AVIS DES BULLES M E N S U E L C R I T I Q U E D E L A B A N D E D E S S I N É E

AVIS DES BULLES M E N S U E L C R I T I Q U E D E L A B A N D E D E S S I N É E ISSN : 1268-3891 OCTOBRE 2017 n° 209 13 € L’ Octobre 17 de Patrick ROTMAN et Benoît BLARY © Seuil/Delcourt A A près le démarrage en trombe de Valé- rian, les éditeurs se mettent en ordre de bataille pour les fêtes de fin d’année avec notam- ment une série de block- busters qui ne peuvent laisser indifférents ainsi qu’une série de rééditions en particuliers chez Dupuis et Le Lombard. Dans le flot des sorties nous avons quelques pépites plus discrètes a vous faire découvrir… Donc bonnes lectures! Denis PLAGNE L’avis des bulles • octobre 2017 • n° 209 • page 3 L’AVIS DES BULLES BP 1 - 33037 Bordeaux cedex Courriel: avisdesbulles@free.fr Tél.05 56 92 70 21 - Fax: 09 55 70 20 50 Port: 06 29 71 46 83 Directeur de la publication: Antoine VINCENT Directeur de la rédaction: Denis PLAGNE Rédaction: Anthony AGUADO, Jean-Charles ANDRIEU de LEVIS, Julien AUSOU, Raphaella BARRÉ, Matthieu BERTRAND-DESBRUNAIS, Christelle BELLENGER, Francois BLANC, Lionel BONHOMME, Mélodie CANALS, Zachary CLAISSE, Bruno CUGGIA, Jean-Baptiste COTTIN, Bénédicte COUDIÈRE, Éloi DESCHAMPS, Yves DUBUISSON, Jean-Michel FRANÇOIS, Patrick GAUMER, Blandine GUICHOUX, Quentin HUTH, Sofie von KELEN, Pierre LAGARDERE, Hadrien MARTIN, Audrey MARTINAT, Romain PIERROT, Clémence POSTIS, Gilles RATIER,Yoann RENIÉ, Arnaud RICHARD, Alain SALLES, Guillaume SENS, Alain SÈRE, Mariette SINTIVE, Annaelle SORIGNET. Toutes les images sont des crédits auteurs et/ou éditeurs Imprimé par: Gunyfal SA Sofia Bulgarie Dépôt légal à parution ISSN: 1268-3981 CPPAP n° 0514 G80809 SOMMAIRE Indispensables Alexandrin… 4 Patrimoine Du Louis Fortonhors Pieds Nickelés… 64 Rééditions Oualou en Algérie… 65 Jeunesse Titeuf… 66 Chroniques 136 chroniques 74 Bulletin d’abonnement P P o è t e d e s campa- gnes et des villes, survivant en proposant ses poèmes photo- copiés de porte en porte, le v a g a b o n d Alexandrin de Vanneville croi- se, au détour d'un chemin, le jeune Kévin. Celui qui ne pense qu'en rimes, pour évi- ter de sombrer dans la déprime et la déchéance physique, va donner le goût de la poésie à ce jeune adolescent fugueur qui a quit- té son foyer pour être libre. Alexan- drin le prend sous son aile, en C.D.I. (contrat indéterminé en mendicité), pour lui apprendre, au cours de leurs tribulations urbaines et rurales, comment se contenter de peu et pouvoir refuser la servitude moderne: trouver de la beauté dans les arbres, dans le vol des oiseaux… ou du plaisir en ne payant ses achats qu'avec des pièces jaunes. Ce qui leur vaut, parfois, le sourire aimable et compréhensif d'une caissière de supérette. Que voilà un bel album consacré à la mar- ginalité sociale, tout en rime, en finesse et en subtilité. On sent toute de suite que Pas- cal RABATÉ s'est délecté à mettre en scène ce personnage de clochard céleste ne s'ex- primant qu'en alexandrins, lesquels sont justement et délicatement mis en images par le trait sensible d'Alain KOKOR. Ce maî- tre en liberté, emmitouflé dans son long manteau à carreaux, lui enseigne aussi les rudiments de la mendicité et les petites combines nécessaires à la survie en milieux bourgeois hostiles. Et, surtout, il lui app- rend à rester toujours courtois, coûte que coûte, et à accepter les mains tendues quand elles se présentent. Ils feront ainsi un bout de chemin ensemble, n'ayant plus aucun compte à rendre, si ce n'est au temps qui passe: notion fondamentale et impi- toyable! Bref, la complicité artistique entre RABATÉ et KOKOR fonctionne à merveille et nous offre un bel hymne à la liberté et au respect d'autrui, doté de dialogues ciselés, d'une bonne dose d'hu- mour et de poésie, et d'élégance gra- phique. Gilles RATIER ALEXANDRIN: L’ART DE FAIRE DES VERS À PIEDS de Pascal RABATÉ et Alain KOKOR chez Futuropolis page 4 • L’avis des bulles • octobre 2017 • n° 209 indispensables ((( L L orsque Daniel Stope commence ses études d’art, il est loin de se douter à quel point ces quelques années vont être rocambolesques… Une comédie de mœurs étudiantes tout à fait savoureuse… Ce qui plaît dans Art Schooled, c’est tout d’abord le côté haut en couleurs de ses personnages. Inspirés, déjantés, un brin caricaturaux mais toujours dépeints avec justesse, les protagonistes de cet ouvrage sont fictionnels mais tout de même inspirés de l’expérience personnelle de l’auteur. Et si certains styles s’avèrent parfois un peu datés (que voulez-vous, l’univers hipster se renouvelle plus vite que les collections H&M!), les répliques que l’auteur leur attribue s’inscrivent dans la droite ligne des