L’ennemi Texte de Davide CALI Illustrations de Serge Bloch Editions Sarbacane A
L’ennemi Texte de Davide CALI Illustrations de Serge Bloch Editions Sarbacane Amnesty International 2007 Critères de choix : • • • • Sur le plan citoyen : dénonciation de l’absurdité de la guerre, la manipulation, les représentations de l’ennemi, de l’autre, la manipulation idéologique • • • • Sur le plan littéraire : la littérature engagée, théâtralisation du texte, travail très riche à partir des illustrations, la mise en abîme, beaucoup d’implicite amenant à une relecture « en miroir » Résumé : Un soldat, seul dans son trou, s’ennuie et attend que l’ennemi l’attaque. A l’aide de son livre rouge, il s’imagine comment est cet ennemi, puis décide d’aller le déloger de son trou. Là, il découvre qu’il est l’ennemi de son ennemi ! Et qu’ils sont donc semblables…. Attention : les entrées qui suivent ne sont que de simples pistes, de modestes propositions. Elles ne constituent pas une séquence complète applicable telle quelle. Entrées possibles Il y a plusieurs façons d’entrer dans le livre, selon l’axe de travail que l’on va privilégier : • • • • la lecture d’images : on montre l’illustration de la couverture sans donner le titre et les enfants cherchent de quoi va parler le livre puis on leur montre une ou deux illustrations du texte pour confirmer ou infirmer les hypothèses (le soldat seul dans son trou, les 2 généraux buvant le champagne) et on leur pose la question : qui raconte l’histoire ? • • • • le thème de l’ennemi : on donne le titre sans montrer la couverture, de manière à ne pas « diriger » tout de suite les enfants vers la guerre (il arrive à certaines filles d’avoir une « meilleure ennemie » comme elles ont une « meilleure amie » !). On pourra alors sans doute ne pas axer le débat uniquement sur la guerre mais parler aussi de l’autre qui peut être ou pas notre ennemi, selon nos représentations, nos peurs • • • • pour familiariser les enfants avec l’univers de Davide Cali et Serge Bloch, faire lire le livre « Moi j’attends » (cf. mise en réseau) • • • • …. La couverture et la 4ième de couverture • • • • La couverture montre un commandant d’une armée non définie qui salue en souriant. Il a l’air d’être fier de lui, même s’il se cache derrière des lunettes de soleil noires (référence à Jaruzelski, le dictateur polonais ?). Bien faire remarquer la couleur rouge du titre et les gouttes de sang qui dégoulinent des mains du soldat. Parler de l’expression « avoir du sang sur les mains ». Les décorations militaires ne sont pas authentiques, les galons ressemblent à de la dentelle, autant d’éléments qui donnent un aspect comique au commandant. Se moque-t-on de lui ou lui se moque-t-il de nous ? Bien noter que les décorations des 2 commandants au milieu de l’histoire sont presque toutes devenues rouges et qu’ils ont un « sourire carnassier », comme s’ils montraient leur vraie « nature sanguinaire». L’un d’eux à une moustache qui rappelle celle d’Hitler, tandis que l’autre a une casquette qui rappelle celles des SS. • • • • La 4ième de couverture reprend la présentation de l’histoire telle qu’elle se fait dans les premières pages de l’album. On voit bien qu’il s’agit d’une mise en scène : l’histoire commence réellement après la double page rouge dans laquelle on voit le soldat assis sur une estrade sur la scène symbolisée par l’espace existant entre les rideaux rouges. On a donc affaire à une tragédie : les paroles pourraient être dites ou chantées par le choeur qui annoncerait la situation (c’est la guerre), le lieu (le désert, les deux trous), les personnages (soldats ennemis). • • • • Le texte de la 4ième de couverture explique au lecteur (plutôt adulte) pourquoi le livre a été écrit et oriente tout de suite la lecture sur la première guerre mondiale. Chaque enseignant(e) décidera du moment opportun pour la lire aux enfants. Ce court texte peut être à l’origine d’un débat littéraire sur la littérature engagée, qui sert à dénoncer quelque chose et/ou à l’origine d’un débat citoyen sur les atteintes aux droits de l’homme mises en évidence dans cette histoire, sur la démonstration de l’absurdité de la guerre. A noter que les sites Internet proposés s’adressent aux adultes et pas aux enfants. • • • • Les 2ième et 3ième pages de couverture