Au fil des années il y a eu plusieurs interprétations du personnage d’Antigone,
Au fil des années il y a eu plusieurs interprétations du personnage d’Antigone, celui avec lequel nous lecteurs sommes le plus familier est celui qui apparaît dans la pièce de théâtre de Sophocle et de Jean Anouilh. Cependant, Antigone intrigue et fascine d’autres auteurs tels que Henry Bauchau qui décide de nous conter à travers un roman intitulé « Antigone » publié en 1997 par Actes Sud sa propre adaptation du mythe de cette héroïne tragique qui se distingue par sa force de caractère, sa volonté et son destin tragique. C’est aussi un personnage qui amène à de mainte réflexions sur des thèmes qui touchent encore notre société comme les relations familiales, la place de la femme dans la cité et les droits de citoyens. Ce texte ici soumis à notre étude, met en scène une confrontation entre Antigone et Créon avant que celle-ci ne soit condamnée à mourir pour avoir enfreint la loi de Thèbes. Comment Antigone parvient t’elle à redonner une valeur au genre féminin face un monde mâle de la mythologie ? Nous verrons dans un premier temps l’attitude que Antigone adapte face au pouvoir, puis nous verrons en quoi cette attititude aboutit à un débat et la mort. Que l’on soit au théâtre où dans le genre romancier, les auteurs s’efforcent de préserver la partie rebelle du personnage d’Antigone. Ici, la scène se déroule en plein milieu d’un récit, on nous informe que le narrateur est Antigone et l’énonciation est à la première personne du singulier « je » cela tisse un lien d’intimité entre le personnage et le lecteur, permettant à ce dernier de suivre le cheminement des pensées d’Antigone tout au long du récit. Observons en même temps que le personnage applique envers elle-même une autocensure qui se confirme par une anaphore du verbe taire « je me tais » suivis de « je me tais de toutes mes forces » ; on relève également l’expression « repliée sur moi-même ».Il y a de la part du personnage une volonté de silence et un refus de conflit avec la figure d’autorité : Créon. Vient s’opposer au personnage d’Antigone Créon ; dès le début du texte ce dernier s’impose en tant que tyran ; ceci est mis en en évidence avec un champ lexical de l’ordre : « Créon ordonne », « déclare », « condamnant », « (…) m’obéit » à travers cela se dégage de ce personnage une certaine forme d’abus de pouvoir et de cruauté qui s’applique aussi aux membres de la famille Antigone et Polynice qu’il qualifie de « traître » et n’est bon qu’à « pourrir sans sépultures ». Pour Antigone Créon est « roi vautour » c’est à dire un homme sans pitié, ce qui vient accentuer le côté tyrannique de Créon qui pour exercer son pouvoir, est entouré d’assesseurs qu’Antigone qualifie de « mangeurs de vautour » ; en employant des termes péjoratifs Antigone exprime un dédain, voire un dégoût de l’autorité publique. Lorsque Créon insulte son genre « Tout le monde à Thèbes m’obéit sauf toi une femme » qu’elle décide de parler et de s’opposer à Créon gouverneur de la cité. Nous ne sommes plus dans une rétention de la parole mais dans une explosion de la part d’Antigone « la force de dire » celle-ci n’applique plus l’autocensure qu’elle s’inflige au début du texte. Nous avons vu dans une première partie la pratique de l’autocensure qu’Antigone s’est infligée ; cependant la nature de cette dernière remonte et cela aboutit à un débat essentiel sur le droit et le devoir entre Créon et Antigone. Vient se dresser un conflit entre Antigone et Créon sur la loi et le droit d’ailleurs, on voit tout au long du texte apparaître le mot « loi » ce qui montre que c’est un thème important dans ce récit ; il y a le droit selon Antigone et le droit selon Créon. Créon représente dans ce texte le genre masculin, symbolisant l’autorité qui exprime un certain mépris de la femme « sauf toi une femme » ou « jamais une femme » le mot « femme » est toujours associé avec une négation, il y a de la part de ce personnage un rejet du genre féminin au sein de la cité ; on note aussi que la majorité des personnages dans le texte sont des hommes, Créon et les assesseurs et la minorité sont des femmes, Antigone et sa sœur Ismène ; cela montre qu’il y a une valorisation de l’homme à Thèbes et chez Créon. Antigone est celle qui vient redonner une valeur à la femme dans la cité, cela se fait par cette éloge de la femme qu’elle énonce, « tous nos corps (…) sont nés d’une femme » la femme ici est celle qui transmet la vie on note également un champ lexical de la maternité « portés », « soignés » et « chéris » la femme est celle qui veille sur autrui et enfin l’emploi plusieurs fois du mot « corps » qui est le siège de la vie et est essentielle pour l’être humain. Contrairement à Créon le mot femme est employé par Antigone de manière méliorative. Antigone avec cet éloge défend les lois humaines « ces corps quand la vie les quitte ont droit aux honneurs funèbres (…) entrer dans l’oubli et l’infini respect » pour elle tout le monde doit bénéficier des mêmes lois « Je ne refuse pas les lois de la cité, sont des lois pour les vivants » et Antigone tient à rappeler à Créon que celui-ci est déshumaniser en disant « Nous le savons cela nous le savons sans que nul ne l’enseigne ou l’ordonne » Face à ce discours l’égo de Créon ainsi que son orgueil sont touchés, il est « crispé » face à ce qu’il vient d’entendre de la bouche de sa nièce. On assiste d’ailleurs à une chute avec le paysage que nous décris Antigone « La grande falaise royal s’élève et occupe tout l’horizon » cela dépeint une atmosphère lourde et inquiétante. Et là on assiste à une mise en scène avec Créon et ses assesseurs qui décident du sort final d’Antigone « la mort » en mourant Antigone partira avec cette vertu et force de caractère et c’est de là que se ressent la fatalité et le drame de la vie de Antigone. Antigone c’est l’héroïne tragique par excellence que l’on adapte au théâtre où dans le roman c’est toujours cet aspect-là qu’on retient ainsi que sa rébellion envers la figure d’autorité qu’incarne le personnage de Créon. On ne peut qu’ éprouver de l’admiration pour ce personnage qui malgré son jeune âge et son genre décide de lever sa voix et de se battre pour faire régner ce qu’elle croit juste et elle ira jusqu’au sacrifice ultime pour cela. On peut dire qu’Antigone a changée le cour des choses, elle a donné une voix à la population féminine ; ce que nous avons vu dans ce texte même si au final elle est victime de la cruauté et l’insensibilité de Créon, elle sait que la seule solution est la mort et elle reste digne que ce soit dans l’autocensure ou dans le conflit. uploads/Litterature/ commentaire-compose-antigone.pdf
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- Publié le Jul 24, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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