Cahier du C.I.E.L. 2000-2003 Colette Cortès (éd.) LA MÉTAPHORE DU DISCOURS GÉNÉ

Cahier du C.I.E.L. 2000-2003 Colette Cortès (éd.) LA MÉTAPHORE DU DISCOURS GÉNÉRAL AUX DISCOURS SPÉCIALISÉS Contributions de Colette CORTÈS Daniel OSKUI Patricia SCHULZ Jean-François SABLAYROLLES Hyunjoo LEE Soumaya LADHARI Elisabeth RAEHM Anthony SABER John HUMBLEY Centre interlangue d’études en lexicologie EA 1984 Université Paris 7 Denis Diderot (UFR E.I.L.A.) Centre Interlangue d’Etudes en Lexicologie Cahier du C.I.E.L. 2000-2003 Colette Cortès (éd.) LA MÉTAPHORE DU DISCOURS GÉNÉRAL AUX DISCOURS SPÉCIALISÉS Centre Interlangue d'Études en Lexicologie EA 1984 Recueil publié avec le concours du Conseil Scientifique de l’Université de Paris 7 Denis Diderot LA MÉTAPHORE DU DISCOURS GÉNÉRAL AUX DISCOURS SPÉCIALISÉS Colette CORTÈS Introduction 5 Résumés 11 Colette CORTÈS (C.I.E.L., Université Paris 7) Le cheminement pluriel de la métaphore, entre métacatégorisation allotopique et interdiscours 19 Daniel OSKUI (C.I.E.L., Université Paris 7) Le texte comme milieu naturel de la métaphore – ou pourquoi un lion n’est pas toujours courageux 61 Patricia SCHULZ (EHESS) Saussure et le sens figuré 97 Jean-François SABLAYROLLES (C.I.E.L., Université Paris 7) Métaphore et évolution du sens des lexies 109 Hyunjoo LEE (C.I.E.L., Université Paris 7) La métaphore dans le processus de dénomination, dans le domaine de la photographie 125 Soumaya LADHARI (C.I.E.L., Université Paris 7) La metaphore de la mise en lumiere dans le langage courant: Et si on tirait ça au clair ? 145 Elisabeth RAEHM (C.I.E.L., ENS Cachan) Analyse métaphorique du discours parlementaire britannique sur Gibraltar : personnification, infantilisation et colonialisme 173 Anthony SABER (C.I.E.L., ENS Cachan) Métaphore et culture professionnelle chez les militaires américains 187 John HUMBLEY (C.I.E.L., Université Paris 7) Metaphor and Secondary Term Formation 199 Comité de lecture : Colette Cortès (UFR E.I.L.A. Paris 7), Maria Marta Garcia Negroni (UFR E.I.L.A. Paris 7), Brigitte Handwerker (Université Humboldt, Berlin), Klaus Hölker (Université de Hanovre), John Humbley (UFR E.I.L.A. Paris 7). INTRODUCTION Cet ouvrage sur la métaphore dans le discours général et dans les discours spécialisés reprend, pour l'essentiel, les contributions présentées lors d'une journée d'étude sur la métaphore dans le discours général et les discours spécialisés qui a eu lieu à l'ENS de Cachan le 10 Octobre 2003. Il s'agissait de la première journée d'étude organisée par le Centre Interlangue d'étude en lexicologie (C.I.E.L.), et le Département des Langues de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan, dans le cadre de leur convention de recherche. La métaphore n'est pas un sujet qui s'est imposé par hasard. Il accompagne les travaux du C.I.E.L. depuis plus de dix ans (Voir le Cahier de C.I.E.L. 1994-1995) et actuellement un grand nombre d'enseignants- chercheurs ou doctorants de Paris 7 ou de Cachan, travaillent sur cette question qui permet d'aborder de nombreux phénomènes relevant de la lexicologie comme : - les processus de nomination et de catégorisation, - la créativité néologique en terminologie et en traduction, en phraséologie, - ou la manière dont les textes véhiculent un ensemble d'images qui peuvent aller jusqu'à forger une idéologie interdiscursive cohérente. C'est essentiellement de ce travail de longue haleine que cet ouvrage entend témoigner, ainsi que de la conviction que les analyses minutieuses du matériau linguistique sont une contribution indispensable aux discussions théoriques les plus abstraites. La métaphore est un phénomène complexe, qui nécessite une linguistique ouverte sur le sujet parlant et sur son appréhension du monde. L'approche linguistique du phénomène métaphorique est nécessairement pluridisciplinaire ; elle doit combiner les approches sémantique, pragmatique, textuelle et cognitive. Si l'ouvrage ne tranche pas le débat entre thèses référentialistes (Kleiber) et thèses " indexico-instructionnelles " (Némo, Nemo et Cadiot, Ducrot Anscombre), ni entre la position du " tout est métaphore " et celle, tout aussi extrême, du " rien n'est métaphore ", les contributeurs partagent tout de même quelques convictions sur le plan théorique : - (i) La métaphore repose sur un processus cognitif, qui relie deux domaines de connaissance étrangers l'un à l'autre et on peut la définir avec Lakoff comme la projection d'une Gestalt propre à un domaine source sur un domaine cible, les deux domaines (source et cible) étant nécessairement en relation d'allotopie. - (ii) Le processus métaphorique repose sur un équilibre fragile entre le potentiel théoriquement illimité de la structuration d'un domaine de connaissance à partir de la projection d'une Gestalt qui lui est étrangère d'une part et la nécessité pour le locuteur d'être compris d'autre part, c'est- à-dire de respecter les balises cognitives qui guident l'interprétation de la métaphore au moins dans un domaine culturel bien circonscrit . - (iii) La lexicalisation de la métaphore est le résultat de la routinisation d'un emploi ou d'une série cohérente d'emplois en discours. C'est donc un phénomène secondaire par rapport au fonds