DE GODOY GONCALVES FAUCHÈRE, Erika Travail Obligatoire nº2 : Compte Rendu MAGER

DE GODOY GONCALVES FAUCHÈRE, Erika Travail Obligatoire nº2 : Compte Rendu MAGER, Wolfgang, « De la noblesse à la notabilité. La formation des notables sur l’Ancien Régime et la crise de la Monarchie absolue », Histoire, économie et societé, 1993/4, pp. 487- 506. Synthèse Cet article intitulé « De la Noblesse à la notabilité – La formation des notables sous l’Ancien Régime et la crise de la Monarchie Absolue » décrit le développement du groupe social que sont les notables, classe possédante de la société française à la veille de la Révolution Française. L’auteur, Wolfgang Mager, est professeur d’histoire à la Faculté d’histoire, philosophie et théologie à l’Université Bielefeld en Allemagne. Comme point de départ, dans le but de nous faire comprendre la formation de la notabilité, l’auteur invite le lecteur à prendre connaissance des trois différents types de noblesse sous Louis XV et Louis XVI, typification élaborée par Necker dans son traité « De la Révolution française ». Il commence par définir la « haute noblesse », comme les successeurs des grands seigneurs qui faisaient partie de la cour. Ensuite, l’auteur parle de la « noblesse pauvre », ce sont les nobles qui ne peuvent se permettre de résider à la cour et qui demeurent en province, touchant des privilèges, financiers notamment, du roi. Enfin, Mager, citant encore Necker, définit la « noblesse moderne » ou « nouvelle noblesse » qui regroupe les familles anoblies depuis peu de temps (moins de deux siècles) et qui ont financé ou acquis le rang de noble par des privilèges venant de l’extérieur. L’auteur cite les lettres de noblesse ou le service d’officier d’armée. Fort de ce constat, l’auteur décrit ce qui sera la thèse centrale de son article, à savoir que la fracture entre ces trois groupes va s’aggraver surtout à cause d’une inégalité de l’imposition : la noblesse pauvre devant s’acquitter de lourde taxes foncières. La noblesse de province et quelques alliés décident de créer un groupe d’intérêt réclamant l’égalité de tous et la suppression des privilèges des nobles. 1 Mais comme ce sont justement des propriétaires aisés et rentiers qui sont à la base de la formation de ce parti politique, l’auteur interprète cela comme la création logique d’une classe de notables, se situant comme groupe dominant dans une société de classe, partisans de l’égalité civile. L’auteur observe quatre facteurs permettant de définir la formation des notables. La formation économique, d’abord, qui concerne le fait que les revenus des nobles proviennent essentiellement de loyers payés par les fermiers et plus de la rente féodale. La formation sociale des notables, ensuite, décrit que la noblesse de cour et les anoblis perdent progressivement leur influence politique au profit d’une administration centralisée où l’on accède après une formation solide et n’ont plus par privilège. Troisième élément, la formation mentale des notables est expliquée par Mager avec des réflexions du marquis de Mirabeau, considérant les notables comme des « magistrats de l’ordre civil » et « des agents de l’ordre municipale » (p. 494). Finalement, le quatrième facteur est la formation politique des notables. L’auteur explique comment les notables ont évincé les nobles et les ecclésiastiques des institutions et assemblées politiques. Wolfgang Mager conclut par un corollaire : il affirme que la Révolution Française découle logiquement de sa présentation puisque « elle est provoqué non par des bourgeois, mais par une noblesse enquête de notabilité. » (p. 501) Commentaire Critique La thèse centrale de cet article est exposée clairement : l’auteur avait comme objectif d’expliquer la formation de la classe des notables avec « les divergences existant entre les trois fractions de la noblesse» (p. 489), spécialement en ce qui concerne l’inégalité fiscale entre elles. Le texte est clair dans la mesure où l’auteur donne des définitions très précises concernant les éléments constitutifs de la noblesse, ce qui pose clairement les bases du raisonnement. Cependant, le texte manque un peu de cohérence dans le sens où il n’est pas évident au début de comprendre la relation entre les nobles et les notables. Mager commence par décrire les différences entre les noblesses françaises dans son introduction, avec des observations de Jacques Necker, un banquier suisse installé à Paris. L’auteur vise probablement à donner un ton neutre sans prendre parti, quand il explique que Necker « ne sut jamais s’intégrer complètement dans la société des nobles, ce qui fait de lui un 2 observateur d’autant plus lucide et perspicace. » (p. 487) Par contre, il passe des réflexions de Necker au concept de notable en utilisant Max Weber, sans faire un lien logique entre les deux. L’appareil critique en contrepartie est bien structuré et complet, avec un résumé qui communique aux lecteurs les aspects-clés de l’article, ainsi que des notes à la fin du texte avec, non seulement la bibliographie, mais aussi des recommandations d’ouvrages pour approfondir le sujet. Bien que la logique de passage entre la notion des différents groupes constitutifs de la noblesse et les prémisses de la notabilité ne soit pas, en soi, facile à comprendre, il n’en demeure pas moins que l’idée de Mager est intéressante, car elle propose de passer d’un paradigme à l’autre (de la notion de groupe à la notion de classe sociale), ce qui permet de comprendre comment la notabilité est née. Le terme de groupe pour identifier la notabilité se retrouve également chez Tudesq, spécialiste de l’Histoire Contemporaine et des Sciences de l’Information et de la Communication. Celui-ci corrobore Mager, car « l’absence d’une contestation sociale de l’autorité des notables amène des rivalités internes qui les empêchent de se considérer comme un groupe. Ces rivalités reposent sur des antagonismes idéologiques, géographiques et socio-économiques (…) »1 . Sachant que les deux textes datent de la même année, on peut parler d’un consensus dans la définition de la forme de la notabilité. Ce consensus persiste également avec la définition de différentes caractéristiques de la notabilité tant chez Mager que chez Tudesq (économique, sociale, politique, culturelle). Vivian Gruder, au même titre que Tudesq, définit l’évolution de la notabilité comme devenant une sorte de « médiateur »2, « ils visaient à conclure une alliance entre eux (noblesse, clergé, officiers, ordres supérieurs, citoyens les plus distingués) et tous les autres (peuple, tiers état, paysans, pauvres). »3 Ce positionnement entre la noblesse et les plus pauvres ne ressort pas forcement chez Mager. Le texte de Wolfgang Mager est pertinent pour avoir une autre vision des possibles causes de la Révolution Française, mais contrairement à sa conclusion, il n’est pas un événement central pour expliquer cette dernière. 1 TUDESQ André-Jean, Le concept de notable et les différentes dimensions de l’étude des notables, In :Cahiers de la Méditerranée, nº46-47, 1, 1993, p. 11 2 TUDESQ,1993, p. 7 3 GRUDEL Vivian, Les notables à la fin de l’Ancien Régime, in :Dix-huitième siècle, nº14, 1982, p. 48 3 uploads/Litterature/ compte-rendu 1 .pdf

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