1 2 CHRONIQUES d’une virée sur la terre Par Philippe Pango © Copyright Philippe

1 2 CHRONIQUES d’une virée sur la terre Par Philippe Pango © Copyright Philippe Pango 2021 philippepango@yahoo.com pour la version électronique (version 1.0). Tous les droits sont réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou modifiée sous quelque forme que ce soit, y compris la photocopie, l'enregistrement, ou par tout système de stockage et de récupération d'informations, sans l'autorisation écrite de l'auteur. 3 Le futur sera Africain. Philippe A. Pango, Ph.D Cette version électronique de l’œuvre est offerte gratuitement. Vente interdite. 4 Remerciements À Dieu À la Côte d’Ivoire pays de gens intelligents. À Félix Houphouët-Boigny Excellence M. le Président de la République, vous nous avez bien formés. À mon épouse Désolé pour toutes ces nuits blanches. À Blanche Pango epse Tanoh Ma grande-sœur, mon modèle. À mes correcteurs Abdal’Art, poète ciseleur. Vanessa Alabi, mother of two. 5 Itinéraire Deux poignées de porte .............................................................. 7 Bienvenue chez vous, chez moi ............................................... 16 I am Canadian ........................................................................... 22 Moi, entrepreneur (1ère partie) .................................................. 27 Promesse tenue ......................................................................... 36 L’amitié vraie ........................................................................... 39 Et la lumière fut ........................................................................ 47 Étudiant, chercheur, voyageur .................................................. 48 Tous hypnotisés ........................................................................ 55 Je suis Drogba .......................................................................... 60 La dictature de la technologie .................................................. 62 L’astronaute et moi ................................................................... 79 Une virée à Alger ..................................................................... 82 ASEC / AFRICA ...................................................................... 85 L’Abidjanaise ........................................................................... 87 Le marigot ivoirien ................................................................... 93 Le livre des Chroniques .......................................................... 102 Coucher de soleil .................................................................... 105 Le restau Portugais ................................................................. 106 Francofolie .............................................................................. 112 L’astronaute et le chef indien ................................................. 114 Ma tasse de café ..................................................................... 119 Monsieur le Maire .................................................................. 121 Innover ou périr ...................................................................... 125 Judas ....................................................................................... 136 Music for your soul ................................................................ 138 6 La Marina d’Abidjan .............................................................. 150 L’affaire Chloroquine ............................................................. 151 A 12,000 mètres d’altitude ..................................................... 161 J’aurais voulu être un artiste ................................................... 163 Le fou du Roi .......................................................................... 178 Suite géométrique ................................................................... 182 Je suis ivoirien ........................................................................ 183 I’ll love you forever ................................................................ 191 Bernard Dadié ......................................................................... 193 Le dôme de fer ........................................................................ 197 Miss Côte d’Ivoire .................................................................. 199 D’eau, de vide, et de vie ......................................................... 202 K.C.K, prof de maths .............................................................. 206 Dear Mr Elon Musk ................................................................ 210 De la lumière et de l’univers .................................................. 212 Mes lectures en 2018 .............................................................. 227 Oracles de Yahvé .................................................................... 230 Carnet de voyage .................................................................... 234 The GaS station ...................................................................... 246 Ma foi à moi ........................................................................... 249 Moi, entrepreneur (2ème partie) ............................................... 254 L’évangile selon St-Félix - Sermon d’Ibn Al Fylyks ............. 262 Curriculum vitae de Dieu ....................................................... 270 A propos de l’œuvre ............................................................... 