lexical d'une langue donnée, dont elle utilise les données, mais auquel elle reste toujours étrangère. - (iv) Fondamentalement, c'est bien le même mécanisme qui est à l'origine des métaphores vives et des catachrèses métaphoriques, ce qui a des conséquences très importantes sur la lecture de la prédication dans les énoncés métaphoriques et sur la conception et la présentation de certaines données dictionnairiques. - (v) Le discours général et les discours spécialisés sont concernés au même degré par les mécanismes de la métaphore, et ils sont également susceptibles de nous renseigner sur les modes de construction du sens qui sous-tendent l'interdiscours (jusqu'aux clichés et stéréotypes) ou qui expliquent certaines évolutions du sens lexical . Le Cahier du C.I.E.L. 2000-2003 se divise en deux parties (la première plus théorique et la seconde plus appliquée) qui se nourrissent mutuellement, s'illustrent et se complètent. Dans les exposés théoriques, l'ancrage cognitif et textuel est considéré comme le fondement essentiel du processus métaphorique qui représente un compromis entre les audaces de la métacatégorisation allotopique et l'efficacité de la communication, selon des repères placés dans le texte ou présent dans l'interdiscours d'une communauté culturelle donnée. Colette Cortès insiste sur cette dualité du processus métaphorique " entre métacatégorisation allotopique et interdiscours ", l'interdiscours mobilisé dans la construction et l'interprétation du processus métaphorique reposant sur le savoir encyclopédique et linguistique des locuteurs. Le travail de Colette Cortès donne des pistes pour une étude linguistique de la métaphore à tous les niveaux de la construction langagière (énoncé, texte, clichés et stéréotypes), mettant au centre de l'étude une schème métaphorique de la forme : Ceci n'est pas un relevé de notes, c'est un gruyère, dont les caractéristiques formelles et sémantiques (absence de liens parataxiques, absence de certains jugements autonymiques) permettent de redéfinir la métacatégorisation allotopique comme la conjonction d'une opération de décatégorisation puis d'une opération de recatégorisation. L'analyse en contexte d'un grand nombre d'exemples permet d'envisager différentes directions que devrait prendre la métaphorologie linguistique. Daniel Oskui plaide très clairement pour une recontextualistation de la métaphore, condamnant sans appel toute étude du phénomène sur des exemples isolés ; il montre qu'un tel résultat est non seulement conforme aux travaux récents les plus prometteurs sur la métaphore mais qu'il s'inscrit dans la lignée des travaux d'Aristote, pour peu que l'on en fasse une lecture approfondie, dont il nous fournit les clés. Cette thèse contextualiste est passée au crible de la philosophie et de la sémantique et pragmatique linguistiques et Daniel Oskui construit sous les yeux de son lecteur le cadre théorique indispensable à l'étude de la " textualité " de la métaphore. Ces résultats ne sont pas en contradiction avec l'article de Patricia Schulz qui considère, à juste titre, que le sens construit métaphoriquement ne saurait s'inscrire dans le réseau des relations réciproques qui opposent une unité de langue aux autres unités du système dans le modèle de Ferdinand de Saussure. Le processus métaphorique ne perd jamais sa nature fondamentalement discursive et cognitive provenant de la projection d'une Gestalt d'un domaine source sur un domaine cible, les domaines source et cible étant nécessairement allotopes. C'est pourquoi il convient de reconsidérer ce que l'on appelle traditionnellement " l'opposition entre sens propre et sens figuré ". Il ne s'agit pas d'opposition au sens saussurien du terme, mais d'un décalage entre le substrat lexical qui s'ancre bien, lui, dans des oppositions saussuriennes en synchronie et les opérations de métacatégorisation qui utilisent le substrat lexical pour créer des modes de pensée et de catégorisation orignaux, dont le contenu reste, même en cas de figement, irréductible au fonctionnement du substrat lexical de base et qui passent nécessairement par le discours et l'interdiscours. Jean-François Sablayrolles est donc fondé à analyser de près l'emploi que les lexicologues et lexicographes font de la notion de sens (propre ou figuré) et à rappeler que la construction de la signification s'ancre dans l'interrelation entre les utilisateurs de la langue, qui intègrent nécessairement leur appréhension du monde et de leur réalité sociale à leur pratique discursive. Les quatre articles théoriques dont nous venons de rappeler quelques tendances sont suivis de cinq communications qui relèvent de la métaphorologie appliquée au discours général et aux discours spécialisés. Les articles de Hyunjoo Lee et Soumaya Ladhari portent sur l'analyse du processus de dénomination en langue spécialisée pour l'une et en langue générale pour l'autre. Dans son travail sur la terminologie de la photographie, Hyunjoo Lee montre que non seulement certains concepts de base sont structurés métaphoriquement, mais aussi qu'il existe entre uploads/Litterature/ ciel2000-2003la-metaphore-dudisc-gen-aux-disc-specialises.pdf

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