER ET JEAN-MICHEL ALBARET 86 Développements / novembre 2014 L ’épreuve des blocs de Corsi consiste à repro- duire, dans le même ordre ou en ordre inverse, une séquence de mouvements de pointage de différents cubes montrée par l’observateur. Le nombre de blocs augmente progressivement et permet de déterminer l’empan visuo-spatial qui est le nombre maximum de blocs que le sujet rappelle sans erreur. L ’épreuve des blocs de Corsi a été construite pour tester, chez des patients épileptiques ayant subi une résection du lobe temporal, le versant non verbal de la mémoire par analogie avec le versant verbal mesuré par les séquences de chiffres (Corsi, 1972 ; Milner, 1971). Ces premiers travaux ont mis en évidence une double dissociation selon la latéralisation de l’intervention et conduit à l’idée que la région temporale médiale gauche était responsable de la mémorisation de séquences verbales et la région droite de la mémorisation de séquences spatiales. Les blocs de Corsi sont utilisés pour évaluer la mémoire immédiate non verbale ou la mémoire de travail dans ses aspects visuo-spatiaux aussi bien chez l’enfant (De Agostini, Kremin, Curt, & Dellatolas, 1996 ; Orsini, Schiappa, & Grossi, 1981), que l’adulte ou la personne âgée (Farrell Pagulayan et al., 2006 ; Rowe, Hasher, & Turcotte, 2008 ; Saggino et al., 2004 ; Smyth & Scholey , 1992). Le modèle de la mémoire de travail de Baddeley et Hitch (1974) postule l’existence de trois composantes : l’administrateur central qui est un système de contrôle attentionnel coor- donnant et régulant les opérations de traitement réalisées par les deux autres sous-systèmes de stockage et le lien avec la mémoire à long terme ; la boucle phonologique spécialisée dans les infor- mations de nature verbale ; le calepin visuo-spa- tial traitant les informations non verbales spatiales et visuelles. McLean et Hitch (1999) considèrent que les blocs de Corsi constituent une mesure de ce calepin visuo-spatial, l’empan envers rendant compte du fonctionnement de l’administrateur central (Garon et al., 2008). Le test des blocs de Corsi nécessite de se sou- venir des différents emplacements des blocs qui constituent la séquence (dimension spatiale) et de l’ordre dans lequel ils apparaissent (dimen- sion temporelle) et fait donc appel également à des ressources de nature exécutive. Rudkin et al. (2007) ont ainsi montré que les blocs de Corsi sollicitent plus les fonctions attentionnelles qu’une épreuve de matrices du fait de la néces- sité de construire une représentation mentale de la séquence de mouvements qui est encore plus prononcée lors de l’épreuve envers. Les débats sur la nature exacte des processus impliqués dans les deux épreuves de Corsi se poursuivent (Berch et al., 1998 ; Mammarella & Cordnoldi, 2005). Chez l’enfant, plusieurs études ont porté sur des populations cliniques. Les enfants présentant des difficultés spécifiques d’apprentissage en arithmétique (n = 12 ; 8-9 ans) ont des résultats inférieurs à des sujets contrôles sur les blocs de Corsi (McLean & Hitch, 1999). Les sujets avec une incapacité d’apprentissage non verbal, qui se caractérisent par une incapacité de traitement et d’apprentissage du matériel non verbal, un écart de 10 points entre le QI verbal et le QI de perfor- mance, un échec dans des tests neuropsycholo- giques mettant en jeu des habiletés visuo-spatiales (Cornoldi et al., 1997), se différencient des sujets ordinaires essentiellement sur l’empan envers des blocs de Corsi (Mammarella & Cornoldi, 2005). Concernant le Trouble Déficit de l’Attention/ Hyperactivité (TDA/H), les résultats sont contra- dictoires. Dans une étude portant sur 50 gar- çons avec TDA/H âgés de 8 à 14 ans comparés à 44 garçons ordinaires de même âge, Pasini et al. (2007) ne constatent pas de différence sur un rappel des séquences à l’endroit. À l’opposé, Jong et al. (2009) trouvent que les enfants avec TDA/H seul (12 ans, n = 24) ont un déficit spécifique aux blocs de Corsi contrairement aux sujets avec dys- lexie seule (n = 41), aux sujets associant TDA/H et dyslexie (n = 29) ou encore aux sujets du groupe contrôle (n = 26). Il est possible, comme