272 7 Deux poignées de porte Deux poignées de porte, deux cultures J’ai pris l’avion pour la première fois de ma vie le dix- neuf aout 1991. J’avais vingt-quatre ans. Direction le Canada, pays qui m’offrait une bourse d’études, afin d’y poursuivre un Master en microélectronique, à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Un an plus tard, en juin 1992, je rentre en vacances dans mon pays, la Côte d’Ivoire, toujours aux frais du gouvernement Canadien. Le hasard a voulu que ce billet retour m’impose une escale de plus de huit heures à Paris. Ma sœur aînée, Blanche Pango, ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieur des Travaux Publics, y préparait un Doctorat en résistance des matériaux. Blanche s’était donnée pour mission ce jour-là, de me faire découvrir Paris, dans un programme accéléré à travers la capitale française. Eh oui ! J’étais un vrai « gaou » qui n’avait jamais fait l’Europe, et qui tenait absolument à lui aussi, prendre sa photo devant la Tour Eiffel. Comme première étape de mon baptême parisien, elle m’amène dans un quartier dénommé Barbès, question d’acheter de petits cadeaux et me les remettre pour la parenté 8 à Abidjan. Je me rappellerai toujours la première phrase qui m’est sortie de la bouche, à peine sorti de la station de métro : « Blanche, ici là, on dirait Adjamé hein ». C’est fou comme, en plein Paris, j’avais la drôle d’impression d’être déjà arrivé à Abidjan. Les vendeurs de rue, la forme même des rues, les marques de voiture, les ordures qui jonchaient les rues, et plus subtil encore, le comportement même des gens. Tout ressemblait à Abidjan, ou plutôt, et c’est là l’essence de cet article, rien ne ressemblait au Canada. En fait, sans que je ne m’en rende compte, les douze mois passés au Canada avaient déjà commencé à bâtir dans ma psyché, une image de ce à quoi devrait ressembler le « pays des blancs », image qui tranchait avec celle de la France que je découvrais avec un certain retard. Je n’étais pas au bout de mes surprises. En fin de cette balade parisienne, nous atterrissons dans l’appartement de Blanche, situé dans une banlieue dénommée Fontenay-aux- Roses. Une fois dans l’appart, je cours au petit coin. C’est en voulant ouvrir la porte des toilettes qu’alors, je reste interloqué par une … poignée de porte, une poignée de porte qui m’est bien familière. Elle est en tout point identique à celles que j’ai maniées durant mes vingt-quatre années en Côte d’Ivoire ; identique à ces poignées de porte de la maison familiale au Groupement Foncier à Marcory, et en tout point différente des poignées de porte que j’ai manipulées durant les douze derniers mois passés en terre Canadienne. Elle est en forme de L, contrairement au Canada où, au cours des douze derniers mois dis-je, je n’ai manipulé que des poignées de forme arrondies. Je suis resté figé pendant cinq bonnes secondes devant cette poignée de porte. C’est 9 un peu comme si je devais réapprendre à ouvrir ce genre de poignées que je n’avais plus vues depuis mon départ d’Abidjan. Et je m’esclaffe encore : « Blanche, ça là, on dirait les poignées de porte d’Abidjan hein » ! Cet épisode de la poignée de porte fut tout un déclic pour moi. Il m’a fait réaliser à quel point ma société ivoirienne était un copier-coller de la société française, des us et coutumes français, de la cuisine française, de la manière de penser à la française, de la décoration d’intérieur française, etc. En fait, je faisais déjà les frais d’une américanisation brutale de ma personnalité, américanisation qui s’est faite sans transition, et qui à tort, m’a fait croire que le pays des blancs se résumait au Canada. Or donc, tout comme la Côte d’Ivoire qui est constituée de multiples ethnies, ayant chacune leurs spécificités sociales, culturelles et politiques, les « blancs » eux aussi ne constituent pas un bloc homogène; ils sont une pléiade d’ethnies, de tribus et de cultures, chacune avec son type d’organisation politique, ses valeurs, et sa … poignée de porte. J’aurais pourtant pu m’en douter. En débarquant à Montréal, on se rend très vite compte que là-bas, les voitures de police n’ont pas le même genre de sirènes « pi pan pou » qu’on a maintes fois entendu dans les films de Bourvil ou de Louis de Funès. On est stupéfait par le fait que, même dans des réunions importantes, on ne s’habille pas forcément en costards cravate. On découvre que sur le campus, professeurs et étudiants peuvent se tutoyer, et s’appeler même par leurs prénoms, sans que cela soit interprété comme un manque de respect. Pis; il n’y a apparemment aucun problème à rire des autorités, les critiquer ouvertement en toute liberté, bref, les traiter en simples êtres 10 humains qu’ils sont, au service de la communauté, dépourvus de toute forme de noblesse artificiellement entretenue par leur éloquence, ou le « de » qui précède leur patronyme (le québécois a une méfiance naturelle envers quiconque parait un peu trop pédant). Fait à la fois amusant et surprenant aux yeux de l’ivoirien fraîchement débarqué: le Canada des années 90 est une de ces sociétés de « blancs » où les voitures Peugeot et Renault sont quasiment inexistantes. L’Amérique du Nord, c’est la chasse gardée de Ford, Chrysler, Cadillac, Dodge, Pontiac, Plymouth, etc. Et nous africains dans tout ça ? Nous avons hérité des manières de faire du colon français. Il n’y a pas à en avoir honte, ni de les rejeter par un nationalisme exacerbé à la Sékou Touré. Les soixante et dix ans de colonialisme, à apprendre la civilisation à l’école de la vie du colon, à assimiler ses us et coutumes, c’était le passage obligé pour faire partie du concert des nations. Mais, soixante ans après avoir obtenu notre indépendance, ce certificat d’étude primaire élémentaire délivré par l’école des nations, quels progrès a pu réaliser l’élève Côte d’Ivoire ? A-t-il progressé de lui-même ? Vole-t-il maintenant de ses propres ailes vers son Bac? Avons-nous pris la peine de penser une manière ivoiro-ivoirienne d’être ivoirien ? Avons-nous développé une démocratie propre à nous ? Un régime politique en phase avec nos cultures ? Une manière à nous d’élire nos dirigeants ? Avons-nous développé notre langue nationale ? Notre système de santé ? Un système éducatif propre à nous ? Bref, avons-nous développé … notre poignée de porte à nous ? Dans bien de pans de notre société, nous nous comportons encore uploads/Litterature/ chroniques-philippe-pango.pdf

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