1 LES ÉCRITS JOHANNIQUES N.B : Ce texte réservé à l’usage des étudiants de FTL,

1 LES ÉCRITS JOHANNIQUES N.B : Ce texte réservé à l’usage des étudiants de FTL, contient un matériel emprunté aux livres mentionnés dans la bibliographie et quelques notes relevant de l’expérience personnelle La tradition chrétienne a associé le nom de Jean, fils de Zébédée et frère de Jacques (Mt 4,21//Mc 3,17 ; 10,2 ; 20,20), à cinq écrits présentant une certaine homogénéité1 : un évangile, trois lettres et une apocalypse. Quelle que soit la valeur historique de cette attribution, dès le IIe siècle ap. J.C., ces quatre écrits sont associés l’un à l’autre. Cette œuvre de Jean doit être lue en commençant par l'Évangile : tout prend origine dans les événements racontés par l'Évangile, point de départ pour comprendre les trois lettres (1-3) et l'Apocalypse. En effet, les lettres se veulent une manière d’interpréter l’Evangile ou du moins une manière de corriger une mauvaise compréhension de l’Evangile, tandis que l’Apocalypse demeure un épilogue racontant l’histoire de l’Eglise où le Christ, la Vie ou l’Amour continue de l’emporter sur le mal, la haine. L’objectif du cours : se familiariser au monde johannique et acquérir quelques coordonnés pour accéder au message de cette littérature. Plan du cours Eu égard à ce qui précède, notre cours établira, dans un premier temps, un contact direct avec le Quatrième Evangile – QE – (I) ; ensuite, les lettres (II) ; puis l’Apocalypse, dernier livre du NT et donc de toute la Bible (III). 1. L’Evangile de Jean 2. 1, 2, 3 Lettre de Jean 3. Apocalypse 1 Ces écrits se caractérisent non par la longueur, mais par leur densité spirituelle et leur rôle dans la vie chrétienne. Généralement, on les rattache à un unique auteur à cause des ressemblances lexicales. En effet, on constate l’usage dans l’un et dans les autres des mots tels que « femme » pour désigner Marie la Mère de Jésus, « agape », la caractéristique des disciples, « Agneau de Dieu », un titre christologique, « Logos », cette Parole qui s’est incarné (Jn 1,14), a été expérimentée (1Jn 1,1), purifie (cf. Ap 2 – 3), etc. L’affinité de ces livres se trouvent également dans leur but, c’est-à-dire le tronc porteur de chacun d’eux, l’adhésion à la foi. En effet, le manque ou l’inexactitude de la foi affecte la charité. En outre, ils appartiennent aux textes qu’on retient les dernières productions du NT, donc vers la fin du 1er siècle après J.C. Cependant, il existe d’énormes écarts entre eux. Le premier est un Evangile, les autres sont des lettres ou l’Apocalypse. Tous ne s’adressent pas au même publique, voilà pourquoi les nuances ne seront pas négligeables. 2 L’EVANGILE SELON SAINT JEAN OU LE QUATRIEME EVANGILE Dès le début du christianisme, l'Évangile de Jean a été impliqué dans les controverses christologiques, en commençant par les gnostiques des II et III siècles. Au cours de la période de la réforme (XVIe siècle), ensuite, le texte a fait l'objet d'une opposition entre catholiques et protestants, jusqu'à ce que le texte johannique devienne l'objet de recherches historico-critiques au même titre que l'ensemble du Nouveau Testament. A cette époque, on en est même venu à nier son historicité et son origine apostolique. Ce n'est qu'au début du XXe siècle que des études ont été entreprises sur l'unité littéraire et l'unicité de la composition de l'Évangile, ce qui a ensuite conduit au domaine de l'environnement religieux et du message théologique. Aujourd'hui, l'horizon des études johanniques s'est élargi jusqu’à atteindre les commentaires qui touchent à la structure théologique et catéchétique, ce qui nous permet de saisir la portée spirituelle du texte. L’attraction du quatrième évangile à travers les siècles reste cependant toujours le mystère de Jésus de Nazareth, le Verbe de Dieu fait chair, qui est venu me montrer la face du Père. 1. Les aspects littéraires du QE 1.1. Les matériaux utilisés par le rédacteur johannique Plusieurs traditions ont été reprises dans le QE et intégrées dans des récits et en de longs discours. 