pour un grand nombre d’études aux résultats contradic- toires, que la non-prise en compte systématique de la comorbidité avec les autres troubles des ap- prentissages ou du développement soient un élé- ment explicatif à ajouter à la question de l’hétéro- généité intrinsèque des troubles en question. On notera au passage que, selon les études, les blocs de Corsi font partie des mesures des fonctions exécutives (Lambek et al., 2010) ou sont considé- rés au contraire comme des mesures de fonctions non exécutives (Pasini et al., 2007). Des différences sont également présentes entre sujets avec Trouble de l’Acquisition de la Coordination (TAC) et sujets avec trouble modé- ré des apprentissages dans une épreuve présentée sur ordinateur similaire aux blocs de Corsi nom- mée Rappel de Blocs et considérée comme une mesure de la mémoire à court terme visuo-spa- tiale (Alloway & Temple, 2007) Dans la trisomie 21, l’empan visuo-spatial fourni par les blocs de Corsi n’est pas diminué contrai- rement à l’empan de chiffres indiquant la pré- servation du calepin visuo-spatial, la dissocia- tion inverse est rencontrée dans le syndrome de Williams (Bellugi & Wang, 1994 ; Jarrold & Baddeley, 2001 ; Vicari & Carlesimo, 2006). Les études concernant les différences sexuelles donnent des résultats contradictoires (Bosco, Longoni, & Vecchi, 2004 ; Postma et al., 2004). Étalonnage des blocs de Corsi sur une population d’enfants scolarisés du CP à la 6e Développements / novembre 2014 87 Chez l’adulte, les performances diminuent avec l’avancée en âge (Iachini et al., 2008). Une version proche est présente sous une autre appellation (mémoire spatiale) dans l’échelle non verbale d’intelligence de Wechsler (Wechsler & Naglieri, 2006, 2009). 1. Matériel L ’épreuve des blocs de Corsi (1972) est constituée d’une planche sur laquelle sont fixés neuf cubes ou blocs disposés selon un arrangement dépourvu de symétrie et numérotés sur la face visible uni- quement par l’observateur (cf. figure 1). Celui- ci touche successivement un certain nombre de blocs dans un ordre pré-établi et demande au su- jet de reproduire la séquence. L ’épreuve est com- posée d’une première partie avec un rappel de la séquence à l’endroit. Dans la deuxième partie, la séquence est rappelée à l’envers. Les séquences pour le rappel endroit sont celles proposées par Kessels et al. (2000) à partir des travaux de Smirni et al., 1983) et de Capitani, Laiacona et Ciceri (1991). 2. Procédure L ’enfant et l’examinateur sont installés face à face, de part et d’autre d’une table au centre de laquelle est placée la planche des blocs de Corsi. L ’examinateur pointe successivement diffé- rents cubes dont le nombre va croissant au fur et à mesure des réussites en commençant par les exemples avec une séquence de deux cubes (cf. tableaux 1 et 2). Après les deux exemples, deux essais sont proposés pour chaque séquence de même longueur. Dès qu’un des deux essais est correctement reproduit, le premier essai du ni- veau suivant est proposé. Lorsque les deux essais d’un même niveau sont échoués, l’épreuve s’ar- rête. L ’examinateur utilise son index pour poin- ter les cubes, au rythme d’un bloc par seconde. Lorsqu’il a montré tous les blocs, il demande immédiatement au sujet de reproduire la même séquence dans le même ordre ou dans l’ordre inverse. Les sujets commencent par la condi- tion endroit avant de poursuivre par la condi- tion envers. La note attribuée correspond au niveau de la dernière séquence correctement reproduite. Figure 1 : Plan de l’épreuve des blocs de Corsi d’après Kessels et al. (2000). Les coordonnées en millimètres sont mesurées à partir du coin inférieur gauche de la planche à l’angle inférieur gauche de chaque cube. Les chiffres 1 à 9 sont dessinés sur la face des cubes visible du seul examinateur. MARYLINE FOURNIER ET JEAN-MICHEL ALBARET 88 Développements / novembre 2014 La consigne donnée au sujet pour la condition uploads/Litterature/ btt-pdf.pdf
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- Publié le Jui 14, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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