1 ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE MARTIL Professeur : Kamal El BOUKILI Semestre : II M

1 ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE MARTIL Professeur : Kamal El BOUKILI Semestre : II Module 10 : Catégories du récit (suite du cours) • La narration Éléments de définition C’est la relation détaillée, écrite ou orale, d’une histoire / d’un récit dans une œuvre littéraire. Autrement dit, c’est l’exposé développé des faits constituant la trame ou l’intrigue d’une œuvre telle que le roman, l’autobiographie, la nouvelle, le conte, la lettre, etc. La narration se caractérise par l’emploi des verbes d’action et de mouvements, lesquels verbes indiquent la manière dont progresse l’histoire (le récit) qui se situe dans un lieu et un temps donnés. Narration et histoire ; narration et récit Récit / Histoire Le récit consiste dans l’acte de raconter. Il s’agit en quelque sorte du contenant, des mots et expressions pour un texte écrit ou oral et des images pour un film (le cas du cinéma muet par exemple) ; tandis que l’histoire constitue le contenu du récit, ce que le récit nous raconte. Donc, tout récit, comme contenant (verbal ou non verbal si l’on peut s’exprimer ainsi), doit avoir un objet, dois nous raconter quelque chose. « Cet objet est l’histoire : celle-ci doit être transmise par un acte narratif qui est la narration. Histoire et narration sont des constituants nécessaires de tout récit »1 1 CH. Angelet, « Narratologie », in Delcroix et Hallyn, 1987, p. 168. 2 Donc, « un récit est un discours oral, écrit (ou iconographique) qui présente une histoire ; la narration est l’acte qui produit le récit ». • La narratologie Le mot « narratologie » est un néologisme apparu dans la seconde moitié du XXe siècle ; un néologisme composé d’un préfixe « narrato » (narration) et du suffixe « logie » (science). Ce qui veut dire littéralement « science de la narration ». Science qui étudie le récit de fiction en général. Science dont l’objet est l’étude des différents procédés de la narration, des mécanismes du récit, ainsi que les propriétés du discours qui relate des événements. « Il existe deux orientations de la narratologie : la première, appelée couramment Sémiotique narrative, est représentée par "Propp, Bermond, Greimas, etc. Elle vise la narrativité de l’histoire sans se soucier du support qui la véhicule - roman, nouvelle, conte, film, bande dessinée, etc. – puisqu’un même événement peut être relaté par des médiums [supports] différents. Elle [la sémiotique narrative] étudie des contenus narratifs dont elle entend dégager les structures profondes et réputées universelles, dépassant les communautés linguistiques (pour une Introduction, lire Adam 1984) »2 L’autre orientation de la narratologie prend pour objet, non pas l’histoire, mais le récit comme mode de représentation verbale de l’histoire et tél qu’il [le récit] s’offre directement à l’analyse. Elle étudie également les relations entre les trois plans que sont le récit, l’histoire et la narration et répondra aux questions : qui raconte quoi ? Selon quelles modalités ? • Le personnage Ø Les caractéristiques des personnages Chaque personnage se distingue par un profil spécial et des renseignements donnés à la fois par le narrateur et les personnages eux-mêmes à travers leurs paroles et leurs pensées. 2 Ibid 3 Nous pouvons recueillir les renseignements sur les personnages par le moyen d’une fiche que nous pouvons décliner, à titre d’exemple, comme suit : Désignation des personnages Exemples : Jean ; Jacques ; Nathalie, le dénommé X ; le surnommé Y,… Traits physiques/ Apparences (ce que l’on voit) Mesurant deux mètres ; pesant 90kg ? Maigre ; chétif ; malingre… Traits psychologiques (pas explicites, il faut les déduire) - Elle est correct et serviable, mais très orgueilleuse. - C’est un homme aimable, complaisant, bienveillant,… Traits sociaux (classe sociale, milieu familial, socioculturel et économique Il appartient à la classe moyenne, c’est quelqu’un de très fortuné ; un type misérable, nécessiteux Une femme issue de la classe bourgeoise ; un homme bien nanti ;… Les personnages peuvent être classés en deux grandes catégories, lesquelles catégories présentent des sous-classes ou sous-catégories que nous pouvons décliner comme suit : La première catégorie concerne les personnages principaux, les personnages les plus importants de l’histoire. Ils y sont décrits en profondeur et c’est autour d’eux que tourne l’intrigue (intrigue = ce autour de quoi tourne l’action). Assez souvent, la psychologie de ces personnages se développe au fil des événements, ils connaissent des transformations au cours de l’histoire et participent fortement au changement d’un autre personnage. Les personnages principaux dans une histoire de fiction sont de deux types : les protagonistes et les antagonistes. Dans le cas du roman policier (le polar) par exemple, c’est le tueur qui joue le rôle de l’antagoniste ; tandis que le rôle du protagoniste est incarné par l’enquêteur. Dans une histoire d’amour, le héros et l’héroïne, loin d’un rapport d’antagonisme, se présentent, tous les deux comme étant protagonistes. Cependant, le rapport d’antagonisme, d’opposition est incarné par tout ce qui est de nature à nuire, à porter atteinte à l’action du protagoniste. 