L’INTERTEXTUALITE Intertextualité est un mot a priori rébarbatif, mais dont la

L’INTERTEXTUALITE Intertextualité est un mot a priori rébarbatif, mais dont la composition rend le sens facilement accessible: inter - texte et inter - textuel. Tout le travail précédent nous a placé sur le plan du texte ou récit et du textuel, nous prévalant de la notion de clôture, d'autonomie, d'immanence du texte littéraire (Todorov), de l'approche linguistique du texte littéraire à travers les théories de G. Genette et de Algirdas Julien Greimas. C'est un passage obligé pour comprendre le fonctionnement d'un texte littéraire et l'interpréter efficacement. Mais il faut se rappeler Boileau qui disait : « On vient trop tard, tout a été dit ». Ne fait-on pas que répéter d'autres textes? Ici réside- la problématique de l'intertextualité qui inaugure l'approche plurielle du texte littéraire. Dominique MAINGUENEAU, linguiste, dans Pragmatique pour le discours littéraire, développe la notion d'œuvre en contact et d'œuvre en relation avec la société. Mais comment? Par quel biais? Claude Duchet, lui-même (Sociocritique), écrit que « tout texte narratif construit sa propre société» : la société de référence et le hors-texte. La société de référence et le hors-texte sont les référentiels d'un texte artistique. Les référentiels sont d'abord des textes. Inter-texte, Inter-textuel expriment l'interrelation entre textes. L'intertextualité est une ouverture d'un texte sur d'autres textes. C’est pratiquement inévitable, car un « écrivain est d’abord lecteur. Les lectures antérieures peuvent lui revenir a son insu ou intentionnellement lorsqu'il crée. » DEFINITION DE L’INTERTEXTUALITE L'intertextualité relève de la sémiotique para grammatique qui se réclame autant de Saussure que de Mikhaïl Bakhtine pour affirmer le caractère citationnel du texte littéraire: « tout discours en répète un autre et toute lecture se construit elle-:même comme discours ». Le mot intertextualité a été employé les premières fois par Julia Kristeva en 1967 et 1969, Elle l'a introduit en 1973 dans Sémiotiké, recherches pour une sémanalyse. Le concept traduisait celui de Mikhaïl Bakhtine, le dialogisme, pour désigner le rapport que les différents énoncés littéraires entretiennent entre eux. (cf. M. Bakhtine, Introduction à la poétique de Dostoïevski et T. Todorov, Mikhaïl Bakhtine et le principe dialogique (1981, Seuil) Ces différentes théories montrent qu'il n'est pas d'énoncé ou de texte sans relation avec d'autres énoncés. Tout énoncé se rapporte à d'autres énoncés antérieurs, ce qui donne lieu à des relations intertextuelles ou dialogiques. Le texte littéraire est donc le lieu de rencontre de 1 plusieurs texte, ainsi que le note Kristeva : « Tout texte se construit comme une mosaïque de citations, tout texte est absorption et transformation d'un autre texte » Exemples : La tragédie du roi Christophe (A. Césaire) et Iles de tempête (B. Dadié) LA TRANSTEXTUALITE DE GERARD GENETTE Pour G. GENETTE, l'intertextualité, au sens de Kristeva, est un sens restrictif. Il appelle Transtextualité dans son ouvrage Palimpsestes. La littérature au second degré paru en 1982, ce que Kristeva appelle intertextualité. GENETTE définit son concept de Transtextualité ou« Transcendance textuelle du texte » comme « tout ce qui le met en relation, manifeste ou secrète, avec d’autres textes » (Palimpsestes, p.7) Allant plus loin que ce simple constat, GENETTE formalise les différents types de relations transtextuelles. Il distingue ainsi cinq : -L’intertextualité Le théoricien français réserve le terme d’intertextualité à la coprésence de deux ou plusieurs textes, c’est-à-dire à la présence effective d’un ou de plusieurs textes dans un autres texte. Cela peut comprendre la citation, qui est la forme la plus littérale et la plus explicite, le plagiat, littérale mais non avoué, ou l’allusion moins littérale et moins explicite. Il définit l’intertextualité comme suit : « Je le définis pour ma part, d’une manière sans doute restrictive, par une relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes, c’est-à-dire, eidétiquement et le plus souvent, par la présence effective d’un texte d’un autre. (Palimpsestes, p.8). » -La paratextualité : Pour GENETTE, la Paratextualité désigne les relations du texte au hors-texte du livre lui- même : titre, sous-titres, intertitres, préfaces, postfaces, avertissements, notes, épigraphes, illustrations, bande, jaquette, couverture et aussi « avant-texte » (brouillons, esquisses...). 2 -La métatextualité : Elle désigne la relation de commentaire qui unit un texte à un autre texte dont il parle. Il s’agit essentiellement de la relation critique. « Le troisième type de transcendance textuelle, que je nomme métatextualité, est la relation, on dit couramment de ‘’commentaire’’, qui unit un texte à un autre texte dont il parle, sans nécessairement le citer (le convoquer), voire à la limite, sans le nommer... (Palimpsestes, p.11) » Par exemple, la mise en abyme est une forme de métatextualité fictionnelle, lorsque le narrateur commente ou fait commenter par d’autres le roman qui s’écrit... -L’architextualité C’est la relation la plus abstraite et souvent la plus implicite, parfois notée par une simple indication paratextuelle (roman, essai...). Elle renvoie au genre et est aussi bien pour la construction du texte que pour les attentes du lecteur et son mode de lecture. « Il s’agit ici d’une relation tout à fait muette, que n’articule, au plus, qu’une mention paratextuelle (titulaire, comme dans poésie, Essais, Le Roman de la Rose, etc., ou, le plus souvent, infratitulaire : l’indication Roman, Récit, Poèmes, etc., qui accompagne le titre sur la couverture), de pure appartenance taxinomique. » (Palimpsestes, p.12) –L’hypertextualité : C’est la relation qui unit un texte B (hypertexte) à un texte A appelé hypotexte, sur lequel il se greffe d’une autre façon à l’exclusion du commentaire. Il écrit à cet égard à propos de l’hypertextualité ce qui suit: « J’entends par là [hypertextualité] toute relation unissant un texte B (que j’appellerai hypertexte) à un texte antérieur A (que j’appellerai, bien sûr, hypotexte) sur lequel il se greffe d’une manière qui n’est pas celle du commentaire. » (Palimpsestes, p.13) 3 METHODOLOGIE L’étude de la transtextualité comporte des niveaux d’approche : -1. Identifier ou repérer les emprunts ou les citations. -2. Montrer les modalités d’intégration et les transformations éventuelles. –3. Dégager les fonctions. Elles peuvent être variées : -de la révérence à l’ironie, -de la valorisation à la dévalorisation du personnage (fonction critique, ironie, dérision), -fonction réaliste et créatrice. CONCLUSION GENERALE Un coup d’œil sur l’intertextualité et ses variantes montrent l’évolution de la Science littéraire. Les différentes écoles se répondent. Une génération réagit à la précédente, et ainsi de suite. Toutes ces gymnastiques sont caractéristiques de l’approfondissement de la littérarité. Au demeurant, la transtextualité de GENETTE apparait comme une évolution majeure dans le développement du dialogisme dans l’analyse littéraire. 4 uploads/Litterature/ cate-gories-du-re-cit-l-x27-intertextualite.pdf

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