montrent des soldats tous identiques, sauf un qui a un trèfle à 4 feuilles dans la bouche. Ce même soldat a disparu dans les 2 dernières pages et réapparaît sur la 4ième de couverture, souriant, sans fusil. Il a la même attitude que le soldat placé en haut de l’estrade sur la double page rouge, mais pas la même expression. Est-ce le même ? A-t-il déserté ? Est-il parti avec l’autre soldat qui a disparu sur l’avant-dernière page de l’album ? Ce dernier est-il l’ennemi du premier ? Autant de questions à se poser avant et après la lecture et la (les) relecture(s) de l’album … sans être pour autant sûr d’avoir LA réponse… Les illustrations • • • • Serge Bloch est un illustrateur connu des jeunes lecteurs, notamment par le biais de la collection des « Max et Lili ». Dans ce livre, Serge Bloch dessine autrement. Dans un entretien dans lequel il explique comment il a travaillé avec Davide Cali, il dit : « Mot et texte sont inséparables. Je mets en scène une pièce et je réalise les décors. Puis, je transforme avec l’éditeur des mots en un objet, un livre. » David Cali ajoute : « Si l’illustration raconte avec des images, elle ne doit pas se limiter à répéter le texte. Il me plaît de découvrir un autre récit dessiné par l’illustrateur. » (Page des libraires, avril 2007, pages 36 et 37 « On peut tout raconter aux enfants ») • • • • Les couleurs utilisées par Serge Bloch sont le noir, le gris, le blanc, le kaki et le rouge. Il a utilisé le blanc pour créer des vides qui donnent du sens : la solitude, la distance qui sépare (rapproche ?)les deux ennemis, le trou (l’ornière ?) dans lequel il est installé, etc… • • • • Les dessins sont simplissimes mais « donnent à lire » le texte autrement : qui est l’ennemi de qui ? quel ennemi raconte son histoire ? • • • • Les trous dans lesquels les soldats sont installés sont dessinés de manière à ce qu’ils soient dans le livre dans les pages de présentation, puis, ensuite on entre dans le trou, mais de côté, sans doute pour mieux voir. En même temps, avec le texte, on entre « dans la tête » du soldat, on a accès à ses pensées intimes. Plus loin, on sera dans la tête du soldat avec les images et le texte quand il expliquera (à qui ?) qui est l’ennemi selon le manuel (les traits sont plus flous et la couleur rouge prédomine). • • • • A la fin du livre, une relecture devrait s’imposer, en considérant que c’est « l’autre » (« l’ennemi » du premier) qui raconte son histoire et qui parle donc de « son ennemi à lui». Une manière de prouver que l’on est toujours l’ennemi de quelqu’un, que l’on est pareil, avec les mêmes peurs, les mêmes fantasmes et projections sur « l’autre » quand on ne se connaît pas. Le texte et le débat littéraire • • • • Dans l’entretien accordé au magazine Page, Davide Cali explique les raisons pour lesquelles il a écrit ce livre : « Je voulais écrire un livre sur la manipulation idéologique qui conduit inéluctablement à la guerre. » Il fait référence à la manipulation médiatique et politique autour du conflit entre les USA et l’Irak. Nous sommes donc face à un livre engagé, écrit dans un but précis. On pourra donner à lire cet extrait aux enfants afin qu’ils comprennent les intentions de l’auteur et de l’illustrateur du livre. • • • • Le texte étant écrit comme une tragédie, on pourra chercher, au-delà la présentation théâtrale de l’histoire, dans le texte et/ou les dessins, les indices qui le confirment : un héros, seul, enfermé, lucide, qui ne peut pas échapper à son destin puisque tout a été fait pour cela (le manuel, la propagande militaire), bouc émissaire de son ennemi, (les arguments se trouvent tous dans le manuel), le héros proteste contre les arguments employés pour le désigner comme bouc émissaire. A la fin, tout s’accélère : le soldat décide d’écrire puis de lancer le message. Il y a 3 textes et 3 images sur une même page, au lieu d’un. • • • • La fin n’est pas celle attendue car le héros ne meurt pas. On ne sait pas avec certitude ce qu’il devient, mais il échappe à son destin, il « sort de son trou ». On le comprend grâce à l’illustration où uploads/Litterature/ cm-60-l-x27-ennemi.pdf
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- Publié le Dec 06, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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