1.1.1. Les récits Certains récits présentent une grande sobriété, comme les noces de Cana (Jn 2,1-11) et l'expulsion des vendeurs du Temple. D'autres sont conçus comme de véritables drames : la guérison de l'aveugle-né, la résurrection de Lazare. Les récits se répartissent en différents blocs distincts : ▪ Le récit sur le ministère de Jean-Baptiste qui sert d'ouverture à l'évangile : - La délégation des juifs envoyés auprès du précurseur (Jn 1,19 - 28), - L'évocation du baptême de Jésus par Jean-Baptiste (Jn 1,29 -34), - La vocation des premiers disciples. Deux d'entre eux, un inconnu et André, qui ont entendu le témoignage du précurseur au sujet de Jésus, se sont mis à la suite du nouveau maître et sont allés témoigner à son sujet (Jn 1,35-51). ▪ Les récits des signes accomplis par Jésus qui ont été consignés pour que les chrétiens croient que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, ils aient la vie en son nom (Jn 20,31). Il s’agit de : - L'eau changée en vin à Cana (Jn 2,1-12) : il est propre à Jean. - La guérison du fils de l'officier royal (Jn 4,43-54), rapportée aussi en Mt et en Le. - La guérison du paralytique de Bethesda (Jn 5,1-18) suivi du discours en Jn 5,19-47. - La multiplication des pains et la marche sur la mer (Jn 6,1-21) relatées en Mc, Mt et Lc. Ces versets introduisent le long discours sur le pain de vie (6,22-71). - La guérison de l'aveugle-né (Jn 9). - La résurrection de Lazare (Jn 11,1- 44). - La pêche miraculeuse bord du lac (21,1-14) ▪ Les récits de la passion et de la résurrection : - L'évocation du dernier repas durant lequel Jésus lave les pieds de ses disciples et annonce sa passion prochaine (Jn 13). - La passion (Jn 18-19) - Les apparitions le lendemain du Sabbat (Jn 20) 3 - L'apparition au bord du lac (Jn 21) 1.1.2. Les discours Les discours constituent une particularité johannique par rapport aux synoptiques. Ils sont repartis de manière inégale dans l'évangile et constituent plus de la moitié des matériaux. Il s'agit en fait de dialogues entre Jésus et ses interlocuteurs. Dans ces discours, Jésus amène ses interlocuteurs à comprendre l'objet de la révélation et à prendre position vis-à-vis d'elle. Ces derniers réagissent à ses propos et relancent le débat. Parfois, comme dans l'entretien avec Nicodème, le dialogue s'achève par un long monologue. Les discours dont certains font suite à un signe accompli par Jésus, ont pour but de le faire connaître, de le révéler en tant qu’envoyé de Dieu. Lui-même s'y présente comme celui qui apporte le salut au monde : « Je suis le pain de vie » ; « Je suis la porte » ; « Je suis le bon pasteur » ; « Je suis la résurrection et la vie ». Les principaux discours de l'évangile de Jean sont les suivants : - L'entretien avec Nicodème (Jn 3,1-21). - Le discours sur le pouvoir du Fils (Jn 5,19-46). - Le discours sur le pain de vie (Jn 6,22-59). - L'enseignement durant la fête des Tentes (Jn 7,11-36). - Un discours au Temple (Jn 8,12-59). - La parabole du berger (Jn 10). - Le discours aux grecs (Jn 12,20-36). - Les discours d’adieu (Jn 14-17). 1.2. Le lexique, le style et les caractéristiques narrative du QE 1.2.1. Lexique et style En ce qui concerne le vocabulaire, le dernier évangile est le plus pauvre des quatre : Jean n'utilise que 1.011 mots différents, contre les 1.345 de Marc, les 1.691 de Matthieu et les 2.055 de Luc. Cette pauvreté lexicale se révèle, paradoxalement, être une richesse, car Jean se concentre toujours sur l'essentiel, rapprochant le lecteur des profondeurs du mystère (des symboles simples comme l'eau, le pain... amènent à aller toujours plus loin). Des mots importants des Synoptiques manquent dans l'Évangile de Jean et, inversement, certains termes reviennent beaucoup dans Jean et peu ou pas du tout dans les Synoptiques. Le style de Jean est solennel et monotone, très différent du style élégant de Luc et du style vivant de Marc. Jean n'utilise jamais un style immédiat ou animé, mais plutôt hiératique et répétitif : les dialogues de Jésus sont transformés en monologues dans lesquels il est très souvent difficile de comprendre qui parle (chap 3). Son style est abstrait et doctrinal, caractérisé par une pensée qui revient et s'étend progressivement : c'est un dynamisme en spirale qui tend vers le haut. Les termes sont récurrents, mais la pensée acquiert une profondeur toujours plus grande. Malgré la pauvreté des moyens linguistiques, Jean est un grand écrivain car il sait focaliser l'attention du lecteur sur l'essentiel, sur le mystère, sans se perdre dans les détails. Pour expliquer le style de Jean, on a utilisé l'image des vagues qui reviennent sans cesse, mais qui forment une marée montante : « Chaque vague recouvre la précédente et arrive encore plus loin sur le rivage » (De La Potterie). Tout revient, mais c'est toujours au-delà ; la répétitivité approfondit uploads/Litterature/ 2021-ftl-ecrits-johanniques.pdf

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