Jacques Henri PREVOST Petit Manuel d’Humanité CAHIER 39 – La réincarnation selo

Jacques Henri PREVOST Petit Manuel d’Humanité CAHIER 39 – La réincarnation selon Platon MANUSCRIT ORIGINAL Tous droits réservés N° 00035434 La réincarnation selon Platon La déesse Athéna symbolisée par une chouette Selon Diogène Laërce, Platon serait né à Athènes, (ou peut-être à Égine), le sept mai de la quatre-vingt- huitième olympiade, ce qui dans le calendrier grec, place sa naissance dans les années ~428 ou ~427 avant notre ère. Il serait mort, au cours d'un banquet de noces, à l'âge de quatre-vingt-un ans. On sait peu de choses de cet énigmatique Diogène Laërce qui décrivit avec minutie la vie et les doctrines des philosophes antiques, et l'on pense qu'il vécut au début du 3e siècle. Laërce nous dit que le vrai nom de Platon était Aristoclès comme celui de son grand père. Il était le fils d'Ariston et de Périctioné, issus de deux illustres familles athéniennes, et il avait deux frères, Adimante et Glaucon, et une sœur, Potoné. Comme tous les jeunes Athéniens, Aristoclès pratiquait les trois disciplines obligatoires, lettres, musique et gymnastique. C'est son moniteur gymnaste, un lutteur argien, qui le surnomma Platôn (le large) pour une raison mal définie. À l'âge de vingt ans, il devint le disciple de Socrate, et après la mort du philosophe, il voyagea, allant même jusqu'en Égypte, mais les voyages ne lui étaient guère favorables. En Sicile, il fâcha le tyran Denys qui le fit vendre comme esclave. Racheté par ses amis, il revint vivre à Athènes et s'établit à l'Académie, (du grec "Akademeia", dans les jardins d’un riche citoyen nommé Akademos). C'était un beau et grand domaine garni d'arbres et de fontaines, près du bourg de Colone sur la route d'Athènes. Platon y donna son enseignement et il y eut de nombreux disciples dont Aristote qui le quitta et fut précepteur du prince Alexandre de Macédoine, celui-là même qui devait devenir le fameux conquérant. Contrairement à Socrate qui n'écrivait rien, Platon écrivait beaucoup. Il usait d'un mode fort populaire à l'époque, le dialogue imaginaire, et il exposait ses idées à travers des conversations d'interlocuteurs fictifs. Laërce lui attribue cinquante-six de ces dialogues. Platon interrompait parfois ces longs discours pour exposer différemment sa pensée en usant de mythes plus suggestifs que didactiques. On en compte au moins une quinzaine dans toute son œuvre. Certains permettent de percevoir comment le philosophe concevait la vie au delà de la mort, et ce sont ces mythes bien particuliers qui constituent la matière de cette étude. . Quelques mythes platoniciens choisis L'allégorie de la caverne par Felixci Les mythes platoniciens les plus connus sont probablement ceux de l'Atlantide et de la Caverne. Platon évoque la légende de l'Atlantide dans les dialogues de Timée puis de Critias. D'antiques propos sont rapportés à Socrate, évoquant l'existence d'une île très grande et très puissante, au delà des colonnes d'Hercule, (détroit de Gibraltar), neuf mille ans auparavant. Son peuple voulait asservir les populations méditerranéennes, mais les Athéniens résistèrent et après de terribles cataclysmes, l'Atlantide fut submergée par la mer et disparut à jamais. Cette histoire, peut-être inspirée par l'explosion du Santorin, enflamma l'imagination de nombreux romanciers, et des aventuriers en cherchent encore aujourd'hui les vestiges jusqu'au fond des mers. On trouve aussi, dans "la République", un dialogue entre Socrate et Glaucon, rapportant l'histoire dite, "allégorie de la caverne". Dans un lieu souterrain, des hommes sont enchaînés et ne voient que la lumière d'un feu lointain. Derrière eux est un muret au long duquel d'autres hommes portent des objets de toutes sortes qui dépassent ce mur. Certains porteurs parlent et d'autres se taisent. Les prisonniers ne connaissent de ces choses que les ombres projetées sur les murs, et ils n'entendent que les échos des sons. Que l’un d’eux soit libéré, il sera d’abord blessé par la lumière et souffrira des changements. En un premier temps, il ne percevra pas ce qu'on lui montre, puis il s’accoutumera et en verra la réalité. Prenant conscience de sa condition antérieure, il s'efforcera de retourner pour en informer ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d’imaginer ce qui est arrivé, refuseront de le croire, le repousseront et le tueront peut-être Le char du Soleil Voyons maintenant un mythe tiré du "Protagoras" dans lequel ce philosophe évoque les travaux d'Épiméthée et de Prométhée lors de la création du Monde. Remarquons d'abord l'extraordinaire transformation que Platon fait subir au traditionnel récit d'Hésiode racontant