comics intimistes cultes des années 90 tels que Optic Nerves ou encore Love and Rockets et vaudront au lecteur moult moments de franche rigolade. Concernant les thèmes clé, nous retrouvons l’anxiété, les névroses sociales, l’amitié ainsi que l’absurdité du monde de l’art. ... doublée d’une critique acide de l’art conceptuel… Démontant avec pertinence le charlatanisme de l’art conceptuel, Jamie COE n’épargne pas ici ceux qui s’y consacrent: « Un artifice courant chez bon nombre d’artistes conceptuels amateurs : abuser de mots grandioloquents et vides de sens pour impressionner superficiellement la galerie ». En l’espace d’une case, tout est dit et le reste de l’album prêchera dans la même veine, dénonçant la vacuité de certaines démarches artistiques et fustigeant les professeurs sadiques qui préfèrent un concept creux et flamboyant à une technique honnêtement maîtrisée. ... le tout servi par un graphisme des plus vivants Fluide, sinueux et habité, le trait de l’illustrateur anglais se prête à merveille à cette féroce chronique étudiante qu’elle nimbe d’une aura tout à tour profondément ironique ou légèrement surréaliste. Ici, les couleurs sont appliquées à l’aide d’une technique mixte, mi-aquarelle mi-numérique et contribuent grandement à poser les ambiances ainsi qu’à appuyer la temporalité. Ainsi, les flash-back sont représentés en noir et blanc tandis que les flashs forward se parent eux de tonalités orangées. Un premier roman graphique ultra-abouti que nous considérons comme la promesse d’une œuvre future fructueuse. Sofie von KELEN page 6 • L’avis des bulles • octobre 2017 • n° 209 indispensables ((( ART SCHOOLED de Jamie COE chez Même pas mal Proposant une intrigue passion- nante et riche, ce cinquième et avant-dernier cha- pitre de la série d'a- ventures aéronautiques située durant la Seconde Guerre mondiale se conclut sur un suspens laissant le lecteur haletant. En parallèle de la trame principale, de judi- cieux flash-back permettent aux lecteurs d'en savoir plus sur l'enfance en Silésie dans les années trente des héros, alors amis insé- parables, passionnés d'aviation et caressant le rêve de devenir pilotes: Hanna l'adoles- cente subjuguée par la doctrine nazie, Wer- ner son bel amoureux et Max le jeune juif. Une belle amitié brisée par les nuages noirs qui s'apprêtent à déferler sur l'Europe. YANN, passionné depuis toujours par ces années sombres, propose un scénario docu- menté, truffé de petits détails insolites et d'anecdotes étonnantes qui renforcent la crédibilité du récit. Les dialogues pré- cis et vivants sonnent juste, sans abreuver le lecteur d'explications inutiles. Alain HENRIET, dont le trait réaliste restitue avec précision uniformes et engins de tous poils, signe des pages d'une grande lisibi- lité, valorisées par les cou- leurs soignées d'USAGI. Gilles RATIER page 8 • L’avis des bulles • octobre 2017 • n° 209 E E n mai 1945, si le conflit est considéré comme terminé pour les Alliés, Hanna Reitsch, encore sous l'emprise de l'idéologie nazie, est bien décidée à réaliser l'ultime folie d'Hitler: lar- guer une bombe volante radioacti- ve remplie d'uranium sur New York, dans le but d'en détruire la population. Dans cette optique, elle s'entraîne en Basse Silésie avec son copilote et ami d'enfance Werner Zweiköpfiger (un espion américain infiltré au sein de l'ar- mée allemande), dans une base secrète dissimulée sous le châ- teau de Fürstenstein. Les Rus- ses, qui disputent le recrutement des savants allemands aux Amé- ricains, lancent leurs comman- dos sur l'usine souterraine. Mal- gré les avancées décisives des alliés, les der- niers fidèles du führer sont toujours décidés à détruire la grande cité améri- caine. Hanna ira-t-elle jus- qu'au bout de sa détermi- nation? DENTS D’OURS TOME 5/6 - EVA de YANN et Alain HENRIET chez Dupuis indispensables ((( page 10 • L’avis des bulles • octobre 2017 • n° 209 indispensables ((( E rnest a fui l’Espagne et le régime de Franco. Il n’y est jamais retourné, malgré les pertes, les abandons et sa vie qu’il a laissée derrière lui. Ne jamais en parler, garder tout pour soi et continuer, telle était sa façon de voir les choses. Mais un accident, une prise de conscience, et voilà Ernest sur les routes de l’Espagne d’antan et du présent. Entre voyage initiatique et souvenirs Avec Esnesto, le lecteur parcourt le passé, le présent et l’avenir, dans un road-trip drôle et touchant. Difficile de rester insensible au charme désuet de ce vieux monsieur perdu dans ses souvenirs et ses repères. Cependant, la force du récit uploads/Litterature/ chronique-avis-des-bulles-jeanne-hebuterne 1 .pdf

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