4 La deuxième catégorie concerne les personnages secondaires : il s’agit de personnages n’ayant pas le même poids et la même profondeur que les personnages principaux. Généralement, ces personnages ne connaissent pas des évolutions physiologiques et psychologiques au cours de l’histoire, mais ils permettent de créer l’atmosphère et les conditions du développement psychologique et / ou psychologique du personnage principal. Cette catégorie des personnages secondaires (dits aussi personnages satellites) présente plusieurs types ou sous-catégories dont nous pouvons décliner les exemples suivants : les mentors, les excentriques, les personnages mémorables, Les personnages phobiques, l’adversaire, le faux adversaire, les révélateurs, les personnages sacrificiels, le personnage miroir, les testeurs, le personnage accompagnateur, etc. Pour plus de précision, nous allons identifier ceux qui sont le plus couramment mis à contribution dans un récit de fiction. 1- Les mentors Ce sont les personnages dont le rôle consiste à initier, guider et enseigner le personnage principal. 2- Les excentriques Il s’agit de personnages qui ne se conforment pas aux normes de la société et qui ont des conduites en opposition avec les habitudes reçue et dont la singularité attire l’attention (un millionnaire avare, par exemple) 3- Les personnages-modèles Ce sont les personnages dont le narrateur se sert pour donner une image sur le type de société mise en récit. 4- Les personnages clichés Des traits de caractère stéréotypés distinguent remarquablement ces personnages. Le narrateur s’en sert également pour mettre en évidence, la banalité et la 5 trivialité de certains personnages ; il fait en sorte de souligner les poncifs et lieux communs qui les caractérisent dans le récit. 5- Les psychopathes Pour leur entourage, ils semblent avoir un caractère normal, mais quant au lecteur, il se fait très vite une idée sur la maladie ou le déséquilibre mental dont ils sont atteints. 6- Les personnages sacrificiels Ces personnages, le narrateur les sacrifient dès le début de l’histoire. Et dans le cadre d’une analepse (retour en arrière ou flash-back), ils peuvent même être sacrifiés avant la mise en récit, et dans ce cas par exemple, le narrateur peut prendre leur mort comme prétexte ou motif de narration. Ainsi, dès l’incipit, le narrateur fait mention de ces personnages. La figure de la victime dans le polar peut toujours nous servir d’exemple. 7- Le personnage accompagnateur Ils ont pour fonction de souligner les traits d’un autre personnage, de faire ressortir les qualités ou les défauts d’un autre personnage. Sancho Panza, dans Don Quichotte de Miguel de Cervantes en est l’exemple. • Le statut du narrateur L’auteur peut faire raconter l’histoire par l’un des personnages : c’est le récit dit à la première personne. Il peut aussi la faire raconter par un narrateur étranger à cette histoire : ce sera le récit dit à la troisième personne3. Le premier type est appelé homodiégétique et le second, hétérodiégétique (Genette 1972 : 251 sq et 1983 : 64 sq)4. À l’intérieur du type homodiégétique, il faut souligner deux variétés, selon que le je est témoin (comme François Seurel, narrateur du Grand Meaulnes) ou héros de son 3 Dans l premier cas, le je est à la fois narrateur et personnage, sujet et objet du récit. Dans le second, le il (« il s’avança lentement et ouvrit la fenêtre… ») ne désigne que le personnage-objet. Il y a donc une dissymétrie. 4 La diégèse est l’univers où advient le récit, autrement dit, le cadre spatio-temporel où a lieu l’histoire. 6 propre récit (comme Adolphe). Dans ce dernier cas, le narrateur sera dit autodiégétique. Toutefois, l’emploi de la première personne ne veut pas nécessairement dire narrateur homodiégétique. Il faut en plus que ce je soit l’un des personnages de la diégèse. Ainsi l’historien Tacite intervient-il régulièrement dans sa chronique. Il n’en reste pas moins hétérodiégétique : il n’est pas présent comme acteur dans le monde de Tibère et de Néron. Inversement, l’adoption d’un il ne signifie pas que le narrateur n’est pas ce personnage : on se rappellera le Rieux de La Peste d’Albert Camus, troisième personne et narrateur homodiégétique à la fois (ou, si l’on préfère : pseudo- hétérodiégétique). • La focalisation Dans uploads/Litterature/ categories-du-recit-cours-s2.pdf

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