le partage truqué du bœuf lors du banquet des hommes et des dieux. Ici, Prométhée ne trompe plus Zeus qui va même l'aider. Quand le temps fut venu de la naissance des races mortelles, dit Protagoras, les dieux les façonnèrent de terre et de feu et autres matières, et ordonnèrent aux deux titans jumeaux de leur attribuer les qualités convenables. Épiméthée obtint de procéder seul au partage et l'effectua selon sa fantaisie. Aux uns, il donna la force, aux autres la vitesse, ou les ailes, ou les habitats souterrains, ou la grande taille. Ils en revêtit certains de toisons ou de cuirs épais, ou de plumes, ou les chaussa de sabots ou de peau durcie. Il se préoccupa de leurs nourritures. Mais la sagesse d'Épiméthée était imparfaite et, quand l'Homme se présenta, plus rien n'était disponible. Prométhée fut donc appelé pour équiper l'Homme et assurer sa survie. Fort embarrassé, Prométhée se résolut à dérober le feu et les habiletés pratiques et artistiques d'Héphæstos et d'Athéna pour les donner à l'Homme. Seul parmi les animaux, ainsi pourvu d'un don divin, les hommes se mirent à honorer les dieux, à construire des temples et des habitations, à se vêtir et à parler. Mais vivant dispersés, ils étaient détruits par les animaux. Alors, Zeus inquiet envoya Hermès porter aux hommes la pudeur, la justice, et le sens politique, répartis en son nom de façon que chacun en ait sa juste part, afin que l'harmonie et l'amitié s'établissent dans les cités, sous peine de mort. Prométhée dérobant le feu divin pour le donner aux hommes Les mythes platoniciens de réincarnation La théorie de la renaissance (ou réincarnation) remonte à l'Orphisme qui la considérait comme une connaissance secrète réservée aux initiés des religions à Mystères. Platon ne la présentait pas comme une hypothèse mythique, mais comme une conviction philosophique. Dans le dialogue de Phédon, il dit que chaque âme use plusieurs corps, surtout si sa vie dure de longues années. Pour le philosophe, cette conviction a pour conséquence logique la mémoire de ces expériences qu'il appelle réminiscence. Insistant sur cette idée, il fait dire à Socrate, dans le dialogue de "Menon", que l’âme de l’homme est immortelle, que tantôt elle s’échappe, ce qu’on appelle mourir, et tantôt reparaît, mais ne périt jamais, et que, pour cette raison, il faut mener une vie la plus sainte possible. Quand Perséphone, dit Socrate, a reçu des morts la rançon d’une ancienne faute, elle renvoie leurs âmes vers le soleil d’en haut, à la neuvième année. Et concernant la connaissance, puisque l’âme est immortelle et qu’elle a vécu plusieurs vies, elle a vu tout ce qui se passe tant ici que dans l’Hadès, et il n’est rien qu’elle n’ait appris. Comme tout se tient dans la nature et que l’âme a tout appris, rien d’empêche qu’en se rappelant une seule chose, (ce que les hommes appellent faussement apprendre), elle retrouve d’elle-même toutes les autres, pourvu qu’elle soit courageuse et ne se lasse point de chercher, car chercher c’est bien autre chose que se ressouvenir. "Et je ne puis donc, dit Socrate, t'enseigner aucune chose puisque je soutiens qu'il n'y a pas d'enseignements mais seulement des réminiscences". Illustration de la réminiscence par Dali - (l'Angelus de Millet) Plus loin, Socrate insiste. Si l’âme est immortelle, il faut en prendre soin, non seulement pour le temps que nous appelons vivre, mais pour tout le temps à venir, et l'on s’expose à un terrible danger si on la néglige. Si la mort nous délivrait de tout, quelle aubaine pour les méchants d’être débarrassés à la fois de leur corps et de leur méchanceté. Mais pour l’âme immortelle, il n’y a d’autre moyen de se sauver que de devenir la meilleure et la plus sage possible. En quittant le corps, elle ne garde que l’instruction et l’éducation, qui sont ce qui sert ou nuit le plus au mort, quand il part pour l’autre monde. En effet après la mort, le génie que le sort a attaché à chaque homme le conduit en un lieu où les morts sont rassemblés pour qu'ils se rendent chez Hadès. Lorsqu’ils y ont reçu le sort qu’ils méritaient et qu’ils y sont restés le temps prescrit, un autre guide les ramène ici, après de longues périodes de temps. Mais la route de l'Hadès n’est ni simple, ni unique puisqu'on y a besoin de guides .Il y a beaucoup de bifurcations et de détours. L’âme réglée et sage suit son guide et n’ignore pas ce qui l’attend, mais celle qui est passionnément attachée au corps, reste longtemps éprise de ce corps et du monde visible. Ce n’est qu’après une longue résistance et beaucoup de souffrances, qu’elle uploads/Litterature/ cahier-39-la-reincarnation-selon-platon.pdf

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